Test HCFR : Yamaha YH-E700B, casque wireless

Test HCFR : Yamaha YH-E700B, casque wireless

Compte-rendu d’Eric_dub :

 

Yamaha, y a moyen d’amadouer la musique ?

 

Suis-je le mieux placé pour “tester” ce genre de produit ?

Franchement, j’en doute. Certes, j’ai acheté un ou deux modèles de casque fonctionnant en liaison en Bluetooth – pour finir, à chaque fois, par m’en lasser (et les offrir à des amis) pour diverses raisons.

Il y a d’abord la question de la liaison BT qui n’est pas toujours très stable dans le temps, parfois en raison de l’autonomie des batteries ou de leur usure, parfois parce qu’un upgrade de matériel (Smartphone) rend les choses plus difficiles.

Mais la principale raison est que la qualité hifi – au sens de la haute fidélité de la restitution par rapport au signal contenu dans le disque (ou fichier, ou etc.), si elle est en général acceptable n’est pas toujours optimale. Et plus encore si l’on tient compte du coût du casque et qu’on le compare à ce que proposent certains casques filaires de tarifs proches (voire moindre).

Donc, j’avais encore il y a peu un petit Sennheiser PXC550 (qu’un ami encore jeune, musicien de son état, a recueilli et adopté : on n’en fera jamais assez pour la jeunesse) que j’emmenais à l’occasion quand j’étais en déplacement, même si je le trouvais malgré tout coloré.

C’est, me dira-t-on, une exigence assez particulière que celle d’une écoute de haute fidélité. Je le concède, mais je n’ai pas encore trouvé quelque chose de satisfaisant, à mon échelle, du point de vue de ce critère – qui reste prioritaire chez moi.

De plus, la complexité technique de ce type de système, qui n’est certes pas insurmontable, n’en est pas moins à prendre en compte. D’autant qu’elle n’a, en général, d’égal que l’indigence et la déficience du “mode d’emploi” fourni – lequel permet en général de démarrer le casque en demandant de deviner le reste. Celui fourni dans la boîte du Yamaha n’échappe malheureusement pas à ce reproche, quand bien même on trouve plus de détails sur internet. Bref, je finis toujours par revenir à l’un de mes casques filaires, éventuellement fermé…

 

 

 

Faux départ

André_ajr m’ayant posté le Yamaha YH-E700 avec, en prêt, son DAP de marque Astell&Kern, le temps de charger l’une des cartes à musique que j’utilise dans mon propre DAP (iBasso DX50, ancien mais toujours vaillant), j’ai commencé par une petite écoute en liaison filaire, puis en liaison Bluetooth.
Je sais que ce casque n’est pas “fait pour cela”, mais le but était pour moi de voir “où l’on en est”, de mesurer la distance ou la proximité entre le point de départ et un point d’arrivée Et, pour ne rien arranger, j’ai choisi la plage 1 du disque enregistré par Jordi Savall et Hespèrion XXI chez Alia Vox en 2005 : le morceau anonyme Folias Criollas de l’album Altre Follie (1500-1750).

Dans les deux cas, il y a selon moins un gros manque en-dessous de 100Hz, plage dans laquelle le niveau de gain diminue (rapidement), de même dans la partie de la bande passante au-dessus de 1000Hz  et quelques colorations ou anicroches entre les deux, par exemple dans le bas médium, ce dont pâtit la viole de gambe de Jordi Savall et qui affectent la restitution des instruments.
Le tout, pris immédiatement, donne une écoute globalement descendante qui manque selon moi d’intelligibilité et d’aération et quelques colorations qui me semblent peu dépassables en l’état et nuisent à mon avis à l’écoute.
Ce n’est pas forcément désagréable, et certains pourront apprécier, mais cela me paraît trop coloré pour que l’on puisse parler d’une écoute de haute fidélité (vis-à-vis de l’enregistrement et des instruments, de la musique).

Par conséquent, on ne coupera très probablement pas à la corvée de devoir plonger dans le mode d’emploi, dans les différents outils mis à disposition pour modifier ce résultat et travailler à obtenir une écoute satisfaisante en palliant les problèmes.

Je sais ce que tu vas me dire, que tu n’as pas envie d’aller plus loin, mais attends un peu et sois patient, on n’a pas toujours tout, tout de suite.

 

 

 

Triturages et réglages sont les deux mammelles de l’écoute

Je passe sur les détails – tout en remerciant mes camarades casqués d’avoir défriché le terrain et mis à disposition les résultats de leurs sagaces découvertes — ce sera tout de même mieux que de pester contre l’obscurité du mode d’emploi et de dire que sinon, j’aurais laissé tomber.

Mais j’y ai tout de même bien passé deux ou trois heures. Spécialement pour ce qui concerne l’emploi de l’application Yamaha Headphone Control et de ses possibilités d’égalisation, dont je n’ai probablement pas réussi, par ailleurs, à tirer une solution pleinement satisfaisante.

Manque de temps, probablement, comme on le verra : ce système est un tout, qu’il faudra avoir la patience d’appréhender comme tel en apprenant à en utiliser toutes les fonctions.

Je dirai donc seulement que les préréglages globaux sont intéressants, mais qu’à mon oreille du moins, s’ils agissent sur certaines colorations, ils ne les règlent pas toutes, voire leurs substituent… d’autres colorations.

La fonction d’égalisation embarquée dans l’application de contrôle du casque, en revanche, quoiqu’elle reste assez basique, permet d’agir à la fois sur le déficit qui subsiste dans le grave (une fois la fonction ANC activée), sur le surcroît très audible dans le haut médium / bas aigu et sur le côté trop descendant et récessif.

Reste peut-être, j’ai cru m’en apercevoir en utilisant un fichier contenant des fréquences (séparées et glissantes), une sorte de décalage entre les deux canaux — à moins que je ne me sois abusé.

Il faudra, autrement dit, y consacrer le temps nécessaire pour obtenir une écoute acceptable ou satisfaisante. Tu me diras que ça ne t’avance guère ? À quoi je réponds que comme tu es plus jeune et plus malin que moi, tu devrais y arriver plus rapidement.

 

 

 

Quelques écoutes après triturage des réglages

Et il se peut, après tout, que le Yamaha soit plus adapté à des genres musicaux moins exigeants du point de vue de la reproduction de haute fidélité. Ainsi, sur Money For Nothing de Dire Straits, tiré de l’album Brothers In Arms  (de 1985, mais dans la remasterisation de 1996, plage 2), voilà une écoute assez agréable.

Sur le solo de batterie, les allers-retours entre canal de droite et canal de gauche restent un peu étroits (derrière la tête, ce qui est le cas le plus courant, mais avec un peu de manque d’assise). Cela ne manque toutefois pas d’impact au point de décourager.
Si le son présente en général une sorte de “lissage” ou d’“aseptisation”, que je trouve typique du procédé de réduction des bruits, le déficit reste néanmoins assez discret pour ne pas se faire entendre au point de d’interférer avec l’écoute du morceau.

 

 

Entraîné par l’élan, je repasse un vieux classique, Dark Side Of The Moon du Pink Floyd dans la version du 50e anniversaire — et plus précisément sur le morceau Time. La cinquantaine, peut-être, mais une cinquantaine qui reste séduisante et qui n’a pas pris de ride : “tu cours et tu cours encore après le soleil, mais il se couche et, dans sa course autour du monde, il se lève à nouveau derrière toi”.

Quoi de changé de nos jours sur ce point ? Le morceau ainsi que l’album, que j’ai réécouté entièrement, passent bien. L’image sonore — je veux dire les différents plans des instruments du grave à l’aigu — est sans doute un peu restreinte, en tout cas par rapport à des casques de haut de gamme (par exemple Sennheiser HD58X ou Beyerdynamic DT1990), mais l’ensemble reste cohérent. La correction proposée par l’application améliore sensiblement la prestation fournie, à la base, par ce casque : on en voudrait plus.

 

 

On me dit toujours que j’écoute sans arrêt la même chose et que bon, franchement, en regardant la playlist, on voit mon âge. Ben oui, et j’ai mis assez de temps à commencer à approcher la soixantaine pour avoir le droit d’en profiter, donc je ne vais certainement pas me gêner pour jouer les vieux schnocks.
Donc un disque de Django, tiré de l’Intégrale Frémeaux “Echoes of France” volume 13 qui documente les morceaux enregistrés immédiatement après la Libération : Nuage et Belleville en particulier — et tout le reste. Ça respire la joie et l’inventivité.

Certes, la guitare manouche pourrait être un peu plus brillante — mais vu la date et le type de prise de son, à quoi bon ? En tout cas l’écoute proposée par le Yamaha est tout à fait correcte et l’appareil fait le job.

 

 

Dans la même veine (si, si : la preuve, c’est rangé sur la même étagère), j’extrais de mes archives le coffret Léo chante Ferré (un coffret Barclay/Universal sorti en 2003), et dans ce coffret, le volume 12, l’album La Solitude sorti pour la Noël 71 par Léo Ferré en collaboration avec Zoo.

Encore un cinquantenaire passé et qui n’a pas pris une ride. La voix de Ferré passe fort bien — gage d’assez de linéarité dans l’ensemble entre 100 et 1000Hz. Le petit manque d’assise ne se fait ici pas sentir et l’aseptisation générale dans le haut du spectre, non plus.

 

 

Terminons cette brève exploration par un ou deux extraits du coffret Intégrale Brassens Le Temps ne fait rien à l’Affaire sorti chez Mercury en 2015. Tu vas me dire que franchement je n’avais pas besoin de cette intégrale de Brassens, vu que j’avais déjà les précédentes, y compris sur 33t. Mais on voit bien que tu n’y connais rien : cette intégrale comporte la version remastérisée en 2011 de l’album La Supplique (sorti en 1966) avec la seconde guitare que Joël Favreau et quelques titres en plus. Indispensable, donc.

Sur ces morceaux, le Yamaha propose une très belle restitution du bas médium/médium qui favorise les guitares de Brassens et de son jeune (à l’époque) second.

 

 

 

Dub (avec un D, comme dans “Dub”), sur le point de conclure

Quelles conclusions tirer de toutes ces vaticinations, me diras-tu ?

Ce casque saura à mon avis trouver ses amateurs d’écoute “en balade” : léger, assez confortable, et présentant de multiples fonctions non limitées à la musique, il est pratique.

Côté musical, il ne faudra pas s’attendre, en écoute filaire, ou même en écoute “de base”, à plus que de la “moyenne fidélité” : mais les possibilités de réglages et de d’égalisation sont justement là pour cela. De ce point de vue, le Yamaha présente les avantages de ses inconvénients et les inconvénients de ses avantages.

Il y a mieux, il y a pire, comme toujours, et il faudra avoir la patience d’apprendre à utiliser l’application de contrôle du casque et plus spécialement les possibilités d’égalisation qui sont disponibles. Cela peut prendre un certain temps (mais si j’y arrive, n’importe qui le peut), et les résultats sont au bout de l’effort.

On peut souhaiter que Yamaha ne s’arrête pas là et développe cette technologie d’égalisation embarquée qui, après tout, est encore dans l’enfance : pourquoi pas un casque qui, sur une basse déjà elle-même suffisamment neutre sur une bande passante plus large, embarquerait une égalisation sur des plages de fréquences plus nombreuses et avec une application plus facile à manier et plus précise ?

En attendant, avec Yamaha, y’a moyen d’aimer la musique plus qu’à moitié.

 

 

Éric_dub
HCFR – Octobre 2023

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au YAMAHA YH-E700B : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/CASQUES-HAUTE-FIDELITE/YAMAHA-YH-E700B-T30125689.HTML

 

 

 

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