Test HCFR vidéoprojecteur Sony VPL-VW890ES

Test HCFR vidéoprojecteur Sony VPL-VW890ES

les Mesures de Colorimétrie et les Calibrages

 

Dans ce chapitre de notre test du Sony VPL-VW890ES nous allons rentrer dans le vif du sujet colorimétrie.

Complété par notre précédente analyse des puissances lumineuses et des contrastes, ceci complétera et conclura l’appréciation du VPL-VW890ES en terme de performance image objective.

 

 

Les gammas

Les vidéoprojecteurs Sony proposent deux familles de gamma, plus deux EOTF dédié au HDR.

Il ne sera pas possible d’intervenir sur les contextes HDR, HDR10 et HDR Reference (hors ajustement tone mapping via Contrast HDR et de luminosité), en revanche les gammas accessibles sur un programme SDR peuvent être sélectionnés et corrigés.

La correction précise pourra se faire par l’intermédiaire du logiciel Sony Calibration Pro. Un logiciel réservé aux calibreurs et aux agents des centres techniques. Ce logiciel très complet et très pratique peut couvrir toute une étape de calibrage avec l’appui d’un logiciel de mesure évidemment.
Son attrait principal réside dans un outil de calibrage du gamma très précis pouvant jouer sur 64 points par composantes R, G, B et blanc, soit 256 points de correction au total.
Pour accéder à ce logiciel il faut en faire la demande auprès de son revendeur.

Parmi les deux familles de gammas éditables nous disposons de gammas normalisés classiques et de gammas propriétaires dont certains sont intégrés dans les presets de profile de couleur du VPL-VW890ES.

Nous avons mesuré uniquement les gammas normalisés pris en charge par Chromapure 3.5 Pro.

Vous verrez qu’il n’aurait pas été nécessaire de les mesurer tous de toute manière. Les mesures des gammas propriétaires ont été faites dans un environnement gamma 2.8 qui est le maximal admis par Chromapure.
Leurs mesures seront uniquement indicatives car il n’est pas possible de calibrer de tels gammas ne disposant pas des cibles natives imaginées par les ingénieurs de Sony.

 

Gamma standart 1.8

Plutôt linéaire et proche des cibles, ce premier gamma est une bonne nouvelle car en général les gammas normalisés qui suivent respectent la même tendance.

 

Gamma standard 2.2

Ce gamma nous intéresse le plus car il constitue la cible type en SDR.

On pourra éventuellement utiliser le gamma 2.4 en substitue voir le 2.6 suivant les objectifs colorimétriques poursuivis comme l’usage d’un DTM en amont (Lumagen Radiance pro, MadVR PC, MadVR Envy).

Dans l’état il est assez linéaire et déjà fonctionnel, le gamma 2.2 pourrait se corriger facilement avec le logiciel Sony Calibration Pro.

NOTA : Gamma 2.2 correspond à gamma OFF

 

Gamma 2.4

Un alternative plus contrastée au gamma 2.2 et une option de paramétrage en cas d’usage d’un DTM externe en amont.

 

Gamma 2.6

Le gamma 2.6 pourra servir en cas d’usage d’un DTM en amont ou dans le cadre d’un calibrage DCi.

 

Gamma 7 (propriétaire)

GAMMA 7 simule la courbe gamma d’un film.

 

Gamma 8 (propriétaire)

Gamma 8 accentue la netteté des images.

Sélectionnez cette option pour regarder des contenus dans un environnent lumineux, un salon par exemple.

 

Gamma 9

Gamma 9 produit une image plus lumineuse que gamma 8.

 

Gamma 10

Gamma 10 accentue la netteté des images.

Sélectionner cette option pour regarder des programmes TV, etc., dans un environnement lumineux comme un salon par exemple.

 

 

Les températures de couleur

Les températures de couleur représentent un élément colorimétrique essentiel.

Ce paramètre va déterminer la tonalité de l’image, en particulier son naturel. Combinée au gamma, la température de couleur pourrait être une étape unique au calibrage.

D’ailleurs, jadis lorsque les CMS n’étaient pas disponibles, le réglage de la température de couleur était le seul paramètre colorimétrique ajustable. On s’en contentait et les résultats visuels étaient déjà probants. Ceci afin d’insister sur son importance.

Le VPL-VW890ES dispose de plusieurs presets de température de couleur ayant des jumeaux mais dont les ajustements bias et gain restent fort heureusement indépendants.
D93 et Custom 1 partent sur la même bases et ainsi de suite jusqu’à D55 avec Custom 4.
Custom 5 est un preset particulier dont la température de couleur est propriétaire et poursuit le but de permettre au VPL-VW890ES de délivrer toute sa puissance lumineuse.

Comme le calibrage des presets de température de couleur est commun à tous les presets principaux (Cinema 1, Cinema 2 etc.) il faudra se montrer judicieux.

Par exemple utiliser D65 pour les 6500°K (Kelvin) du SDR, Custom 3 pour les 6500°K pour le HDR et un troisième preset pour la 3D à choisir suivant l’incidence colorimétrique des shutters des lunettes sur la température de couleur.

Une tendance vers une température plus froide à compenser par une température plus chaude D55. Une température plus chaude à compenser par une température plus froide D75 ou D93.

Nota : Si il est maintenant possible de customiser à loisir la température de couleur mesurée par Chromapure, la cible DeltaE reste D65. En dehors de D65 les dE ont donc été retiré des tableaux, leurs valeurs n’étant alors pas pertinente. Néanmoins les histogrammes RGB parlent d’eux mêmes.

 

D93 / Custom 1

D93 est par essence une température de couleur froide qui trouve rarement un domaine d’application.

Sony le propose par défaut sur les presets dits « TV ».
En effet une température froide permet de rehausser la luminosité. Ainsi il est possible d’utiliser le VPL-VW890ES dans un environnement avec un éclairage, d’où l’usage présupposé « TV ».

Ce preset de température de couleur est pas mal du tout sur notre exemplaire du VPL-VW890ES.

La moyenne de 9109°K montre un déficit qui s’explique par une température plus chaude sous les 9000°K à bas IRE (image sombre) ce qui est négligeable car l’oeil voit alors moins les différences.

La température retrouve des valeurs proches de la cible à partir de 60IRE soit là où l’oeil perçoit davantage les différences de tonalités. On peut donc dire que dans l’ensemble ce preset est bon. Etant donné sa nature et son usage, il ne sera pas nécessaire d’y envisager une correction.

 

D75 / Custom 2

D75 est une température de couleur qui pourra servir éventuellement à un calibrage colorimétrique 3D.

Dans l’état ce preset est plutôt très bon. La moyenne de 7459°K est proche de la cible, les variantes assez faibles et l’histogramme RGB assez régulier et équilibré. Les dérives n’ont pas de grandes amplitudes, les dE sont à vu de nez, faible également.

 

D65 / Custom 3 SDR / calibrage

La température de référence utilisée sur tous les supports vidéo domestiques. Il s’agit donc des presets primordiaux et essentiel à tout calibrage.

De toute évidence le preset à 6500°K du VPL-VW890ES est excellent et on pourrait ne pas y toucher.

C’est un cas rare dans l’absolu et cela quelque soit la marque ou le model de vidéoprojecteur.

Le VPL-VW870ES était bon, mais pas à ce niveau, ni les VPL-VW590ES et VPL-VW790ES que nous avions découvert et mesuré au magasin Son Vidéo Antibes l’année dernière.

Particularité de notre exemplaire de test ? Généralité sur ce modèle ? Impossible de savoir, néanmoins les faits sont bien sous nos yeux.

Après calibrage nous obtenons un dE de 1.8 contre 1.7 d’origine. Ceci s’explique par l’inflexion des courbes RGB sous l’effet des ajustements de bias.

En pratique nous pourrions ne pas tenir compte de ce qui se passe sous 10IRE car l’oeil y voit moins les variations de tonalité, surtout de faible amplitude. Ce qui nous ramène à 1.15 avant calibrage et 0.88 après calibrage.

Les histogrammes et les relevés en pourcentage parlent d’eux mêmes.
Les courbes avant et après calibrage sont excellentes avec très peu de dérives et de faibles amplitudes. L’exemplarité du preset D65 tend à ne pas y toucher bien qu’un calibrage arrive à améliorer encore cette performance exceptionnelle.

 

D65 / Custom 3 HDR / calibrage

En HDR nous travaillons sur un état de luminance différent qu’en SDR. La lecture native de 6500°K ici prise sur le preset Custom 3 est donc différente de D65 en SDR.

La base D65 SDR était exemplaire, il est alors normal de lire des dE plus élevés en HDR.

Ceci dit l’exclusion de ce qui se passe sous 10IRE afin de supprimer les états de variation de tonalité négligeables nous donnent une lecture plus avantageuse.

Nous obtenons un dE de 2.49 avant calibrage et un dE de 0.95 après calibrage. Des scores excellents et même sans cet ajustement nous avions peu de dE au dessus de 3 et de très rares valeurs élevées toujours à bas IRE dans la zone où l’oeil est moins sensible.

De même sur les histogrammes RGB, le résultat est vraiment très bon.

Si nous excluons les valeurs sous 10IRE, sachant que peu de sondes son capable de mesurer correctement sous 20IRE (la Klein Instrument K10A n’a pas de problème sur ce point), alors les histogrammes deviennent tout simplement excellents à quasiment parfait après calibrage.

Notez que l’outil Sony Calibration Pro n’a pas été utilisé, sinon les courbes obtenues seraient absolument parfaites. Nous avons souhaité utiliser le VPL-VW890ES comme le ferait tout utilisateur confirmé mais dans un contexte normal sans accès aux outils réservés aux professionnels.

 

D55 / Custom 4

D55 ou 5500° Kelvin est une température de couleur chaude. Sony l’utilise sur le profile de preset Photo.

A nouveau l’histogramme sans correction est excellent y compris les moyennes à part peut être une hausse de Delta E sous 25IRE. Une zone de l’échelle de gris sur laquelle l’oeil est moins sensible aux variations de tonalité des couleurs.

Au delà et jusqu’à 100IRE l’histogramme est bon à très bon.

Ce preset, à l’instar de l’ensemble des autres précédemment mesurés, peut s’exploiter brut sans correction obligatoire. Dans la pratique D55 pourrait éventuellement servir à compenser les shutters des lunettes 3D suivant leur incidence sur la température de couleur.

 

Custom 5

Custom 5 est l’ovni des vidéoprojecteurs Sony.

Bien que les histogrammes RGB soient linéaires dans le cas du VPL-VS890ES, ce qui démontre une volonté de proposer une température de couleur « normée » et ayant une finalité, celle-ci ne correspond à rien des standards connus.

Ici nous avons mis Custom 5 en concurrence avec D93 afin d’avoir une référence, mais les moyennes tendent plus vers une température de couleur de 8000°K – 8100°K suivant les IRE. Si on place la mesure de Chromapure sur 8000°K les courbes RGB ne correspondent pourtant pas. J’ai essayé en vain de trouver la température exacte correspondante et cela s’explique.

De prime abord Custom 5 est une erreur, en tout cas une singularité propriétaire en dehors des normes connues.

En réalité Custom 5 permet d’atteindre le maxima théorique de puissance lumineuse des vidéoprojecteurs Sony.

Retour au chapitre consacré aux puissances lumineuses et aux contrastes, Custom 5 mesure à presque 2200 lumens, la puissance maximale annoncée par Sony.

Peu utile en usage Homecinema, car les normes prônent ou doivent servir de base de référence, mais fonctionnel pour les simulateurs, l’institutionnel, la bureautique et pourquoi pas les jeux vidéo sur lesquels finalement le strict respect de la colorimétrie est un élément secondaire. Des domaines pour lesquels il faut pouvoir bénéficier d’une très forte puissance lumineuse sans que la colorimétrie soit un élément essentiel.

 

 

Les espaces de couleur

Le calibrage des espaces de couleurs des vidéoprojecteurs laser Sony demandent une petite gymnastique d’ailleurs prévue par la marque.

Nous verrons que si les espaces normalisés sont assez bons, ils ne couvrent pas 100% du mapping du CIE.

C’est une observation que j’ai pu faire sur plusieurs vidéoprojecteurs laser Sony, cette source de lumière autre qu’une lampe serait elle responsable ?

Ou la présence des éléments supplémentaires du moteur optique ? Les filtres, les miroirs dichroïques ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais par contre il faut ajuster car couvrir 100% des espaces où à défaut le plus possible, est très important dans le cadre d’un calibrage.

La démarche commence donc par éditer les espaces à calibrer afin de moduler les coordonnées des saturations à 100% et ainsi élargir l’espace de couleur au mieux vers les cibles du gamut de référence. Ceci permet d’ailleurs assez souvent de déjà repositionner les saturations intermédiaires, signe d’un gamut géré convenablement et de tables LUT pertinentes et fonctionnelles.

Puis il faut affiner le travail à l’aide du CMS 1D LUT HLS (Hue Luminance Saturation) traditionnel. Si ce travail est simple sur le BT.709, un peu plus ardu sur le DCi (emprunté à l’espace 2), le BT.2020 présente encore de grosses difficultés et la nécessité d’adopter une démarche de calibrage spécifique.

En effet le BT.2020 est encore simulé et partiel, ce qui complique la mise en conformité qui au mieux concernera des saturations à 50%. Une approche propriétaire inévitable donc, mais qui s’avère pertinente comme vont le démontrer nos mesures.

 

Le BT.709 profile de calibrage SDR et les alternatives

Un calibrage SDR normalisé valable pour les films en Bluray, DVD NTSC et la HDTV cible les éléments suivant :

  • Espace BT.709
  • Gamma 2.2 – 2.4 (cible idéale 2.22 ou BT.1886)
  • Température de couleur D65
  • Puissance de pic lumineux 50 – 58 nits

Avec le VPL-VW890ES il est possible de partir de BT.709, ou Custom, ou Color Space 1 (nous verrons plus loin pourquoi), gamma 2.2 ou 2.4, température D65 ou Custom3 (l’un des deux devant être réservé pour le HDR si on décide de calibrer aux mesures et d’optimiser précisément les deux contextes).

Les sous chapitres précédents ont traité des gammas et des températures de couleur, nous allons nous concentrer sur le gamut essentiellement.

Partons donc sur le BT.709 puisque le VPL-VW890ES dispose du gamut et de la LUT correspondante.

D’origine le BT.709 n’est pas mal du tout mais n’est affiché qu’à 97,1%, il va donc falloir l’éditer et l’étendre à 100% de couverture.

Les saturations sont plutôt bonnes malgré le léger déficit.

Le ColorChecker nous indique que BT.709 est plutôt bon. Les écarts comme ceux des saturations, sont liés à la couverture de 97,1%, les décalages des mesures vis à vis des valeurs cibles correspondent.

Nous allons calibrer BT.709 et effectuer plus de mesures.

Les tableaux résultants pourront nous permettre de déterminer si le CMS du VPL-VW890ES marche bien, si BT.709 est effectivement une bonne base et si le calibrage est absolument indispensable sur ce gamut.

Sans surprise, l’édition de BT.709 permet de retrouver 100% (voir un peu plus) du gamut cible. Cette mesure a été faite en incluant la correction au CMS 1D LUT du VPL-VW890ES, la couverture est donc finale et effective post calibrage.

La lecture des saturations avant et après calibrage nous donne des scores extrêmement bons.

Le calibrage a été très simple en corrigeant toutes les primaires et secondaires sur leurs saturations à 50%, 75% aurait été possible également.

Le résultat est vraiment excellent et frise la perfection. Tous les DeltaE post calibrage sont sous 2 dE et seul le rouge montre une hausse à proximité de 2 pour une 100% de sa saturation. Cas typique et sans impact
significatif sur le rendu visuel.

Chose très intéressante, pré calibrage les scores sont également excellents même si la correction a amélioré les DeltaE nous avons seulement 1.2 de moyenne et très peu de mesures très légèrement au dessus de 2 dE.

Cela signifie qu’en l’absence de calibrage et même en étant à 97,1% BT.709 est déjà très bon. Son calibrage est alors utile mais pas fondamentalement indispensable.

Le Color Checker post calibrage est également excellent avec une moyenne de 0.8 dE et 0.7 dE pour les skin tones (couleurs chair).

L’ensemble des mesures étant corrélées, cela est normal et rejoint les mesures de saturation.

Le Color Checker confirme la très bonne base de BT.709 qui pourrait se passer de calibrage. Calibrage qui permet cependant d’aller très loin dans l’exactitude colorimétrique et cela très simplement grâce une base de référence excellente.

 

Custom

L’espace custom s’apparente de base à BT.709 dont il partage la même LUT, il s’agit du même gamut. Sa vocation est de pouvoir être édité et ainsi de créer un espace de couleur supplémentaire personnalisé. Ou d’être une alternative à BT.709

Color Space 1

Color Space 1 est une alternative au BT.709 proposé par défaut sur le preset TV.

Par défaut au dessus du Rec.709 avec une couverture de 107,8%, un décalage qui se confirme de manière linéaire sur les saturations à l’exception du rouge.

Mis en concurrence avec le Rec.709 (base de calcul des DeltaE) le rouge et le bleu posent quelques problèmes.

Color Space 1 est assez passable en tant que gamut brut comme substitue au BT.709. Néanmoins sa base peut servir au calibrage, éventuellement une alternative pour un profile 3D dont le calibrage serait optimisé.

Le Color Checker n’est pas mauvais non plus et laisse présager un rendu naturel des couleurs malgré les dérives de DeltaE inévitables compte tenu des mesures précédentes.

Color Space 1 est donc une alternative intéressante au BT.709 dans le cadre d’un calibrage Rec.709, mais pas forcément une fin en soi. En effet certaines dérives non linéaires sur le rouge et le bleu dans une moindre mesure, seront impossible à ajuster, là où BT.709 est quasiment parfait.

Une alternative à réserver à un calibrage annexe dont l’exactitude colorimétrique est moins importante et déjà impactée par un élément supplémentaire, comme la 3D et l’incidence des shutters des lunettes.

 

Color Space 2 l’alternative au DCi P3

Nous parlerons de DCi P3, c’est à dire la version domestique que l’on trouve sur les Bluray UltraHD incluse dans le Rec.2020 utilisé alors comme un conteneur et non comme un gamut dans son intégralité.

En effet le DCi cinéma implique le même gamut mais dont le point blanc se positionne à 6300° Kelvin avec un gamma de 2.6 et une quantification colorimétrique de 12 bits.

Nous n’y somme pas d’autant que le DCi P3 exploite une température de couleur de 6500° Kelvin (le D65).

Un calibrage DCi normalisé valable pour les films en Bluray, DVD NTSC cible les éléments suivant :

  • Espace Color Space 2
  • Gamma 2.4 – 2.6 (cible idéale suivant la performance du vidéoprojecteur)
  • Gamma « safe » 2.2 – 2.4 (cible idéale 2.22)
  • Température de couleur D65
  • Puissance de pic lumineux 50 – 58 nits

Le VPL-VW890ES ne dispose pas officiellement d’un profile DCi.

Néanmoins Color Space 2 s’en approche assez et avec quelques manipulations il est possible d’atteindre un très bon résultat.

Retenez que ce calibrage est ardu faute de LUT preset préparée pour la cible du gamut DCi.

Color Space 3 est une alternative mais qui s’avère moins fonctionnelle et préconisée par Sony sur les presets Cinema 1, Cinema 2, Game, Bright Cinema et Bright TV.
Donc fondamentalement un état « intermédiaire » qui se veut résoudre l’ambiguïté du bon gamut pour un film sur Bluray 1080p Rec.709 ou DCi.

Je vous expliquerai davantage cette question dans le sous chapitre dédié à Color Space 3.

Nous partons donc d’un gamut à 91,4% du DCi cible. Sans l’usage d’un filtre donc sans perte de puissance lumineuse, il s’agit déjà un bon score. Voyons ce que donnent les saturations.

La lecture des saturations est satisfaisante compte tenu de la couverture partielle de 91,4%.

On se rend compte qu’il y aura un gros travail à effectuer sur le vert et le rouge, les deux primaires sur le plus fort déficit.

Loin d’être parfait mais pas catastrophique, le Color Checker est encourageant et laisse entrevoir un excellent résultat post calibrage. Color Space 2 a un bon potentiel comme candidat au calibrage du gamut DCi.

Après édition et calibrage nous arrivons à 94% du DCi, soit 2% de mieux que sur le VPL-VW870ES. Nous ne somme pas à 100% (impossible sans filtre et sans laser rouge additionnel) mais il y a du mieux. A nouveau, sans filtre donc sans perte supplémentaire de puissance lumineuse.

Voyons ce qu’il en retourne des saturations intermédiaires après calibrage.

Pour un gamut retravaillé sans l’aide d’une LUT préprogrammée et donc non prévu au départ, le résultat est franchement très bon.

Certes certaines saturations conserveront un DeltaE supérieur à 2, sachant que l’on est à 94% du gamut cible c’est prévisible.

Les seules valeurs encore problématiques sont de nature négligeables. Le cyan à faible saturation, le vert et le rouge sur des saturations élevées, trois petites imperfections dont l’incidence visuelle sera imperceptible, donc totalement négligeable.

Pour les mêmes raisons que les saturations, le Color Checker s’améliore considérablement sans être parfait.

Cependant il faut reconnaitre que le score post calibrage est très bon, une moyenne de 1.5 dE pour le Color Checker standard et 1.7 pour les skin tones c’est déjà excellent. Quelles couleurs fondamentales afficheront un DeltaE encore élevé, mais dans l’ensemble le calibrage a rempli son office et se montre très efficace. Cela uniquement à partir du CMS HLS 1D LUT du vidéoprojecteur !

La reconstruction du gamut DCi à partir de Color Space 2 est donc tout à fait possible avec in fine un gamut partiel présentant très peu de défauts tout à fait fonctionnel et très proche de la norme.

Néanmoins il ne faudra pas compter sur un usage brut de Color Space 2 en vu d’un affichage DCi, les dérives sans correction étant trop nombreuses et de valeur trop importante.

Pour calibrer Color Space 2 au gamut DCi il vous faudra donc un peu de patience et sélectionner la bonne valeur de saturation à calibrer. Cela peut varier d’une primaire ou secondaire à l’autre et bien éventuellement d’un VPL-VW890ES à l’autre. Sur notre exemplaire de test tout a été calibré à 50% de saturation excepté le bleu à 25%.

 

Color Space 3

Color Space 3 est un gamut assez particulier, plus vaste que le Rec.709, mais moins vaste que le DCi, il se positionne de manière médiane et est proposé par défaut sur les presets Cinema 1, Cinema 2, Game, Bright Cinema et Bright TV.

Les mesures démontrent que Color Space 3 couvre peu le DCi mais beaucoup plus le Rec.709 que BT.709. De prime abord ce gamut n’a pas de grande utilité et pourtant …

La question légitime que l’on peut se poser lorsqu’on regarde un film sur Bluray va nous aider à comprendre l’utilité de Color Space 3.

On sait que les Bluray sont étalonnés en Rec.709, mais quel était l’étalonnage du film avant le Bluray ?

Et comment la conversion a t elle été faite au moment de l’édition du Bluray ?
Oui car en projection cinéma numérique l’étalonnage est DCi, il y a donc une conversion à faire pour l’édition domestique sur Bluray.

En UHD la question ne se pose pas car le Rec.2020 sert de conteneur natif et les quelques rares films non HDR en Rec.709 ne sont pas assez nombreux pour se faire des noeuds au cerveau.

Que fait donc l’équipe de production en charge de l’étalonnage des films pour les éditions Bluray (et DVD aussi d’ailleurs) ? Il y a plusieurs possibilités :

  • Le film est scanné à partir d’une pellicule directement en Rec.709, on ne se pose pas de question => Rec.709.
  • Le film est scanné vers un gamut RAW peut-être ACES puis servira comme base pour les éditions disques, Rec.709 pour les Bluray donc.
  • Le film est retravaillé par l’équipe de production afin de tenir compte de l’étalonnage final sur Bluray => Rec.709.
  • Le film est travaillé à partir d’une base RAW ou ACES vers l’étalonnage Bluray => Rec.709
  • Le film est issu du DCP DCi, l’équipe clip les saturations hors gamut => Rec.709
  • Le film est issu du DCP DCi, l’équipe compresse le gamut afin de relocaliser les saturations => Rec.709 ou Dci comme gamut cible à afficher.

Il y a donc une part d’inconnue, chose que Sony maitrise et connait bien puisque le géant japonais filme, monte et produit des films, puis les édite en Bluray et UltraHD.

Color Space 3 comme gamut médian au Rec.709 et au DCi permet alors un compromis pseudo universel fonctionnel dans tous les cas de figure.

Que l’affichage optimal du natif du film étalonné sur Bluray soit Rec.709 (cas le plus probable) ou DCi, Color Space 3 se positionne sur une moyenne fonctionnelle valable pour ces deux gamuts.

Mis en concurrence avec le DCi, Color Space 3 nous donne les mesures suivantes :

Mis en concurrence avec le Rec.709, Color Space 3 nous donne les mesures suivantes :

(Mesures issues du test HCFR du VPL-VW760ES. Si les valeurs ne sont pas exactement les mêmes, elles illustrent tout de même parfaitement la démonstration).

Color Space 3 propose une solution palliative à l’inconnue du gamut cible idéal des films sur Bluray.

Ce compromis est un gamut spécifique propriétaire mis au point par Sony qui n’a pas de base de référence normalisée standard mais qui pourra servir aux films Bluray sans devoir se poser la question du gamut cible idéal Rec.709 ou DCi.

 

BT.2020, le gamut des Bluray UltraHD HDR.

Le Rec.2020 est un espace colorimétrique étendu qui couvre presque l’intégralité des couleurs visibles et qui est utilisé sur les Bluray UltraHD comme conteneur au DCi ou très rarement comme gamut natif de la vidéo enregistrée sur le disque.

Le Rec.2020 pose un problème de taille, c’est le cas de le dire.

Actuellement en dehors des quelques rares diffuseurs laser RGB, aucun diffuseur n’est en mesure de l’afficher intégralement.

Le VPL-VW890ES n’y échappe pas et afin de pallier au déficit, Sony propose un gamut BT.2020 partiel et simulé qui va tirer parti du maximum de l’espace de couleur natif disponible sur le vidéoprojecteur.

D’après le BDA, le Rec.2020 est associé au HDR, donc présent sur les disques Bluray UltraHD. Le calibrage de ce gamut doit donc se faire conjointement avec les modes HDR du VPL-VW890ES.

Un calibrage HDR normalisé valable pour les films en Bluray UltraHD cible les éléments suivant :

  • Espace BT.2020
  • Mode HDR10 Contrast HDR 60 – 70, profile unique
  • Mode HDR10 Contrast HDR 60 – 80, profile HDR 4000 nits
  • Mode HDR Reference, Contrast HDR 70 – 90, profile HDR 1000 nits
  • Température de couleur D65 (calibrée sur Custom 3 afin de réserver D65 au SDR)
  • Puissance de pic lumineux maximale

Un petit 64,3% du Rec.2020 et un aspect de toute évidence très particulier du gamut afin de compenser le déficit important inévitable.

Vu les positions des saturations mesurées face à leurs cibles, le calibrage s’annonce sportif et impliquera un choix varié des saturations à corriger à partir du CMS 1D LUT du VPL-VW890ES.

On observe donc avec plus de précision la manière dont Sony a élaboré son gamut Rec.2020. Partiel, simulé et non linéaire, ceci ne vas pas simplifier les choses, mais rien n’est impossible.

Ici un calibrage à 50% de saturation pour le rouge, le jaune, le magenta et le bleu. A 25% de saturation pour le vert et le cyan.

Preuve que la démarche de Sony est bonne, le Color Checker sans calibrage ni édition de BT.2020, donne des mesures plutôt bonnes sachant que certains aspects de ce gamut ne pourront pas se corriger.

Après édition et calibrage BT.2020 passe à 68,2% de son espace cible.

On s’approche des 70% alors que le VPL-VW870ES talonnait à 65% au mieux.

Dans l’idéal il faudrait arriver au moins à 95% et s’accorder à 80% pour envisager un calibrage plus à la norme.

Mais retour au Color Checker, cette approche est malgré tout pertinente et va conduire à d’excellents résultats visuels.

Comme prévu le calibrage ne peut être que partiel et au sacrifice de certaines saturations. L’objectif étant alors d’aboutir aux meilleurs moyennes possibles et tant que faire ce peu, favoriser le Color Checker.

Les mesures précises du Color Checker sont rassurantes.

Alors que les saturations ont profité du calibrage, l’essentiel visuel était déjà bon, il s’affine après correction.

Bien que les scores n’arrivent pas au niveau du BT.709, BT.2020 est tout de même bien élaboré et se comporte de manière logique et pertinente au calibrage.

Le Color Checker obtenu est plus que bon avec une moyenne de DeltaE de 1.2, les skin tones arrivent à la même performance.

Hasardeux à calibrer, de conception propriétaire mais logique, pertinent et efficace BT.2020 est un choix judicieux pour regarder les films UltraHD HDR.

Au vu des performances, je ne suis pas partisan comme certains, de convertir et calibrer en DCi ou pire en Rec.709 pour regarder les films UltraHD.

D’ailleurs la pertinence de la conversion du gamut à la source dépend de la méthode employée par celle-ci. Si elle est bonne et tient compte de l’espace réel de l’étalonnage du film avec in fine peu de perte, pourquoi pas. Si en revanche la source ne fait que compresser le gamut ou pire, opère un clipping, alors ce n’est pas conseillé. Surtout et j’insiste, la méthode de simulation du Rec.2020 retenu par Sony est bonne et fonctionnelle.

Etant donné de la complexité de calibrage de BT.2020, mais des bonnes mesures du Color Checker, vous pouvez l’utiliser brut.

Surtout si vous ne vous sentez pas assez expérimenté pour son calibrage. Calibrage qui va améliorer les mesures mais pas de manière fondamentale, surtout vu la nature de ce gamut simulé.

 

 

– Lien vers le sujet HCFR dédié au projecteur Sony VPL-VW890ES : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/PROJECTEURS-UHD-4K/2021-SONY-VPL-VW890ES-LASER-4K-VOIR-POST-1-T30114115.HTML

 

 

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