Test HCFR : Storm Audio ISP Core 16
Compte-rendu de Dominique_domin
PREAMBULE
Après avoir eu l’occasion de tester longuement le fer de lance de Storm Audio, en l’occurrence l’ISP Elite mk2 en version 32 canaux, la société française a de nouveau proposé à l’Association des Membres HCFR d’essayer le nouveau-né de leur gamme, l’ISP Core 16, un préamplificateur 16 canaux comme son nom le sous-entend.
Sur le papier, un modèle plus raisonnable, tant en prix qu’en taille (cela fait du bien un préampli qui fait seulement 16 cm de haut et moins de 10 kg !).
Un peu moins chargé mais complet
J’ai tout de suite signé pour le test, cet appareil me correspondant nettement mieux : sur le papier, tout la qualité d’un Elite, avec quelques mises à jour bienvenues, en soft et en hard, mais pour une petite installation.
INSTALLATION
L’appareil est donc un peu plus compact et est réellement limité à 16 canaux, non évolutifs.
L’afficheur est nouveau, un peu plus graphique, et avec l’ajout bien sympathique des Vu-mètres des canaux en action (j’avais adoré cette fonction présente sur l’interface Web auparavant), bien pratique pour savoir comment est réellement décodé le signal.
Ici on voit les canaux en sortie, l’interface web permettant aussi de voir les canaux entrants.
Vu-mètres de l’afficheur
Écran d’info complet, y compris pour la vidéo
Autre nouveauté, la télécommande et l’application Android.
Les deux ont exactement les mêmes fonctions et un design épuré, limité à tous les paramètres d’utilisation courant.
Les réglages complexes se font via l’interface Web. Une Vidéo HCFR consacrée aux menus en décrit tous les détails.
Afin de réduire le coût, Storm Audio propose un package d’options nécessaire à ceux qui ont des besoins très spécifiques :
- Le Storm XT pour combler les enceintes non utilisées dans des systèmes complexes.
- Une (vraie) matrice HDMI (pour pouvoir utiliser les deux sorties indépendamment avec des entrées différentes par exemple).
- L’Expert Bass Management (pour vraiment configurer totalement librement les – multiples – caissons).
- Annoncé en option, le Dirac Bass Control a finalement été intégré de série dans l’appareil.
À la configuration, on retrouve exactement le même menu que l’ISP Elite mk2, d’ailleurs le firmware est commun.
On peut donc configurer et sauvegarder n’importe quelle configuration d’enceintes, tant qu’on se limite à 16 sorties (je n’ai pas tenté, mais je suis sûr qu’on doit pouvoir faire du 5.1 avec 11 caissons…).
Personnellement, cette fois-ci, je me suis limité à du 9.1 :
- 3 Cabasse Baltic 2 en frontale
- 6 bibliothèques surrounds Cabasse Corvette
- 1 caisson XTZ 1×12
- L’amplification est confiée à des amplis de puissance stéréo Audiolab
La pièce d’écoute mesure 24 m², semi ouverte, non traitée.
Il ne s’agit pas d’une pièce dédiée, même s’il n’y a que le Home Cinéma dedans, mais elle est conçue principalement pour la musique multicanale.
La configuration est relativement rapide quand on connaît le produit et la vidéo des menus réalisée par HCFR montre bien le processus.
À noter que le calcul Dirac m’a l’air d’avoir été nettement plus rapide que la dernière fois (5 minutes contre 15).
Autre nouveauté chez Dirac (ou alors je ne l’avais pas vu avant), l’apparition d’un bouton Délai permettant de sortir de la pièce avant que la mesure se lance, plutôt pratique.
J’ai donc configuré un système 9.1 composé d’un 7.1 + Wides.
Un cas idéal pour voir ce que peut bien apporter cette nouvelle fonctionnalité Storm XT qui promet de ne plus laisser d’enceintes muettes.
Interface de configuration Storm Audio
À ce propos, un détail à avoir en tête, le Storm XT agit comme un complément des Upmixers usuels intégrés (DSU, DTS Neural X en version DTS X Pro, Auromatic).
Traduction, vous ne pouvez pas appliquer le Storm XT sur un signal 5.1 et espérer avoir du son sur toutes les enceintes de votre 11.1.4.
Par contre, il complétera l’upmixer qui lui n’utilisera que le 7.1.4 nativement, pour générer du 11.1.4.
Premiers tests
Je commence un petit test sur un épisode de Game of Thrones en Dolby Atmos, en activant le Storm XT.
Loupé ! Pas de son sur mes Wides, elles ont l’air muettes.
Sujet à creuser donc… Un peu plus loin dans ce test, je ferais le tour de tous les formats pour voir comment le Storm XT se comporte.
Mais en attendant, hormis ce bug inattendu (mais tout à fait normal finalement), je retrouve toute la qualité de décodage de l’ISP mk2 Elite, avec une très grande clarté et des petits détails sonores de partout.
Autre point tout à fait impressionnant que je n’ai jamais retrouvé chez les autres marques, celui d’entendre vraiment la voix des acteurs avec la réverbération de la salle dans laquelle ils jouent : on n’entend pas seulement l’acteur parler, mais surtout clairement où est-ce qu’il joue. Et cette petite touche en plus rajoute énormément au réalisme du film.
Bref, pour le décodage HC, il est fidèle à sa promesse : je retrouve exactement son grand frère.
Je vous invite donc à relire mon test de l’époque.
Musique
Je commence mes essais par un concert de jazz (Diana Krall, Live in Rio, Dts HD MA) et des Sacd (concertos 3, 4 et 5 pour piano de Beethoven par le Scottish Chamber Orchestra et Goldfrapp, Supernature) transmis en PCM 5.1 88,2 kHz.
Sur de la musique en multicanal, en natif, le Storm est très agréable à écouter, avec une scène sonore vraiment différente en fonction du mixage et dans le cadre de mon système où toutes les enceintes sont coupées à 70/80 Hz (sur proposition de Dirac), une parfaite intégration du caisson de basse.
Le Dirac Bass Control est quand même une sacrée avancée : en 5 minutes, il met en place le caisson, là où en manuel, on est plutôt en heures le temps de tester toutes les combinaisons possibles (coupure, délai et niveau) !
Proposition de Dirac pour les principales (courbe perso)
Meilleur raccord possible en manuel vs Dirac… qui corrige aussi la perte due à l’écran dans les aiguës
Avec les upmixers DSU/Auromatic et le Storm XT (histoire d’utiliser toutes les enceintes), on a un petit élargissement de la scène frontale, mais les wides (générées uniquement par le Storm XT) sont très très discrètes.
Le DTS X Pro, lui exploite à fonde les wides, on les entend carrément bien avec !
Finalement :
- L’Auromatic est le plus respectueux du mixage original, en termes d’équilibre frontal/surround. Mais il élargit un peu la scène sonore, et le Storm XT est vraiment anecdotique.
- Le DSU, lui au contraire, recentre tout vers les frontales, même par rapport au mixage 5.1 original. Le Storm XT agrandit un peu la scène avant, et compense un peu le changement apporté par le DSU.
- Avec le DTS X Pro, le champ surround devient carrément prépondérant sur les frontales, et les wides sont très voir trop audibles… Très/trop démonstratif à mon goût.
J’ai fait quelques petits tests avec Roon, la configuration est très simple et l’appareil parfaitement reconnu et piloté par Roon. À noter que tout est converti d’office en 48 kHz, fréquence de travail de Dirac. Impossible de bypasser cette fonction dans Roon.
EXPLORATION DU STORM XT ET TESTS HC
Je me suis organisé une petite séance de tests relativement complète pour voir comment se comportait le Storm XT en fonction du signal entrant et de l’Upmixer enclenché :
Au final, il ne sert à rien avec le DTS X Pro qui utilise toutes les enceintes disponibles.
Et je me suis aperçu que l’Atmos utilisait très mal les Wides, car avec beaucoup trop de parcimonie, résultat: on a vraiment la sensation d’un trou permanent entre les frontales et les surrounds.
Et comme les wides sont verrouillées, car considérées comme occupées (par un signal seulement 5% du temps…), le Storm XT ne peut pas chercher à leur envoyer un signal les 95% du temps restant…
Personnellement, dans ma configuration, je pense que je me referai une mémoire en 7.1 avec un array sur les sides, juste pour l’atmos : l’enveloppement est bien meilleur en array qu’avec cet ersatz d’utilisation des wides en 9.1.0 (pour rappel je n’ai pas d’enceintes hautes).
Home Cinema
Passage au test en HC avec la venue de Nicolas_DTSman et Karim_mirak.
On commence avec le tout premier épisode de Game of Thrones, en DTS HD MA (série que j’ai trouvée nettement meilleure en audio sur les épisodes en DTS HD que ceux en Atmos… Beaucoup plus riche en effets surrounds en simple 5.1 ! ), avec une richesse de détails digne d’un film de cinéma.
Bon le Storm XT est là encore trop discret, le DTS X Pro est nettement plus démonstratif ici.
On enchaîne sur la course de Ready Player One, en débutant par la version DTS HD MA.
Comme GOT, c’est extrêmement riche en détails de partout, avec un caisson parfaitement maîtrisé et intégré.
L’ajout du DTS X Pro utilise bien les Wides, mais les surrounds deviennent aussi un peu trop démonstratives.
Changement de version avec la piste Atmos : toujours aussi détaillé mais maintenant il y a un trou entre l’avant et l’arrière, vu que les Wides ne sont pas utilisées par le mixage…
Pour être un peu plus sûr, on insère le Blu-ray de démo Dolby Atmos dans le lecteur :
- Sur le check des enceintes en 9.1.6, hormis quand il y a le signal des wides qui les active, aucun son des tops (qui n’existent pas chez moi) n’est renvoyé sur les wides.
- On passe au test de l’hélicoptère : Nico est certain qu’il n’y aura pas de son sur les wides vu que tout est en hauteur ! Eh bien perdu, tout est retransféré en bas, mais l’hélico utilise toutes les enceintes disponibles, wides incluses !
- En essaye Everest en Atmos, puis en 7.1 Array : clairement, on est nettement mieux immergé dans la tempête avec l’Array, car l’Atmos utilise vraiment beaucoup trop peu les Wides (alors qu’il y aurait moyen de mettre beaucoup plus de son dans ces enceintes sur un mixage de ce type…)
Vu-mètres de l’interface web et utilisation des Wides dans Everest : 30 dB de moins que les autres canaux !
On enchaîne sur le disque du concurrent, à savoir le disque de démo DTS X 2017, principalement l’extrait de Gods of Egypt.
Pour activer les Wides, il faut activer le DTS X Pro.
Le Storm XT sur le DTS X natif a l’air de bien fonctionner aussi.
Par contre, un bug a été relevé : si on applique le DSU ou l’Auromatic sur du DTS X, même si l’afficheur affiche DSU, cela a bien l’air d’être le DTS X Pro qui s’enclenche…
Avec ce disque, on a une très belle bulle sonore, avec vraiment la sensation d’être plongé au cœur de la scène.
Pour ce test de préampli, je n’oublie pas de prendre le temps de regarder des films en entier !
Exemple avec l’avant dernier épisode de la saga Harry Potter, dont je venais juste de profiter de la musique en live la veille (Nota Bene : la bande son du film ne rend pas hommage à la richesse de la partition d’Alexandre Desplat). Le film est en DTS HD MA.
Le natif est déjà très bon, on est vraiment plongé dans l’ambiance et avec un vrai réalisme.
Le Storm XT (avec le DSU ou l’Auro) ajoute une petite amélioration de la bulle sonore, mais le champ surround n’est pas aussi complet qu’avec un Array.
Le DTS X pro complète encore l’enveloppement mais les surrounds et wides deviennent trop audibles et sont toujours mises en avant.
C’est une autre façon d’aborder le champ surround, plus démonstratif, mais peut-être à l’opposé du concept visant à ce que ce soit quelque chose de discret, accompagnant une scène frontale qui doit concentrer l’action.
Optimisations
Je réessaye l’extrait du film Everest sur le disque Dolby Atmos.
Comme j’ai un peu de mal avec l’effet de séparation avant-arrière assez net, vu que les wides sont sous exploitées, je force le lecteur en LPCM.
Résultat j’ai du 7.1 qui rentre dans le Storm.
Bon en natif, pas de différence avec l’Atmos, toujours rien dans les wides donc résultat identique chez moi.
En activant le DSU + Storm XT, les wides ne sont toujours pas réellement audibles (certes, en mettant l’oreille dessus, elles fonctionnent bien), mais on a un peu moins la sensation de trou entre l’avant et l’arrière.
Le passage à l’Auromatic améliore un peu la chose, avec un meilleur équilibre (la tempête vient de partout) mais ce n’est pas encore tout à fait ça.
Dernier upmixer : le DTS X Pro ! Bon là, on est vraiment dedans, dans une pure bulle. Avant et arrière sont totalement fusionnées et totalement continues.
Je tente aussi une de mes scènes de démos favorites, la scène de l’attaque de l’immeuble dans Matrix, en version 5.1.
En natif, c’est déjà exceptionnel, et on se rend bien compte de tout le travail effectué par les ingénieurs du son, avec une foule de petits détails.
Le réalisme des effets sonores est vraiment exacerbé par ce Core 16, pas seulement sur les effets de type balles/explosions, mais tous les bruits participant à l’ambiance générale.
L’Auro + XT améliore la bulle, et le son devient plus diffus, les enceintes s’effacent un peu.
En Dts X Pro, on gagne vraiment en continuité entre scène avant et surrounds. C’est un vrai plus.
Scène suivante, celle du Bullet Time, mais dans l’ordre inverse des upmixers.
En DTS X Pro, les transitions des balles sont vraiment exceptionnelles, totalement fluides et sans aucune discontinuité.
Quand on repasse au natif juste après le DTS X Pro, ça fait vraiment mal : c’est bon, mais on sent qu’il y a une interruption et que les balles partent de l’avant et réapparaissent derrière.
L’Auromatic (meilleur que le DSU chez moi) avec le Storm XT se situe un peu entre les deux.
Comme je trouvais le Storm XT un peu timoré, et après discussion avec Storm Audio, il s’avère que le son généré par le processus est 3 dB sous le niveau des autres enceintes.
Pour ma dernière cession, j’ai décidé de profiter des possibilités de l’intégration du Dirac chez Storm Audio pour corriger ce défaut :
J’ai donc créé un preset de base appelé DTS X Pro avec comme upmixer par défaut le Neural X et la configuration Dirac initiale.
Puis j’ai fait une copie de la configuration Dirac, rajouté +3 dB sur les wides, et créé un nouveau preset Storm XT avec Auro + Storm XT.
Comme ça, d’un clic de télécommande ou d’appli, je pouvais passer d’une configuration optimisée à l’autre.
J’ai donc utilisé ce nouveau preset spécial Storm XT pour nos écoutes avec Frédéric_coco68.
On s’est passé The Revenant et Spider-Man : New Generation.
En termes d’ambiance, on a un gros gain avec cette correction de niveau : l’enveloppement est tout de suite bien meilleur, avec disparition de ce trou entre l’avant et l’arrière. Mais sans le côté rentre dedans du DTS X Pro.
L’ampleur de la scène frontale est excellente, avec un élargissement par rapport au natif.
Sur Spider-Man, qui envoie du très lourd niveau basses, le caisson est parfaitement maîtrisé et intégré, sans aucun débordement.
De ce point de vue, comme le ISP Elite mk2 que j’avais testé, le Dirac Bass Control fait un excellent travail.
Conclusion
En conclusion, je peux témoigner que la promesse de Storm Audio de dire que le Core 16 offre la même qualité que l’ISP Elite mk2 à moindre coût est tout à fait remplie.
À l’évolutivité du nombre de canaux près, et quelques options logicielles pour ceux qui ont des besoins très spécifiques.
Le point qui m’intéressait spécifiquement, c’était le Storm XT, qui devait enfin résoudre la problématique des enceintes muettes sur certaines configurations.
Parce que clairement, plus il y a d’enceintes, meilleur est le champ surround.
À première vue, le Storm XT est beaucoup trop discret pour que ce soit vraiment significatif.
Mais après une petite modification des réglages Dirac de base et en profitant de cette fonction de multiconfigurations qu’apportent les presets, je me suis rendu compte qu’il y a un vrai apport et une vraie recherche d’amélioration des surrounds.
Le résultat est moins spectaculaire que le DTS X Pro mais plus respectueux du concept du Cinéma, qui privilégie ce qui se passe à l’écran.
Donc gros coup de cœur pour ce processeur audio français, certes élitiste, mais avec une qualité audio au-dessus du lot, une parfaite intégration de Dirac (ou d’égalisation manuelle pour ceux qui ont envie), et l’ajout de nouvelles fonctionnalités logicielles régulièrement !
Dominique_domin
HCFR – Juin 2022
– lien vers le sujet HCFR dédié au preampli storm audio isp core 16 : https://www.homecinema-fr.com/forum/son-audio-preamplificateurs-decodeurs-homecinema/2021-stormaudio-isp-core-16-16-cnx-dirac-voir-post-1-t30116638.html
