Test HCFR Sennheiser HD 660S2

Test HCFR Sennheiser HD 660S2

Les écoutes contextuelles

Les écoutes se feront tantôt par l’intermédiaire d’un PC portable, tantôt directement sur DAP, tantôt sur un PC résidentiel. Le logiciel d’écoute JRiver MC30 et Audirvana. Suivant le setup, le DAC sera intégré à l’amplificateur (ou le DAP), ou sera un OPPO HA-1 SE (modifié Audiocom). La musique sera stockée sur un NAS ou sur le DAP.

 

Les mesures, c’est bien sympa, mais cela ne fait pas tout, passons aux écoutes.

 

Comme nous venons de déterminer sur quels types d’amplificateur le HD 660S2 marchera le mieux, je vous propose de le vérifier. Du moins sur une partie des appareils qui ont servi à cette étape du test.

 

 

Parce que ce petit DAC ampli casque est polyvalent et assez miraculeux, je vais ouvrir le bal avec le LH Labs GO2A SE.

Curieux de savoir si le HD 660S2 est talentueux dans la reproduction naturelle et vivante des timbres instrumentaux et vocaux, je me lance dans l’écoute du très bon album 30th Anniversary Marantz en DSD64.

Pour plus de confort, j’opte illico pour le mode le plus puissant du GO2A SE. La bestiole étant polarisée en classe A, ça chauffe un peu, pas d’inquiétude c’est tout à fait normal. Ce qui nous intéresse est la prestation du HD 660S2.

Partir sur un album très qualitatif permet d’entrée de jeu de savoir à quoi nous avons affaire et si le dispositif audio tient la route.

Le HD 660S2, fort d’améliorations échelonnées sur plusieurs générations, se dévoile ici sous son meilleur jour. Surtout parce que ce casque est très bien construit et que Sennheiser a réussi à mettre au point un casque très équilibré, linéaire et qui sonne juste. Alors que les transducteurs dynamiques ne font que 38mm. Preuve que si « size matter », parfois un transducteur de taille modeste, parce qu’il est bien conçu et bien mis en œuvre, fait un petit miracle.

On le savait, vu que nous l’avons mesuré, le HD 660S2 est très doué dans la reproduction du grave. Une reproduction qui affirme la présence du bas du spectre sans excès mais à un juste niveau et avec une bonne justesse dans les timbres. Cela s’entend par l’intermédiaire d’une dynamique franche et maitrisée qui aboutit à un grave précis, qui ne traîne jamais (cf. les mesures). La percussion frappe quand et comme il faut. À nouveau, avec des transducteurs de seulement 38mm ! La prestation en est d’autant plus remarquable.

Évidemment ce n’est pas tout. Le reste du spectre est également reproduit brillamment, jusqu’aux aigus « sans brillance ».

Le témoin majeur est le naturel de l’écoute à tous les niveaux de registre, qui confirme l’équilibre tonal mis en évidence par les mesures. Les mesures ne disent pas tout, bien qu’elles en disent déjà beaucoup.

L’écoute ajoute à la réflexion des éléments supplémentaires, qui jusqu’à présent indiquent que le HD 660S2 est bien né, alors que son prédécesseur pouvait être un peu court dans le grave. Ici tout est corrigé et offre une couverture spectrale exemplaire.

 

 

Comme j’aime mettre à l’épreuve les appareils en test, je passe à Apollo 440 « Gettin’ High on your Own Supply », un album qui malmène les systèmes. Un électro rock survolté à la limite (ou totalement) WTF. Ça part dans tout les sens, ça peut être saturé, strident … bref ce n’est pas un album calme ou gentil garçon.

Il faut donc un bon système de reproduction sonore afin d’éviter une hausse excessive de distorsion ou tout autre artefact défavorable à l’écoute (toute considération artistique mise de côté).

Petit a priori : le HD 660S2 est précis, dynamique, énergique … comment va-t-il réagir sur cet album. En fera-t-il trop ? Allons-nous dépasser les frontières de l’écoute sans fatigue auditive et sombrer dans l’agressif et l’épuisante stridence qui se manifeste parfois (à tort) ?

Pour être franc, cet album me fait délirer et je l’écoute avec un réel plaisir jubilatoire.

Je dois me rendre à l’évidence, Sennheiser a fait un travail exemplaire sur le HD660S2.

Si les sons synthétisés partent de partout (c’est dans le mix), ils sont parfaitement localisables dans l’espace et dans la profondeur de la scène (alors que ce n’est pas un album binaural !).

Voici une autre qualité évidente de ce casque, l’aération et la gestion de la scène sonore.

Comme tout est très rapide, l’immersion et l’interactivité sonore fonctionne à merveille. Certes, il faut un album conçu à cet effet ou au minimum, contenant des effets stéréophonique exacerbés.

Et donc, sur le haut du spectre, alors que le niveau mesuré est nivelé de manière équivalente du médium au grave ? Sur cet album qui peut piailler ? RAS mon adjudant ! Autant ne pas même y porter attention et laisser tomber les vaines tentatives de mise en défaut. Pourtant la guitare électrique riffe et balance barrée et dératée comme si le groupe était constitué de forcenés en pleine crise d’hystérie. J’insiste … mais ce n’est à aucun moment agressif. Au contraire, et en plus de cela, le HD 660S2 nous gratifie de tous les micro-détails de cet enregistrement.

Le GO2ASE n’est pas un dispositif contraignant, car il fait sonner un HiFiMAN Susvara, il n’y a pas de mise en défaut possible. Ce DAC ne se trouve plus sur le marché, donc pas la peine d’insister, autant passer à un DAP qui existe encore et qui n’est pas aussi à son aise, ni aussi polyvalent. Le Shanling M0, par exemple, qui malgré sa petite taille et son prix réduit est un très bon appareil.

Toujours sur Apollo 440, le rendu est un peu moins clair et passablement moins dynamique. Une sensation qui démontre que l’on ne peut pas évaluer un casque sur un seul dispositif à moins d’être certain d’une parfaite compatibilité. Cependant, toute proportion gardée, le rendu reste bon.

 

 

Passons à un autre registre, vu que je n’arrive pas à mettre à défaut le HD 660S2, autant en profiter et se faire plaisir. Norah Jones « Feels Like Home » prend alors le relais.

Il s’agit d’une version 24 bits 192kHz, donc au-delà du maximum de qualité différenciée audible lorsque l’enregistrement est bien fait.

Quelle superbe reproduction dans laquelle la tessiture vocale de Norah sonne avec un réalisme saisissant.

Évidemment l’enregistrement et l’artiste ont leur rôle à jouer, mais encore faut-il que le casque soit capable de retranscrire la superbe des compositions et des interprétations.

En fermant les yeux on se retrouve projeté dans la musique au milieu des musiciens. Décidément, la technique rigoureuse et précise du HD 660S2 fait son effet, l’écoute confirme la pertinence des choix faits par Sennheiser.

En tous cas, c’est acté, le HD 660S2 est utilisable sur un DAP.

De part sa nature ouverte, peut-être pas en usage nomade dans la foule (d’ailleurs pas du tout) et il faudra éviter les environnements bruyants, mais la technique ne se révèle pas pénalisante.

300 ohm et 104dB de sensibilité font bon ménage, un DAP correct sera suffisant.

Vérifiez les spécifications tout de même, cf? les mesures du Sony NW-WM-1Z, un haut de gamme certes, mais avec lequel le HD 660S2 demandera d’être utilisé sur la sortie symétrique et avec le gain placé sur haut — la configuration qui confère à ce DAP le plus de puissance.

 

 

Passons à des amplificateurs résidentiels et voyons au passage ce qu’un enregistrement résolument spatial peut donner sur le HD 660S2.

En l’occurrence le dernier album de Jean-Michel Jarre, « Oxymore » ici en binaural (provenance Qobuz). L’album est fait ainsi ; des sons viennent parfois de partout. Ils tournoient, viennent de loin, s’approchent et repartent à l’horizon. « Oxymore » dépasse les frontières de l’écoute au casque et affirme réellement ce qu’est la gestion d’espace sensoriel.

Le HD 660S2, dans ce cas, démontre l’avantage des casques ouverts. Rien ne semble être collé aux transducteurs, les sons sont perçus de bien plus loin.

L’écoute se fait sur le Massdrop x Alex Cavalli CTH. Un amplificateur tube hybride que j’affectionne particulièrement. Abordable, efficace, résolument musical et résolvant. Son écoute est plaisante, franche et sans perte audible qui serait liée à la distorsion du tube.

Sur l’appairage avec le HD 660S2, il y a du bon, voire du très bon. Tout d’abord, sur les simples performances techniques, les deux appareils s’entendent très bien. Il n’est pas nécessaire de relever trop le volume et l’écoute qui en découle est extrêmement fluide et intelligible, avec une petite pondération chaleureuse qui tempère un poil le tempérament franc et direct du HD 660S2.

Pour en avoir le cœur, net je reviens à Norah Jones « Feels Like Home ».

L’écoute démontre très clairement une meilleure aisance que l’écoute précédente et surtout, une musicalité posée suave affirmée. Toujours très fluide et limpide, le rendu sonore tend vers un certain réalisme davantage intime, mais sans y perdre en détails pour autant.

Forcément, car l’amplification et la source sont bien différentes des DAP utilisés précédemment. Cela veut dire que le HD 660S2 ne s’impose pas au signal qu’il reçoit et que sa transparence permet aussi de laisser libre champ à l’électronique mise en œuvre.

En d’autres termes, le HD 660S2 profitera de la qualité de l’électronique qui le précédera.

 

 

Retour à du dur à l’écoute, Nine Inch Nails (Trent Reznor) « The Downward Spiral ».

Un album qui surf sur la vague Industrial Rock. Un mouvement qui débutera durant les années 80 et connaîtra son explosion dans les années 90. On doit entre à Trent Reznor la production du premier album de Marylin Manson et plus tard de nombreuses BO (SE7EN, Lost Highway, Natural Born Killers, Soul de pixar etc.). Merci Trent ? De mon point de vue oui … mais revenons à nos moutons, que se passe-t-il entre un Cavalli CHT, un HD 660S2 sur de l’Industrial Rock ?

Encore un exercice de mise à l’épreuve dans le but d’un échec … encore raté, ou plutôt épreuve réussie pour le HD 660S2.

Il faut aimer le genre, forcément, et dans ce cas l’écoute s’apprécie réellement. De manière absolue, en mettant de côté l’aspect artistique subjectif, en ne se penchant que sur la reproduction et l’aspect écoutable, timbre, confort etc. le HD 660S2 renouvèle sa performance et confirme sa capacité à reproduire le son de manière précise, puissante et sans provoquer de fatigue auditive. Ceci bien entendu parce que le couple ampli / casque est favorable.

En tous cas et de manière personnelle, je dois dire avoir beaucoup aimé cette écoute.

Encore une fois, le Massdrop x Alex Cavalli CHT est un amplificateur que j’apprécie beaucoup. Avec le HD 660S2, il ne déroge pas à mon ressenti : on arrive à de très belles écoutes et de mon point de vue le HD 660S2 se marie bien avec cette petite pointe de chaleur issue du tube.

En guise de variante, repartons sur du 100% transistor résidentiel via l’OPPO HA-1 SE.

On gagne immédiatement en puissance et en frappe. Le rendu est plus démonstratif, ici le HD 660S2 envoie beaucoup plus, la restitution s’avère plus puissante et franche.

En contrepartie, on perd le côté suave et modéré du tube précédemment illustré grâce à l’Alex Cavalli CHT.

Forcément, l’OPPO, malgré des étages à composants discrets, est un appareil à transistor dont la conception vise à supprimer au maximum la distorsion et qui table surtout sur la précision. Il n’y a pas de tube qui pourrait adoucir le son par l’intermédiaire des défauts inhérents à ce type de composants.

Ceci démontre et confirme que le HD 660S2 est un casque transparent qui, grâce à l’absence de coloration, donne la priorité au signal qu’il reçoit. Un avantage qui permet d’apprécier les variantes des électroniques en amont si on en dispose de plusieurs.

 

 

Un dernier plaisir et un retour à une écoute posée qui élude tout écart de conduite et de composition badass / bad boy. Youn Sun Nah « Lento », édition 24 bits 96kHz, afin d’oublier l’agressivité (bien maîtrisée par le HD 660S2) des compositions de monsieur Reznor.

Toujours sur du 100% transistor donc, avec l’OPPO HA-1 SE, un appareil plutôt haut gamme abordable et qui répond dans sa définition technique à ce qui devrait correspondre au HD 660S2. En lui cherchant un équivalent récent, il y un très beau panel de choix.

Sur un tel enregistrement, un mot me vient en tête : quelle magnificence et quelle émotion. On est fan de Youn Sun Nah ou on ne l’est pas (vous le supposez, j’en suis).

Avec un OPPO HA-1 SE, on ne triche pas, ce que l’on entend est principalement issu du casque. Peut-être aurais-je dû commencer par là ?

Je ne dirai pas qu’il s’agit de la meilleure écoute faite du HD 660S2 (le Alex Cavalli CHT conserve ma préférence), mais il s’agit certainement de la plus juste vis-à-vis du HD 660S2 qui, dans ce cas, se dévoile à hauteur de son potentiel sans aucune entrave ni effet levier.

Tout y est, non pas que précédemment ce n’était pas le cas, mais subjectivement l’écoute fait oublier le casque et surprend au regard du prix du HD 660S2.

Pourquoi ? tout simplement parce que des références reconnues et plébiscitées n’en font pas plus et même s’en sortent moins bien … je n’en dirai pas plus …

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au sennheiser HD 660S2 : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/CASQUES-SEDENTAIRES/SENNHEISER-HD-660-S-HD-660-S2-TEST-HCFR-LIEN-EN-POST-1-T30083151.HTML

 

 

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