Test HCFR Jean-Marie Reynaud Agapé

Test HCFR Jean-Marie Reynaud Agapé

Compte-rendu de François_Fafa

 

Ceux qui me connaissent sur HCFR le savent : j’ai une affection particulière pour la marque JMR.

J’ai découvert cette marque il y a une quinzaine d’années à travers une paire d’enceintes JMR Offrande V3, que détenait un sympathique forumeur devenu ami depuis.

Peu de temps après, Jean-Marie Reynaud présentait fièrement (à raison) l’Offrande Signature, auprès du magasin Enceintes et Musiques tenu par le très sympathique Xavier_GrandX.

Ce fut une révélation et je me suis empressé de précommander l’une des toutes premières paires commercialisées, si ce n’est la première, d’ailleurs.

Malgré l’amour que j’ai porté à l’Offrande Signature, je m’en suis séparé il y a peu… mais pour rester chez JMR et acquérir une paire d’Orfeo mk2.

Ayant eu maintes fois l’occasion d’écouter plusieurs modèles JMR, et notamment les dernières Orfeo Grande, j’y retrouve toujours la même passion musicale, toujours cette volonté de faire vivre la musique dans sa pièce d’écoute.

À l’inverse, je ne suis pas spécialement au fait des enceintes connectées. J’en ai écouté quelques unes, mais sans grande conviction.

Cependant, lorsque j’ai appris que Jean-Claude Reynaud sortait sa vision de l’enceinte connectée JMR, cela a immédiatement titillé ma curiosité.

Je sais que la musicalité ne sera pas sacrifiée. Aussi, il me tardait de tester cette enceinte chez moi.

Aussi, je remercie vivement JMR pour le prêt de cette enceinte, et particulièrement Jean-Claude dont je salue la disponibilité et la gentillesse.

 

 

présentation

À la réception du carton, je note tout de suite que le poids est conséquent : 18Kg.

 

À l’ouverture du carton, il faudra néanmoins sortir l’enceinte de son sac en tissu pour constater que la qualité des matériaux est bien supérieure à celle d’une petite enceinte en plastique.

Mais préalablement, on retire les accessoires et notamment le bloc d’alimentation séparé. Avantage pour les hifistes en quête d’amélioration perpétuelle de leur matériel, cette alimentation peut donc facilement être remplacée par une autre de meilleure qualité.

 

Une fois déballée, il est possible de la contempler.

Le choix des matériaux est flatteur. Le bois est magnifique avec une laque satinée du plus bel effet. Le dessus est satiné également, mais de couleur unie noire. En son centre, se trouve un petit pavé de commandes, noir brillant. Le cache HP est en tissu tendu gris.

J’apprécie beaucoup le design de cette enceinte. Si la forme est classique, celle d’un pavé droit, elle est enrichie par les angles arrondis. Et l’ajustement des différentes pièces est parfait.

Aussi, il se dégage quelque chose d’intéressant, mêlant modernité et classicisme. Le tout se marie très bien dans mon intérieur moderne, mêlant bois clair et surface noire laquée.

Retirer le cache permet de bien comprendre le concept de cette enceinte connectée.

 

Sans pour autant paraphraser la documentation technique et la description faite par mon compère Jeff_jacko, je suis tout de même bien intéressé de vous détailler cela :

On y trouve donc 3 « compartiments » de haut-parleurs, organisés de manière symétrique. On se rapproche donc d’un système hi-fi triphonique (stéréo + caisson).

De manière proéminente, on ne peut passer à côté du petit boomer central.

Petit ? 14 cm de diamètre tout de même, et directement issu de l’enceinte acoustique JMR Abscisse Jubilé. Il y a des filiations nettement moins nobles.

Ce « caisson » dispose d’un filtrage actif  géré par DSP et de sa propre amplification de 125w.

Sous ce caisson, on croirait trouver une fente « mange disque » (ce qui ne m’aurait finalement pas plus étonné que ça, tant cette enceinte souhaite remplacer une chaine hi-fi complète).
Mais non, il s’agit d’un évent laminaire pour créer une charge bass reflex.
Évidemment, on ne va pas s’attendre à une descente aussi profonde que sur une enceinte traditionnelle, mais l’Agapé peut néanmoins en remontrer à bien de petites enceintes bibliothèques.

De part et d’autre, se trouvent 2 petites enceintes, dans leur propre caisson, pour diffuser la musique en stéréo (ce qui est suffisamment rare pour être souligné, dans le monde des enceintes connectées).
Leur conception est semblable à celle d’une enceinte acoustique classique 2 voies, avec leur propre filtrage passif.

 

La connectique est vraiment riche et il est difficile de la mettre en défaut.

Pour ceux disposant d’un logement moderne équipé en prises éthernet (c’est mon cas), nul besoin d’utiliser le wifi pour alimenter l’enceinte en réseau.

Cela dit, si on la pilote via une tablette ou un smartphone, il faudra forcément activer le wifi (mais il est possible de la piloter aussi via une page web, donc via un PC possiblement relié au réseau en éthernet).
On peut y brancher directement une source analogique via la prise AUX au format mini-jack.
Ou une source numérique via une entrée optique (au format classique Toslink) ou une entrée USB.

Dans un premier temps, impatient de savoir comment sonnait cette enceinte, je me suis empressé de la relier à mon streamer en USB (Lumin U1 Mini géré par le logiciel Roon).
Ça fonctionne alors immédiatement, de manière autonome.

Que ce soit en termes de finition ou de conception, je reconnais bien là la philosophie de JMR qui est de proposer un produit complet et particulièrement abouti.

 

 

L’application Android et Web

Évidemment, une enceinte connectée prend tout son sens… lorsqu’on la connecte.

Cela nécessite de télécharger l’application 4stream de Link Play.

Il s’agit d’une application classique dans son fonctionnement qui permet d’avoir accès à différents contenus musicaux (Tidal, Qobuz et consort…).

Liste exhaustive ci-dessous :

Pour ma part, n’étant abonné à aucun service musical, je m’en suis servi pour aller lire les musiques présentes sur mon NAS.

De manière classique, il faut donc charger sa « bibliothèque ». Vu que la mienne est conséquente, cela prend 1 à 2 minutes, et notamment, cela nécessite de faire défiler la liste d’albums vers le bas pour charger les suivants.

À noter que la bibliothèque n’est pas mémorisée en local. Aussi, cette manipulation sera nécessaire à chaque utilisation de l’application.

C’est contraignant, mais c’est hélas le cas pour toutes les autres applications que j’ai pu tester sur mon streamer Lumin (que ce soit l’application officielle de Lumin ou bien des applications tierces telles que Bubble Upnp ou Mconnect).
Et je trouve d’ailleurs l’application 4stream plus rapide que les susmentionnées.

Une fois cela fait, cette application est réactive et pratique à utiliser.

À noter qu’elle propose également quelques réglages, tels que la gestion des graves et des aigus.

Ci-dessous, des screenshots de l’application Androïd, avec mon dossier de démo en lecture :

 

Il est possible également de piloter cette enceinte via une interface web (pratique pour l’utiliser depuis son PC).
Il suffit d’entrer son adresse IP et de se connecter en tant qu’administrateur.
On peut alors accéder à des réglages supplémentaires.

En plus des graves et des aigus, on peut régler le niveau des mediums. On a également accès à un égaliseur intégré (proposant notamment une position « outdoor » qui augmente le niveau des aigus pour utiliser l’enceinte dehors) et à une fonction « deep bass », permettant au boomer de descendre un peu plus bas.

 

La partie « player » est agréable également  :

 

 

à l’écoute

On peut considérer que cette Agapé est la première enceinte connectée que je teste.
Certes, j’en ai écouté d’autres, mais pas dans des conditions de tests.

Je l’ai utilisée à plusieurs endroits de la maison :

  • dans mon petit bureau « hi-fi » (où se trouve donc ma chaine hi-fi classique)
  • dans le séjour, assez grand, partie cuisine et partie salon

 

La première sensation, dans mon bureau, est assez étrange.

Il est évident que je ne m’attendais pas à ce que l’Agapé concurrence la sonorité de ma chaine hi-fi.

Et pas de faux suspens : ce n’est pas le cas.

Et pourtant, ce que propose l’Agapé est bel et bien de la musique vivante, et non de la musique en conserve.

 

 

Placée sur mon meuble audio, au centre de mes deux Orfeo (et de mes deux petite Fyne Audio), je lance la lecture de mon dossier de démo, composé de morceaux très variés qui me permettent de tester un système sur différents critères.

 

Le morceau Rolling In The Deep, de l’album 21 de Adèle, est bien reproduit dès l’intro, enregistré faiblement.
Et lorsque Adèle apparaît, sa voix est « lancée » dans la pièce, avec justesse et présence.

Le morceau se poursuit avec la percussion lourde, correctement retranscrite compte tenu de la taille de l’enceinte.

 

 

Morceau suivant, Le baiser d’Alain Souchon. L’Agapé propose suffisamment d’aération dans le message sonore pour que l’on puisse distinguer les micros-percussions métalliques dans le fond.
La voix d’Alain Souchon est claire et bien projetée, la grosse caisse est présente, bien détourée.
L’arrivée de la ligne de basse ne modifie en rien la restitution du reste des instruments, l’Agapé étant suffisamment aérée sur toute la largeur du spectre.

 

Je me décide maintenant à pousser cette enceinte dans ses retranchements.

Je lance donc le morceau No Sanctuary Here de Chris Jones.

Dès l’introduction, ce morceau propose une ligne de basse lourde et puissante, suivie rapidement par un chœur d’hommes ample. Le haut du spectre est animé par quelques percussions dont une, métallique, assez brillante.
Ce morceau est très difficile à restituer à volume élevé.

 

Et l’Agapé, comme bon nombre de petits systèmes, ne peut faire de miracle. Son petit boomer de 14cm est bien mal à l’aise pour retranscrire correctement la puissance de la basse.
Cependant, toutes les nuances sont bien présentes et le volume est plus que suffisant pour mon bureau.

En retirant le cache, je m’aperçois que le cœur y est : le boomer se secoue avec une forte élongation, impressionnante à voir.
Sa gestion par DSP fait qu’il ne va pas chercher à jouer ce dont il n’est pas capable. Ainsi, on ne note pas de saturation.
Cela est bien profitable au morceau qui, finalement, reste homogène dans sa restitution.
On peut donc pleinement profiter de sa musicalité .

 

Je poursuis mes tests de graves sur le morceau Giorgio by Moroder présent sur l’album RAM des Daft Punk.
Je retrouve les mêmes limitations que précédemment.
Mais malgré tout, la grosse caisse et la ligne de basse sont bien présentes.

Et une fois compris que cette enceinte n’allait pas fissurer les murs, on se rend compte que la musique est quand même rudement bien reproduite.

 

La voix de Eva Cassidi dans sa reprise d’Imagine est toujours aussi magique et dynamique.

À propos de dynamique, celle du morceau Birds de Dominique Fils-Aimé est bien retranscrite également.

La rythmique d’Eric Clapton dans sa reprise live unplugged de Layla se ressent toujours autant. Son foot tapping grave et gras sur la scène est bien présent et rythme bien l’orchestre et les chants.

 

Un morceau assez difficile à jouer, tant il est chargé instrumentalement, m’a d’ailleurs surpris :


He Lives In You de Lebo M issu de l’album Hakuna Matata – Rhythm of the Pride Lands est un morceau d’une grande richesse instrumentale et rythmique. Les timbres et la rythmique sont riches, nuancés et le développement du morceau laisse place à une belle dynamique. Il peut être difficile d’y retrouver « ses petits », ce morceau devenant assez brouillon sur un système de piètre qualité.

Sur l’Agapé, aucun instrument ne se noie. Et je fus assez surpris de remarquer qu’un lointain son d’orgue aigu était bien audible. C’est loin d’être le cas sur tous les systèmes que j’ai pu tester.

 

Pour rester sur une musique bien chargée, j’ai enchaîné avec Danson Metropoli du groupe italien Avion Travel. Là aussi, l’Agapé parvient à faire le tri entre les différents instruments, preuve de sa bonne aération globale.

 

 

 

Puisque cette enceinte connectée est stéréo, j’ai bien sûr testé sa capacité à reproduire une scène sonore.

Le placement de l’auditeur est alors assez difficile.

Il est certain que le faible écartement des deux « enceintes » ne permet pas à la fois une grande largeur sonore ni une grande spatialisation.

Cependant, la restitution de la scène sonore est loin d’être monophonique pour autant. On sent réellement un plus par rapport à une enceinte mono.

Je pourrai ainsi détailler mon ressenti sur d’autres morceaux…

Mais finalement, je préfère l’écouter : cette enceinte est restée dans mon bureau durant plusieurs jours et j’en ai profité en travaillant.

J’ai ainsi volontairement choisi d’utiliser l’Agapé plutôt que ma chaine hi-fi.

Et j’ai pris un vrai plaisir musical, me surprenant parfois à remettre un morceau venant de passer pour l’écouter pleinement (et non l’entendre durant le travail).

Profitant des absences de ma femme, j’ai également utilisé cette enceinte dans mon séjour.
On peut largement supposer que ce type de matériel a davantage sa place dans un salon, une cuisine ou autre pièce de vie, plutôt que dans une pièce dédiée à la hi-fi (en l’occurrence, mon bureau).

 

Posée en vrac sur l’ilot central de la cuisine, ou bien sur la table de la salle à manger ou encore sur le meuble TV, on va donc oublier toutes notions de stéréo et de spatialisation. Le but n’est pas là.

Volume poussée au maximum, le rendu des aigus n’est absolument pas agressif et force est de constater que cette enceinte sait remplir la pièce de musique.

Certes, l’enceinte est alors bien localisable (laquelle ne le serait pas dans de telles conditions ?).

Mais ses qualités de restitution donnent vraiment envie de se placer au sweet spot pour profiter pleinement de la musique.

Et comparaison rapide faite avec la petite installation audio du salon (Yamaha RX-V3900 alimentant des Focal In-Wall IW706 et un caisson Dali E-12), l’Agapé en ressort vainqueur sans sourciller.

Certes, sur la partie purement puissance, elle ne peut rivaliser avec le caisson de 220w équipé d’un HP de 30 cm.

Mais sur la restitution musicale, cette petite installation ne peut proposer un rendu sonore aussi vivant que l’Agapé. L’ensemble est bien pauvre et écourté dans le haut par rapport à l’Agapé et à la richesse de ses timbres.

 

 

Conclusion

Belle surprise que la découverte de cette première enceinte connectée de la marque JMR.

Mais est-ce vraiment une belle surprise ?

Belle ? Oui, à l’évidence !

Mais surprise ? Finalement pas tant que ça…

Connaissant bien la marque et les aspirations de son fondateur et de son fils, il ne pouvait en être autrement.
Il n’est pas envisageable d’écouter une enceinte JMR, fusse-t-elle connectée et compacte, dont la musique ne serait pas au premier plan.

Aussi, il m’importait vraiment de tester cette Agapé et je n’en suis absolument pas déçu.

Évidemment, on peut trouver des limitations dans le grave et dans la restitution de la scène sonore.
Mais les lois de la physique s’imposent à tous et chercher à s’en affranchir fait vite tomber dans le caricatural avec des basses sans nuances et totalement insupportables pour une écoute musicale.

Pour qui recherche de la musique vivante chez soi sans condamner une partie de son salon avec du matériel imposant et des câbles disgracieux, l’Agapé est un choix à considérer… et en tout cas un choix à écouter.

 

 

François_Fafa
HCFR – Octobre 2022

 

– lien vers le sujet HCFR dédié aux enceintes JMR : https://www.homecinema-fr.com/forum/enceintes-haute-fidelite/le-topic-des-amateurs-de-jm-reynaud-ep-iii-t29923445.html

 

 

 

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