Test HCFR : Erdre Audio EA502, intras

Test HCFR : Erdre Audio EA502, intras

Compte-rendu dE Eric_dub: UN Appel À l’ERDRE

 

 

Je suis toujours réticent à tester des intras. D’abord parce que même si j’en ai, je n’en fais pas un usage intensif. Et ensuite, parce que ça n’est pas mon domaine de prédilection, que je n’en connais pas beaucoup (principalement des AKG N40), ce qui fait que je manque de distance et de points de comparaison. J’ajoute que vu mon matériel, c’est assez difficile à brancher sur mon système casque standard, déjà parce qu’il faut utiliser un adaptateur vers 6.35, une allonge, et aussi, pas tellement en raison de l’impédance basse (16 Ohms + ou – 15%), mais surtout d’une sensibilité élevée (101db annoncés) – sur mon RKV, j’ai toujours peur de faire exploser les intras – et puis, pas si facile que ça de trouver le bon niveau sur le potentiomètre, lorsque l’ampli déborde de puissance.

Normal, me dira-t-on, c’est pas fait pour. C’est plutôt fait pour prendre le train, le métro, le bus, ou aller se balader en forêt avec le chien, en branchant ses intras sur son smartphone (Sony XA2 pour ce qui me concerne) ou sur un petit DAP (un petit iBasso DX50, ancien certes, mais qui m’est fidèle). Mais vu le temps automnal et bientôt hivernal (car, oui, sur HCFR, on fait les tests longtemps à l’avance!), j’ai quand même aussi fait quelques écoutes à la maison (faut bien faire sécher le chien un coup de temps en temps). Méconnaissance de ma part, manque de bol, oreilles mal formées ou malédiction de la momie obligent (je ne sais la cause exacte), j’ai eu bien du mal à dégoter les bons embouts, permettant de faire bien tenir les Erdre. Or, la moindre fuite, la moindre entorse à l’étanchéité dans le contact intras/oreilles, et l’écoute vire directement à la catastrophe. Et à l’inverse, le bon couplage garantit le véritable fonctionnement, lequel, on le verra, est excellent voire plus. Vu la facilité à se procurer un grand nombre d’embouts de toutes sortes et à des tarifs très bas, le problème est seulement d’avoir la patience nécessaire pour trouver le bon accord. Je m’y suis repris un certain nombre de fois, car je voulais des embouts permettant de ne pas être condamné à rester assis immobile — mais j’ai fini par trouver. Et si je rapporte ici cette péripétie, ça n’est pas pour “critiquer” les Erdre, mais pour rappeler une chose fort connue: avec les intras, c’est un point à avoir en tête avant de décréter que l’écoute est ratée ou que le produit n’est pas bon. Le mauvais choix est seul responsable d’un résultat éventuellement catastrophique, comme le prouve la révélation de l’excellence par les bons embouts! Sinon, autant acheter une paire de chaussures au hasard, ou des lunettes au pif (normal), et s’étonner après d’avoir mal aux pieds ou de ne rien voir (ou les deux pour ceux qui aiment l’exploration des limites)…

Commençons par album de Jordi Savall, Venezia Millenaria, et sa plage 6, Hymne pour les services des Matins, suivi de la plage 1 de l’album Musica Nova, Danze Veneziane : Pavana del Re. Le premier morceau est particulièrement recommandé pour se réveiller avec la fonction sonnerie de son smartphone – ça donne tout de suite la pêche… Mais, blague à part, ce morceau vocal permet, me semble-t-il, d’évaluer le degré de transparence et de fluidité obtenu dans l’écoute. Ici, avec les Erdre, on est à un niveau tout à fait enviable. Le second morceau est plus “baroque” – c’est une danse – et propose une très belle viole de gambe, douce et pas agressive pour un sou, mais avec ses sonorités très reconnaissables (ça serait du rock, je dirais “roots”). La restitution me semble peut-être un petit retrait dans l’aigu et une petite coloration dans le bas médium, avec une écoute descendante, par rapport à mes AKG.

De Musica Nuda, tiré de l’album Little Wonder, Tout s’arrange quand on s’aime et La vie en Rose. Pas désagréable d’écouter ça, sous quelques gouttes de pluie, avec le chien qui court dans le secteur. Et les Erdre paraissent réellement faits pour ce type de musique. Ils procurent une écoute sans complexe avec une belle réponse dans le grave, bien nette et bien impactante, qui s’avère très plaisante, et faite pour ne pas se poser de question. Belle voix que celle de Petra Magoni et superbe accompagnement contrebasse de Stefano Bollani. Je note que les Erdre procure un très bon niveau de détail – on entend très clairement l’espèce de réverb totalement artificielle appliquée à la voix sur La Vie En Rose. Tu me diras que c’est pas ce qu’il y a de mieux, mais vu que c’est dans l’enregistrement… Bref, pour moi, rien ne manque à l’appel.

De l’album de Maxime le Forestier, Plutôt Guitare, Comme Un Arbre Dans la Ville, L’Éducation Sentimentale, Fontenay Aux Roses et La Rouille – soit une petite tournée dans les plus anciennes. Une petite madeleine qui fait remonter des souvenirs d’il y a longtemps, mais avec une nette mise à jour côté guitare. La première formation du début des 70’s avec Patrice Caratini et Alain Ledouarin était vraiment très bonne, mais là, il faut reconnaître que Jean Félix Lalanne (rejoint ensuite par Michel Haumont et Manu Galvin) donne une magistrale leçon de gratouille. Superbe écoute, avec toujours l’impression que l’aigu est un peu en retrait par rapport à mes repères habituels.

Et donc, rentrons faire sécher le chien – qui en a bien besoin. Sur mon petit DAP, je me passe une ou deux plages de L’Affaire Brassens, disque sorti au début de 2014 chez V Music et disponible chez qobuz ( https://www.qobuz.com/fr-fr/album/laffaire-brassens-en-concert-live-laffaire-brassens/3610155242315). C’est du tonton Georges tendance un poil manouche, tout à fait dans son esprit. Puis la plage 9 de l’album Tío Brassens (tonton Brassens, pour les non-hispanisants) de Christina Rosmini, acheté chez qobuz pour ma part (https://www.qobuz.com/fr-fr/album/tio-brassens-christina-rosmini/hdc63exic281a). Soit tonton Georges donc, mais cette fois, tendance caramba (pourquoi pas). Sur le DAP, j’ai la même impression d’un aigu un peu adouci par rapport à mes AKG, mais l’impression est moins en retrait, et registre grave moins redondant et plus nettement dessiné me semble-t-il. Qu’on se le dise, les Erdre apprécient une amplification correcte et restituent les améliorations (ça n’est pas la première fois que j’entends une différence entre mon smarphone et mon iBasso).

 

Alors, risquons-nous dans les vieilleries, dont certaines assez récentes comme la version d’Impressions de Coltrane dans Both Directions At Once, https://www.qobuz.com/fr-fr/album/both-directions-at-once-the-lost-album-deluxe-edition-john-coltrane/l9ox0qzoqcowb

Une petite merveille qu’il a fallu attendre longtemps, pour des raisons de cupidité et non parce que l’album aurait été perdu (la lecture de l’article de Jazz Mag est édifiante!), puisque ça date de 1963 et que ça n’est sorti qu’il y a à peine 2 mois et demi. Et pour suivre de Miles, So What (https://www.qobuz.com/fr-fr/album/kind-of-blue-miles-davis/0886444350778). Deux chefs d’œuvres, donc. Une écoute très intimiste et très agréable, comme si ces intra étaient taillés pour écouter du jazz, tard la nuit, avec un bon polard dans les mains et un petit verre de Maury en main (et non, pas de porto saperlotte!)…

Et pour finir, tiré d’un petit Live de Thomas Dutronc, Live is Love, Comme un manouche sans guitare (alors que chez moi ça serait plutôt une guitare sans manouche), une dernière petite nouveauté de chez Blue Note qui donne accès à un concert de l’année dans la célèbre salle du même nom (voir https://www.qobuz.com/fr-fr/album/live-is-love-thomas-dutronc-et-les-esprits-manouches/z7jyxy7xxryxb). Et une version de Nuages par Romane et Stochelo Rosenberg (dans l’album Gypsy Guitar Master ressorti l’année passée comme volume 11 des CD de Romane chez Frémeaux & ass. https://www.qobuz.com/fr-fr/album/gypsy-guitar-masters-vol-11-integrale-romane-romane/3448960254922). Le premier est toujours aussi virtuose, émule de Django, disciple de Crola, et toujours aussi fine fleur des cordes. Les Erdre proposent une belle écoute dans laquelle la guitare ne manque pas trop de brillant, même si là encore la signature générale me semble assez descendante. Puis, de Romane et Rosenberg, dans un peu plus qu’une version de Nuages, une quasi-réécriture et là encore, la manouche de Romane me semble manquer de brillant (entendu deux fois en concert, et il ne joue pas une pseudo manouche). Mais bon, ça reste très agréable et tout à fait crédible.

Quoi dire en conclusion… Même si l’on n’est encore qu’en juillet, je veux rappeler que c’est bientôt Noël, qu’on y sera bien plus vite qu’on ne croit! Alors si l’on cherche des intras de qualité, qui isolent très bien de l’environnement, dont le tarif reste très amical, et qui offrent des qualités de restitution de très haute fidélité, – et si l’on accepte le jeu de patience consistant à trouver les embouts adéquats, ce qui ne requiert, au fond, que du temps, et non de la dépense – je ne vois qu’une seule chose à faire. Lancer un appel à l’Erdre!

Eric_dub
HCFR – Juillet 2020

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié aux produits Erdre Audio : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-haute-fidelite/erdre-audio-iem-de-france-tests-hcfr-post-1-t30082272.html

 

 

 

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