Test HCFR : Epson EH-LS12000B, vidéoprojecteur laser pixel shift 4K

Test HCFR : Epson EH-LS12000B, vidéoprojecteur laser pixel shift 4K

Compte-rendu de Dominique_domin

 

Preambule

 

Quand l’Association des Membres HCFR m’a contacté pour tester le nouvel Epson LS12000, je me suis dit pourquoi pas. J’ai un Epson 9300 et ce projecteur laser, quoiqu’un peu plus coûteux, est son potentiel successeur.

Mon seul souci, c’est que je n’avais pas beaucoup de temps pour le tester et que je ne suis pas aussi doué que Nicolas_DTSman pour la calibration.

Donc je préviens d’avance que, même si le projecteur a été réglé par les mêmes méthodes que mon 9300, je n’ai pas eu le loisir d’en tester toutes les possibilités et tous les réglages.

Néanmoins, j’ai pris le temps de le calibrer et de le tester en side by side avec le 9300 (les deux projecteurs étaient allumés en même temps et avec splitter sur la source pour que les deux reçoivent exactement la même image).

 

Configuration de test
  • Epson 9300 (4K par wobulation), calibré ColorHCFR pour le SDR et méthode Satdream express pour le HDR (avec courbe gamma modifiée). Lampe à 1100h, en mode Eco
  • Lumagen 2143 pour les sources SDR
  • Sony X800m2 comme source
  • Ecran Screenline microperforé gain 1.0, base 2,40 m
  • Pièce dédiée mais seulement semi-traitée (peinture noire murs et plafond mais bibliothèque blanche sur un côté)

 

Prise en main

 

Même s’il s’agit d’un projecteur relativement léger et compact (en tout cas à côté des monstres que sont devenus les JVC et Sony), il ne s’agit pas d’un modèle transportable, loin de là. Le gabarit est très proche du 9300 et on retrouve le cache objectif motorisé.

Côté connexion, c’est complet là-aussi, même si ce n’est pas facilement accessible, comme souvent.

À noter que si l’interrupteur est sur le côté avant, le panneau de commande est tout à l’arrière. Pas hyper pratique.

Dans mon cas, tout se pilote à la télécommande. Et là, gros problème : la plupart des commandes sont communes avec le 9300 ! Donc la moindre modification dans le menu du LS12000 avait tendance à modifier celui du 9300.

Le menu est relativement similaire à son prédécesseur, mais il y a encore des réglages très mal rangés et avec des termes abscons.

Par exemple, pour tout savoir du signal entrant, ce n’est plus dans Information, mais dans Afficher état / Input… Pas du tout intuitif.

Idem pour le réglage HDR, qui est dans E/S de signal / Plage dynamique / réglage HDR10.

Le projecteur a été placé à 3,1 m de ma toile. Zoom à fond, je n’ai pas pu dépasser les 2,3 m de base (d’où les différences de zoom sur les screenshots d’illustration).

On va lever le suspense tout de suite, ce projecteur est vraiment très/trop lumineux pour les petites bases (après c’est une question de goût, mais pour moi qui passe mes journées sur un écran, je préfère une image pas trop violente, surtout que mon écran est « relativement » grand : je ne suis qu’à 2,65 m de l’image, donc très/trop près).

Mes réglages pour tenter de canaliser tout ça ?

Laser au minimum, soit 50% en SDR, mode Cinéma (le moins lumineux), interpolation d’image sur bas, contraste dynamique haute vitesse, amélioration d’image sur 3, gamma adaptatif sur Off.

 

Calibration

 

Après calibration SDR, j’ai fini à 23,8 ftl, à comparer aux 13,3 ftl de mon 9300.

J’ai choisi un gamma à 2,6, pour limiter la puissance lumineuse. À noter que le gamma par défaut collait parfaitement au 2.2: rien à retoucher !

Calibration 9300 SDR

Calibration LS12000 SDR

 

En HDR, avec le laser à 60%, réglage HDR sur 1 (mais j’ai réutilisé une courbe de gamma modifiée comme sur mon 9300). Puissance lumineuse sur mes 2,3 m : 29,5 ftl.
Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de tester les modes proposés en les mesurant pour savoir s’il y en avait un plus adapté par défaut.

 

Une remarque sur le contraste dynamique haute vitesse :

au début je l’avais mis en mode Off ou Normal. Sauf que les sous-titres dans les scènes sombres m’explosaient les rétines !

Y compris en SDR !

Avec le mode haute vitesse, les sous-titres étaient automatiquement plus ternes et donc devenaient moins agressifs.

Petit désagrément lié, lors du passage d’une scène claire à une scène sombre, une petite adaptation de la luminosité d’une demi-seconde. Mais au moins, on ne retrouvait plus le souci des sous-titres trop lumineux.

 

TESTS EN SDR

 

En 1080p SDR, les deux projecteurs étaient allumés en même temps, une feuille de carton me servant d’assistant pour masquer l’objectif de l’un des deux appareils.

Le 9300 était boosté par mon Lumagen 2143 (Darbee On).

 

Le premier Blu-ray m’ayant servi pour les tests était Skyfall.

Dans la scène du musée, le 9300 est très défini, mais présente un peu de fourmillement (sur la cravate de Q par exemple). La fluidité n’est pas exceptionnelle.

Le LS12000 apparaît tout de suite beaucoup plus fluide.

Le sharpness intégré est un peu moins bon que celui du Lumagen cumulé au Darbee, mais le piqué est excellent.

Le fourmillement est toujours présent. L’image est nettement plus lumineuse que le 9300 mais le laser dynamique est très efficace pour faire ressortir le contraste des images.  Les couleurs sont beaucoup plus chaudes par contre.

9300

LS12000

 

Après discussion avec Nicolas_DTSman, il semblerait que la sonde de calibration utilisée, et je l’ai constaté sur les mires de ColorHCFR, privilégie un peu trop le vert/rouge sur ce projecteur laser. Ne pas hésiter à rectifier manuellement la température de couleur.

 

J’enchaîne avec l’intro de Shangaï : le 9300 est clairement moins bon en contraste.

Le LS12000 le surpasse en terme de relief, avec des noirs plus denses et une dynamique d’image plus importante. C’est aussi nettement plus fluide.

9300

LS12000

 

Retour au début du film, avec la poursuite en Turquie : le 9300 apparaît bien terne. Le LS12000 offre nettement plus de contrastes et de reliefs. Par contre il est trop lumineux.

9300

LS12000

 

Ce qui ressort de ce premier round, c’est tout d’abord une fluidité très nettement supérieure du LS12000 par rapport à son prédécesseur.

La plage dynamique est bien supérieure aussi, mais avec une luminosité beaucoup trop importante en cas de scène claire.

9300

LS12000

9300

LS12000

 

Changement de disque et passage à The Revenant.

Après le trop plein de luminosité, un second défaut apparaît dans ma configuration : dans les scènes claires, les micros-perforations de ma toile sont visibles à l’œil nu ! Et même dans le cas des flammes d’un simple feu de camp !

Lors de la séquence du repas au feu de camp, le LS12000 fait très scène de démonstration télé. Le contraste est bien supérieur au 9300, mais l’image reste trop vive pour moi.

9300

LS12000

 

Sur la scène du cadavre du cheval, le LS12000 est moins bon en définition que le combo 9300 + Lumagen.

Par contre, son contraste intra-image est bien supérieur, avec une image nettement plus pêchue.

Bilan, globalement l’image du LS12000 paraît plus précise que celle du 9300.

 

9300

LS12000

 

Pour la scène finale, ce qui frappe là encore, c’est la fluidité du LS12000.

Le 9300 fait vraiment pâle figure à côté.

Le contraste intra-image est aussi impressionnant.

Par contre, l’image est trop lumineuse et demande de l’accommodation entre chaque plan. Quand on repasse au 9300, cela fait tout de suite plus terne, et plus défavorable.

9300

LS12000

 

TESTS EN HDR

 

Cette fois, pour des raisons pratiques, je devais débrancher/rebrancher le câble HDMI entre les projecteurs pour basculer de l’un à l’autre.

Mais cette fois, plus de Lumagen, seuls les traitements internes Epson des projecteurs étaient utilisés sur les sources 4K HDR.

Le premier test a commencé avec le disque des Animaux Fantastiques.

Dans le chapitre 6, scène de nuit dans les rues de New York, le LS12000 fait ressortir beaucoup plus d’informations dans les noirs.

Mais le résiduel de noir, typiquement les bandes noires, n’est en réalité pas meilleur que le 9300.

C’est là le gros point de déception de ce projecteur : les noirs ne sont pas vraiment noirs.

Mais dès qu’on rajoute la moindre petite touche de lumière dans cette image (une simple flamme de bougie dans un coin), les noirs retrouvent tout de suite une profondeur et une densité nettement supérieures à ceux du 9300.

Ça ne choque plus du tout avec le laser, alors que sur le projecteur à lampe, cela fait toujours plus grisâtre que noir (il faut pas mal de blanc à l’écran pour que les teintes sombres soient vraiment contrastées).

Par contre le blanc sature trop vite sur le LS12000 et les détails sont un peu noyés par le trop plein de luminosité disponible.

Le 9300 est meilleur sur ce point là, avec une image plus terne, mais moins saturée dans les blancs et donc plus détaillée. A contrario, l’image est moins pêchue et les couleurs moins vives.

Au chapitre 8, qui se caractérise par une scène très très lumineuse, volontairement complètement saturée en blanc, le LS12000 est toujours trop lumineux, mais les blancs ne sont pas cramés.

Le 9300 est nettement moins lumineux et forcément l’image semble moins pêchue.

 

Le LS12000 permet de faire un nettement meilleur HDR, de par sa puissance lumineuse et son silence de fonctionnement.

9300

LS12000

 

Revers de la médaille, les microperforations de ma toile deviennent franchement visibles sur des scènes aussi lumineuses. Clairement je suis trop près.

9300

LS12000

 

Autre différence de comportement entre les deux projecteurs, sur le 9300, qui est aussi 4K via wobulation, les pixels sont visibles lorsqu’on approche à 10 cm de la toile.

 

Avec le LS12000, je n’ai pas pris la photo, le blanc est totalement uniforme, sans aucun pixel visible.

A contrario, pour faire le focus, c’est moins pratique : avec le 9300 il suffisait de regarder les jonctions des pixels pour avoir le meilleur focus : plus possible avec le LS12000.

 

Je finis mes tests chez moi avec Mulan, disponible en 4K HDR (ou Dolby Vision) sur Disney+.

Sur les photos ci-dessous, la différence paraît considérable entre les deux petites filles. En réalité, à l’œil, l’écart est moins important.

9300

LS12000

 

Mais le LS12000 est clairement très nettement devant : plus lumineux, plus contrasté et plus détaillé.

On se rapproche, avec le LS12000, d’une image télé. Mais dans ma configuration, trop lumineuse.
Le 9300 est nettement plus fade, mais parce que je dois l’utiliser en mode bas dans ma salle.

Autre film dispo sur Disney+ – 9300

LS12000

 

 

TESTS CHEZ Nicolas_DTSMAN

 

J’ai ensuite eu la chance d’aller voir tourner le LS12000 dans la grande salle dédiée de Nicolas_DTSman.

Là ce projecteur laser est clairement dans son élément !

Sur un écran de 3,6 m de base en 2,35, c’est tout simplement nettement mieux que chez moi !

Et pourtant, le ratio base image/distance est à peu près identique en réalité à ma configuration.

 

J’ai débarqué au moment des tests HDR(10+) avec 1917.

Rien à redire, c’est parfaitement détaillé et avec une luminosité bien équilibrée, quelque soit le type de scène, sombre ou lumineuse.

Avantage du HDR10+ (et du Dolby Vision) sur les HDR10 statique pour lequel il y a régulièrement des problèmes d’exposition.

Les noirs ne sont toujours pas noirs d’encre, mais la moindre petite étincelle leur rend toute leur profondeur.

On enchaîne avec quelques scènes de Star Wars, the Rise of Skywalker, cette fois en HDR10.

L’image est loin d’être une référence (bien bruitée), mais avec l’Epson, on a un effet 3D bien sympathique et une image admirablement contrastée.

Franchement un plaisir à regarder, tout de suite plus naturel.

Une grosse partie de mes problématiques sur mon installation dues au trop plein de puissance lumineuse est totalement absente dans cette configuration.

 

CONCLUSION

 

Ce projecteur est pour moi une sacrée révélation mais gâchée, dans le cadre d’une petite base ET d’un manque de recul (il faut les deux pour que cela pose vraiment problème), par un trop plein de luminosité !

Un réglage qui permettrait de descendre la luminosité à 30% (au lieu des 50% minimum) le rendrait non pas parfait (il a des petits défauts), mais une très nette évolution par rapport à mon 9300, tout en ayant un tarif extrêmement contenu pour un laser.

 

 

Les plus
  • La qualité de la wobulation 4K et du piqué de l’image
  • Un contraste intra-image vraiment bon, qui pardonne les noirs pas totalement noirs
  • La souplesse du laser, et sa longévité
  • Les très (trop) nombreux réglages
  • Des mémoires de configuration reprenant tous les paramètres divers et variés (colorimétrie, réglages nettetés, masques éventuels, positions d’objectif,…)
  • Du HDR vraiment exploitable en mode bas/moyen
  • Le rapport qualité prix

 

Les moins
  • Trop lumineux pour une petite base et un manque de recul
  • Des noirs pas vraiment noirs
  • Des menus parfois fouillis
  • Projecteur compact par rapport aux gros Sony/JVC, mais quand même gros et lourd

 

 

 

Dominique_domin
HCFR – Mai 2022

 

– lien vers le sujet HCFR dédié auX VIDEOPROJECTEURS LASER EPSON 4 K (2021)  : https://www.homecinema-fr.com/forum/projecteurs-uhd-4k/2021-epson-eh-ls11000-et-eh-ls12000-t30116851.html

 

 

 

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