Test HCFR RME ADI-2 DAC FS, DAC_ampli casque
COMPTE-RENDU D’ERIC_DUB
Que m’a dit l’ADI dit donc ?
Voilà un appareil qui, si l’on cherche un DAC/ampli casque – et plus si affinité: car il embarque une fonction equalization (qui n’est certes pas d’un usage simple) –, offre un choix possible. D’accord, le tarif est autour de la barre des 1000€ (ce qui fait 85% d’un mois de SMIC), mais il faut considérer qu’on a là deux, voire trois appareils en un, un DAC, un ampli casque et un equalizer, qui dispose de trois entrées numériques : spdif sur toslink et sur RCA et USB.
Mais pas d’entrée analogique auxiliaire, ce qui constitue pour moi un premier regret. On a deux sorties lignes, l’une sur RCA, l’autre sur XLR (pour faciliter tous types de branchements). Et, second regret, l’appareil ne fait pas préampli (à moins que j’aie loupé un épisode dans le mode d’emploi).
Enfin bon, je dis ça, c’est juste pour chipoter, car c’est vrai aussi qu’il ne fait pas le café… à moins que, dans le mode d’emploi… Et deux sorties pour casques, l’une au format jack, pour les casques, disons, “standards”, l’autre au format mini-jack pour les intra et les casques à très (très) basse impédance. Plus une télécommande, au fonctionnement de laquelle je n’ai pas compris grand-chose, mais qui m’a au moins permis d’actionner le volume et de changer de source pour une ou deux comparaisons. Le format de l’appareil est celui d’une interface audio de studio, très petit et très facile à caser dans un meuble. Du coup, c’est un autre tout petit regret, le poids peu important de l’appareil fait que si on le câble “entièrement” – USB + toslink + spdif + 2 XLR + alim – il faudra peut-être penser à poser un presse-papiers dessus pour éviter qu’il bouge. Donc, pour le dire autrement : rien ne manque – ou presque.
Dans l’absolu, donc, aucune critique particulière et les petits regrets que je peux avoir sont plus liés à mes usages, qui demandent beaucoup de versatilité dans les branchements. En revanche, pas de mode d’emploi en français, seulement anglais et allemand : combien de fois faudra-t-il répéter aux constructeurs et aux revendeurs que la loi française l’impose et que ne pas la respecter, c’est ne pas respecter la loi? Note que je m’en fiche, vu que la langue de Shakespeare et des Beatles (c’est pareil) m’est transparente… Mais vu que l’engin est très loin d’être du style “branche & joue”, c’est un point à considérer.
Ecoutes
Bref, j’ai donc commencé par deux séries de comparaisons avec mon DAC2 Wyred4Sound, sur mon système principal, puis avec mon MSB Link-III, sur mon système dédié à l’écoute au(x) casque(s), en utilisant pour ce faire un HD800SD (casque qui, sans être “impossible” à amplifier, n’est pas pour autant sans exigence). Dans le premier cas, la RME a été reliée à une sortie de mon MacMini – ainsi, en sortie, qu’à une entrée de mon Audio-GD Phœnix; dans le second, à la sortie de mon lecteur Yamaha CDS2000, mais aussi pour des raisons de commodité de branchement, à mon MacBook Pro (mais en employant le même player, Audirvana, et les mêmes réglages avancés).
C’est l’un de mes disques préférés du moment qui m’a servi à entamer ces comparaisons: Musica Nova de Jordi Savall et l’ensemble Hespèrion XXI (tantôt en fichier, tantôt en CD).
La première surprise, c’est le différentiel entre la taille “petite boîte” de la RME et l’effet “gros son” à l’écoute: il est évident dès les premières secondes que la sortie casque n’est pas un gadget ou une option, encore moins une concession décorative! Ça m’a d’ailleurs tellement étonné que j’ai un peu switché sur Brother in Arms de Dire Straits. Et oui, c’est bien ça, le bestiau en a sous le capot et peut lâcher les fauves si nécessaire, sans pour autant devenir agressif; ça répond autant dans le grave qu’ailleurs, et tout ça, sans jamais piquer nulle part. J’ai un peu “vérifié” ce point, en y branchant divers casques, y compris un AKG K240 M et un K340: la section ampli de l’ADI-2 ne mollit pas.
Certes, il ne faudra pas compter lui brancher des machins exotiques du style AKG K1000 ou Ergo AMT. Là, on entend très nettement à la fois un tassement du message, une dynamique en retrait et tantôt des pointes d’agressivité, tantôt un voilement général du message… Mais, en dehors du fait qu’il faut être ravagé pour avoir ce type de casque à la maison, c’est le cas d’un nombre si élevé d’appareils, y compris souvent plus chers ou beaucoup plus chers, que l’argument n’est pas très probant.
Le branchement parallèle entre le W4S+Phœnix, d’un côté, et la RME, de l’autre, révèle quelques petites différences. À moins que je ne rêve des oreilles, ce qui est après tout bien possible, le premier me paraît plus soyeux dans l’aigu, donnant une ambiance un peu feutrée, peut-être pas en retrait ou descendant dans l’aigu, mais proposant une restitution dynamique plus sage. La RME, elle, ne passe rien et propose une signature à la fois très aérienne, sans aucune agressivité et très détaillée: qu’on m’entende bien, outre qu’il ne s’agit pas là d’une différence massive et “surlecultante”. Il s’agit de petits pas de fourmis. Et je ne parle pas d’une écoute insistante et spectaculaire, mais qui, à la (plus ou moins) longue, fatigue: c’est un ensemble très détaillé, très naturel et très fluide, sans aucune crispation. J’ai refait la même expérience, en branchant la RME sur le Phœnix, pour ne comparer que la section ampli: les différences sont de même nature, et le résultat est, sinon le même, au moins très proche du précédent, mais j’ai quand même eu l’impression que le couplage de la section DAC de la RME avec mon Phœnix différait un peu de ce à quoi je suis habitué. C’est un peu comme marier le sabre et la soie là où, d’habitude, le miel le dispute à l’ambroisie.
Résultat des courses de ce côté-là de mon salon, me demandera-t-on ? Eh bien, disons qu’il y a peut-être une (petite) différence, qui fait que la RME sonne plus clair que mon couple habituel et c’est peut-être aussi le cas, mais c’est beaucoup plus difficile à affirmer, de sa section DAC. Ça fournit une restitution musclée, rapide, claire et aérée. Et si la connectique arrière n’était pas nettement moindre que sur mon W4S (2 toslinks, 2 spdif sur RCA, 1 AES/EBU en entrées, deux sorties RCA et XLR soit fixes soit variables et une entrée analogique by-pass), je tiendrais là un successeur possible côté DAC. Et si la RME faisait préampli en prime, il faudrait soumettre le Phœnix à la comparaison pour savoir s’il n’aurait pas du mouron à se faire!
Changeons de côté et passons à d’autres comparaisons. Le temps de faire les branchements adéquats: deux petits câbles des sorties du lecteur de CD/SACD de chez Yamaha et de mon MacMini avec la RME; et des sorties RCA de la RME vers l’une des entrées de l’ampli AudioValve RKV3, histoire de pouvoir zapper facilement. Puis, le temps de laisser chauffer tout le bouzin, et pour commencer, comparaison du duo MSB/RKV3 et RME. J’ai changé de disque au passage, en choisissant toujours un Savall: le premier CD du coffret Maestros del Siglo de Oro, consacré à Christobal de Morales (ce sont des enregistrements des années 90, remasterisés en 2009 et transférés sur CD/SACD). J’ai ensuite fait défiler diverses choses, comme Dark Side Of The Moon ou Amused To Death de Waters. Là, il est possible que la RME marque un peu le pas. Car, au risque d’en énerver certains, un ampli à tubes présente souvent un petit “je ne sais quoi” qu’un ampli à totor ne propose pas, ou rarement (bon t’as vu, j’ai dit: “souvent” et “rarement”).
Cette petite impression, à mi-chemin entre le “presque rien” et le “je ne sais quoi”, comme dirait l’autre, c’est une espèce de charme ou de grâce à l’écoute: c’est plus fluide, plus chantant. On peut me dire autant qu’on veut que c’est de la distorsion (il y a un truc sur les harmoniques pépères ou mémères, du tube qui chauffe la distorsion contre le transistor qui le caresse dans le sens du poil, que, quoi, je ne sais plus): ben, j’aime cette disto-là. C’est un peu comme le Nutella sur les crêpes, c’est très mauvais, on le sait bien, mais c’est vachement bon quand même. La distance entre la RME et mon MSB étant peut-être moindre que dans l’autre comparaison (j’ai vérifié ça ensuite), entre la RME comme ampli casque et le RKV3, ça m’a paru plus net.
Reste que, même là, il n’y a pas des kilomètres, même pas des mètres… On est dans le millimétrique, dans le pied à coulisse – pas dans le XXL ou dans l’intergalactique (et côté tarif, il faut noter que la RME bouscule tout sur son passage!).
Conclusion :
On me dira: et l’equalizeur alors? Alors j’avoue qu’entre le mode d’emploi en anglais, la toute petite fenêtre pas adaptée à ma piètre vision et le côté “tout sauf intuitif” des commandes, je n’ai pas réussi à faire marcher le bidule… Mais vous autres, z’êtes jeunes, donc ça vous arrêtera pas! En dehors de ce point de détail lié à mon incompétence, il faut à mon sens garder en tête ceci: l’ADI-2 est un appareil multifonctionnel de très haute qualité, très complet, de tarif “étudié”, puisqu’il vaut pour deux, voire trois appareils, et qu’il vient bousculer très nettement le marché HiFi.
Je veux dire qu’il ne doit pas être tout à fait impossible de trouver un duo DAC+ampli, voire, dans un système dématérialisé, d’ajouter un soft d’equalization, qui arrive à peu près au même niveau, le tout en restant dans le même budget (j’ai une ou deux idées). Mais ça ne courra pas les rues. Et en revanche, en un seul appareil, je ne me souviens pas avoir jamais croisé ce type d’appareil. Donc, vu que, mine de rien, Noël ne va pas tarder à approcher à grands bruits, si l’on se dirige vers un appareil qui fasse “un peu tout”, côté enceintes comme côté casques, il faudra y penser au moment d’écrire au type en rouge avec son traîneau!
Eric_dub
HCFR – Octobre 2018
– lien vers le sujet HCFR dédié au RME ADI-2 DAC FS : https://www.homecinema-fr.com/forum/amplificateurs-casques/rme-adi-2-pro-et-adi-2-dac-t30080506.html