Test HCFR : Casque Planar Sendy Audio Peacock

Test HCFR : Casque Planar Sendy Audio Peacock

Les écoutes

 

Avant de vous faire mon compte rendu d’écoute je voudrais faire un point sur le confort du Sendy Audio Peacock.

Le confort est un élément essentiel pour les écoutes au casque, sans quoi il faudra écourter les séances, bouger le casque ou ajouter un dispositif permettant de compenser le manque de confort.

Ce type d’accessoire existe chez Dekoni sous la forme de petits pads adhésifs « nuggets » en rapport à leur forme qui rappelle ce plat à base de poulet. J’utilise cette solution avec succès sur des casques pouvant être inconfortables.

Faciles à poser, efficaces, pas trop chers, les nuggets sont malheureusement peu esthétiques voir disgracieux. Ils se posent sous l’arceau et une fois l’ensemble sur la tête, on n’a pas l’air malin. Cet accessoire est pourtant ingénieux et efficace en toute circonstance, quel dommage que l’aspect final soit si moche.

Il vaut mieux disposer d’un casque originellement confortable, comme le Peacock.

Le Peacock fait son poids, 578 grammes ce n’est pas rien et une mauvaise conception de son arceau peut facilement conduire à une gêne et une sensation inconfortable.

Heureusement le Peacock est bien conçu. Son arceau en acier inoxydable et les yokes rotatifs sur deux axes permettent de bien épouser la forme de la tête.

Les pads de fort diamètre composés d’une mousse à mémoire de forme d’une densité adaptée assurent un bon maintien au niveau des oreilles. La suspension est certainement le dispositif le plus efficace dans ce cas.

Je dispose de nombreux casques et les plus lourds arrivent à procurer un bon confort de port lorsqu’ils sont équipés d’une suspension très souple et ajustable en hauteur. Cas du Peacock qui réalise un sans-faute.

On peut donc se lancer dans de longues et agréables écoutes !

Agréables, voire sublimes, car le Peacock est assurément un très bon casque.

Vu le tableau de compatibilités avec les amplificateurs, j’ai décidé de conduire mes écoutes sur le DAC Amplificateur casque OPPO HA1 SE (modifié Audiocom).

La source de streaming sera mon PC modifié Hi-Fi par des cartes SOtM auquel s’ajoutent des dispositifs de filtrage.

La musique se trouve sur un NAS sur alimentation linéaire comme la majorité de mes appareils.

Ce choix permet d’utiliser le Peacock sur un produit ayant une parité tarifaire logique (dommage qu’il ne soit plus disponible) et affichant une compatibilité d’amplification avantageuse. Et aussi dans un environnement optimisé dans lequel le signal ne doit pas connaître d’altérations audibles.

 

 

J’entame donc mes écoutes sur un album que j’apprécie particulièrement et qui permet un bon préambule d’analyse : Aaron Diehl – The Bespoke Man’s Narrative.

Cet album Jazz joue aussi bien sur la modernité que sur le Jazz classique des années 50. Le style s’affirme intimiste, élégant et surtout très détouré.

Ce qui permet une bonne évaluation tonale du dispositif de reproduction sonore. Il ne faut pas attendre longtemps pour se rendre compte que le Peacock est un casque d’un grand raffinement.

Son équilibre tonal (que nous avons mesuré) exprime sur cet album, à la qualité exemplaire, tout le naturel des instruments.

Il faut dire que cette production Mack Avenue éditée en DSD128 par Blue Coast Records a bénéficié de tout le savoir-faire de ces deux studios indépendants. Aussi le naturel est avantageusement soutenu par l’aération des notes et la juste maîtrise de la dynamique du Peacock qui n’en fait jamais trop.

 

 

Puis me vient l’envie d’écouter un peu de classique bien qu’il ne s’agit pas de mon type de musique favori. Je lance Mozart Concerto en D majeur interprété par Marianne Thorsen, un morceau emprunté dans la sélection gratuite de 2L – The Nordic Sound.

C’est beau, limpide et toujours aussi naturel (il n’y a pas de raison pour que cela soit autrement d’ailleurs). Quelle belle reproduction, vivante et vivace posée sur une scène sonore ample et ouverte.

Un réel plaisir d’écoute qui, en ne pas douter, ravira d’autant plus les amoureux du genre.

 

 

 

Ajoutons un peu de voix féminine avec Marianne Beate Kielland – Finzi Come Away Death également obtenu gratuitement sur le site 2L – The Nordic Sound.

Une très belle prestation superbement reproduite par le Peacock qui soutient de manière remarquable la texture vocale de l’interprète.

Le réalisme de la reproduction est à nouveau un point clé de la performance.

 

 

 

 

Mais jusqu’à présent je n’ai pas réellement bousculé le Peacock. Si sa prestation est exemplaire, le challenge était encore sans embuche.

Il va falloir progressivement aller vers plus complexe. Restons encore sages et sur une voix féminine avec Pomme sur son premier album A peu près.

Cela reste encore facile pour le Peacock l’enregistrement de cet album étant tout simplement excellent. Ou serait-ce le Peacock qui brille par son excellence et sa capacité remarquable à reproduire du son ?

En tout cas je prends un grand plaisir dans cette écoute récréative.

D’une certaine manière, le Peacock (et ce n’est pas le seul casque) démontre qu’il y a un intérêt à faire des écoutes au casque en complément d’une écoute sur enceintes. Car dans les deux cas il ne se passe pas tout à fait les mêmes choses.

 

 

Un petit pas en avant vers la complexité du signal, je passe à Emilie Simon – Vegetal.

Un album que j’apprécie particulièrement qui oppose la performance vocale presque académique (fondamentalement talentueuse) d’Emilie Simon et les compositions musicales électro rock rythmées old school mais totalement modernisées de cet album.

Le mélange des genres s’enchaîne constamment. Il faut que le casque arrive à suivre afin que l’oreille ne puisse pas segmenter l’écoute et faire perdre la fluidité déjà un peu tumultueuse des successions de cet assemblage parfois chaotique.

La composition étant en réalité réfléchie et rythmée avec perfection, il faut que le dispositif de reproduction sonore soit au niveau.

Vu les effets jouant sur la stéréophonie, presque en binaural, les accès de grave impromptu puis constant, opposés à la voix ciselée et précise de la chanteuse.

Le Peacock réalise un sans-faute, il se révèle si précis et exact qu’on a parfois l’impression d’écouter chacune des différentes pistes qui composent le mixage de l’enregistrement.

Évidemment les sons synthétiques sortent tout droit du synthétiseur, mais l’originalité d’Emilie Simon dans cette période est d’ajouter des prises de sons réels. Et là, le Peacock est imparable et rien ne passe à la trappe.

Aussi parce que Vegetal fait partie de ces albums enregistrés avec soin, d’une certaine manière il n’y a pas de secret, un bel enregistrement conduit à une belle écoute, mais à condition que le dispositif de reproduction soit à la hauteur des ambitions de l’ingénieur son et de l’artiste.

 

 

Pour le plaisir et surtout avant d’attaquer du très lourd, je lance la version 24 bits 44.1khz (aussi MQA) de l’album Day 3, Take 1 de David Elias.

Un ancien album authentique enregistré dans un magasin aménagé dans un bâtiment centenaire connu aux États-Unis. C’est-à-dire avec des moyens techniques modestes.

Mais malgré quelques défauts de prise de son, quel réalisme et quel plaisir d’écoute ! Il faut bien avouer que David Elias est un chanteur folk et blues talentueux.

Niveau d’enregistrement bas oblige, je monte un peu le volume et malgré cet ajustement le Peacock ne rehausse pas le moindre bruit de fond.

C’est un point que je n’ai pas encore abordé et qui est important.

Malgré une certaine incompatibilité, on devrait plutôt dire un mariage perfectible, j’ai écouté le Peacock sur des amplis puissants ou sur des gains élevés (la combinaison des deux étant plus exacte), des cas pouvant engendrer du bruit de fond.

Avec le Peacock rien de cela alors que d’autres casques pourtant plus haut de gamme, mais sur des technologies électrodynamiques seront moins discrets.

Revenons à l’écoute de cet album particulier opposé à mon écoute précédente. Ici tout est de provenance naturelle sur un enregistrement brut de décoffrage.

Le Peacock sur cet album révèle une franchise naturelle frappante.

On se rend bien compte des enjeux techniques mis en œuvre et limités par les moyens et l’environnement. Cependant la finalité est heureuse, car malgré quelques défauts techniques l’écoute avec le Peacock nous plonge au cœur de ce concert live enregistré de la manière la plus sommaire qui soit à partir d’un micro unique.

Le mixage final n’ayant même pas été édité, on comprend alors d’où vient la dynamique malgré un niveau de référence bas.

 

 

Après des écoutes finalement sages, je me dis qu’il est temps d’exciter un peu le Peacock et de lui secouer les plumes histoire de voir ce qu’il a dans le ventre.

Par exemple lorsqu’on lui injecte une bonne dose de hard rock. Une dose parmi les meilleurs crus avec AC/DC The Razors Edge.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce poids lourd à la légèreté d’un poids plume une fois sur la tête, sait envoyer du lourd lorsqu’on écoute du heavy.

La dynamique est là, tout s’enchaîne sans que le Peacock ne se fasse dépasser. Il maîtrise et s’impose, suit sans problème les transitoires, les riffs, les distos, et j’en passe, de l’écoute tantôt nerveuse, tantôt posée de cet album d’anthologie.

De toute évidence, la dynamique et la rapidité d’exécution avec des niveaux de distorsion très bas sur ce casque, profite aussi aux écoutes plus tortueuses de Hard Rock.

Sur les écoutes précédentes, le Peacock allait chercher loin les détails et la précision, à cet instant sur cette écoute il récidive et contient la performance afin d’éviter toute agressivité dans les hautes fréquences.

Un comportement salvateur qui permet d’écouter alors le groupe australo-britannique dans toute sa démesure musicale Rock.

 

 

Et si on allait encore plus loin dans les genres musicaux difficilement associables de prime abord avec du matériel Hi-Fi haut de gamme ?

Que donnerait du Marilyn Manson – Antichrist Superstar sur le Peacock ? Un son gras, compressé, aux mélodies et à l’harmonie discutables inévitablement saturées de larsens ?

Point de salut pour le pieux audiophile qui s’aventure dans ces contrées aux sons tortueux. Et le Peacock alors ? Qu’en fait-il ?

Eh bien, il fait ce qu’il doit faire sans démontrer la moindre hésitation. Il exprime le meilleur comme le pire (volontaire, ceux qui connaissent et assument un goût pour cet artiste le savent bien).

Vu la performance, il n’y a pas de honte à écouter Manson avec un tel casque. Je dirai même qu’il y a un intérêt à l’écouter à partir d’un dispositif aussi qualitatif, car il y a des morceaux qui valent le détour.

Dans ce cas là aussi, le Peacock dévoile un talent certain à transformer le signal électrique en une onde vibratoire qui donne alors naissance à de la musique.

Étonnant vous ne trouvez pas ? Manson agréable à écouter ? C’est pourtant le but de tout album et cela est toujours possible à condition d’utiliser un système de reproduction sonore de qualité.

 

 

À cette étape de mes écoutes, les qualités du Peacock me paraissent évidentes, mais je garde en tête un album test ultime.

Ce n’est pas le seul dans ce cas évidemment, néanmoins l’album Gettin’ High on Your own Supply de Appolo Four Forty (ou encore Appolo 440) a cette particularité d’être inécoutable sur un système moyen.

Tout devient très agressif, alors que bien reproduit cet album Electro endiablé s’écoute volontiers.

Sans réel suspense, car en définitive le Peacock a déjà démontré ces capacités sur ce type d’écoute, tout se passe comme sur des roulettes.

La rythmique schizophrénique des compositions s’enchaîne sans le moindre accroc et malgré le presque n’importe quoi du thème du film Lost in Space (1998), tout s’écoute sans devenir agressif et sans phénomène de rejet auditif.

À moins d’avoir une allergie prononcée à ce style musical, mais s’il ne fallait s’intéresser qu’au Peacock il faut reconnaître qu’il est capable de belles prouesses.

 

 

 

J’arrive au terme de ma séance d’écoute d’évaluation. Une écoute volontairement hétérogène afin de cumuler les genres et de vérifier si, comme je le supposais, le Peacock est un casque polyvalent.

Signe d’une conception judicieuse et d’une technicité bien pensée. Alors que certains produits du marché s’orientent (à tort de mon point de vue) vers des spécificités musicales, signe de colorations tonales.

Le Peacock opte pour le parti de la neutralité, du naturel et de la performance.

Une performance que l’on peut juger universelle compte tenu des essais que je viens de faire. Mais pas seulement, car déjà aux mesures le Peacock, sans pour autant afficher la perfection (ce qu’aucun casque ou intra-auriculaire ne sait faire), l’analyse a dévoilé un produit ayant de nombreuses qualités.

Sur la reproduction tonale, nous notons certes une atténuation des graves.

Une atténuation qui n’affiche pas une perte conséquente et qui aux écoutes ne semble pas pénaliser le plaisir, en tout cas je ne l’ai pas perçue.

D’une manière générale, les graves sont francs, vifs et offrent une sensation de profondeur très agréable. Ils restent présents sans devenir envahissants même lorsque l’enregistrement en dispose à outrance.

L’équilibre réel se passe des bas médiums aux hauts médiums à la frontière des hautes fréquences. Une plage essentielle, car elle contient les voix masculines et féminines, ainsi que la majorité des réponses fréquentielles des instruments.

Les aigus, inévitablement accidentés à la mesure, démontrent une excellente maîtrise sur le Peacock qui ne sera jamais agressif alors qu’il sera capable de reproduire des détails précis et une dynamique à toute épreuve.

Le naturel est également soutenu par une aération et une vivacité remarquable.

Ces deux éléments conjugués entre eux permettent notamment d’affirmer l’intelligibilité de la musique de sorte que l’écoute ne soit jamais confuse. L’affirmation des détails en dépend en parti, et nous pourrions supposer une restitution alors très, voire trop analytique.

Sur ce point il convient de revenir sur la neutralité du Peacock qui permet à la source de s’exprimer au mieux et sans en biaiser les particularités musicales. Si la source devait colorer le son, le Peacock ne se juxtaposera pas, il n’ajoutera pas de composante supplémentaire à la tonalité de l’écoute. C’est bien la marque d’un produit audiophile d’après moi.

Casque ouvert oblige, la scène sonore reproduite est ample et très ouverte.

Des essais sur des enregistrements qui jouent sur la distance démontrent que le Peacock est capable de placer les objets loin et de tromper la perception.

L’écoute ne se réduit pas à un espace clos généralement limité par la nature des casques : la proximité des sources d’émission sonore étant forcément un handicap.

Le Peacock ne va pas transformer la scène sonore, mais va la reproduire du mieux qu’il est possible, l’élargissant aux frontières de ce que l’enregistrement aura prévu sans en entacher la cohérence.

 

En définitive, qu’attendre de plus d’un casque planar ouvert haut de gamme ?

Rien d’autre que ce que le Peacock sait réaliser et finalement face à ce qui existe d’autre part, souvent présenté plus technique et plus coûteux.

Le Peacock gravit les échelons et prouve que l’on peut accéder à un casque haut de gamme certes onéreux, mais dont la parité prix / performance arrive à une réelle logique.

Dire que le Peacock est un casque performant est un faible mot.

 

 

Jeff_jacko
HCFR – Avril 2022

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au sendy audio peacock : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/CASQUES-SEDENTAIRES/SIVGA-AUDIO-SENDY-AUDIO-T30116707.HTML

 

 

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