Test HCFR : Audeze Mobius, casque audio

Test HCFR : Audeze Mobius, casque audio

Compte-rendu d’Eric_dub

Casque Audeze Möbius: de la musique partout

Le Möbius est un casque qui, esthétiquement, ne paie peut-être pas de mine. Pour ma part, j’en trouve la “façon bois” assez jolie, en tout cas assez passe-partout, et, point nettement plus essentiel à mes yeux (ou plutôt à mes oreilles), très confortable. C’est un casque fermé, ce qui en l’occurrence ne constitue pas un point négatif pour moi (c’est d’habitude le contraire), pour la bonne raison que sa destination nomade implique nécessairement cette technique. Mais surtout, si la pression d’arceau est assez ferme pour éviter toute chute malencontreuse consécutive à des activités diverses (éternuement, choc frontal avec un lampadaire et autres concours de rock acrobatique). Mais la largeur des oreillettes et leur disposition évitent tout effet désagréable, de sorte que j’ai pu l’écouter plusieurs heures, sans en être indisposé.

Les autres avantages du Möbius sont — entres autres, car il y a bien plus et dont je ne suis pas à même de parler — de pouvoir éliminer de l’équation les amplis, DAC et câbles, en le reliant directement à un smartphone (ou une tablette, ou une PlayStation, si j’ai bien compris, et probablement bien d’autres outils) jouant le rôle de diffuseur via Bluetooth (aptx). C’est dans cette configuration, principalement, mais en faisant quelques comparaisons par branchement filaire sur mon ampli Audio-GD Phœnix, et en utilisant l’application Qobuz et quelques disques, préalablement téléchargés pour une écoute “en local” sur mon petit Sony Xperia XA, que j’ai fait mes essais.

Le premier disque écouté en détail a été Abbey Road des Beatles, album récemment ressorti avec un nouveau mixage et des documents (plus ou moins) inédits. J’ai la faiblesse d’aimer beaucoup cet album, en entier, depuis sa sortie, même si je sais que certains fans des Beatles ne considèrent pas que ce soit leur meilleur. En particulier, le premier morceau, Come Together, a la faculté de mettre directement dans l’ambiance. Avec le Möbius, ça cogne suffisamment dans le grave pour que la ligne de basse de Paul et les percussions de Ringo donnent envie de taper du pied. Et d’autant plus que, si ça me semble peut-être un peu en retrait dans l’aigu, qui semble plutôt ressembler à celui de mon Focal Listen qu’à ce dont j’ai l’habitude (depuis peu) avec mon Hifiman HE6SE (nouveau jouet que je chéris sans retenue), ça ne manque nullement de détail. Les voix et les guitares restent bien présentes, qu’il s’agisse des morceaux plutôt rock à la Lennon, ou des balades à la McCartney.

J’ai écouté tout l’album en le fredonnant de bout en bout (car j’étais seul avec mon chien et il ne trouve rien à y redire), et sans éprouver aucun obstacle, aucune retenue entre moi et la musique, même après avoir enclenché le système de réduction de bruit — lequel m’a paru très efficace. Sur ce dernier point, ça me semble d’ailleurs très réussi, car, s’il y a bien un petit effet de “voile” lorsque l’on utilise la réduction de bruit, c’est bien moins net qu’avec d’autres modèles que j’ai pu utiliser, donc le petit Sennheiser PXC 550 que je me suis offert l’été passé et qui, s’il offre un peu plus de relief dans le haut médium et dans l’aigu, fait un peu moins bien que le Möbius sur ce critère, tout en étant un petit moins confortable.

Second disque, et pour rester dans des vieilleries qui sont bien de mon âge: Meddle du Pink Floyd — dans la version remasterisée de 2011. Il y a assez de puissance, avec l’ampli embarqué dans ce casque, pour profiter de l’assise dans le grave, dès l’introduction du morceau Echoes, même s’il faudra sans doute à la fois enclencher le système antibruit et compter sur un environnement pas trop envahissant pour les premières secondes. Mais je ne pense pas qu’à moins d’augmenter fortement la pression d’arceau et d’alourdir le casque, avec les inconvénients que ça créerait, il soit réellement possible de faire mieux. De plus, l’ensemble du morceau est restitué de façon équilibrée, avec toujours ce petit retrait dans le haut médium et l’aigu, mais sans rien de frustration. De plus, une fois branché en filaire sur mon ampli sédentaire (avec une allonge pour avoir la longueur nécessaire et sur le même disque lu à partir du fichier dématérialisé via Audirvana), le Möbius ne démérite pas du tout. Cela confirme une différence d’équilibre entre lui — écoute un peu descendante et haut médium moins consistant — et mon Sennheiser HD600 (branché sur un DAP), à l’avantage de ce dernier, mais il y a bien un petit gain de netteté et de consistance par rapport à une écoute sans fil sur smartphone. Laquelle, cependant, ne démérite nullement

Il est bien possible qu’il y ait “mieux”, mais, dans ces tarifs et s’agissant d’un casque permettant une écoute nomade, il ne me paraît pas évident de trouver des candidats qui le battent à plates coutures. Je veux dire que l’on peut trouver quelque chose de différent — mon Sennheiser 550 offre plus de brillant et à peu près la même assise dans le grave, tout en proposant nettement moins de fonctions. Mais ça me paraît plus une affaire de goût qu’autre chose. De plus, ce qui me semble le plus étonnant, c’est la qualité d’écoute obtenue dans une configuration via smartphone et Bluetooth: j’ai le sentiment que le niveau atteint est bien celui d’une haute fidélité au message contenu dans le disque ou le fichier.

Passons à autre chose — et évidemment (sans quoi, je sais que certains seraient déçus que je n’en passe pas par la case obligatoire de la musique baroque!), à savoir Bailar Cantando de Jordi Savall. Au risque d’étonner, j’aime bien ce disque, qui me semble jouer la carte “musique du monde” dans le monde du baroque. On profite, avec le Möbius, d’une aération et d’un détail suffisants pour apprécier ce disque et sa superbe prise de son. Dans l’absolu, certes, il me semble entendre un petit voile sur le message (y compris en désactivant le système antibruit), un petit retrait sur l’aigu et de la coloration dans le (bas) médium — de sorte que le haut médium en sort un peu souligné par contraste. De ce point de vue, comparé directement sur mon système sédentaire avec ce que peuvent offrir des casques comme le HE6SE, mon HD800 (tweaké) ou mon Ergo AMT, ou même avec ce que peut donner mon HD600 sur un DAP, ça me semble moins naturel, moins fluide et moins aéré. Écoute colorée, donc. Mais il faut tenir compte à la fois du différentiel de tarif et de la différence radicale d’usage (il faudrait au moins tracter une roulotte pour emmener du matériel sédentaire en balade!). De plus, en revenant à une comparaison moins disproportionnée, la comparaison avec mon PXC550, que j’utilise à peu près de la même manière, me paraît remettre l’église au milieu du village. J’aime bien mon Sennheiser nomade et je l’utilise avec plaisir, mais à la comparaison directe avec d’autres de mes casques sédentaires, j’entends clairement qu’il en “rajoute”, de manière excessive dans le haut médium; à l’écoute et, en comparaison avec l’Audeze, il me paraît assez différent, mais un peu moins “propre” que le Möbius. Les deux ont leurs avantages, les deux ont leurs inconvénients: je pense que je préfère le Sennheiser, mais c’est purement subjectif et je pourrais très bien m’accommoder de l’Audeze.

Comme disait Francis Blanche, “qu’est-ce qu’on fait? On se risque sur le bizarre, même si ça va rajeunir personne?”… Ben oui, avec l’intégrale des quatuors à corde de Ginastera par le Cuarteto LatinoAmericano. J’avais entendu en concert, il y a longtemps, une pièce de Ginastera, dont j’ignorais alors jusqu’à l’existence même, et qui m’avait d’emblée conquis dès le premier mouvement. Je sais maintenant qu’il s’agissait de l’Allegro Violento ed Agitato du 1er quatuor. Les Cuarteto Latino Americano se sont, depuis 30 ans, spécialisés dans l’interprétation des quatuors créés par les compositeurs sud-américains, dont une intégrale de ceux d’Heitor Villa-Lobos. La restitution proposée par le Möbius est tout aussi agréable, avec les mêmes caractéristiques de coloration que celles que j’ai mentionnées précédemment — probablement aussi parce que j’ai passé une partie de l’été à écouter ces disques, ceux de Ginastera et des autres compositeurs sud-américains avec mon HD800, de sorte qu’il est peut-être peu étonnant que je trouve ici un petit manque de brillant. Il y a sans doute moyen d’améliorer les choses avec un équaliseur embarqué sur mon smartphone, mais cela dépasse mes piètres compétences. De plus, il existe une approche logicielle pour l’exploitation du Möbius et, si je décidais de m’en offrir un, j’explorerais sans doute la chose en détail et probablement avec une amélioration à la clef.

Derniers petits détails, après avoir réécouté les mêmes disques, et quelques autres pour une écoute immersive de plusieurs heures, en filaire, sur mon petit système en rentrant chez moi, et avoir constaté qu’un petit voile se lève, j’ai aussi essayé de tâter un peu des autres fonctionnalités. Certes, n’ayant pas de PlayStation4 (si je ne m’abuse elle serait connectable à l’Audeze), je n’ai pas pu essayer une écoute en 5.1, ni avec de la musique, ni avec des films. Mais j’ai tout de même utilisé un peu essayé la fonction 3D présente sur le casque (sur mon ordinateur portable car je ne sais pas s’il est possible de connecter le Möbius, ni comment, à mon téléviseur) en visionnant un film, avec un résultat plus qu’intéressant. Il est probable qu’il y a là quelque chose à creuser.

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En conclusion :

Certes, il est possible que ce casque puisse choquer les “puristes”. Mais cela n’est pas mon cas. Sans pousser la recherche très loin, puisqu’il existe une application Möbius proposant des réglages avancés, la qualité audio est au rendez-vous. Et la restitution est non seulement largement suffisante pour écouter de la musique, chez soi comme en ballade, mais même, dans ce dernier cas, l’Audeze réussit le pari d’une écoute nomade, voire nomade et sédentaire, de qualité. Est-ce que l’on est au niveau d’un système dédié high-end pour casque? Certains jugeront évidemment que non, et ce n’est sans doute pas le cas. La restitution est-elle neutre? Sans doute pas: cette écoute propose un type de coloration assez nette. Mais soyons lucides: ce type de qualité d’écoute en ballade était tellement loin d’être disponible il y a à peine vingt ans, qu’il n’en était pas même question. Un téléphone, un abonnement de streaming, des fichiers dématérialisés sur un DAP, avec un système Bluetooth, et ce casque permet d’emmener l’équivalent d’une petite chaîne hifi partout avec soi, avec un encombrement minimal, tout en ayant la possibilité d’utiliser le même casque chez soi, sans réelle frustration et avec plaisir. Ajoutons-y les possibilités ouvertes aux cinéphiles ainsi qu’aux gamers (dont je ne fais pas partie), et l’on a ici un “tout en un” plus qu’intéressant, de très bonne qualité, dont le tarif, encore accessible puisqu’il se situe autour de 400€ (voire moins dans certaines offres) et permet d’espérer que le petit papa Noël (qui ne saurait tarder à pointer le bout de sa hotte) en dépose un dans les souliers de ceux qui auront été assez sages.

 

Eric_dub
HCFR – Décembre 2019

 

– lien vers le sujet HCFR dédié aux casques audeze mobius : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-sedentaires/audeze-mobius-t30086774.html

 

 

 

 

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