Quand l'image envahit le concert de musique classique !

[philou3]

Deux représentations à l'Opéra de Rouen m'ont frappé par leur qualité d'interprétation mais interrogé quant à l'usage , que je juge abusif , d' images projetées pendant le concert .


Premier exemple : le Requiem de Fauré , en novembre dernier .

Laurence Equilbey dirigeait . Je n'ai pas toujours bien compris sa gestuelle et sa battue mais , bon , je ne suis pas du métier : c'était fort beau , au final , et c'est l'essentiel .
L'Orchestre de l'Opéra de Rouen a d'ailleurs quelques bien beaux pupitres , en particulier sur les vents .

Mais voilà , alors que nous écoutions cette oeuvre finalement apaisée , sereine devant la mort , nous eûmes droit , immédiatement , à la projection de deux longues vidéos d'un vidéaste anglais , sur l'écran géant de la scène .
La première nous faisait entrer , par les fenêtres d'un immeuble délabré , dans des chambres , et nous montrait des humains manifestement en train de mourir , entourés de leurs proches ( apparemment pas des comédiens ...) . Pénible impression de voyeurisme . Sinistre .
Par la suite , de longs plans sur des vautours en train de becqueter des cadavres exposés à l'air libre : rites funéraires tibétains . On peut ne pas aimer .
Mon épouse a refusé de regarder et a fermé les yeux : de nombreux spectateurs ont fait de même , je pense .
Ces images étaient éprouvantes et parasitaient le concert au lieu de l'enrichir .


Deuxième exemple : Tristan , en juin .

Orchestre manifestement très motivé et c'est une véritable épreuve physique , pour le chef et les instrumentistes !
Très bonne Isolde .

Pas d'écrans de sous-titrage , contrairement à l'usage , alors que l'allemand est peu appris en France .Voulu par le vidéaste : il fallait que le public se concentre ...sur ses vidéos .
Mais le metteur en scène , si on peut dire , était un vidéaste .
Donc quasiment point de mise en scène , pas de décors , pas d'accessoires , pas de costumes , rien ; les chanteurs placés derrière un écran transparent et réduits à l'état d'ombres .
Mais , sur le rideau de scène , évidemment gigantesque , projection permanente de vidéos montrant des femmes entièrement nues , sous tous les angles , flottant dans l'air puis dans l'eau , nous montrant absolument tout de leur anatomie . La thèse du vidéaste étant qu'Isolde est une érotomane ...
Impression pénible d'une sorte de provocation gratuite , à l'extrême limite du sacrilège , tant par rapport au livret qu'à la musique .
Ces images nous étaient imposées tout du long : soit vous regardiez et ça perturbait la réception de la partition , soit vous fermiez les yeux . Des spectateurs sont partis au moment du premier entracte .

[haskil]

Je voulais venir pour Tristan et Isolde car le Theâtre des Arts renouait avec son glorieux passé de premier théâtre wagnérien de France... Mais j'ai dû annuler ma visite.

Quelque chose me dit que cette vidéo remplaçant la mise en scène, les décors a dû être un choix fait en son temps pour des raisons financières...

Les deux descritpions que tu fais sont terrifiantes...

[menthalo]

Deuxième exemple : Tristan , en juin .

Orchestre manifestement très motivé et c'est une véritable épreuve physique , pour le chef et les instrumentistes !
Très bonne Isolde .

Pas d'écrans de sous-titrage , contrairement à l'usage , alors que l'allemand est peu appris en France .Voulu par le vidéaste : il fallait que le public se concentre ...sur ses vidéos .
Mais le metteur en scène , si on peut dire , était un vidéaste .
Donc quasiment point de mise en scène , pas de décors , pas d'accessoires , pas de costumes , rien ; les chanteurs placés derrière un écran transparent et réduits à l'état d'ombres .
Mais , sur le rideau de scène , évidemment gigantesque , projection permanente de vidéos montrant des femmes entièrement nues , sous tous les angles , flottant dans l'air puis dans l'eau , nous montrant absolument tout de leur anatomie . La thèse du vidéaste étant qu'Isolde est une érotomane ...
Impression pénible d'une sorte de provocation gratuite , à l'extrême limite du sacrilège , tant par rapport au livret qu'à la musique .
Ces images nous étaient imposées tout du long : soit vous regardiez et ça perturbait la réception de la partition , soit vous fermiez les yeux . Des spectateurs sont partis au moment du premier entracte .

J'ai assisté au TRISTAN & ISOLDE à Rouen.

C'était une première pour moi : un opéra de Wagner

La veille, j'apprends dans l'Email de Rappel que l'Opéra ne sera pas sous-titré, en raison du caractère immersif de la mise en scène

j'ai assisté à la présentation de l'oeuvre et de l'intention du metteur en scène : j'ai trouvé cela d'ailleurs très bien fait et assez intriguant

résultat :j'ai applaudi l'orchestre et les interprètes et hué le metteur en scène !!

Une véritable fumisterie cette mise en scène avec la vidéo géante de surcrois

j'avais hué également le duo de metteur en scène sur le Madame Buttefly il y a quelques années en raison de l'écran vidéo géant qui physiologiquement ne permet pas de concentrer son regard sur les interprètes ni sur la mise en scène au sol
https://www.opera-online.com/fr/columns ... e-normande


Pour ma part, quand je vais voir un spectacle vivant, je n'ai pas envie de voir de la vidéo !

Mais bon, c'est la tendance du moment en concert pop-rock et désormais à l'opéra
Cela sera difficile de passer à travers
Difficile de le savoir à l'avance quand on réserve sa saison, mais je serai désormais très vigilant sur les prochains opéras rouennais !!

[menthalo]

Quelque chose me dit que cette vidéo remplaçant la mise en scène, les décors a dû être un choix fait en son temps pour des raisons financières...

Honnêtement Haskil,

quand je vois, ce que propose certaines compagnies de théâtres de rue avec si peu de moyens pour nous faire plonger dans l'univers de la pièce et de l'auteur , la contrainte financière réelle du Théâtre des Arts a été un faux problème sur cette production...

c'était un choix intello-provocateur d'un metteur en scène qui vient du documentaire et non du spectacle vivant

Cela m'a donné surtout envie de voir une vraie version de spectacle vivant, car j'avoue j'ai été très touché par l'écoute à défaut d'un spectacle de mon premier opéra Wagnérien

[Pio2001]

Cela m'a donné surtout envie de voir une vraie version de spectacle vivant, car j'avoue j'ai été très touché par l'écoute à défaut d'un spectacle de mon premier opéra Wagnérien

Tu m'as donné envie de revoir les quatre opéras Der Ring des Nibelungen, par Shenk et Lévine au Métropolitan Opera. J'ai le coffret DVD.
Comme dit le commentaire de présentation, dans cette version, au moins, quand tu es censé voir un rocher, tu vois un rocher, quand tu es censé voir un dragon, tu vois un dragon.

These are very traditional productions in which you see a rock where you need to see a rock, a dragon where the libretto says a dragon (the Metropolitan Opera has never been a place for experiment).

[menthalo]

On trouve sur Youtube une version "modernisée" en termes de mise en scène donnée à Aix-En-Provence de ce TRISTAN & ISOLDE

là on voit au moins quelque chose , mais on est très très loin de la Cornouaille

[haskil]

Quelque chose me dit que cette vidéo remplaçant la mise en scène, les décors a dû être un choix fait en son temps pour des raisons financières...

Honnêtement Haskil,

quand je vois, ce que propose certaines compagnies de théâtres de rue avec si peu de moyens pour nous faire plonger dans l'univers de la pièce et de l'auteur , la contrainte financière réelle du Théâtre des Arts a été un faux problème sur cette production...

c'était un choix intello-provocateur d'un metteur en scène qui vient du documentaire et non du spectacle vivant

Cela m'a donné surtout envie de voir une vraie version de spectacle vivant, car j'avoue j'ai été très touché par l'écoute à défaut d'un spectacle de mon premier opéra Wagnérien

Rien de comparable : le théâtre de rue a la rue pour décors...

Dans un opéra la construction des décors coute une fortune.

Je ne suis pas trop adepte de la vidéo qui tient lieu de scénographie (de décors et de lumières donc), mais j'ai néanmoins apprécié deux productions ainsi faites : une de Tristan à l'Opéra de Paris et une du Barbier de Séville au Brésil...

Dans le cas présent, Rouen a effectivement des problèmes financiers, en partie dus aux choix politiques faits par le maire de la ville, et la vidéo coutâit moins cher en consruction de décors, en lumières, en temps de répétitions scèniques... Que le résultat ait été raté est une autre chose : il y a tant de façons de rater une mise en scène dans des décors et des lumières hideuses...