ericb56 a écrit:"Cela me rappelle la sentence martelée par Rod Elliot (un électronicien avec une expérience considérable, très connu pour sa contribution au monde du DIY, quelqu'un de très pragmatique et mesuré) à propos de la "correction électronique de salle" (de cinéma en l’occurrence): "You cannot correct time with amplitude !" Il est aussi intéressant de relever que dans son article, Rod Elliot pointe notamment le fait qu'il a lu dans le mode d'emploi du processeur numérique dédié au système de son cinéma SDDS que Sony écrit exactement la même chose : qu'on ne peut pas égaliser une salle avec sa réverbération et ses réflexions. Pourtant le processeur en question est plein d'égaliseurs, mais ils doivent être utilisés pour autre chose que la correction de salle et, toujours d'après Rod Elliot, Sony recommande de les utiliser après s'être assuré qu'on mesure moins la salle que les enceintes qui y sont installées ! Comme quoi."
A ce sujet, il convient de bien distinguer deux situations complètement différentes : le "régime modal", qui concerne les fréquences en-dessous de la fréquence de transition de la pièce, et le "régime diffus", qui concerne les fréquences au-dessus de la fréquence de transition.
Tout ce qui est écrit dans la citation est exact en ce qui concerne le régime diffus.
Chez moi je suis à 100 % en champ diffus au-dessus de 1000 Hz, et partiellement au-dessus de 200 Hz. Sous 200 Hz, je suis en régime modal.
En régime modal, ces indications deviennent fausses, car l'égalisation peut parfois corriger la pièce. Pas à 100 %, d'accord, mais si on peut enlever 50% des défauts, pourquoi se priver ?
Je cite Floyd Toole, dans "Sound Reproduction", page 242, au sujet d'une comparaison entre égalisation par changement de position du point d'écoute en dehors de la résonance et égalisation électronique d'une résonance à 42 Hz :
"Looking similar [sur le waterfall] is one thing, but how did they sound ? Over several months, colleagues, audio journalists, and interested social visitors were subjected to simple A versus B comparisons of the two conditions. The overwhelming conclusion was that they sounded remarkably similar in every respect and very much better than the original condition. The most dramatic demonstration sound was a well recorded kick drum that, before treatment, was amusingly fat and flabby and, after treatment, became an abrupt slam -as it should be. It was audibly obvious that the time-domain problem had been repaired."ericb56 a écrit:@ pio2001,
"Mais pour faire simple on peut commencer par déconstruire une idée reçue : il n'existe pas de distinction absolue entre "amplitude" et "temps". Il n'existe que des ondes, c'est à dire des variations d'amplitude au cours du temps.
On peut représenter un signal comme une fonction réelle du temps (c'est ce qu'on voit dans Audacity), ou comme une fonction complexe de la fréquence (courbes d'amplitude et phase). Ce sont deux vues du même signal.
Une correction est une transformation de ce signal. Il change de forme. Il n'y a pas d'un côté l'amplitude, et de l'autre le temps. Il change de forme. C'est tout."
Ce que tu écris est vrai si le système est à phase minimale et l'on peut alors passer de la phase à l'amplitude par une transformée de Hilbert et réciproquement. Le problème est qu'à la résonance, le système enceintes/local est tout sauf à phase minimale et l'on ne peut donc raisonner comme tu le fait.
Je suppose que ta réponse concerne plutôt mon affirmation comme quoi l'égalisation peut corriger un problème temporel (uniquement en régime modal, j'oublie parfois de le préciser). Car dans le paragraphe que tu cites, je ne fait qu'énoncer des généralités.
Je reprends plus en détail :
ericb56 a écrit:Ce que tu écris est vrai si le système est à phase minimale
Ca dépend de ce que j'ai écrit.
A phase minimale, théoriquement, une égalisation simple pourrait tout corriger. En pratique, cela ne marche que partiellement.
A phase non minimale, une égalisation simple améliorera les choses sans pouvoir tout corriger. Une égalisation plus élaborée (amplitude et phase) pourrait théoriquement corriger davantage. Mais je n'ai jamais eu l'occasion d'essayer.
ericb56 a écrit:Le problème est qu'à la résonance, le système enceintes/local est tout sauf à phase minimale et l'on ne peut donc raisonner comme tu le fait.
Cela dépend. Mes deux résonances à 54 et 69 Hz sont bien à phase minimale. Je mesure l'excess group delay au point d'écoute. Le group delay est l'opposé de la dérivée de la phase par rapport à la fréquence, donc une autre lecture, bien plus claire, de la phase. Et l'excess phase (respectivement excess group delay) est la différence entre la phase mesurée (respectivement group delay mesuré) et la phase minimale (respectivement group delay minimal) théorique associée à la courbe de réponse mesurée.
L'excess group delay de mon système est plat dans le grave et correspond au group delay de mes enceintes. Le group delay ajouté par la pièce est une copie conforme du group delay minimal théorique à cette constante près (sauf au fond d'un trou dans la courbe de réponse, mais bon, là il n'y a quasiment pas de signal).
La mesure est même inférieure à ce qu'annonce le fabricant : j'ai 15 ms d'excess group delay dans tout le grave alors que Neumann annonce 20 ms de group delay pour les KH-120. Le reste n'est que le group delay minimal de ma courbe de réponse.
Pda0, un forumeur, a également des résonances à phase minimale chez lui et a montré une très nette amélioration temporelle avec une simple égalisation.
En revanche, je ne me rappelle plus quel membre ici a posté il y a quelques années une mesure montrant un mode à phase pas du tout minimale chez lui. Et ce n'était pas dans un trou de la courbe de réponse.
Donc ça dépend des pièces.
ericb56 a écrit:Il y a quelque chose de physiquement étrange à pouvoir mesurer un phénomène à 140 ms dans un environnement dont le "temps de réverbération" est d'au moins 600 ms. Le signal était-il tellement faible que la mesure était noyée dans le bruit de fond? Ces mesures doivent être effectuées à niveau élevé avec un casque de protection.
Cela s'explique par la forme très irrégulière de la décroissance, d'abord rapide, grâce à la correction active, puis très lente, lorsque la correction commence à diverger par rapport à la réalité. On observe le même phénomène avec un double bass array avant / arrière. L'absorption active à l'arrière de la pièce élimine la résonance pendant un court moment avant d'être rattrapée par la réalité.
Tu as tout le détail dans ce sujet de discussion, avec mon waterfall au point d'écoute, avec et sans égalisation :
acoustique-correction-active-et-logiciels-de-mesure/les-differentes-courbes-de-rt60-t30121978.htmlericb56 a écrit:Je pense que tu devrais mesurer le coefficient de surtension de cette résonance avec un générateur BF sans égalisation. Tu ajuste la fréquence F0 pour être à la résonance et tu relève le niveau avec un sonomètre (par exemple 100 dB). Tu cherche les deux fréquences adjacentes F1 et F2 (F2>F1) pour lesquelles le sonomètre indique -3 dB (97 dB dans notre exemple). Tu calcule le coefficient de surtension Q = F0/(F2-F1). Tu obtient ensuite la durée d'extinction de la résonance T = 2,2Q/F0.
Il est nécessaire de faire la mesure à un niveau suffisamment élevé pour ne pas être dans le bruit de fond.
Tu refais la même chose avec égalisation en reprenant la même valeur de SPL pour F0.
Je peux faire mieux : enregistrer directement la décroissance réelle en coupant la lecture d'une sinusoïde, plutôt que de l'estimer par un calcul indirect... qui me donnera une valeur aberrante quand la courbe de réponse est aplatie par l'égaliseur.
Je vais voir si je ne l'ai pas déjà fait.
ericb56 a écrit:Je crois qu'il faut se méfier comme de la peste des mesures en fréquence glissante dans le grave et au moins augmenter considérablement la durée du sweep.
J'ai comparé les mesures avec plusieurs durées de sweep. La seule différence est la diminution des erreurs de group delay avec les sweeps plus longs (pics infiniment hauts ou bas alors qu'on ne devrait avoir que des pics infiniment bas). Les mesures faites avec REW et le Umik-1 sont étonnamment stables et précises. Y compris par rapport au volume auquel je joue le signal test. Le micro détecte la fondamentale de mon mode propre à 27 Hz alors que les enceintes sont quasiment muettes à cette fréquence.
Bien sûr il faut distinguer le signal et le bruit.