wuwei a écrit:Une paire d‘enceintes deux canaux a pour objectif de reproduire un front d’ondes… par exemple celui pris par deux micros. Ce front d’ondes restitué ou reconstruit est alors le miroir du message sonore qui a été capturé et poursuit son chemin jusqu’aux oreilles de l’auditeur.
C'est une belle image, mais on en est loin. Un front d'onde est une surface, et en ne captant que deux points de cette surface, on perd toute l'information qui se trouvait en dehors de ces deux points. C'est comme si on faisait une photo avec seulement deux pixels.
rolex a écrit:Esscobar, est ce que vraiment « tout » est mesurable? ….
En audio, presque tout.
L'exception qui me vient à l'esprit est les très faibles sons. Notre oreille peut détecter des niveaux sonores de l'ordre de 0 dB à certaines fréquences. Pas sûr qu'il existe des micros capables d'une telle performance.
En revanche, il y a des tas de choses mesurables en théorie, mais qu'on omet de mesurer.
Les parasites isolés (clicks, cracks, pops) : on peut les mesurer, mais les bancs d'essais ignorent généralement ces problèmes. Si une interface audio USB crachotte une fois toutes les 5 minutes, c'est insupportable à l'écoute, mais cela échappe généralement aux mesures.
La compression de dynamique avec délai. Si la sortie casque d'un PC est réglée pour adapter le volume sonore au message musical avec un temps de réaction d'un quart de seconde, le résultat ne peut en aucun cas être qualifié de hifi. Pourtant, je parie qu'un banc d'essai n'y verrait que du feu, le DSP n'ayant pas l'occasion de modifier le volume durant la lecture du signal-test.
La compression avec pertes. Si une liaison Bluetooth dégrade le son pour le transmettre, je me demande si ça se verrait au banc d'essai.
rolex a écrit:Comment valident leurs modèles, les fabricants d’enceintes par exemple?
Ils regardent les mesures indiquer des avalanches de pertes et de problèmes.
Si on trace la courbe de réponse de l'enceinte avec une résolution de 1024 points, on voit 1024 problèmes. Avec une résolution de 4096 points, on voit 4096 problèmes. Mesurer c'est bien, mais cela ne donne pas la solution pour résoudre les problèmes.
rolex a écrit:Uniquement par des mesures à l’oscilloscope et autres « machines de torture » ?
Ça serait trop simple, non?
C’est une question, je n’ai pas la réponse sur ce qui se passe aujourd’hui.
Il y a autre chose : personne ne sait dire aujourd'hui ce que devrait être une enceinte parfaite.
D'abord, de la même façon qu'un haut-parleur ne peut fonctionner que monté sur une caisse, une enceinte ne peut fonctionner que dans une pièce. C'est particulièrement critique dans les très basses fréquences.
Sous, mettons, 80 Hz, l'enceinte se contente de fournir de l'énergie. Certaines en sont capables, d'autres non, et ça s'arrête là. Le délié, les timbres, la dynamique, la sècheresse, etc de tout ce qui se passe en dessous de 80 Hz, c'est 100% la pièce qui le fait. L'enceinte n'est qu'un moteur qui alimente la pièce, et sa puissance est le seul paramètre utile. A ces fréquences, tout le son est fait par la pièce.
Bien sûr, quand on change d'enceinte, le grave change, mais, outre la différence de niveau, c'est essentiellement parce que les sources de grave que sont les HP de grave et les évents ne sont pas exactement aux mêmes emplacements d'une enceinte à l'autre, ce qui fait réagir la pièce différemment.
Dans les hautes fréquences, on ne sait pas quelle directivité doit avoir une enceinte pour reproduire un semblant de front d'onde fidèle à l'original. Tout dépend de la technique de prise de son et, là encore, de la pièce. Et par-dessus-le-marché de la distance à laquelle on écoute.
La sensibilité des instruments de mesure est infiniment plus grande que tout cela. Aujourd'hui, on peut mesurer à quel point nos systèmes différent de l'original avec un grand nombre de chiffres après la virgule.
Les résultats, pris depuis le point d'écoute, montrent un chaos sans nom.
Ce résultat est complètement différent d'une pièce à l'autre. Et quand bien même on se limiterait à une pièce, entre le résultat chaotique d'une enceinte et celui d'une autre, on ne peut pas prévoir lequel sera préférable.