renecito a écrit:pierrepauljack a écrit:j'ai pû entendre de très bonnes prises de son en 44.1 kHz bien meilleures que des super over high résolution
Je confirme, un bon enregistrement bien masterisé en vulgaire CD, c'est de la bombe !
Ma foi… Pour ma part, je pense que c’est l’un des paramètres les plus déterminants : car non, l’écoute au casque ne “reproduit pas fidèlement la réalité” — mais seulement un enregistrement. Lequel est à la fois indépassable (comment le modifierait-on ?) et une sorte de paramètre “inconnu” (rares sont les circonstances dans lesquelles on peut participer à une session d’enregistrement en studio, et encore plus rare la possibilité d’en tirer quelque chose à propos de l’enregistrement qu’on écoute.
Au-delà, il me semble aussi que les questions de “résolution” etc. passent au fond à côté de ce qui est le plus important. Comme, par exemple, le fait qu’un casque ne doit pas “arrêter” ou “entraver” la possibilité d’écouter quelque chose. J’ai eu il y a longtemps un (très très) mauvais casque : un casque de marque Agfa (que je branchais sur le premier ampli-tuner Sansui SS800 que j’ai eu, vers 76-77) — c’est vraiment très mauvais. L’un de mes oncles m’a ensuite offert un AKG K240M. J’entends bien qu’il est limité dans le grave et qu’il manque un peu de “transparence” (le haut médium et l’aigu sont un peu chahutés) et que ce n’est certainement pas le casque le plus neutre de l’univers. Mais il présente cet avantage : on s’y habitue en quelques secondes et on peut écouter de la musique (France Musique à cette époque pour moi) sans avoir envie de fuir à toutes jambes.
C’est une caractéristique des “bons casques” : ils proposent une restitution qui n’est pas marquée par des colorations (en plus ou en moins) trop insupportables — et l’on peut “adhérer” à la proposition. Et cela se vérifie — après coup : car qui a la possibilité de mesurer un casque avant de l’acheter ? peu de gens… — à la mesure. Par conséquent, la mesure n’est pas une sorte de “recette magique” ou de mode d’emploi pour choisir un casque : c’est un procédé articulé avec l’usage que l’on fait du casque (écouter de la musique, parfois un style de musique), qui permet d’acquérir de l’expérience et d’apprendre peu-à-peu à faire des choix un peu plus éclairés.
Et j’ajoute qu’il existe
des casques très utilisables, pour des raisons variables. Si je n’écoute jamais d’orgues et massivement de la musique baroque : ai-je besoin d’un casque qui reproduise le 20Hz sans perte ? J’en doute fort. Si j’utilise un casque pour monitorer un enregistrement de ma propre guitare, je doute également d’avoir réellement besoin d’un casque présentant une bande passante allant de 20 à 20000Hz (le choix des micros et de leur positionnement sera autrement plus déterminant). En revanche (et pour en avoir tâté), faire une prise de son, même en amateur, sur un couple piano/violoncelle, cela réclame déjà quelque chose d’un peu plus évolué qu’un K240M, et que ce ne sont pas les mêmes besoins que si c’est un duo violoncelle/violon. Mais il n’en reste pas moins qu’un Sennheiser HD58X fait très bien l’affaire — avec quelques autres, à la condition de bien en connaître les excès et les manques (dont HD600, HD650, DT880).
Il en va un peu de même chez soi. Mettons que l’on prenne le cas, à mon avis “complet”, consistant à écouter une symphonie (en posant que l’enregistrement est “bon”) : mieux vaudra alors choisir un casque capable tout de même d’approcher à peu près la bande passante “complètes” et sans trop de colorations (sachant que la “ligne droite” n’existe probablement pas : je ne l’ai jamais rencontrée). Mieux vaudrait aussi savoir quelle est la puissance admissible du casque (pour éviter les mauvaises surprises) : mais on ne le sait que très exceptionnellement. Et mieux vaudrait garder en tête que l’écoute se fait en conditions “domestiques” : donc non, on ne “reproduit” pas chez soi la “réalité” d’un orchestre symphonique à “volume réel” (à moins d’être masochiste, ou désespéré au point d’être sur le point de tenter de se suicider les oreilles).
L’écoute au casque, c’est comme l’écoute sur enceintes chez soi : on écoute “à volume réduit” — et cette réduction est une “image” en petit d’une réalité (elle-même refabriquée via les procédés d’enregistrement et de mise au point). Mettons l’un casque que j’ai récemment acquis grâce à René, le DT1990 : il est assez dénué de colorations trop évidentes et trop importantes pour qu’en quelques secondes on “s’y retrouve”. “S’y retrouve” veut dire : on reconnaît à quoi l’on affaire, cela active assez la mémoire que l’on a des instruments, des voix etc. pour que l’on puisse
croire à ce que l’on entend. Car c’est une croyance : on croit entendre un violon (ou une guitare — ou même un piano + harpe, ce qui commence à être plus exigent), mais il n’est évidemment pas là, il y a seulement assez de ressemblances entre ce que l’on entend et ce que l’on sait par ailleurs pour que l’on puisse se procurer cette illusion (et on sait que c’est une illusion, mais cela ne change pas la perception — pas plus que, dans la vie quotidienne, ce que l’on sait modifie les perceptions erronées, qui sont extrêmement nombreuses). Il en va de même si l’on écoute du jazz ou de la chanson (qui n’est pas accompagnée par un orchestre pléthorique).
Mais je ne parle pas du rock ou du reste : on est combien à avoir assisté à un concert du Pink Floyd et à pouvoir comparer ce que l’on a au disque avec le peu dont on se souviendrait ? Ou à connaître réellement les instruments employés et les réglages (depuis l’instrument jusqu’à la console employée) utilisés ? On est combien avoir chez soi un Strat, le même ampli et les mêmes effets que David Gilmour ? De sorte que la question serait : on compare quoi avec quoi ? À mon avis, à 99,99%, si l’on est honnête, on devra répondre que l’on compare ce que l’on entend en utilisant le casque tout neuf que l’on vient de recevoir avec ce que l’on a l’habitude d’entendre, parfois depuis des années, quand on se repasse les mêmes disques : tantôt on retrouve la même chose et on trouve ça formidable ; tantôt on entend quelque chose de différent et soit on fronce le museau parce qu’on préfère ses habitudes, soit on trouve que c’est merveilleux parce qu’on n’entend pas la même chose que d’habitude… Et probablement dans presque tous les cas un mélange de tout ça ajouté au fait qu’on se dit qu’on a vraiment bien fait de s’offrir un nouveau casque, alors que le précédent nous plaisait autant. De ce point de vue, il vaudrait mieux comparer l’écoute au casque et ce que l’on peut faire du côté du home-cinéma, en utilisant un casque pour regarder des films à grand spectacle : Star Wars, Indiana Jones, le Seigneur des Anneaux, etc. Quelle “réalité” serait-on en train de “reproduire” alors ? de ce point de vue et pour cet usage, on peut toujours estimer que, si le diffuseur est le moins coloré qu’il est possible, si ça marche dans un cas, ça marche dans tous. Mais on ne pourra pas faire d’objections particulières à qui dirait préférer un diffuseur (ou un système de diffusion) qui “fasse plus de grave” (ou de tout ce que l’on veut). Cela permet peut-être de s’apercevoir que ce que l’on recherche alors, c’est que ce soit le plus “spectaculaire” qu’il est possible…
Or, certains casques sont “spectaculaires” : ils présentent des colorations telles que cela met en avant tantôt le registre haut grave (fichtre, quel bassiste se dit-on), tantôt le haut médium et l’aigu (diantre, quelle “définition” s’exclame-t-on)… Suivant l’usage que l’on veut faire du casque dont il s’agit, mieux vaudrait rester prudent : si l’on écoute de la musique baroque, le même casque pourra être jugé insupportable — quand bien même il plaira énormément pour un autre usage… On me dira que tout cela est fichtrement “subjectif” — mais pas du tout. Car il n’est guère possible de savoir ce dont il retourne sans une véritable analyse technique avec mesures. Tout au plus, quand on écoute un disque et cela fait froncer le museau, même au bout de quelques minutes, devrait avoir la prudence de passer son chemin — mais on ne saura pas pourquoi. Mais alors tout cela est purement technique et objectif (j’entends déjà les “cela manque de romantisme !”) : mais pas du tout. Évidemment que les disques, les lecteurs de CD, les amplis, les casques (etc.) ne poussent pas sur les arbres ou dans les champs : ce sont des outils ou des machines, des objets strictement techniques et, comme tels, à décrire, comprendre et analyse techniquement. Mais avec un peu d’habitude, comme ils servent à écouter de la musique, des voix (etc.), on peut tout à fait comparer les impressions que l’on a avec ce que l’on peut comprendre : au point que, comme chacun le sait pertinemment, aucune “analyse technique” ne persuade jamais personne à elle seule “d’aimer” un casque (c’est même l’inverse qui se passe couramment).
Cdlt