YvesM a écrit:Pourquoi un niveau sonore si élevé ? Vous allez construire un vrai cinéma ?
Après plus il y a de rendement plus le souffle se fera sentir.
Excellente question.
Dans cette discussion, la question posée et le niveau sonore évoqués s’adressent au caisson de graves lequel contient le canal LFE et, dans le cas d’un bass-management, la somme des fréquences basses dérivées des canaux satellites.
D’une part, le niveau du LFE est supposé 10 dB plus fort que n’importe quel canal satellite (j’ai dit canal, pas enceinte). D’autre part, la somme des basses « en phase » de 7 enceintes (7.1) peut atteindre + 17 dB réels (20 x log 7). Même si ça n’arrive jamais, on peut avoir une dizaine de dB au-dessus du niveau de référence.
Au passage, le rendement n’ajoute pas de souffle dans ce contexte car la bande est filtrée à 120Hz maxi alors que le souffle est un bruit thermique qui croît de 6dB/octave donc, plutôt aigu. Notons aussi qu’un home cinéma se calibre 6dB moins fort qu’un vrai cinéma.
Pourquoi le niveau LFE est-il plus élevé que les autres canaux ? Il suffit de regarder les courbes isosoniques de l’ISO-226 pour constater qu’au seuil d’audition, notre oreille est 250 millions de fois moins sensible à 20Hz qu’à 4 kHz, soit un écart de 84 dB et la sensation d’un son 16 fois moins fort à pression acoustique égale. Je vous expliquerai ces calculs une autre fois si ça vous intéresse.
Cela dit, la notion de +10 dB est largement incomprise par la plupart des lecteurs de ce forum, des revendeurs et des installateurs de home-cinémas. Celui qui, par exemple, sonomètre à la main, règle l’enceinte centrale à 85 dB et le LFE à 95dB a tout faux ! Car d’une certaine façon, 10dB de graves au-dessus d’un spectre large bande à 85, ça fait 89 et pas 95. Voici pourquoi :
La pression acoustique mesurée varie avec la largeur de bande.
Quand on considère un spectre uniforme étalé sur 28 tiers d’octave depuis 40Hz jusqu’à 20kHz, chaque bande ayant un niveau sonore de 70,5 dB, la somme fait 70,5 + (28 x (2^1/3) = 85dB. Maintenant, si on ajoute 10 dB à chaque bande d’un spectre restreint entre 20Hz et 120Hz (LFE), la somme de 8 tiers d’octave à 80,5 chacun dB fait 89,5 dB. Et si le sub-woofer à pleine puissance décolle à 50Hz pour finir à 80Hz, ça ne fait plus que 85,2 dB, soit quasiment le même niveau sonore que les enceintes large bande malgré les 10dB ajoutés à chaque bande.
Et puis il faut aussi compter avec le facteur de forme. Un convertisseur A/D ou D/A est plein quand sa valeur numérique est FFFFFF….. Quand on convertit un signal sinusoïdal par exemple, seule la crête d’amplitude sera à FF…. La valeur moyenne sera plus faible de 3 dB (20 x log de racine de 2). Seul un signal carré peut réellement remplir le convertisseur. Et si on prend le signal sinus comme référence, le signal carré sera 3 dB plus fort.
Mais nous n’écoutons pas du signal sinus ou carré toute la journée, c’est lassant… La musique, le chant, les dialogues sont faits de signaux transitoires de durées aléatoires dont la moyenne énergétique est environ 10 dB plus faible en termes de puissance ou 20 dB si on considère la tension à la sortie de l’ampli. Cela signifie que lorsqu’on écoute un tel programme sonore les pics sont à la limite de l’écrêtage tandis que le niveau du signal utile est 10, 15 ou 20 dB plus faible en fonction de son contenu.
Le calibrage d’un caisson de graves est un exercice difficile qui demande de bien comprendre les phénomènes électro-acoustiques en jeu et pas mal de pratique.