rmsk a écrit:Tant qu'on reste courtois et que personne ne se dirige vers un point Godwin, tout va bien.
Je m'efforce toujours, tant que possible, de rester courtois et, disons, orienté sur ce qui est concrètement écrit, rester descriptif, etc. Comme je l'écris plus haut par ex, les 2 phrases que j'ai cité font partie d'une rhétorique charriant des idéologies juridiquement discutables voire répréhensibles. Ce n'est pas de la supposition, ces phrases ont été écrites, et ce n'est pas de la déviance, mais un ensemble d'arguments jamais repris de chœur sauf dans une vision du monde ne relevant pas de l'ouverture d'esprit, mais plutôt du contraire. Peut-être est-ce ici fait sans connaître l'inconscient collectif qui l'accompagne, mais pourquoi avoir alors citer, par ex, Soros plutôt qu'un vague "lobby LGBT", qui aurait été un postulat bien moins casse-gueule ?
D'une part, je pense que la vision déployée spontanément ici n'est pas rationnelle, mais plutôt de la chouinerie du Pauvre Petit Blanc (comme écrit Sylvie Laurent) qui a l'impression que laisser ne serait-ce qu'un cm² de représentation à d'autres que lui revient à tout donner (ce qui n'est pas le cas, càd qu'il y a la réalité, concrète, pour ainsi dire chiffrable, de la répartition des rôles sur les écrans, et l'impression déformées qu'ont certains quant à la présence de certains rôles.
D'autre part, il y a effectivement des discussions de fond à avoir sur les actuels changements sociétaux et l'évolution des représentations audiovisuelles qui les accompagne, mais à titre perso, ça m'intéresse beaucoup moins si ça doit m'amener à confronter des arguments aux relents plus que discutables, et souvent, eux, bien moins posés et concrets.
rmsk a écrit:Ça m'a permis de mieux lire ce qui se dit sur cette notion (le wokisme) et de découvrir qu'elle était devenue péjorative, alors que je pensais qu'elle recouvrait simplement l'idéologie militante de ceux qui revendiquent le fait d'être woke.
Je renvoie très basiquement sur le site de Wikipédia (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Woke) qui traite aussi de la cancel culture.
C'est effectivement le problème.
Être "woke", c'est être conscient des inégalités systémiques dans de nombreuses sociétés (dans le cas présent, les sociétés occidentales). Dans ce contexte, le "wokisme" serait quoi ? A priori, sensibiliser effectivement les gens à l'existence et la prise en compte de ces inégalités serait plutôt une bonne chose. C'est devenu un mot fourre-tout, souvent brandi à droite et très à droite, par les détracteurs des mouvements sociétaux plutôt favorable à une plus grande visibilité et audition des minorités de tout ordre, et l'acceptation que la majorité a jusque là plutôt bien profité (voire abusé) de sa position dominante. Typiquement, quand on brandit l'idée que Disney subirait un espèce de "go woke, go broke", on rentre dans cet usage du terme et de l'affrontement sociétal actuel qu'il traduit.
C'est cela qui, dans l'échange ici en cours, me pose question.
griosu a écrit:Relis mieux .... en suivant avec le doigt aurait dit feu Robert64 ... je ne parlais pas des films .... mais des publicités
Plus compliqué à démontrer, mais là aussi, 90% de persos minoritaires (ethniques, sexuelles) dans les pubs ? Allons donc.
griosu a écrit:Quelle ne fut pas ma surprise (doux euphémisme) de voir dans ce dernier opus .. Porthos (joué par Pio Marmaï) au lit ... avec un homme
Il fait partie des 4 persos du top 10 du BO FR. Il reste de la marge.
griosu a écrit:Je ne savais pas que c'était dans l'oeuvre de Dumas ? ..si ?? ... si c'est le cas sorry
Porthos est décrit comme un jouisseur hédoniste de premier ordre. Qu'il baise tout ce qui passe, y compris des hommes, est une liberté mais reste tout à fait cohérent avec cet hédonisme. Sauf à considérer que "oui mais pas ça".
Keron a écrit:Il a été cité plus haut l'épisode de Last of Us où un couple gay tient l'avant scène. J'avais souligné que j'avais apprécié cet épisode car il était construit et presque poétique. Il avait du sens dans l'histoire. Ce qui pose problème actuellement c'est que pour la plupart des films et séries, il s'agit simplement de cocher des cases pour débloquer des financements. Donc on te balance un bisou entre hommes ou femmes sans lien avec le scénario. Cela arrive comme cela. Juste pour cocher une case.
C'est un positionnement complexe, comme par ex peut l'être l'usage de discrimination positive (dont on ne devrait théoriquement pas avoir besoin, mais en pratique, quelle était l'état des lieux au moment où on s'est dit que finalement, ptet qu'il fallait en arriver là ?).
Il est évident qu'il y a des récupérations, politiques et économiques, mais elles sont les mêmes que quand on ne faisait que des films pour les blancs hétéros qu'avec des blancs hétéros (ou, à la rigueur, un blanc en blackface, ou des noirs mais des Mammy ou des Sambo). Simplement, l'objet mercantilisé a changé de forme.
Par contre, le fait est que si on part si l'idée qu'on est vraiment censé s'en foutre, et que les homos sont des personnes comme les autres (duh), alors un bisou entre hommes sans véritable lien avec le scénario n'a pas à être analysé différemment qu'un bisou entre un homme et une femme sans lien avec le scénario. Est-ce que ces bisous hétéros cochaient des cases ? Nul doute que oui pour certains d'entre eux (une bonne grosse pelle torride des familles pour donner Something for the dad, par exemple).
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu'on voit ce qu'on est en train de voir tout simplement car c'était censuré (ou auto-censuré) pendant des décennies (ou bien cantonné à des micro-budgets invisibles sauf aux aventuriers du cinéma). Cette libéra(lisa)tion de ces représentations vient aussi du fait que ce n'est, enfin, plus un problème pour les financiers, les producteurs, et une majeure partie du public (quoique certains en pensent). Personnellement, je pense que c'est une chose en plus, pas en moins.
Keron a écrit:J'aurai pensé que même les LGBT auraient critiqué cet affichage pour la forme qui rend le fait trop visible en terme de quota et les prend un peu pour des imbéciles qui gobent tout.
Je pense que quand t'as été invisibilisé et tu pendant des décennies, et que t'as soudain une porte qui s'ouvre, bah tu prends.
Surtout qu'on ne parle pas d'une inversion complète des représentations (quoique certains en pensent), mais uniquement d'une diminution d'une vaste sous-représentation structurelle.
Keron a écrit:Sincèrement, Tenia et d'autres, vous en pensez quoi ?
Que stéréotyper des nains en 2023 comme en 1937, c'est compliqué, et que c'est intéressant de voir que c'est Dinklage qui a, semble-t-il, fait remonter cela publiquement.