Paradoxalement, je suis assez d'accord avec ton post précédent, Powerdoc.
Car je n'ai jamais voulu d'une redite de
ST TOS (ça n'aurait en effet aucun sens aujourd'hui, et il suffit de me lire un peu pour savoir ce je pense des
remakes en général...).
En revanche, dès lors que l'on prétend prendre place dans un univers imaginaire préexistant (ici le
Star Trek Universe ou
STU), on se doit de le respecter scrupuleusement comme si c'était le monde réel. C'est ce qu'avait parfaitement réussi à faire Rick Berman (le successeur adoubé du créateur Gene Roddenberry) jusqu'en 2005. Il était en outre parvenu à apporter un maximum de complexité et de crédibilité à cet univers (cf. la maturité des personnages de
ST TNG, les nuances de gris de
ST DS9, les compromissions morales de
ST VOY, les paradoxes historiques de
ST ENT…) sans pour autant trahir le postulat utopique de
Star Trek (son identité même) ni contredire le contenu parfois daté de
ST TOS.
Oui,
ST TOS était kitsch ; Spock, Scotty, et Chekov avaient des caractérisations plus allégoriques que crédibles. Mais il n'empêche qu'ils existent ainsi dans la réalité de l'univers de
Star Trek. Les productions ultérieures se doivent donc de l'assumer honnêtement... au lieu de pratiquer des révisionnismes permanents rendant désormais le
STU totalement bancal et schizo.
Le plus simple aurait encore été pour Alex Kurtzman de situer toutes ses séries
ST dans un avenir lointain pour se libérer des "chaînes" de l'héritage sans toutefois le contredire.
À défaut, recourir à l'astuce d'une nouvelle
timeline officielle (comme dans les
Kelvin de JJ Abrams) aurait certainement permis de limiter les dégâts...
Mais alors situer ses séries (pour ne parler que de
SNW et des deux premières saisons de
Discovery) au voisinage chronologique immédiat de
ST TOS, qui plus est dans la même ligne temporelle et en recastant la plupart de ses personnages, c'est totalement casse-gueule presque soixante ans après. Cela aurait viable à la seule condition de connaître vraiment à la perfection tous les recoins de
ST TOS et d'avoir une vraie vision (ainsi qu'un courage) d'auteur. À la façon d'un Ronald D Moore sur
Battlestar Galactica 2003 (en osant notamment un
retro-tech des designs à la mode) ou d'un Manny Coto sur
ST ENT 04x18+04x19 In a Mirror, Darkly (avec une relativisation intelligente de la perception historique).
Mais en l'état, malgré un
cast assez solide et une
production value opulente,
SNW est assez catastrophique dans sa relation à
Star Trek. Les scénaristes de Secret Hideout font leur petite tambouille démagogique (entre autres des transpositions simplistes et anachroniques des USA d'aujourd'hui - les chaînes d'actu restant incomparablement plus nuancées) en se moquant bien des conséquences internes profondes sur le
STU (et son héroïne principale la Fédération). Par contre, ils multiplient les alibis racoleurs de
fan service pour donner le change (c'est ce que je nomme le
nostalgia porn).
Alors oui, tu as raison, Powerdoc, j'ai une idée assez précise de ce que doit être
Star Trek. Précisément parce que ce nom est engageant, qu’il est chargé d'Histoire, qu'il était devenu une référence de cohérence
internaliste entre 1964 et 2005, et qu'une production qui se permet d'utiliser ce label devient forcément comptable envers lui.
Et j'applique exactement le même raisonnement et les mêmes grilles aux autres vastes univers imaginaires (
Babylon 5, Stargate, Doctor Who, Star Wars, The Lord Of The Rings, A Song Of Ice And Fire, Foundation, MCU, etc.).