Pio2001 a écrit:Dagda a écrit:Il y a deux courbes qui comptent pour notre oreille : la courbe au point d'écoute, qu'on mesure en faisant tourner le micro autour du point d'écoute avec un bruit rose périodique. Ca c'est clair. Mais il y a aussi la courbe de réponse anéchoïque de l'enceinte dans l'axe. D'après les travaux de Floyd Toole, notre oreille l'isole du reste. Elle donne leur timbre aux attaques des notes de musique, même dans une pièce réverbérante.
Appelons la première la courbe A (courbe au point d'écoute), et la seconde la courbe B (réponse anéchoïque des enceintes dans l'axe).
La courbe A est la seule traitée par les systèmes Dirac, Audissey etc.
A l'inverse, les enceintes Genelec, Neumann, PSI, Dutch & Dutch, Kii etc misent tout sur la courbe B, qui est parfaite, et tant pis pour la courbe A.
Il est facile de corriger chez soi la courbe A, en effet, le problème, c'est que cela empire la courbe B. Or, en principe, notre oreille entend les deux.
Les conséquences sur le son d'une déformation de la courbe B pour améliorer la A sont peu étudiés.
Personnellement, j'ai essayé plusieurs fois de corriger la courbe au point d'écoute A avec les Neumann seules, qui ont une courbe B parfaite, mais une A imparfaite. Cela consiste dans mon cas à boucher deux trous de 2 dB à 2000 et à 5500 Hz. J'ai systématiquement eu un problème de courbe cible : la courbe avec une pente "standard" ne colle pas avec mon installation et je n'arrive pas à trouver exactement quelle cible conviendrait.
Remonter de +2 dB les deux trous ? Ca fait trop d'aigu. Descendre le reste de 2 dB pour tout aligner avec le fond des trous ? Ca ne fait pas assez d'aigus. Chercher un juste milieu ? Ca ne tombe jamais juste. D'ailleurs, dans ce dernier cas, à partir d'où faut-il commencer l'ajustement des fréquences voisines autour des trous ? De 500 à 2000 ? De 1000 à 2000 ? De 1500 à 2000 ? Mystère... Il est probable qu'il n'existe même pas de réponse juste à cette question.
Les spécialistes comme Floyd Toole recommandent de laisser tomber la courbe A et d'égaliser plutôt la courbe B au-dessus de la fréquence de transition de la pièce, autrement dit de laisser les moniteurs de studio neutres non corrigés dans le médium aigu. Après tout, ce serait le comportement d'un instrument de musique réel qui jouerait dans notre pièce.
Mais cela reste un débat :
La courbe A parfaite, c'est la "loge qui donne sur la salle de concert".
La courbe B parfaite, c'est les "musiciens dans notre salon".
Au cours de mes essais, le problème est toujours venu de l'incapacité à définir quelle devrait être ma courbe A idéale. Finalement le résultat a toujours été meilleur en laissant les deux trous non corrigés, et donc le son "direct" de l'enceinte Neumann hyper plat à partir de 600 Hz (courbe B OK, pièce corrigée en-dessous) et jusqu'à 5000 Hz, et légèrement descendant au-dessus de 5000.
Ce que j'aimerais bien savoir, c'est si j'avais une enceinte avec un index de directivité parfait, est-ce que mes tentatives de régler la courbe A auraient toujours les mêmes problèmes (et donc soit c'est moi qui règle mal ma transition avec la correction de la pièce, soit ma pièce est incorrigeable), ou est-ce que ça tomberait pile poil à l'oreille, mieux que ce que j'ai avec les Neumann et leur courbe B plate, et alors ce seraient les défauts de directivité des enceintes qui seraient à l'origine de l'échec de la correction de A.
Voila une réponse très intéressante et que je partage pleinement ! Notre système auditif sais en parti faire la différence entre la "courbe A" et la "courbe B", une enceinte qui a une directivité bien controlée pourra parfaitement faire coller la courbe A avec la courbe B, les compensations de la courbe A vis a vis de la courbe B dépendent totalement des cas et par exemple du ratio de champs direct par rapport au champs réverbéré, évidement dans des conditions idéale la courbe B domine, mais dans une pièce a vivre réverbérante la réponse en puissance de l'enceinte fera fortement varier l'équilibre tonale.
La compensation dépend donc totalement de la salle et du ratio direct/réverbéré, elle dépend aussi bien sur de l'amplitude des défauts de la réponse en puissance, donc évidement plus l'enceinte aura une réponse polaire sans accidents avec un DI également sans accident et plus ce sera simple et corrigible, même si la réponse dans l'axe n'est pas parfaite.
Je ne sais pas si je suis très clair