r4m a écrit:Sensibilité : 86,5 dB / 1 W / 1 m
On est d'accord qu'au dela de la puissance en Watts de l'ampli, ce qui va compter le plus pour bien alimenter ces enceintes à 86.5 dB, ce sera d'avoir un ampli avec une grosse source de courant, c'est bien cela ?
Il faut quantifier tout cela.
Pour cela, il faut revenir aux bases de l'électricité et de l'électronique, que l'on apprend au collège, puis ensuite au lycée.
Que l'électricité et l'électronique soient appliquées à l'audio ne change strictement rien au fait que :
- une différence de potentiel est une tension, qui s'exprime en volt ;
- un mouvement d'électrons est un courant, qui s'exprime en ampère ;
- le produit d'un courant et d'une tension pendant un certain temps permet d'effectuer un travail, qui s'exprime en watt.
En l’occurrence, pour obtenir un certain niveau sonore avec une enceinte, il faut lui appliquer une certaine tension (la différence de potentiel est ce qui commande l'enceinte) et mettre en mouvement les haut-parleurs va nécessiter de l'amplificateur un certain travail, car l'enceinte est une charge, qui consomme du courant alternatif, et une charge un peu particulière, car il y a des pertes ou des déphasages entre courant et tension en fonction de la fréquence.
Tout cela se quantifie en dBSPL, en volts, en ampères et en watt.
Si on part des mesures de Cabasse, exposées sous les liens que j'ai donnés plus haut, pour atteindre le niveau de crête (115 dBSPL à un mètre) d'un piano quart de queue jouant
fortissimo dans une pièce normale, adaptée à l'instrument, il faut pour une enceinte de 86,5 dB / 1 W / 1 m une puissance de 500 W en crête par canal, ce qu'un amplificateur qui développe 2x250 W efficace (ou "RMS" par abus de langage) en régime sinus entretenu atteindra forcément (c'est simplement mathématique, parce que le signal sur lequel l'amplificateur est mesuré est un sinus).
250 W efficace sous 8 ohms correspond à un courant RMS de 5,6 ampères environ (en arrondissant vers le haut), soit un courant crête d'environ 7,95 ampères.
Certes, en régime sinusoïdale (ou harmonique), le déphasage entre tension et courant à certaines fréquences peut modifier le courant que l'amplificateur doit fournir pour maintenir le signal de commande de l'enceinte (la tension, en fonction de laquelle les haut-parleurs produisent le niveau sonore cible) d'un facteur cosinus phi (phi étant l'angle de déphasage).
En général, en audio, les amplificateurs de puissance, lorsqu'ils sont sérieusement conçus (et sérieusement testés), tiennent un angle de déphasage de 60°, ce qui fait un facteur cos phi de 0,5, qui peut être considéré comme le pire cas général (même si on a vu de très rares enceintes exceptionnellement provoquer des déphasages un peu supérieurs).
Pour évaluer le courant supplémentaire éventuellement nécessaire pour alimenter une enceinte par rapport à une charge résistive pure, il faut connaître sa courbe d’impédance en fonction de la fréquence et sa courbe de phase. Sans ces données, on navigue à vue.
Mais de toute façon, les courants crêtes nécessaires pour alimenter une enceinte qui reproduit de la musique sont
extrêmement brefs (quelques millisecondes ou dizaines de millisecondes), comme l'explique fort bien Cabasse dans les documents ci-dessus cités, car ils correspondent aux transitoires (attaques des sons), tandis que le "corps" d'un son, qui va dicter la puissance moyenne nécessaire pour reproduire ce son, est d'un niveau sonore
considérablement plus faible qui ne nécessitera qu'une
puissance moyenne considérablement plus faible que la puissance crête.
Comme en moyenne l'amplificateur ne délivrera qu'un très faible courant pour reproduire de la musique, on peut raisonnablement considérer qu'il aura toujours suffisamment d'énergie en réserve pour produire le courant nécessaire sur les crêtes, même en situation de déphasage sévère. Du moins si l'amplificateur est correctement conçu. Par conséquent, dimensionner un amplificateur en ne regardant que sa puissance efficace ("RMS") sur la charge qui correspond à l'enceinte est raisonnable. De toute façon, en hifi, les constructeurs ne spécifient généralement par leurs amplificateurs autrement.
Encore, cette situation est-elle extrême, car on part du principe que l'on veut reproduire à l'identique un instrument naturel (un simple piano) enregistré sans aucun artifice, car un tel enregistrement contient la dynamique de signal (écart entre le niveau le plus fort et le plus faible) la plus extrême.
Pour les musiques de variété, rock, pop, rap,
dance etc..., les niveaux moyens peuvent éventuellement être un peu supérieurs (notamment dans le grave), mais les niveaux de crête sont en règle générale considérablement plus faibles que dans un enregistrement de musique naturelle du fait d'un usage abondant en studio de production de la compression de dynamique. Les puissances d'amplification nécessaires pour reproduire ce type de musique sont donc généralement plus faibles (il y a des exception, notamment en musique électronique), car les niveaux sonores de crête qu'il faut atteindre sont inférieurs à ceux des instruments mécaniques naturels enregistrés sans compression.