Jean-Pierre Lafont a écrit:Ce sujet a déjà été évoqué plusieurs fois.
Initialement la bande son des films est mixée pour être lue sur les installations professionnelles des salles de cinéma. La largeur de bande (spectre des fréquences), la dynamique sont contenus dans des limites fixées par des normes généralement respectées.
Note: le terme "mixage" est une étape du travail de post-production. Ici il est employé au sens plus large pour désigner l'élaboration de la bande son du film.
Le report sur les supports à usage domestique, DVD, DB, est une opération spécifique supplémentaire effectuée au stade du Mastering et Authoring. A ce stade on considère que le contenu sonore sera écouté dans un environnement conditionné par des contraintes qui n'existent pas dans les salles de cinéma. D'où la volonté d'apporter certaines modifications à la bande originale.
- Environnement domestique bruyant = nécessité de relever les bas niveaux.
- Pièce non isolée = risque de créer des nuisances pour le voisinage = nécessité de baisser les niveaux élevés.
- Acoustique de la pièce non corrigée = réponse en fréquence ajustée pour la reproduction dans un contexte d'habitation.
- Equipement audio/video grand public : plage dynamique limitée.
- Restriction de la place sur le support en regard d'un DCP (bien que cela concerne davantage l'image).
Les lecteurs de ce forum sont souvent des passionnées qui rivalisent d'efforts pour reproduire chez eux le son et l'image qu'ils auraient dans une bonne salle de cinéma. Mais si on considère l'étendue du marché audio/vidéo, ils ne représentent qu'une toute petite partie (<1%) des consommateurs. Vu de l'extérieur, le home-cinéma est un loisir de riches (même si beaucoup d'entre nous se privent durant des années ou bricolent avec des bouts de ficelle pour se l'offrir).
La version "home-entertainment" du film est faite pour le plus grand nombre de gens, qui n'ont d'autre choix que de visionner le film sur un téléviseur dans l'environnement d'une pièce à vivre.
Entre termes plus prosaïques, le contenu sonore doit pouvoir être entendu et compris par la ménagère qui fait sa vaisselle avec la télé posée sur le frigo, entourée par ses enfants qui jouent aux cowboys.
Ces restrictions volontaires sont parfaitement assumées par l'industrie.
C'est encore pire avec le streaming où d'autres contraintes techniques viennent s'ajouter (choix assumé par le consommateur).
L'Atmos n'est pas responsable de ce qui précède. En revanche, l'Atmos est largement dénaturé par la réduction drastique des caractéristiques initiales en raison des restrictions matérielles imposée par l'environnement domestique (notamment la imitation des espaces et du nombre de sources). L'impact est certes dommageable pour quelques cinéphiles avisés mais il est sans conséquence pour le plus grand nombre qui reste persuadé que cette technologie apporte une meilleure immersion parce que le son vient de tous les côtés.
Merci pour cette explication détaillée Monsieur Lafont. Voici cependant une « exception » qui confirme aussi la règle.
Si vous en avez l’occasion, procurez vous le blu-ray US du film The game de David Fincher chez l’éditeur Criterion. Il y a sur ce blu ray la piste son cinéma originale (mais restaurée donc pas originale) ainsi qu’une piste home cinéma (ou tv ).
-New, restored digital transfer, supervised by director of photography Harris Savides, with original theatrical 5.1 surround soundtrack, presented in DTS-HD Master Audio on the Blu-ray
-Alternate 5.1 surround mix optimized for home theater viewing, supervised by sound designer Ren Klyce and presented in DTS-HD Master Audio