Pio2001 a écrit:oso a écrit:Les enregistrements réalisés dans une chambre sourde ou à l'extérieur ne paraissent pas aussi pertinents car ils portent une signature intrinsèque qui ne permet pas à la prise de son de fusionner avec l'acoustique d'une (bonne) salle domestique: l'oreille (le cerveau) détecte tout de suite qu'il s'agit d'une reproduction et la comparaison avec l'instrument situé dans la pièce est alors faussée.
Vraiment ?
Je constate en effet plus ou moins la même chose, mais il y une autre explication possible : la présence d'une acoustique déjà présente dans l'enregistrements brouille le message sonore. Les enregistrements réalisés en acoustique mate paraîtraient moins fidèles parce qu'ils mettent mieux en évidence les défauts de nos systèmes. Ou parce que, pour les enregistrements en plein air, on y entendrait mieux la bande d'absorption liée à la réflexion du son sur le sol, qui serait alors isolée de toute autre réflexion, et donc très audible.
Dans la nature, ce qui parvient à nos oreilles est toujours constitué de sons directs en provenance de l'instrument, et des sons issus de son interaction avec l'environnement (salle de concert par exemple). Selon les gouts, les habitudes culturelles, certaines pièces peuvent se montrer inadaptées: un trousseau de clefs qui tombe au milieu d'une pièce nue (ça fait mal aux oreilles), un chanteur dans une cabine de douche (ça résonne), ou plus régulièrement, un quatuor dans une église (c'est pas fait pour).
Mais en tous les cas, le son ne peut être émis que dans un lieu qui interagit avec la source primaire. En ce sens, l'acoustique du lieu ne brouille pas le message sonore, puisqu'elle en fait partie: l'instrument et la lieu font partie d'un tout indissociable.
Pour que la musique soit agréable à entendre, il suffit que les musiciens choisissent une acoustique adaptée. Le Musikverein de Vienne n'est en général pas considéré comme un facteur de dégradation du son de l'orchestre, au contraire (un orchestre ou n'importe quel autre instrument dans une chambre sourde donne un résultat assez peu agréable).
A mon avis, c'est 1) l'ajout presque systématique de réverbération artificielle et 2) le mélange de prises de son qui ne sont pas en phase, qui créent une gène sur les enregistrements habituels de musique classique: parfois jusqu'à 8 micros pour enregistrer un piano... reproduit sur 2 enceintes: résultat, le son est brouillé, et l'image ne se déploie pas de façon naturel (son hyper défini à cause d'un couple de micros placé près du sommier, et noyé dans la réverbération captée par des micro éloignées, et donc hors phase par rapport aux premiers, etc...).
Les enregistrements de musique de studio s'affranchissent de l'interaction avec l'acoustique en ne captant qu'une portion seulement de l'émission de chaque instrument (bouche collée à un micro spécifique par exemple); Par la suite, chaque piste mono est mélangée aux autres avec des effets qui créent l'esthétique voulue par l'éditeur. L'objet sonore final est généré, non pas sur une scène de concert, mais sur des enceintes de studio. Je n'apprend certainement rien à personne, mais il faut insister sur le fait que cette technique d'enregistrement, qui n'est pas critiquable en soi, n'est d'aucune utilité pour vérifier si une chaine reproduit fidèlement les sons (pas de référence possible puisque tout y est artificiel).