Ajr a notamment écrit :
ajr a écrit: NB à l'intention des fidèles auditeurs de France Musique: après l'émission matinale - Au coeur de l'orchestre - de Christian Merlin, de 9h00 à 11h00, le - Tribune des critiques de disques - de la saint Valentin sera consacrée au - Carnaval - de Schumannn, avec la participation d'Alain Lompech_ haskil sur le forum HCFR.
Cette remarque de notre ami Ajr m’a incité à me replonger dans le passé et a écouté une émission qui figure parmi les plus vénérables de la chaine et que j’écoutais autrefois chaque dimanche. C’était, il y a vraiment très longtemps, quand une antenne sur le toit me permettait de capter France-Musique en FM. Je me souviens avec nostalgie de cette émission qui m’a tellement marqué. En me remémorant, je crois réentendre la voix de ses intervenants (dont j’ai recherché les noms) : celle bien à sa place du présentateur Armand Panigel, celle rocailleuse du terrible Antoine Goléa et celle plus posée de ses sages contradicteurs, José Bruyr et Jacques Bourgeois.
L’émission de ce dimanche réunissait un présentateur et trois éminents critiques dont l’un bien connu sur le forum, Alain Lompech. J’ai pu ainsi mettre un visage et une parole sur ses textes. Salut Haskil.
Le programme de l’émission de ce dimanche donnait à écouter différentes versions d’une œuvre pour piano, le Carnaval de Robert Schumann, une confrontation entre six versions, le but étant de n’en retenir finalement qu’une seule, celle qui paraitrait la meilleure. Après chaque extrait des six versions concurrentes écoutées en aveugle, chacun des critiques « réunis autour de la table » donnait son avis.
Robert Schumann n’est pas un compositeur dont la musique m’est familière et je n’avais aucune souvenir de ce Carnaval. J’ai appris qu’il s’agissait cependant d’une composition majeure de ce musicien et qu’elle était un exemple de son génie novateur. J’étais donc très intéressé de pouvoir l’entendre à travers six interprétations dont la diversité et la critique immédiate qui s’en suivait me permettraient d’en saisir panoramiquement l’essence musicale.
J’ai été heureux de pouvoir approcher ainsi le génie de Schumann et de pouvoir me rendre compte que, dans ce Carnaval, Schumann avait le pouvoir de peindre avec la couleur des sons. Après un prélude qui est l’évocation d’une mise en scène, l’œuvre se poursuit dans la présentation d’une série de personnages masqués. L’identité de ces masques se trouve dans le titre des morceaux qui composent l’oeuvre. Schumann les décrit avec une maitrise subtile. On trouve dans les extraits que j’ai entendus une série de masques, ceux de l’impétueux Florestan et d’un Eusébius calme et serein (deux traits de caractère du compositeur), le masque frivole d’une coquette échevelée comme la musique qui la décrit, une déclaration d’amour empressée et une jeune femme (probablement Clara, la fiancée du compositeur) pour la recevoir, et même le masque musical de Chopin.
Chopin dont Schumann devait se sentir assez proche puisqu’un des masques de son Carnaval porte son nom. Une préoccupation des trois critiques en écoutant la description musicale du masque Chopin était d’ailleurs qu’elle soit suffisamment ressemblante musicalement pour qu’on reconnaisse le personnage tout en évitant le pastiche et en faisant ressortir la main de Schumannn.
Les curieux pourront trouver le nom des différents pianistes en consultant les programmes de France-Musique. Le match s’est joué entre deux concurrents qui se sont finalement révélés être : Arturo Benedetti Michelangeli et Nelson Freire, deux très célèbres pianistes donc, l’enregistrement du premier étant ancien et malheureusement entaché de bruits de fond invasifs. J’ai cru percevoir un grand contentement dans le voix d’haskil quand Freire fut désigné à l’unanimité comme le gagnant de la confrontation.
Ce n’est que mon avis
Cordialement Olivier