Bonjour indien29,
Il y a beaucoup de choses, beaucoup trop selon moi, dans tes propos qui méritent une critique objective pour que cela soit aisé d'y répondre dans le cadre formel d'un forum de discussion, mais je vais m'y employer, parce qu'il m'apparaît important d'apporter la contradiction à certaines affirmations qui sont éminemment discutables.
Je commencerais, en guise de simple introduction, par relever ceux-ci dans tes écrits :
indien29 a écrit:On voit souvent l'expérience faite par G. Cabasse, d'avoir comparé sur une scène, des musiciens et leurs instruments, puis des enceintes.. après prise de son et amplification.
[...]
Avec deux enceintes, on pourrait y arriver pour un auditeur unique qui serait immobile, par copie de timbre (magnitude / phase) par une égalisation sur un spot d'écoute strict (30x30cm), à l'aide d'un convolueur, ça ne marcherait pas pour 2 auditeurs ou plus... ou beaucoup moins bien et sans doute ABXable.
Cabasse à l'époque n'a pas du tout fait cela, d'ailleurs, la démonstration était plus simple, il y avait une prise de son assez simple, une amplification et la diffusion sur 2 grosses enceintes de la marque.
L'ensemble prise de son / amplification devant être sans doute bien calibrée pour que l'équilibre tonal soit assez proche de l'instrument, les niveaux sonores limités pour que la distorsions soit contenue, mais une grosse paire d'enceinte bien amplifiée (toute marques sérieuses confondues) atteints sans trop de disto, une cible SPL équivalente à de nombreux instruments, en dehors de la batterie qui va demander quelque chose de plus sérieux en terme de diffusion (quelques milliers de Watts, quelques boites de subwoofers professionnels de sonorisation et ça passera.)
Par contre, les différences entre l'instrument et la reproduction par enceintes devaient être extrêmement variables en fonction des différents emplacement dans la salle, puisque le rayonnement des enceintes n'avait rien à voir avec l'instrument original, l'illusion sans doute plus ou moins plausibles en certains endroits, mais un auditeur attentif entends forcément une différence (parfois un meilleur perçu avec l'instrument réel, parfois mieux avec la reproduction amplifiée...)
Ce que je relève, en gras dans ces extraits de ton message d'ouverture, c'est l'emploi trop fréquent du conditionnel et l'énonciation d'hypothèses.
J'ai déjà employé une formulation lapidaire sur un autre fil de discussion pour qualifier ce type d'opinions, qui nie ou refuse d'envisager qu'il soit possible de réussir la comparaison entre réel et reproduction. Je me cites : "Quand on arrive pas à battre Usain Bolt à la course, on cherche des excuses".
Il me semble nécessaire de développer ce jugement, plutôt sévère sur la forme, je le confesse, mais que je maintiens mot pour mot sur le fond.
Sans vouloir m'ériger en avocat de Cabasse (feu le Monsieur), le recours par cet homme et l'entreprise qui porte son nom à la comparaison directe entre le son d'instruments réels et la reproduction de l’enregistrement de ces sons dans des conditions bien déterminées est documenté du milieu des années 50 jusqu'au milieu des années 90. C'est-à-dire que Cabasse a pratiqué cet exercice, en privé et bien souvent public (notamment lors des maintenant défunts Festivals du Son de Paris, mais pas que), pendant
quarante années ininterrompues. Compte tenu de l'audience que drainaient les Festivals du Son, et de l'audience que drainaient plus particulièrement les démonstrations de Cabasse, on peut raisonnablement affirmer que les spectateurs individuels qui ont pu assister à ces démonstrations se comptent
en dizaines de milliers*.
Parmi ces auditeurs, certains ont laissé des témoignages favorablement impressionnés de ces séances. D'aucun sont connus dans le milieu des hifistes ou des audiophiles, comme Jean Hiraga. Beaucoup plus sont anonymes et se sont exprimés ou s'expriment encore parfois sous pseudonyme sur notre forum ou sur d'autres. Certains témoignages proviennent de personnes moins convaincues, voire qui n'ont pas été convaincues du tout par ces démonstrations (de mémoire, je n'en ai lu que deux en ce sens en 18 ans d'Internet) . Mais les témoignages défavorables sont minoritaires par rapport aux témoignages de personnes plutôt favorablement impressionnées. Je parles bien de personne qui ont témoigné avoir assisté à ces démonstrations, pas de celles qui en ont entendu parlé ou qui dissertent sur elles sans jamais y avoir assisté (J'ai le regret de me compter parmi les personnes qui n'y ont jamais assisté).
Face à une telle accumulation de documentations et de témoignages, le minimum d’honnêteté intellectuelle, avant de nier ou de minimiser la possibilité de réussir de telles comparaison ou d'en diminuer l'intérêt, c'est de tenter de les reproduire dans les conditions dans lesquelles elles ont été menées.
Et il faut aussi avoir l'humilité d'envisager la possibilité qu'échouer ne veut pas forcément dire que c'est impossible. Car si cela a été possible, dans certaines conditions, pendant 40 ans, c'est peut-être parce qu'ont y arrive pas (encore), pas que c'est intrinsèquement impossible.
Et pour y arriver, encore faut-il comprendre et maîtriser les conditions de l'expérimentation. Conditions qui contiennent en elle-mêmes les limites de l’expérimentation, car évidemment, comme toute expérience, la comparaison réel/reproduction à des limites de validité, limites sur lesquelles, d'ailleurs, Cabasse a communiqué avec clarté et transparence (à commencer par la position de l'auditeur par rapport à la base stéréophonique).
Et c'est là-dessus, sur ces conditions, qu'il va falloir approfondir la contradiction à ce que tu as écrits plus haut, car, bien que n'étant pas du tout un spécialiste ou un professionnel, il y a dans tes propos beaucoup de choses sur lesquelles il m'apparaît nécessaire de revenir à l'avenir.
Je m'excuse de ne pouvoir exprimer ces élément immédiatement ; mon travail ne m'en donne pas le loisir. Mais j'y reviendrai
Notes :
* La salle Havane du Palais des Congrès de Paris, que Cabasse louait pour ses démonstrations dans les années 90, c'est une capacité d'environ 300 places assises à plusieurs séances par jour pendant plusieurs jours et l'écho qui nous est resté est que cette salle ne désemplissait pas. Voir pour un faible aperçu de cette popularité, l'ouvrage Hommage ! Les maîtres français du son haute définition, ISBN 978-2-7466-8500-0.