Powerdoc a écrit:Je pense que la doctrine humaniste chère à Roddenberry est renouvelé . C'est une réaffirmation de l'humanisme dans un monde qui n'est plus naïf . Il n'y a pas les bons contre les mauvais, mais ceux qui sont animés par l'espoir et ceux qui sont gouvernés par la crainte.
La "doctrine humaniste chère à Roddenberry" est au contraire totalement reniée par la série Picard :
- racisme d’état devenu la nouvelle norme (abandon des Romuliens à l'extermination, confusion entre populations civiles et dirigeants antagonistes, proscription et même génocide des Synthétiques…),
- prétention dogmatique à décider de la vie ou de la mort d’espèces entières (cf. le discours kafkaïen de l'amirale Kirsten Clancy),
- arbitraire (ou manipulation) systémique (la fin de la saison 1 de Picard tente d’escamoter très malhonnêtement ce que son début avait établi, la saison 1 de Discovery avait fait exactement pareil…),
- sans oublier l'avalanche d'incohérences contextuelles et d'incompatibilités factuelles avec TNG, DS9 et VOY (à tel point que Picard n'appartient pas plus que Discovery à la timeline de ENT-TOS-TNG-DS9-VOY).
Dans Picard, exactement comme dans Discovery auparavant, la Fédération est simplement devenu le pire du monde contemporain mais avec bien davantage de technologie. En somme une vraie dystopie, mais habillée des atours lumineux de Star Trek. Ce qui peut certes faire illusion, mais cela n’en est pas moins une trahison de l’esprit trekkien et une tromperie sur la marchandise.
La doctrine roddenberrienne n’y survit plus que dans la tête de quelques personnages (Burnham, Picard…) fatalement jugés naïfs ou hors sol par la majorité des autres. Alors que le véritable Star Trek (i.e. pré-2009), cela n’a jamais été quelques héros idéalistes qui porteraient à eux seuls les valeurs de l’utopie au sein d’un monde pourri ; c’était à l’inverse une réussite collective, l’âge de maturité de l’humanité (et pas seulement d'une poignée d'individus prédestinés). La véritable héroïne de Star Trek, c’était la Fédération (UFP) elle-même !
Et by the way, Star Trek n’a JAMAIS été "les bons contre les mauvais", pas même dans la série originale (TOS). L’une des caractéristiques premières de cet univers de SF très différents des autres depuis 1966 (1964 en fait), c’était précisément l’absence de "méchants". Les divergences, les périls, et les affrontements éventuels résultaient "seulement" d’incompatibilités d’entendements, de rivalités d’intérêts, de relativismes de perspectives, ou de lois naturelles/physiques. Même l’iconique Khan de ST II TWOK était d’abord une victime - victime d’une effroyable injustice du destin (suite au cataclysme cosmique ayant frappé Ceti Alpha V).
Et c’est en fait la série DS9 qui avait vraiment renouvelé la doctrine humaniste de Gene Roddenberry, en la rendant plus réaliste, mais sans la trahir ni la dénaturer pour autant (au contraire ce que font Discovery et Picard). DS9 avait ainsi réussi à mettre à l’épreuve l’idéal trekkien comme jamais, à étudier les effets imprévus (et parfois indésirables) d’une véritable utopie bien comprise, et à montrer (avec un sens aigu de la continuité interne) à quel point l’utopique Fédération n’a jamais été candide (en ne se limitant justement pas à promouvoir naïvement l’espoir contre la crainte).