autrichon gris a écrit:micbog a écrit:Bien sûr ! Mais je faisais simplement allusion au fait que Sokolov fait partie de ces interprètes qui suscitent davantage de controverses que d'autres. Pogorelich en est un autre par exemple.
J'ai quand même la vague impression que la critique des pianistes classiques de niveau international c'est un peu la cage aux lions permanente, non ?
Quand on voit les récents débats outrés ou à tout le moins tranchés sur Katia Buniatishvili ou Yuja Wang (exemple ici:
https://www.rtbf.be/musiq3/article/deta ... d=10443382), ou sur Keith Jarrett (qui joue régulièrement du classique), et plein d'autres, c'est quand même un peu la baston générale, non ?
Même Horowitz avec sa boutade célèbrissime s'en est mêlé: "il n'y a que 3 sortes de pianistes: les juifs, les homosexuels et les mauvais " !
Non, pas du tout. Il y a quelques rares pianistes dont le jeu et la personnalité font plus ou moins jaser. Pas plus que ça.
Par exemple : on ne peut pas sur le plan pianistique mettre Katia Buniatishvili sur le même plan que Yuja Wang. Seules leurs tenues en scène peuvent les rapprocher.
Sur le plan musical et pianistique : KB est une plaisanterie. Elle joue à l'esbroufe, n'a pas les moyens techniques du cinéma qu'elle fait. Son jeu est plein de vices, de fautes objectives. Et sur le plan musical d'une vulgarité effrayante. Elle a beaucoup de talent, mais a décidé un chemin assez périlleux... Elle n'est pas prise au sérieux par nombre de ses confrères illustres même ceux qui la trouvent très sympathique, d'autant qu'elle est intelligente.
Sur le plan musical et pianistique : YW est aussi "protestante" que son aspect est sexy. Elle est une pianiste au répertoire phénoménal, qui joue avec une maîtrise pianistique et musicale irréprochables 9 fois sur 10 toutes les musiques : qu'elle tienne le piano dans la Turangalila de Messiaen, joue la Sonate Hammerklavier de Beethoven, une pièce contemporaine avec des percussionnistes ou des pièces à la virtuosité effarante. C'est une artiste sérieuse, bûcheuse avec des facilités déconcertantes. Elle fait l'admiration et en tout cas est toujours respectée par ses confrères et consoeurs. Mais elle est assez froide sur le plan expressif.
Pour le reste, on trouvera encore un pianiste allemand dans le même genre - Martin Statsfeld - qui joue d'une façon provocante, mais ça tombe à l'eau.
Et Sokolov : pianiste hyper vendu sur le plan de la communication, personnage exploité de façon intelligente par un agent italien qui travaille à sa carrière depuis plus de 20 ans, est aussi le producteur de ses enregistrements publiés par DGG - qui ne fait que les publier, mais ne les enrgistre et ne les produit pas.
Cet agent a créé un personnage mystérieux, qui ne répond pas aux interviews, ne joue plus avec orchestre, se tient loin de tout et de tous, refuse le jeu médiatique et met, c'est là que ça devient drôle, tout en oeuvre pour faire savoir avec beaucoup, beaucoup de science de la communication que Sokolov est comme ça
Et c'est ainsi que Sokolov pianiste de premier plan sur le plan pianistique, mais pas seul sur le "marché", a réussi à se frayer un chemin vers la gloire : il est devenu un pianiste pour récitals chics, son public est assez spécial... Il occupe en fait un créneau que d'autres avant lui occupaient mais de façon naturelle, pas vantée par la com : Michelangeli, Richter sont les deux socles sur lesquels le discours promotionnel concernant Sokolov s'est bâti...