Kishizo42 a écrit:gailuron a écrit:Globalement, je crois que nous sommes d'accord. C'est juste une question de degré, d'intensité dans le spectacle.
Quand le spectacle prend le pas sur la musique, ça pose problème. En musique classique, je pourrais citer Karajan, Khatia Buniatishvili, Lang Lang. En rock, quasiment tout le rock des origines était de la musique spectacle. Il s'est bien assagi depuis, c'est presque devenu une musique de seniors
. En pop, c'était assez variable, un des rares groupes que j'appréciais, Pink Floyd, ne tombait pas dans ce travers.
L'inverse est vrai aussi d'ailleurs : dans le mauvais cinéma (et certaines séries), la musique a tendance à prendre le pas sur l'image et les dialogues, l'émotion ne passe plus que par la musique beaucoup trop présente.
Oui nous sommes d'accord mais la frontière dangereuse me semble l'artificiel.
Il existe sans doute une musique provoquant plus une sensation physique et une autre plus intellectuelle, introspective. Je n'opère pas de classement de valeur entre les deux, mais une trop grande démonstration visuelle dans la seconde peut devenir superficielle. Dans la première, elle pourrait être très naturelle.
Peut-on mettre dans la même phrase Karajan, Khatia Buniatishvili et Lang Lang pour parler de "spectacle prenant le pas sur la musique" ?
Karajan était un géant de la musique dont bon nombre de réalisations sont admirables et loin, loin, loin de toute idée de spectacle à prendre dans un sens négatif : après tout, Liszt, Paganini, Beethoven, Mozart, Haendel et même Bach, le saint père, étaient sensibles au spectaculaire dans la musique comme compositeur et comme exécutant... SI le spectacle chez HVK est qu'il dirigeait les yeux fermés et pilotait des jets été "skiait" un grand voilier... on oublie tout ça quand on écoute la Neuvième de Mahler par lui, une symphonie de Brahms, la Passion selon saint Matthieu de Bach...
Lang Lang est capable de jouer un concerto de Mozart, une sonate de Beethoven absolument remarquables et il est respecté par des pianistes plutôt austères : ils l'ont même adoubé dans le répertoire classique.
Kathia Buniatishvilli a accompli ce que malheureusement Gidon Kremer voyait venir et dont il lui a parlé dans un livre épistolaire : Lettres à une jeune pianiste... Il lui arrive encore de bien jouer quand elle joue avec un musicien qu'elle respecte et vers qui elle va... Sinon, seule, c'est du spectacle, moins sur la scène, que dans la musique même qu'elle déforme pour la plier à son petit moi.