Fafa a écrit:On connait tous la loi de l'offre et de la demande. Mais cette dernière est très restrictive puisqu'elle impose un unique prix d'équilibre pour un marché donné (en l'espèce, le support physique, quel qu’il soit). Et c'est très con d'avoir un seul prix alors qu'il y a une multitude de clients prêts à payer des prix différents.
Cela fait assez longtemps que la loi de l'offre et de la demande cohabite avec des cas où plusieurs prix pour un même produit co-existent, contredisant de fait la notion pourtant fondamentale que chaque produit a un prix unique, que ce prix est défini par le marché, et qu'il est donc forcément juste. On peut remonter à 1923 pour trouver des exemples.
Cela n'empêche cependant absolument pas une quantité importante de nouveautés BR d'être vendues aux PPC balisés de 19.99€ ou 24.99€, peu importe leur contenu ou leur qualité technique (ce qui peut donner lieu à des comparaisons assez intéressantes).
Fafa a écrit:Ex : On a bien vu pour le marché des JV que le public était massivement contre les DLC et la démat'. Et ça n'a pour autant pas été un frein à la démat' qui s'est imposée. La demande a suivi l'offre, pensant même qu'elle n'avait pas le choix.
La dernière fois que j'en ai parlé ici sur le forum JV, les gens n'avaient pas du tout l'air mécontents d'être passé au démat' et n'en reviendraient visiblement pour rien au monde. Donc je ne sais pas s'ils la subissent tant que ça.
La vraie question, c'est plutôt de se demander si le support d'accès importe tant que ça aux gens.
Fafa a écrit:Comment faire pour que chaque client paie le maximum de ce qu'il est prêt à payer ? Il faut créer une gamme et diversifier son offre :
- 3 supports physiques (15 / 20 et 30€)
- ainsi que des éditions collectors pour les riches passionnés (50/100€ voire plus)
- et enfin des éditions budgets (à moins de 10€).
Ainsi, chaque catégorie de clients paie le maximum de ce qu'elle est prête à payer.
C'est ce que fait en partie le marché actuel, et ça ne marche absolument pas pour les éditeurs, puisque la maximisation n'a absolument pas permis quoique ce soit de positif sur le marché en valeur. Visiblement, c'est surtout que les clients sortent du physique tout court, peu importe les produits ou la gamme s'y trouvant.
Cependant (ou "qui plus est"), la gamme de références est le plus souvent bien moindre que ça, notamment parce que les éditions Budget n'existent virtuellement plus, remplacées simplement par les éditions normales mais constamment en promo passés 3-6 mois. En pratique, l'immense majorité des films sortent sur 2 références : le DVD et le BR, point (quand ça sort en BR, d'ailleurs) (voire en vidéo physique tout court). On est loin de ta gamme laissant supposer pas moins de 5 références.
Et dans le cas de ré-éditions, il n'y a parfois qu'une seule référence. C'est le cas, par ex, pour Cliffhanger, ressorti fin 2018 dans un unique combo UHD/BR à 24.99€.
Enfin, comme je l'ai rappelé il y a 10 jours, les prix d'achats moyens ne sont de toute façon pas ceux-là (notamment, je suppose, grâce aux promos). En BRs, les achats sont principalement faits entre 10 et 13€ (23.7% des ventes en volume en 2018, 23.9% sur les 9 1ers mois 2019).
Fafa a écrit:Le DVD est moins cher car il est qualitativement moins bon. Il aurait disparu, nul doute que le bluray serait à 15€ aujourd'hui.
Quand bien même le DVD aurait disparu, et le BR passé à 15€ pour une (juste remarque là dessus) notion de gamme, le marché physique actuel aurait très certainement à peu près la même tronche.
L'élasticité des prix a en effet une limite très rapide dans le domaine. Gaumont s'y sont cassés les dents au lancement de leur collection Découverte (qui doit vendre à peu près pareil à 15€ pièce aujourd'hui que quand elle était à 12€ avant, d'ailleurs), tandis que les quelques nouveautés Pathé sortant à 15€ ne semblent jamais particulièrement boostées grâce à ça.
A contrario, sur l'UHD, Disney écoule visiblement sans problèmes des brouettes de leurs sorties à 30€ pièce, preuve que certains peuvent lâcher du pognon quand ils en ont envie (et que oui, une partie de ces diagrammes de Venn se superposent sans doute).
C'est donc, de nouveau, bien plus complexe que ça, au-delà de la notion de gamme, et notamment - tout simplement - parce que la multiplicité des prix se conjuguent avec la multiplicité de l'attrait des films (même à 5 balles, je vois mal, disons, l'UHD de La vie est belle se vendre à 20 000 exemplaires en France) et surtout la multiplicité des accès à ces oeuvres en dehors du marché physique entier.
Fafa a écrit:Mais c'est parce que les économies d'échelle ne sont pas au top sur le bluray et l'UHD, à l'inverse du DVD.
Pas tout à fait.
Si cela a sans aucun doute évolué depuis, en 2015, cela prenait environ 80 fois plus de temps d'encoder professionnellement un BR par rapport à un DVD. Je n'ose pas imaginer ce que cela donne cependant encore aujourd'hui pour un UHD, le HEVC étant parait-il un veau absolu de ce côté (on parle de temps d'encodage 300% supérieur à l'AVC). Sachant qu'évidemment, le nombre d'essais afin d'atteindre la meilleure qualité est sans aucun doute moins grand en DVD qu'en BR, et a fortiori qu'en UHD (puisque les limites du DVD vont masquer certains défauts), ce qui va s'ajouter au coût facturé.
Avec un tel rapport, un coût comme celui de l'authoring + l'encodage, a minima, sera toujours bien plus important pour un BR et encore plus pour un UHD, quand bien même il s'en vendrait 10 fois plus, tout simplement parce que les temps d'encodage et le besoin d'attention sont plus que 10 fois plus importants. Sans parler du HDR pour l'UHD qui vient s'y ajouter.
A cela s'ajoutent les coûts packaging (en fonction de la spécificité de ce packaging), qui ne sont pas dégressifs à ce point dans les volumes considérés, et qui représentent le plus souvent 20% du budget de production, mais peuvent monter sur des éditions collectors à 50%. Autant dire que là encore, même en vendant 10 fois plus, t'as pas intérêt à vouloir mettre en avant ton format plus avancé avec un packaging plus élaboré.
Fafa a écrit:Résultat : en tant que passionnés attentifs à la qualité de nos produits, on se fait clairement avoir.
Je ne vois pas particulièrement le rapport, surtout dans un marché au sens plus large et où la qualité des produits et le soin apporté est immensément plus variable que ça. Par exemple, comment part-on de là pour faire le lien avec les pistes son Disney pourraves ? Les encodages encore souvent problématiques de nombreux BRs en France, mais aussi parfois de certains UHDs de par le monde ? Les diversités de prix qui ne sont, évidemment, pas corrélés du tout avec le contenu et la qualité technique des éditions ?
Actuellement, on a des gens qui arrivent à sortir des UHDs impeccables de La rose écorchée, alors qu'ils vont n'en vendre que 1000, tandis que des studios amortissant leurs frais fixes sur le monde entier sont incapables d'optimiser l'utilisation de leur espace disque et pondent des encodages mal optimisés avec 3 pov bonus à côté.
Quant au grand public, il ne se fait absolument pas avoir sur le sujet : il n'a jamais autant pu se goinfrer pour aussi peu cher et ça tombe bien, c'est à peu près la seule chose qu'il demande.