Kishizo42 a écrit:syber a écrit:Si tu désires REproduire la recette créée par un autre, il te faut les mesures. Que la recette ait été créée au doigt mouillé où avec une balance ne change rien à l'affaire : il te faut les mesures. Tu ne peux pas reproduire une recette de gâteau en te disant qu'il faut mettre de la farine en quantité suffisante avec ce qu'il faut de sucre pour faire l'affaire. C'est impossible.
En HiFi, on REproduit. Un Hifiste n'est pas un artiste qui produit une œuvre. Un Hifiste REproduit une œuvre déjà créée, le plus fidèlement possible.
Production / REproduction : ce n'est pas la même chose !
Et comme personne ou quasiment personne ne sait ce qui est réellement sur l'enregistrement, alors il faut d'autant plus des mesures pour ne pas verser dans la folie audiophile où tout n'est que subjectif, goût personnel et imagination.
Lutter contre des pratiques à la limite du fétichisme chez certains subjectivistes certes, mais prendre l'exact contre-pieds quitte à simplifier me semble également une dérive. Tout n'est pas si simple et il n'y a pas une recette mais des recettes superposées, chaque intervenant tout au long du processus apporte sa propre recette, la vérité de chacun à chaque stade est subjective.
Quelle est la vérité de la captation sonore, choix des caractéristiques de micro, nombre de micros employés, placement de ceux-ci et à quelle distance de la source sonore etc... La personne en charge fera ses choix suivant ses goûts d’esthétique sonore. Si celui-ci prétend à la vérité, on peut lui rétorquer que de vérités, il y en a autant que de personnes présentes dans la salle de concert, y compris les musiciens eux-mêmes. Ensuite vient le délicat traitement de ces ondes sonores pour les fixer dans le marbre enfin du moins à ce stade, il faudra faire le choix de l'enregistreur et de ses qualités, la vérité retenue pourra être variable aux mesures.
L'ingénieur du son travaillera sur cette base non dégrossie. Ne va-t-il pas corriger ou améliorer en fonction de son écoute, est ce qu'il fonctionne sans moniteurs de studio se bornant à regarder des mesures et à ne surtout rien modifier ? Non, il va appliquer sa propre recette au mieux en fonction de ses goûts musicaux, d'autres fois au regard du public cible car il est payé après tout dans la finalité de plaire aux consommateurs de l'artiste.Rebelote avec le mastering qui modifiera encore sensiblement la donne et apportera sa recette.
Alors pourquoi fixer la référence à ce stade, hop la vérité est là et le système doit la reproduire.
Pourquoi les intervenants du système "haute fidélité" n'apporteraient pas eux-mêmes leurs recettes alors que tous l'ont fait avant eux ?
Ils ont également des contraintes notamment en proposant des appareils de format compatible en milieu domestique, doivent respecter des choix viables sur le plan tarifaire etc... Et à la fin l'acoustique propre à la salle modifiera encore toutes les recettes savantes de tous ces penseurs successifs.
Il est des domaines comme celui de la musique dans lequel l'objet est plus ou moins identifié, peut difficilement s'appréhender d'une manière objective, sauf à convoquer le soliste et son instrument à son domicile. Même dans ce cas l'audiophile sera encore malheureux car il n'aura pas une reproduction à l'identique de ce qu'il avait pu percevoir lors de la première représentation publique. D'ailleurs même dans l'auditorium, s'il joue plusieurs soir, il ne s'agira pas d'une reproduction mais bien d'une représentation jamais identique à la précédente.
Si on veut parler de reproduction je l'entends davantage du processus biologique qui permet la production de nouveaux organismes d'une espèce à partir d'individus préexistants de cette espèce. La musique vivante et la musique enregistrée et produite sont des organismes différents. Le père a à voir avec le fils, mais le fils n'est pas le père.
A ce sujet, j'aime bien rechercher parfois de vieux titres de la chanson française de fin des années 1800 aux années 40 : http://dutempsdescerisesauxfeuillesmort ... hiques.htm
Et j'aime la vérité de leur enregistrement d'époque, qui participe à mon plaisir, avec les techniques d'aujourd'hui cela me ferait bizarre. Comme quelque chose de faux, alors qu'il serait peut-être plus proche de la réalité car notre science de l'illusion a progressé.
C'est pourquoi je préfère parler de musicalité plus que de vérité. La musicalité pour moi ne signifie rien d'autre que le son sortant de cet appareil m'est agréable à l'écoute en fonction de mes propres références d'esthétique sonore. Cela ne me semble pas prétentieux de prendre la mesure que toute cette entreprise n'est qu'illusion. En ce qui concerne la vérité je n'en sais rien et le fabriquant mettant en avant ce critère me paraîtra suspect.
Sinon en parlant de mesures, farine, mon père et ses aïeuls étaient minotiers. Et cela me rappelle mes jeunes années et tout le plaisir à utiliser l'alvéographe Chopin, préparer les pâtons et enfin voir la bubulle se former et grossir jusqu'à pfiouuu l'air triomphe et l'aiguille retombe achevant la courbe
Le problème de la reproduction domestique en haute-fidélité me paraît avoir été bien posé par Syber et Kishizo42.
Pour Syber, il importe de mesurer au préalable car c’est le moyen de s’assurer de reproduire fidèlement un texte musical dont nous ne pouvons connaître généralement la réalité, la réalité, c’est-à-dire l’exécution telle que nous aurions pu l’entendre au moment où elle fut enregistrée. Il convient donc par la mesure de l’installation d’éviter un manque de fidélité supplémentaire, non à l’exécution native de l’enregistrement que nous n’entendrons jamais mais à ce que le disque nous propose.
Pour Kishizo42, c’est le plaisir que l’on ressent en écoutant qui est primordial, même si on prend son pied avec des chansons d’autrefois qui vous entraînent dans les sonorités désuètes d’entre-deux guerres. Car, comme chacun des acteurs d’un enregistrement, qu’il soit moderne ou qu’il fut ancien, y a mis sa patte esthétique, il n’y a pas d’argument raisonnable pour ne pas comprendre que certains préfèrent, eux aussi comme les concepteurs du disque, se laisser guider par leurs préférences d’écoute.
Cette position qui privilégie la sensibilité d’écoute n’a rien de commun avec les dérives du snobisme ou le marketing auxquelles elle est trop souvent assimilée.
Pour ma part, je souhaiterais que l’on discute moins de la procédure des tests que des tests réellement effectués. Et quand on prend la peine de décrire un test que l’on a patiemment mis en place (ce qui demande du temps et de l’investissement) je souhaiterais surtout que l’on consacre aussi une place suffisante pour illustrer par des exemples musicaux les résultats de ce qu’on a pu mesurer et améliorer en mesurant.
Le disque est le seul marqueur, le seul élément objectif, qui soit commun à toutes les écoutes dans toutes les installations. Il est donc l’élément de base pour effectuer des comparaisons. Je ne comprends pas pourquoi on y fait si peu référence.
Cordialement Olivier