lavocat a écrit:Ok donc on a une version Blu-ray tirée d’un master 4K. Mais seulement sur version US? La version France a pas la même qualité d’image?
Des fois je suis un peu lent ou inquiet...
Barry Lyndon était sorti simultanément aux USA et en France en Blu-ray chez Warner en 2011, en même temps d'ailleurs que Lolita, vu que ce sont les deux titres du catalogue Kubrick qui doivent le moins se vendre chez Warner. C'était a priori à partir d'un master 2K, et il n'y avait pas de supplément.
La qualité d'image était très correcte, le master semblait relativement récent. Mais beaucoup (dont moi) avaient critiqué l'édition pour un autre motif, qui était que c'était en 1.78:1 (plein écran 16/9ème), conformément au souvenir de l'acteur qui joue Lord Bullingdon, ensuite devenu assistant personnel de Kubrick, Leon Vitali. Ce dernier réaffirme encore dans le documentaire qui vient de lui être consacrer, Filmworker, que Kubrick avait composé l'image pour un format idéal, qui n'existait pas à l'époque pour de la projection, le 1.77:1, et qu'il avait fait confectionner des caches spéciaux à ce format quand il projetait le film chez lui. Le plus vraisemblable, c'est que Vitali confond avec le 1.66:1, qui était en train de tomber en désaffection à cette époque, notamment en Amérique, avec les cabines de projection qui n'étaient plus équipées pour ce format (pas de cache ou autre motif). Il y a d'ailleurs une lettre que Kubrick fournissait avec les bobines qui confirme ce souhait. Parce que, bon, parmi les formats standard de cette époque, il y avait le 1.75:1, qui était en fait plus courant (presque tout ce que faisait Disney hors films en format Scope), et que même si Kubrick était parfois hyper-précis sur certains points, j'ai du mal à comprendre pourquoi il n'aurait pas toléré un compromis de 1 % sur le format d'image et accepté ce 1.75:1 (surtout vu la marge d'incertitude qu'entraîne pour le cadre un projecteur film). Bon, bref, ce qui semble le consensus des experts et historiens (et de la lettre), c'est que Kubrick préférait le 1.66:1 pour ce film et qu'il avait simplement été amené à tolérer le 1.75:1 en raison des conditions concrètes de projection dans les salles.
D'ailleurs, le 1.66:1 est très proche du nombre d'or (1,618...), très utilisé dans la composition par les peintres classiques. Et s'il y a un film où la peinture du XVIIIème siècle sert de modèle, c'est bien Barry Lyndon.
Warner, qui était pendant très longtemps très fermé à des licences sur son catalogue et qui préférait tout éditer en interne, a récemment ouvert les vannes et autorisé Criterion, entre autres, à éditer certains titres. Criterion a en fait refait un nouveau transfert à partir du négatif original en 4K, un plus vieux transfert fait en 2000 en HD servant de référence pour la colorimétrie.
Je doute que ce transfert de 2000 ait servi pour le Blu-ray, c'était celui de la 2ème édition DVD sortie en catastrophe après les déboires de disques qui n'ont été édités qu'aux USA.
En fait, si on reconstitue l'histoire du film :
- 1ère édition DVD, 1999 (juste après la mort de Kubrick, à l'occasion de la sortie d'Eyes Wide Shut), Z1 uniquement : à partir d'un master télé approuvé par Kubrick, mais complètement passé, encodage raté, mixage mono. Considéré comme le pire DVD de la collection improvisée à l'époque
- 2ème édition DVD, 2001 : à partir du transfert 2K de 2000, avec mixage 5.1
- Blu-ray Warner, 2011 : à partir d'un nouveau transfert (2K, 4K ?, en tout cas, il a été utilisé pour des projections numériques) avec l'erreur du recadrage sur le Blu-ray, mixage 5.1
- Blu-ray US Criterion, 2017 : à partir d'un nouveau transfert 4K, restaure le mixage mono d'origine et le logo Warner années 70 (celui fait par Saul Bass, qui était synchronisé à la musique)
Attention, bien sûr : le transfert est peut-être 4K, mais ça ne veut pas dire pour autant que le master final est OK pour du 4K. C'est comme avec Photoshop : on travaille souvent à une résolution supérieure à celle visée au final, parce que ça permet aux retouches de générer moins d'artefacts. Je rappelle que dans les premières années du Blu-ray, voire un peu après (n'est-ce pas Universal ?), on avait quantité de transferts "2K" créés au début des années 2000 pour pouvoir générer un DVD, qui avaient été recyclés pour le Blu-ray, donnant tels quels une image assez terne et quelconque, mais souvent bidouillés à coup de filtres et de edge enhancement pour que ça choque moins (et qui choquaient souvent plus...). Ces masters, techniquement en Full HD ou en 1080p, n'étaient pas initialement destinés à être exploités dans leur définition de production.
Il est peu probable que Criterion puisse éditer ce titre au Royaume-Uni (où ils sortent trois titres tous les mois, mais sans accord particulier de licence avec Warner) ou que Warner juge bon d'upgrader son édition sans supplément pour le reste du monde avec le master numérique de l'édition Criterion.
Je signale cependant que l'on a eu des cas où Warner a eu le droit de reprendre en France des masters HD créés par Criterion (La Balade sauvage, John McCabe). Mais il s'agissait dans les deux cas de films qui n'avaient jamais été édités auparavant en HD.
jhudson a écrit:Je suis sur que si on racontait ce qui s'est vraiment passer sur le tournage ça ferait un film sacrément intéréssant , mais jamais Hollywood ne produira un film qui remet le systéme des studios en question et surtout leur cynisme.
Je suis sûr que tu n'as jamais vu S.O.B. de Blake Edwards, The Player de Robert Altman, ou bien des trucs comme An Alan Smithee Film.