Candide2 a écrit:Deux choses sont frappantes dans la Hi-Fi actuelle. Le rqp médiocre voire catastrophique est la première. La seconde est le développement d une culture audiophile qui nie l utilité des mesures et les risques d illusions provenant de l écoute aveugle libre (ce qui ne veut pas dire que l attitude opposée est correcte, la logique binaire ne s appliquant parfaitement bien qu en maths ou en info).
Je pense qu il y a une corrélation entre ces deux phénomènes.
Bien vu.
Juste deux ou trois choses :
IL faut d'un côté mettre l'électronique, de l'autre les enceintes... et la pièce d'écoute.
Pour l'électronique, c'est simple : les mesures disent tout de la qualité d'un appareil. Attention : les bonnes mesures, faites comme il faut et comprises comme il faut...
Analogie avec analyse de sang : tu as dans une colonne tes résultats... et dans l'autre la fourchette dans laquelle ils doivent se trouver pour que ce soit OK.
Les mesures pour un ampli, c'est pareil... sa puissance ne doit pas varier avec la charge et son taux de distorsion doit diminuer avec la diminution de la puissance de sortie et non l'inverse (si facilement atteignable). Son rapport signal/bruit doit être maximal pour une puissance de sortie minimale...
Il n'y aura aucune différence entre un taux de distorsion de 0,1% et un taux de distorsion de 0,01 %...
Le tout est donc que les mesures soient faites de façon complète et qu'elles soient bien interprétées. Ce qui fait que l'on peut parfaitement choisir un amplificateur en ne consultant que cela... Car il n'existe pas une mauvaise électronique qui soit médiocre aux mesures. Et toute électronique qui a de bonnes mesures est bonne...
Un ampli qui fait 100 watts sous 8 ohms, 200 sous 4 ohms et 400 sous 2 ohms est un amplificateur de qualité exemplaire. Surtout si son taux de distorsion varie peu avec la fréquence et avec la puissance de sortie : s'il est faible sur les 5 premiers watts, alors c'est bingo... Mais en général quand la première conditions de stabilité de puissance est respecté... le reste suit naturellement. Et un tel ampli, dans un beau boitier, simple ne vaut pas plus de 1000 euros produit industriellement avec d'excellents composants et une partie préampli ligne de grande qualité... Augmenter sa puissance n'augmentera que peu le prix... Ce qui coute dans un ampli, c'est l'alimentation secteur, le boitier et les radiateurs... Problème réglé par les amplis de classe D... dont le prix n'est pourtant pas si bas que ça... Une chose, les alimentations à découpage de qualité surclassent désormais les alimentations linéaires en terme de rapidité de réaction et de puissance... Elles diminuent le poids et bientôt elles diminueront le prix des amplis...
De nous jours, choisir une source, un dac, un ampli, des câbles pour alimenter le tout est une pure formalité... Et il n'y a pas de raisons sérieuses de mettre pour des seules raisons qualitatives sonores un grand prix dans de l'électronique...
Un PC ou un MAC ou un Linux : un DAC à 300-500 euros bien conçus, un ampli à 1000-2000 euros, des câbles ordinaires permettent d'atteindre 99 % des performances maximales théoriques... et 100 % des performances auditives pratiques...
Mais on peut se laisser tenter par plus beau !
Les enceintes ? C'est une autre paire de manches...
Evaluer la qualité objective d'une paire d'enceintes est tout à fait possible... et d'ailleurs plus on monte en gamme, je dis vraiment monter en gamme, et plus les enceintes finissent par se ressembler... car les concepteurs d'enceintes sérieux utilisent les mêmes mesures, les mêmes protocoles pour établir leur cahier des charges : courbe de réponse dans l'axe, à tel et tel degré d'angle horizontal, vertical, courbe en puissance, directivité, etc. John Dunlavy, dont parle Maxitonic, était l'un des concepteurs d'enceintes les plus respectés des 50 dernières années et il disait bien ce que dit Maxitonic... mais il disait aussi, et il avait publié un texte d'avertissement sur son site pour le clamer : les câbles d'enceintes sont des câbles électriques standard choisis en fonction de la puissance, de l'impédance des enceintes et de la distance les séparant de l'ampli. Il rejetait, comme tous les fabricants d'enceintes qui comptent, la mode des câbles spéciaux.
Mais si une électronique n'a rien à faire des vibrations, des supports, une enceinte réagit beaucoup à son environnement et les vrais problèmes commencent ! Elle réagit à son environnement... et elle sollicite l'amplificateur... si sa courbe d'impédance est torturée, descend trop bas.... elle mène la vie dure à l'ampli et cela peut dans certains cas s'entendre. D'où l'importance d'avoir les mesures, les vraies, des amplis qu'on veut acheter...
Une sublime enceinte, bien alimentée, dans une pièce qui ne lui convient pas, écoutée à une distance qui ne lui convient pas, mal placée dans la pièces qui ne lui convient pas donnera un résultat effroyablement décevant et médiocre... quand une enceinte plus modeste, mais bien étudiée, sonnera splendidement dans les même conditions...
Pour en revenir au début : la mode des amplis Ugine-Kuhlman comme le disait un pro qui fréquentait le forum autrefois, dont le boitier en aluminium premier choix coute 3 fois le prix de ce qu'il contient, la mode des enceintes dont le coffret coute 4 fois le prix des HP, pour se différencier des autres marques, et sans que le luxe du coffret apporte quoi que se soit à la qualité d'écoute... ont fait déraper les prix... de façon incontestable...
Dans une JBL de la grande époque : les HP de grave, de bas médium, les chambres de compression coutaient 3 fois plus que la caisse... Dans une grande Utopia ou une BW 800 dont la qualité n'est pas en cause, pour le coup, et bien que les deux enceintes ne soient pas comparables en tarif, le prix de la caisse écrase celui des HP et des filtres qu'elle contient... et vaut objectivement son prix : la menuiserie finie d'une grande Utopia, conçue et fabriquée par Guy HF (boite rachetée depuis par Focal) est vraiment un objet digne d'admiration comme l'est celle d'un BW 800... mais si l'Utopia marcherait tout aussi bien dans une caisse genre grande Dunlavy... la BW marcherait mieux sans sa boule... dans une caisse normale... mais c'est une autre histoire... Mais son prix diminuerait de la moitié... celle de l'Utopia de plus de la moitié... mais leur impact visuel et commercial ne serait pas le même. Tout comme les Magico couteraient trois fois moins cher dans une caisse en bois plutôt que dans une caisse en alu... mais du coup... 80 % de la démarche ésthéticoè-commerciale du fabricant s'effondrerait... avec la banalisation de son produit...
C'est compliqué : car une grande Utopia vaut beaucoup plus son prix... qu'une alimentation secteur NAIM ou qu'une enceinte Audio Note... moins chers...