dub a écrit:cleriensis a écrit:Ce que tu dis là Eric c'est la question que DOIVENT se poser tous les preneurs de son. La prise de son est une interprétation du réel du preneur de son, la manière dont il aimerait entendre l'interprétation dans l'environnement qui lui est proposé. Une même oeuvre par un même ensemble, sera prise différemment dans une salle ou une autre. Et puis il y a deux conceptions, l'une puriste qui va déterminer le meilleur endroit acoustique d'une salle ( point de chute ) et poser un couple là.. on a la plus petite interprétation possible ( juste le choix du meilleur point de chute, déterminé d'avantage par la salle que par les interprètes, quoique.. ) et l'autre qui va poser une forêt de micros et recréer l'espace sonore souhaité au mixage, ce type de choix peut modifier conséquemment les caractéristiques acoustiques naturelles de la salle, sans compter la possibilité avec les micros d'appoint des multiples traitements ( y compris réverb artificielle ) et placement selon le rayonnement acoustique des instruments. La vraie question en terme de neutralité qui se pose, c'est , est-ce que le transducteur déforme ou pas le signal source.. pas la réalité car elle n'existe pas dans l'enregistrement, la stéréophonie est déjà par essence une réduction de cette réalité, à laquelle on superpose les choix du preneur de son, et cette déformation ou absence de déformation est très difficile à déterminer car les facteurs sont multiples. Moi même dans mes choix, j'ai déjà une part d'interprétation et je choisis les transducteurs qui selon moi, par ma propre comparaison, me semblent les plus neutres ( relativement ), dans un cadre de prise de son le plus "pur" possible, pas de mixage, deux micros seulement.
Petite précaution, entends-moi bien, je n'ai évidemment NULLEMENT l'intention de critiquer les preneurs de son et ingé, ou de leur faire "porter le chapeau": ça serait d'autant plus inepte que je leur dois l'ensemble des plus de 4000 CD de ma discothèque (plus les 33t, plus tout ce à quoi je peux accéder via qobuz!) — donc tout ce que j'ai le plaisir d'écouter chez moi.
Je suis tout à fait d'accord avec ta formule: "La prise de son est une interprétation du réel du preneur de son, la manière dont il aimerait entendre l'interprétation dans l'environnement qui lui est proposé" — en en soulignant les deux aspects que tu mentionnes!
D'accord aussi avec ce que tu dis du choix, des choix, du micro à… tout le reste (préampli micro, etc.). Simplement, j'ajouterais aussi pour ma part, la question du "dialogue" entre lui et les artistes: après tout, si Savall, par exemple, a beaucoup travaillé avec Nicolas Bartholomée, c'est, je suppose, parce qu'ils sont parvenus à avoir une "vision" (une "audition" conviendrait mieux) commune du résultat à obtenir. Alors évidemment, il faut que la technique et le savoir-faire — qui supposent un certain nombre de choix — soient au rendez-vous. Mais il faut en plus une "entente", à la fois entre les musiciens, avec le lieu, et avec le preneur de son, lequel n'est pas un "pur technicien", mais doit lui aussi faire preuve de "goût". Là-dessus, je ne crois pas un mot de l'idée suivant laquelle il n'y aurait que la technique, d'un côté, et l'art, de l'autre, du côté d'un réel qui ne serait qu'à "reproduire"…
Et après cela, il y a "l'entente" ou "l'écoute" du côté de l'auditeur. Par exemple, dans mes disques préférés, il y a bien sûr les Savall dont je viens de parler, mais aussi le Tabula Rasa d'Arvo Pärt sorti chez ECM, le récent (2016) Deer'S Cry par les Vox Clementis, les Symphonies de Mahler par I.Fischer. En revanche, même si j'apprécie beaucoup l'interprétation des quatuors de Mozart par les Talich, j'ai beau avoir les disques sortis chez Caliope, j'avoue que là, je marche moins pour l'enregistrement: pas la même "couleur" que les enregistrements des Alban Berg chez Teldec… Que ça soit "trop" ou "pas assez", d'ailleurs, ça n'implique pas, pour autant, que ça puisse se "corriger" à l'aide d'un casque, ou d'un ampli, etc. C'est simplement "comme ça".
En revanche, ça implique pour moi une règle de "prudence": quand je "préfère" un casque, ou quand je préfère un enregistrement, c'est "comme" quand je préfère un enregistrement, relativement relatif…
Cdlt
je n'ai jamais pensé que tu critiquais les preneurs de son Eric, sois en rassuré.