» 29 Juin 2017 10:29
Sur la base des chiffres publiés par GKF, il s’est vendu fin mai 2017, depuis le lancement en mars 2016, 7500 platines UHD BR et 87 000 disques parmi les 119 titres disponibles en France sur ce format.
Libre à chacun de juger de la pénétration du support dans nos salons, mais quelques rapides calculs permettent d’établir, qu’en moyenne, les 7500 convertis ont acheté 12 galettes ou encore que chaque titre s’est écoulé à hauteur de 731 exemplaires…
Personnellement, je n’appelle pas ça un franc succès et une récente opération commerciale dans une grande surface « proche des champs » de titres UHD BR comme Batman Vs Superman, Pan, le labyrinthe et quelques autres éditions à 5€ l’unité (!) tendrait à montrer que les stocks sont difficiles à écouler.
Le choix de platines n’a rien de pléthorique, 8 modèles dont la X-box, se partagent actuellement le marché, 9 bientôt avec l’arrivée du modèle 205 chez Oppo.
Admettons que la supériorité technologique du matériel ne soit pas contestable, le rendu visuel et sonore de la majorité des 119 éditions disponibles ne supplantent pas le BR. Au mieux c’est jeu égal en vidéo, au pire c’est une régression sur l’audio. Le (sur)coût d’équipement est non négligeable pour évoluer du Full HD via le BR vers la 4K via l’UHD, de quoi décourager certains et même ne pas intéresser la majorité des consommateurs, ceux à qui on promet de la 4K sur leur smartphone avec une écoute Dolby Atmos au casque… Les disques sortent à 30€… pour un gain technique pour le moins discutable et quand il est affirmé, c’est la valeur artistique du film qui est plus discutable… à moins de ne chercher des galettes que pour faire une démo aux amis de passage ?!
Le marché français est-il une exception qui n’a pas d’avenir dans un univers home-cinephile majoritairement anglo-saxon ? Les éditeurs se fichent de la VF et se contentent de diffuser mondialement une édition unique aux performances et contenus qui tiennent souvent plus du marketing que du produit qualitatif.
Et maintenant ?
Que voilà poindre le Dolby Vision sensé supplanter techniquement le HDR10, le seul critère qui constitue un véritable gain qualitatif par rapport au BR. Malheureusement, il faudra disposer d’un diffuseur et d’un lecteur certifiés dolby vision…la cote des matériels 4K non compatible Dolby vision va donc s’effondrer, que feront les earlys adopters ? Vont-ils remettre une pièce dans le juke-box-tirelire home cinéphile pour rester à la pointe de l’évolution ? D’autant que Samsung ne supportera pas le dolby vision… Dommage, car il semblerait qu’un lecteur UHD certifié Dolby vision assurerait une conversion descendante bonifiée vers un diffuseur full HD, là où le HDR10 n’apporte rien dans la même configuration….Re-dommage, car après tout, pourquoi ne pas encourager le public à évoluer en douceur ? D’abord on change le lecteur, sans bénéficier d’une meilleure résolution mais avec un espace colorimétrique étendue sur le diffuseur full HD, puis plus tard, convaincu et curieux d’évoluer, changement de diffuseur, au lieu de forcer à tout changer d’un coup. Alors que pour bon nombre de consommateurs, l’acquisition récente d’un diffuseur full HD ne les motive pas à accélérer leur « taux de renouvellement » comme le définisse les études de marché dans leur sémantique commerciale.
L’UHD BR est actuellement un marché de niche à destination des home-cinéphiles. Parmi eux, une majorité utilise la vidéoprojection qui peine à retranscrire les bienfaits de la 4K à « l’espace colorimétrique » étendu ou alors à des prix….stratosphériques…Pour ceux qui ne sont pas en salle dédiée, il leur faut changer source et diffuseur pour voir ou revoir des films encodés à partir de master qui ne sont pas 4K natif. Sans oublier, les non adeptes de la VO qui sont privés d’une bande son digne de ce nom…. Libre à chacun de sauter ou non le pas. Pour moi, c’est non. Un peu comme face à une carte des vins, les prix s’envolent mais le delta qualitatif à partir d’un certain montant devient difficile à percevoir. Le rapport qualité/prix n’est plus linéaire, il est exponentiel, une dépense importante pour un gain faible à discutable.
De discussions d’ailleurs il est question, les pages de topics se chargent d’un jargon technique indigeste, parfois pour pouvoir juste utiliser le matériel, parfois pour l’optimiser, parfois pour partager sur les (nombreux) bugs et intolérances des protocoles (informatiques) entre deux éléments d’une chaîne de diffusion. A ce demander, si et quand il est possible de regarder un film, les spectateurs font attention à l’œuvre plus qu’à leur chasse au clouding, banding, et autre adjectif en « ing ». Enfin, parfois, l’extase n’est pas loin quand les lumières d’une ville ou d’un coucher de soleil sont meilleurs que sur l’édition BR du même film.
On dit du diable qu’il se cache dans les détails, pour le home-cinéphile 4K addict en 2017, c’est le paradis qui se cache dans les détails.