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Le coin des sciences avec Robert64

Message » 24 Fév 2017 1:47

Je m'excuse auprès de toi Robert, de ne pas avoir le temps de te répondre avec la patience et la pédagogie dont tu as fait preuve de nombreuses fois à mon égard lorsque je demandais des précisions dans le domaine des sciences.
Mais là je n'ai vraiment pas le temps et surtout pas la place...
Il m'a fallu 300 pages pour étayer sérieusement mes propos la dernière fois que j'ai évoqué les dangers de toute recherche sur les processus mécaniques de la pensée, l'acquisition du savoir, la possibilité de "normaliser", recadrer...
Juste quelques références et citations...
"Quiconque détruit une chose pour essayer de la comprendre a quitté les voies de la sagesse"
Gandalf le gris.
"Le tout est plus que la somme de ses parties".
Aristote
"Il est dangereux de montrer à l'homme à quel point il est proche de la machine sans lui montrer en même temps à quel point il en est éloigné."
Adaptaté en roue libre de Pascal
"Quiconque cherche à concevoir les processus mécaniques de l'esprit engendre des robots"
Libre adaptation de la bible

Plus sérieusement, et pour donner juste mon avis sans l'étayer par quoi que ce soit, ces "recherches" me semblent, et c'est un comble, s'inscrire comme le dernier rejeton d'une longue lignée de fous furieux de la raison relevant plus d'une pulsion épistémophilique débridée qu'autre chose :lol:
Des types qui ont tout perdu sauf leur raison et dont la génèse remonterait effectivement jusqu'à Platon. Dont les délires eugénistes et la follie ne sont plus à démontrer pour quiconque a lu La république.
Ces recherches sont sans aucun doute possible bien menées mais, précisément parce qu'elles sont efficaces, peuvent précisément donner lieu à des conséquences plus funestes que la bombe atomique :-?
C'est le domaine d'étude des nombreux ismes (le productivisme, le structuralisme, qui peuvent donner lieux à d'autres ismes comme l'eugénisme, le totalitarisme...).
On fait déjà bien peu de cas de la personne humaine, si de surcroit on la rabaisse à un substrat que l'on se propose de façonner pour optimiser l'ordre et la productivité de la société :-?
Ils n'avancent même plus avec l'argument "on fait ces recherches pour soulager de la souffrance alors nous faites pas chier" non ils annoncent d'emblée la couleur "oui les neuro-sciences peuvent empêcher que se développent dès l'enfance des mécanismes de pensées simplistes qui pourraient donner naissance à des terroristes."
Franchement Robert tu as besoin d'un docteur en philo pour voir qu'il y a potentiellement là un immense problème éthique ?

Derrière la maitrise du génôme humain, puis celle des processus cognitifs, se trouve le lieu des recherches où l'homme, en réalité, ne se maitrise pas du tout lui-même, poussé par tous les démons intérieurs qu'il se garde bien de cartographier (ce qui serait au passage le job d'un vrai chercheur en psychologie) : désirs de pouvoir totalitaire, fantasmes d'auto-déification...
Enfin bref de Frankenstein à 1984 en passant par le meilleur des mondes, on a de quoi faire pour se représenter où peuvent mener.
Sans oublier Faust.
Boc21
 
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Message » 24 Fév 2017 9:16

Boc21 a écrit:....
Franchement Robert tu as besoin d'un docteur en philo pour voir qu'il y a potentiellement là un immense problème éthique ?

Derrière la maitrise du génôme humain, puis celle des processus cognitifs, se trouve le lieu des recherches où l'homme, en réalité, ne se maitrise pas du tout lui-même, poussé par tous les démons intérieurs qu'il se garde bien de cartographier (ce qui serait au passage le job d'un vrai chercheur en psychologie) : désirs de pouvoir totalitaire, fantasmes d'auto-déification...
Enfin bref de Frankenstein à 1984 en passant par le meilleur des mondes, on a de quoi faire pour se représenter où peuvent mener.
Sans oublier Faust.

Bien sûr, il y a un potentiel problème éthique, mais ne retombe-t-on pas dans l'éternel duo?: la science d'un côté qui nous permet de faire progresser notre savoir et de comprendre (un peu) la nature dont nous faisons partie et de l'autre côté l'usage que l'on en fait. Ce problème se pose déjà avec les nouveaux outils pour induire à volonté des mutations (CISPR et je ne sais plus quoi..), et bien sûr le programme "human brain". Il y a d'un côté un espoir pour beaucoup de malades et de l'autre des risques importants de détournement.
Et je pense que de plus en plus souvent, on se retrouvera dans cette situation.
Mais je ne m'inquiète pas trop: on avait dit que quand on aurait séquencé le génome humain, on aurait accès à la guérison de toutes les maladies génétiques. Bon, en fait, ce séquençage a permis de savoir que le problème est peut-être mille fois plus complexe que la vision simpliste qu'on en avait au départ.
Perso les développements numériques de reconnaissance de personnes dans une foule et de détection automatique de comportements "anormaux" m'inquiètent plus. Surtout mis en lien avec les développement de robots armés autonomes, capables de prendre des décisions et d'élaborer des stratégies en groupe. (programme du DARPA)
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Message » 25 Fév 2017 16:47

Robert64 a écrit:
Boc21 a écrit:....
Franchement Robert tu as besoin d'un docteur en philo pour voir qu'il y a potentiellement là un immense problème éthique ?

Derrière la maitrise du génôme humain, puis celle des processus cognitifs, se trouve le lieu des recherches où l'homme, en réalité, ne se maitrise pas du tout lui-même, poussé par tous les démons intérieurs qu'il se garde bien de cartographier (ce qui serait au passage le job d'un vrai chercheur en psychologie) : désirs de pouvoir totalitaire, fantasmes d'auto-déification...
Enfin bref de Frankenstein à 1984 en passant par le meilleur des mondes, on a de quoi faire pour se représenter où peuvent mener.
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Bien sûr, il y a un potentiel problème éthique, mais ne retombe-t-on pas dans l'éternel duo?: la science d'un côté qui nous permet de faire progresser notre savoir et de comprendre (un peu) la nature dont nous faisons partie et de l'autre côté l'usage que l'on en fait. Ce problème se pose déjà avec les nouveaux outils pour induire à volonté des mutations (CISPR et je ne sais plus quoi..), et bien sûr le programme "human brain". Il y a d'un côté un espoir pour beaucoup de malades et de l'autre des risques importants de détournement.
Et je pense que de plus en plus souvent, on se retrouvera dans cette situation.
Mais je ne m'inquiète pas trop: on avait dit que quand on aurait séquencé le génome humain, on aurait accès à la guérison de toutes les maladies génétiques. Bon, en fait, ce séquençage a permis de savoir que le problème est peut-être mille fois plus complexe que la vision simpliste qu'on en avait au départ.
Perso les développements numériques de reconnaissance de personnes dans une foule et de détection automatique de comportements "anormaux" m'inquiètent plus. Surtout mis en lien avec les développement de robots armés autonomes, capables de prendre des décisions et d'élaborer des stratégies en groupe. (programme du DARPA)
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cf. INSERM :-? :zen:
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Message » 25 Fév 2017 16:49

HS :je comprends que Boc21 est docteur en philosophie. :oops: je vais m'abstenir de publier. :-?
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Message » 25 Fév 2017 17:20

Non je n'ai jamais fini mon doctorat : pendant sa rédaction, j'ai réalisé que ce pour quoi je bossais n'était pas aussi important que je le croyais.
Je bossais sur les enjeux éthiques autour des sciences vouées à nous donner la maitrise du vivant. Le décryptage de l'ADN en particulier.
J'y voyais à l'époque un des plus grands dangers potentiels auquel pouvait se trouver confronter l'humanité : l'homme y étant réduit à un objet -potentiellement une marchandise.
On commençait déjà à voir des futurs parents un peu dingues s'acheter tel ou tel gène auprès de médecins pratiquant l'insémination artificielle, lesquels étaient carrément et ouvertement d'anciens nazis sur le retour :lol:
On était dans un monde plutôt en paix, en équilibre, à l'économie florissante...et puis la guerre de yougoslavie est arrivée...j'ai tout de suite compris que l'humanité allait être confrontée à des dangers nettement plus concrets et tangibles que les éventuels abus ou dérives d'une branche de la science :-?
De plus, pour plaisants qu'étaient les cours à la Fac, sincèrement je ne me suis pas vu faire ça toute ma vie.
Et je suis allé là où me menait mon enthousiasme...
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Message » 28 Fév 2017 13:36

ouaaahhhh :o
A compter de mercredi 1er mars, les médecins pourront prescrire de l’activité physique à leurs patients souffrant d’une affection longue durée. Soit de 10 à 11 millions de Français atteints par l’une des quelque trente maladies concernées (diabète, maladie de Parkinson, cancer, etc). C’est un grand pas, dans un pays qui figure parmi les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. L’annonce avait été faite le 30 décembre 2016 lors de la parution du décret de la loi de santé de janvier 2016.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/sante/article/201 ... SBqE9Ws.99
FGO
 
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Message » 28 Fév 2017 14:05

Brèfle... science sans conscience n'est que ruine de l'âme...

Il fallait que ce soit dit... et n'allez pas croire que ça vient de moi... :oops: :hehe:

La configuration dans mon profil


J'ai établi une entente de co-existence pacifique avec le temps : il ne me poursuit pas, je ne le fuis pas. Un jour nous nous rencontrerons. (Mario Lago)
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Message » 28 Fév 2017 21:37

Si tu n'es Rabelais, tu es donc son frère :lol:
Boc21
 
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Message » 02 Mar 2017 2:10

Des microfossiles vieux de 4 milliards d'années découverts au Québec
La vie sur Terre pourrait être apparue bien plus tôt qu'on ne le pensait. Des chercheurs ont affirmé ce mercredi dans la revue Nature avoir découvert des micro-organismes fossiles qui auraient entre 3,77 et 4,29 milliards d'années, soit seulement quelques centaines de millions d'années de moins que notre planète, qui s'est formée il y a 4,567 milliards d'années. Les scientifiques ont mis en évidence ces microfossiles dans des couches de quartz du site géologique de la ceinture de Nuvvuagittuq, au nord-est du Québec, au Canada. Cet affleurement est réputé pour abriter la plus vieille roche connue (4,29 milliards d'années).
[...]

«Pour rester prudents», les scientifiques ont donné aux micro-organismes «un âge minimum de 3,77 milliards d'années», ajoute-t-il. C'est déjà 300 millions d'années plus ancien que les plus vieux microfossiles connus jusqu'à présent, qui ont été trouvés en Australie et sont âgés de 3,460 milliards d'années, souligne Dominic Papineau. Les microfossiles se sont formés au fond de la mer, à proximité de «cheminées hydrothermales», qui réchauffent les eaux et sont le fruit de l'activité volcanique, soulignent les chercheurs.
tfpsly
 
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Message » 02 Mar 2017 12:40

tfpsly a écrit:Des microfossiles vieux de 4 milliards d'années découverts au Québec
La vie sur Terre pourrait être apparue bien plus tôt qu'on ne le pensait. Des chercheurs ont affirmé ce mercredi dans la revue Nature avoir découvert des micro-organismes fossiles qui auraient entre 3,77 et 4,29 milliards d'années, soit seulement quelques centaines de millions d'années de moins que notre planète, qui s'est formée il y a 4,567 milliards d'années. Les scientifiques ont mis en évidence ces microfossiles dans des couches de quartz du site géologique de la ceinture de Nuvvuagittuq, au nord-est du Québec, au Canada. Cet affleurement est réputé pour abriter la plus vieille roche connue (4,29 milliards d'années).
[...]

«Pour rester prudents», les scientifiques ont donné aux micro-organismes «un âge minimum de 3,77 milliards d'années», ajoute-t-il. C'est déjà 300 millions d'années plus ancien que les plus vieux microfossiles connus jusqu'à présent, qui ont été trouvés en Australie et sont âgés de 3,460 milliards d'années, souligne Dominic Papineau. Les microfossiles se sont formés au fond de la mer, à proximité de «cheminées hydrothermales», qui réchauffent les eaux et sont le fruit de l'activité volcanique, soulignent les chercheurs.

Tabernacle ! :o :bravo:
Ces québecquois! Font rien comme tout le monde: amha, ils ont trop fréquenté les anglais!
Blague à part, au moment où vivaient ces bactéries, la terre devait être encore pas mal chaude.
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Message » 11 Mar 2017 23:16

Hunched Over a Microscope, He Sketched the Secrets of How the Brain Works.
https://www.nytimes.com/2017/02/17/science/santiago-ramon-y-cajal-beautiful-brain.html?_r=0
alain_38
 
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Neurosciences

Message » 15 Mar 2017 10:19

«Henry Molaison, l’homme qui ne pouvait plus se souvenir»

13.03.2017, par Alexandra Gros, chercheuse post-doctorante à l’université d’Edimbourg
(Journal du CNRS)

Retour sur l'histoire de ce patient américain devenu amnésique en 1953 à la suite d'une opération destinée à soigner son épilepsie.
Henry Molaison, aussi connu sous le pseudonyme HM, est un patient américain amnésique dont l’étude a contribué à la compréhension des mécanismes de la mémoire. Souffrant d’une forme d’épilepsie résistante aux médicaments, il a subi à l’âge de 27 ans, en 1953, une opération chirurgicale consistant à lui retirer les foyers épileptiques situés dans les hippocampes et les tissus environnants des lobes temporaux. Mais à son réveil, alors que sa personnalité, ses capacités intellectuelles et de langage restent intactes, il est incapable de se souvenir de nouvelles informations ou de savoir s’il a faim, sommeil ou où il a mal.

HM souffre en fait d’une amnésie antérograde quasi totale, c’est-à-dire qu’il est incapable de former de nouveaux souvenirs, ainsi que d’une amnésie rétrograde puisqu’il ne se souvient pas de plusieurs années de sa vie (environ 11 ans). À partir de 1957, HM devient le sujet de nombreuses études scientifiques sur la mémoire menées par les neuropsychologues de l’Institut neurologique de Montréal, notamment Brenda Milner et Suzanne Corkin. Ces études montrent qu’HM est incapable de mémoriser de nouvelles informations de manière explicite, mais qu’il reste capable de mémoriser des informations de manière implicite, notamment des informations motrices. De plus, sa mémoire à court terme (30 secondes) reste intacte même si cela nécessite un effort constant de répétition de la part d’HM et il est parfois capable de se souvenir de certaines informations ponctuelles telles que le fait qu’il ait « des problèmes de mémoire » ou encore qu’« une personne célèbre appelée Kennedy a été assassinée ».

Sa capacité à retenir certaines informations, comme le plan de sa nouvelle maison, son visage dans un miroir ou encore le fait que ses parents soient morts, est attribuée au fait que la plupart de ces informations sont répétitives ou associées à une forte charge émotionnelle, et pourraient donc impliquer des structures différentes de l’hippocampe pour mémoriser des informations. Les études menées sur HM ont permis des avancées importantes dans la compréhension du fonctionnement et des structures impliquées dans la mémoire, notamment le rôle central de l’hippocampe et des aires para-hippocampiques dans la mémorisation. Ces études furent la base de la recherche sur la mémoire et le point de départ de nombreuses études sur l’hippocampe chez l’Homme et l’animal cherchant, encore aujourd’hui, à disséquer les mécanismes cellulaires et moléculaires de la mémoire.

Jusqu’à la fin de sa vie en 2008, les troubles amnésiques d’HM ont très peu évolué, mais il continuait à participer à certaines études neuropsychologiques. Après son décès à l’âge de 82 ans, son cerveau a été prélevé, afin d’effectuer une étude histologique inédite reposant sur la réalisation de plusieurs milliers de sections (2 041 sections exactement) qui ont ensuite été numérisées dans le cadre du projet The Brain Observatory mené par le Dr Jacopo Annese de l’université de Californie à San Diego pour réaliser un atlas numérique de son cerveau qui servira à de futures études neuro-anatomiques.

Pour réaliser ces sections, le cerveau d’Henry Molaison a été congelé pour ensuite être minutieusement sectionné pendant 53 heures consécutives. Cette manipulation fut la première du genre puisque personne n’avait jamais tenté de congeler un cerveau humain entier dans ces conditions jusqu’alors. Alors que les médecins pensaient que l’hippocampe d’HM était complètement endommagé, une IRM réalisée dans les années 1990 ainsi que l’étude des sections cérébrales réalisées puis marquées révèlent qu’en fait, une grande partie de l’hippocampe d’HM restait intacte, relançant les interrogations et hypothèses sur le rôle des aires para-hippocampiques dans la mémoire.

Pour aller plus loin...
L’article dans la revue Nature du Dr Jacopo Annese relatant la technique mise en place pour sectionner le cerveau de HM : J. Annese et al. Postmortem examination of patient H.M.’s brain based on histological sectioning and digital 3D reconstruction. Nature Communications. Published online January 28, 2014. doi: 10.1038/ncomms4122, ainsi qu’un article dans la revue Neuron du professeur Larry S. Squire sur l’héritage des études d’Henry Molaison pour les neurosciences.

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Message » 22 Mar 2017 10:33

Dans la rubrique: "En France, que des mauvais"
Pendant qu'on se passionne pour le porte monnaie de nos petits magouilleurs professionnels, ils se passe quand même de petites choses qui ne retiennent pas l'attention de TF1 ou BFM TV:

Le mathématicien Yves Meyer reçoit le prix Abel

21.03.2017, par Albert Cohen Journal du CNRS

Chercheur d’exception, le mathématicien Yves Meyer se voit décerner aujourd’hui cette récompense prestigieuse pour sa contribution majeure au développement de la théorie des ondelettes. Le mathématicien Albert Cohen dresse son portrait.

Né en 1939, Yves Meyer est actuellement professeur émérite à l’École normale supérieure Paris-Saclay1, membre de l’Académie des sciences, ainsi que membre étranger de l’American Academy of Sciences. Il a dirigé les travaux de thèses de plus de 50 étudiants, qui sont devenus chargés ou directeurs de recherches au CNRS, professeurs dans les universités françaises ou étrangères. Depuis le début de sa carrière il donne un très grand nombre de conférences, notamment aux trois congrès mondiaux de mathématiques de Nice, Varsovie et Tokyo, et des exposés pléniers au congrès international de physique mathématique de Swansea ainsi qu’au congrès ICIAM de Washington.

Yves Meyer reçoit aujourd’hui le prix Abel (link is external), décerné chaque année par l’académie norvégienne des sciences et des lettres depuis 2003. Souvent perçue comme le prix Nobel des mathématiciens, cette récompense distingue l’œuvre d’un mathématicien dans son ensemble. Ce prix vient s’ajouter au prix Salem reçu par Yves Meyer en 1970, ainsi qu’au prix Gauss en 2010, deux récompenses majeures en mathématiques, décernées par l’International Mathematical Union. Ces distinctions forcent le respect et illustrent combien l’œuvre d’Yves Meyer est unique : on y trouve des accomplissements théoriques d’une grande profondeur, en particulier dans le domaine de l’analyse harmonique, ainsi que des contributions décisives en direction des autres disciplines scientifiques, notamment par le développement d’outils innovants dans le domaine du calcul numérique qui ont eu un impact majeur dans le monde des applications.

Ses travaux sur la théorie des opérateurs inspirent encore les jeunes mathématiciens.
Le prix Abel d’Yves Meyer fait écho au prix Nobel de chimie de Dan Shechtman en 2011 pour la découverte des quasi-cristaux. En effet, dans les années 1960, Yves Meyer introduisit la théorie des ensembles modèles qui a ouvert la voie à la théorie mathématique des quasi-cristaux. Rappelons qu’un quasi-cristal est un solide issu d’un alliage chimique qui possède des propriétés macroscopiques proches de celles d’un cristal mais dont la structure n’est pas périodique même si elle possède un certain ordre.

Les travaux d’Yves Meyer ont permis d’identifier ces structures non périodiques comme des cas spécifiques d’ensembles modèles, appelés quasi-cristaux. L’exemple par excellence d’une telle structure est donné par les pavages de Penrose, particulièrement connus pour leur esthétique ; ils ne seront introduits d’ailleurs de façon théorique qu’après ces découvertes fondamentales. Beaucoup plus récemment, en 2011, Yves Meyer a démontré que les ensembles modèles peuvent aider à reconstruire certains signaux sur lesquels on n’a qu’une information partielle sur la localisation de la bande de fréquence. Ce développement apporte une contribution importante au paradigme du « compressed sensing » (échantillonnage compressif) qui s’est largement développé en traitement du signal, de l’image et de l’information depuis 2005.

Nous devons à Yves Meyer plusieurs contributions majeures en matière d’équations aux dérivées partielles. Ainsi, ses travaux sur la théorie des opérateurs ont ouvert la voie à des développements notables et inspirent encore les jeunes mathématiciens. De même, ses recherches sur les équations de Navier-Stokes sont fondamentales pour la compréhension du comportement des fluides. Rappelons que la résolution mathématique rigoureuse des équations de Navier-Stokes constitue l’un des sept problèmes mathématiques du prix du millénaire posés par l’institut Clay en 2000. Or, nul doute que les travaux novateurs d’Yves Meyer ont suscité l’intérêt pour ces équations. Il a en effet lancé dans les années 1990 un programme de recherche ambitieux sur les solutions dites « mild » qui avaient été introduites par Tosio Kato dans les années 1980, proposant une approche originale, basée sur l’usage systématique de l’analyse harmonique, qui l’a conduit à démontrer l’existence de solutions dans certains espaces.


Les travaux d’Yves Meyer ont permis d’identifier des structures non périodiques telles que ce pavage de Penrose, dont la figure est particulièrement esthétique.

Un pionnier de la théorie des ondelettes

Enfin, c’est sans doute pour ses travaux sur les ondelettes et leurs applications au calcul numérique qu’Yves Meyer est le plus connu. À partir des années 1980, on constate une convergence entre des développements scientifiques dans différents domaines visant à décomposer des fonctions : on utilise l’analyse temps-fréquence en traitement du signal, l’analyse multi-échelle en traitement d’image, les décompositions de Littlewood-Paley en analyse harmonique, les splines et les algorithmes de subdivision en théorie de l’approximation. La contribution fondamentale d’Yves Meyer est alors d’organiser ces découvertes disjointes en une théorie unifiée qui conduit à la construction systématique des bases d’ondelettes dans les années 1990. Cette théorie permet d’offrir un cadre général dans lequel on peut décomposer des fonctions pour analyser plus finement leurs propriétés locales. Les travaux d’Yves Meyer vont aboutir à de nombreux développements dans des domaines variés, par exemple en compression des données et en estimation statistique. Aujourd’hui, il existe de très nombreuses applications des ondelettes dont certaines sont spectaculaires – la norme JPEG 2000 fondée sur les ondelettes dites biorthogonales constitue l’état de l’art actuel en compression d’image – et se traduisent par un grand nombre de brevets, workshops, publications.


Yves Meyer a toujours cherché l’interaction et la discussion avec des experts d’autres disciplines que la sienne.
Le rôle de leader de cette aventure scientifique revient sans conteste à Yves Meyer. Mais il fut également le premier à se montrer très critique envers certaines affirmations trop optimistes, et à suggérer des alternatives aux ondelettes permettant de mieux représenter certaines classes de fonctions, signaux et images. Parmi ces alternatives, il y a ce que l’on appelle aujourd’hui la représentation parcimonieuse d’un signal, laquelle joue un rôle particulièrement important dans de nombreuses applications dont l’imagerie médicale.

Dans cette liste de contribution, la théorie des ondelettes est certainement celle dont l’impact est particulièrement visible dans le monde scientifique. Elle l’a été tout récemment lorsque le 14 septembre 2015, un algorithme utilisant une technique de décomposition en ondelettes a détecté en premier le signal des ondes gravitationnelles.

La diversité de l’ensemble des contributions d’Yves Meyer est révélatrice de sa façon d’aborder la recherche et de l’utilité de la vision d’un mathématicien pour une recherche interdisciplinaire. Yves Meyer a ainsi toujours cherché l’interaction et la discussion avec des experts d’autres disciplines que la sienne, et nombre d’entre eux se sont engagés avec enthousiasme dans les chemins qu’il a su ouvrir. Il est aussi connu pour sa grande générosité, donnant sans compter son temps pour la direction de jeunes chercheurs et sachant s’effacer pour mettre en avant leurs travaux. La carrière d’Yves Meyer nous montre une fois de plus qu’il n’existe pas de ligne de séparation entre mathématiques pures et appliquées, et encore moins entre les mathématiques et le monde pluridisciplinaire des applications. En cela, le comité Abel honore un magnifique ambassadeur des mathématiques vers la société et les autres sciences.


Notes
1. Au Centre de mathématiques et de leurs applications (CNRS/ ENS Paris Saclay)
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Message » 22 Mar 2017 14:05

Robert64 a écrit:Dans la rubrique: "En France, que des mauvais"
Pendant qu'on se passionne pour le porte monnaie de nos petits magouilleurs professionnels, ils se passe quand même de petites choses qui ne retiennent pas l'attention de TF1 ou BFM TV:

Le mathématicien Yves Meyer reçoit le prix Abel



D'un autre coté, seule une infime minorité de nos concitoyens sont à peu près capables d'apprécier ses travaux et de les comprendre (et je n'en fais pas partie).
Les autres se serviront de la norme jpeg 2000 pour télécharger des photos de bombasses, tout comme des millénaires de développement dans les sciences, permettant la retransmission d'images et de son, ont donné une TV rettransmettant entre autre des conneries insanes.
Je me suis souvent passionné pour ce contraste saisissant entre la beauté, la profondeur des recherches qui ont permis l'élaboration d'une technique, d'une technologie, toute la somme de souffrances, sacrifices et efforts que cela représente sicèle après siècle, et ce que les hommes en font.
Pas les bombes, pas les armes, mais les TV, les portables, le net, et surtout les contenus putain, les contenus à 99 % juste lamentables et grotesques qui circulent dans ces trésors de savoir et de chefs d'oeuvres techniques :o
Boc21
 
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Message » 22 Mar 2017 15:12

:lol: :lol: :lol:
poilau
 
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