Annus Auris billis ?Ayant reçu l’Auris – après quelques aléas – je l’ai donc laissé se reposer tranquillement, non sans l’avoir sorti du carton et branché, pendant deux heures, puis mis en fonction, pendant quelques heures, histoire qu’il se remette de son voyage. Pour la petite histoire, il est branché en asymétrique directement sur la sortie RCA de mon DAC (Wyred4Sound DAC2), lequel est connecté via un câble AES/EBU (Vovox) à une interface Gustard U2, elle-même reliée en USB à mon ordinateur (player PureMusic 3 + itunes, up sampling en x2). De l’autre côté, pour la comparaison, mon propre ampli Little Dot VI+ est relié à la sortie XLR du même DAC.
L’Auris est assez simple à mettre en œuvre: selon les tubes – EL ou PL95 – un switch permet, sur la façade arrière de passer de l’un à l’autre; le sélecteur d’impédance, avec de droite à gauche, quand on regarde la façade avant de l’ampli, 50, 150, 300 et 600 Ohms se situe également sur la façade arrière; l’interrupteur général est également à l’arrière, mais sous la façade avant, on trouve un second interrupteur permettant de mettre l’appareil en stand by, dont l’activation est signalée par une led bleue, qui a la politesse de se voir sans se faire voir; enfin, trois entrées sont disponibles, commutables par un sélecteur en façade. Une télécommande, permettant de contrôler le volume (+, –, mute), complète l’ensemble.
J’ai donc passé une bonne partie du dimanche à me réchauffer, car, vu le temps qu’il fait, c’est pas du luxe, en écoutant quelques morceaux, puis quelques disques. Mais, vas-tu me dire, car rien n’échappe à ta sagacité: z’avec quel casque? Car, certes, point n’est-ce là détail anecdotique ni circonstance à passer sous silence… Eh bien, après avoir longuement continué à écouter et comparer le Focal Utopia à son petit frère, l’Élear, ces temps derniers – et continué à préférer celui-ci à celui-là (ben oui, dans l’écoute au casque, y’a pas: je suis le maillon le plus faible du système) – il était logique que le “petit” Focal fît les frais de cette première écoute… Alors, qu’avons-nous dans la petite liste de jeu (playlist en québécois):
- Chanté par Gréco:
Déshabillez-moi tiré du double CD
Gréco à l'Olympia (1992; CD2 plage 9)
-
Stabat Mater en fa m., RV 621: I. Stabat Mater de Vivaldi, dans le CD de 1995
Œuvres Sacrées, par La Grande Écurie et la Chambre du Roy dirigées par Jean-Claude Malgoire
- de Gainsbourg, le
Requiem Pour Un Con tiré du CD de 1968
Initials B.B. (plage 18)
-
Les Marquises de Brel tirée de l’album éponyme (CD15 de
Intégrale Bonbon, plage 12)
-
Freedom, c’est-à-dire la plage 1 du CD de Ilhan Ersahin & Erik Truffaz, sorti en 2012:
Istanbul Sessions With Erik Truffaz- le
Gloria In Excelsis Deo de la
Messe en si mineur de Bach, par Philippe Herreweghe et l’ensemble Collegium Vocale Gent, CD sorti en 1998 chez Harmonia Mundi
- de Gainsbourg,
La Nostalgie Camarade, plage 7 du CD de 1981:
Mauvaises Nouvelles des Étoiles- et pour finir,
High Hopes, du Pink Floyd, reprise en fichier HD 24/96 de l’album sorti en 1994,
The Division Bell Entre mon propre ampli et l’Auris, j’enregistre immédiatement quelques différences – non pas de l’ordre du kilomètre, mais pas non plus en dessous du millimètre: disons qu’on est dans les centimètres. Sur des morceaux classiques – Stabat Mater et Gloria en la circonstance – l’Auris me semble plus calme, plus serein, un peu moins “brillant” ou “chatoyant” dans le médium et le haut médium, là où le Little Dot est plus “joueur”, plus enjôleur dans le même registre. À supposer que celui-ci soit coloré, celui-là est plus neutre et, inversement, si celui-là était un peu en retrait dans ce registre (ce qui, dit au passage, permet de monter le volume un peu plus), l’autre serait plus riche… Je me garderai bien de trancher entre ces deux hypothèses! Ce sont deux types de restitutions très cohérentes et très agréables l’une comme l’autre – entre lesquelles chacun devra choisir en fonction de ses goûts (ou de ce qu’il appelle neutralité).
Sur des morceaux comme ceux du Pink Floyd ou d’Ilhan Ersahin et Erik Truffaz, qui sont plus chargés en grave, une autre différence se révèle, qui n’est guère sensible à l’écoute des plages précédentes: sur le LD, ce registre paraît plus chargé, peut-être un peu plus ample, là où l’Auris donne une restitution qui n’est pas écourtée, mais me paraît un peu plus dégraissée, peut-être un peu plus tenue, tendue ou plus sèche. Les attaques, en particulier dans le morceau
Freedom me paraissent plus franches voire plus nettes. Là encore, c’est à la comparaison directe que la chose me paraît assez évidente, et non pas dans l’absolu (si tant est que ce terme d’absolu ait le moindre ce sens en ce bas monde). Il est possible que les deux amplis réagissent différemment à la même charge, en fonction de leur impédance de sortie – dont j’ignore la valeur. Je ne pense pas que cela soit lié à une différence de puissance, non seulement parce que mon LD ne sort “qu’un watt” sous 50 Ohms, mais aussi parce que l’Auris est tout à fait à l’aise (pas besoin de monter spécialement le volume, malgré un branchement asymétrique contre symétrique, plus le fait que le gain de mon ampli soit sur “high”).
Les morceaux de chanson, Gréco, Brel et Gainsbourg, me paraissent révéler un écart semblable à celui de l’écoute de Vivaldi: les voix ne manquent absolument pas de grain ou de présence avec l’Auris, mais me paraissent un peu plus lointaines – à moins évidemment qu’il ne s’agisse de plus de présence dans le cas du Little Dot. Là encore, la question n’est pas de savoir qui a tort ou qui a raison – mais bien d’une sorte de “présentation” différente de la même chose. Certes, j’ai pu entendre Gréco et Gainsbourg en concert (et pas Brel), mais d’une part, c’était il y a longtemps, et qui plus est, qu’il s’agisse de studio ou d’enregistrements publics, il y aurait de toute façon toute la technique venant s’intercaler (micros, sonorisation de la salle, etc.). En la matière, je ne crois pas à la mémoire, qui est bien incapable, à des années de distance et sur autant de critères différents d’être opératoire. Quoiqu’un peu différentes, les deux restitutions se tiennent chacune parfaitement et procurent énormément de plaisir.
Les quelques disques que j’ai écoutés ensuite – des quatuors à cordes de Chostakovitch par les Fitzwilliam,
Atom Heart Mother du Pink Floyd et, pour finir, la sixième symphonie de Mahler par Boulez (chez DG) – m’ont convaincu à tout le moins d’une chose: rien ne vient troubler l’écoute ni s’interposer entre la musique et soi, quel que soit le genre. Sachant que mon Little Dot présente pas mal de similitudes avec les RKV d’Audio Valve (en particulier le RKV-2) – ce qui est d’ailleurs l’une des raisons qui me l’a fait adopter (et ce, même si j’avoue bien volontiers qu’un RKV-3……), l’Auris offre donc une alternative absolument incontournable dans cette tranche de tarif (un peu moins cher qu’un RKV-2). Certes, 3000€ pour un couple Elear/Auris, ça n’est pas donné: un peu plus de 2 mois de SMIC, ce qui le rend inaccessible à la plupart des habitants de ce pays – en tout cas, pas sans s’imposer un certain nombre de sacrifices! Il n’en demeure pas moins que cela ferait un ensemble de très haut de gamme, capable d’offrir des centaines d’heures et des années d’écoute dénuées de toute frustration.
La suite reste à venir, car ayant récupéré mon cher HD800, et ayant toujours un petit Odin dans le coin, je compte bien les comparer avec l’Elear, sur ce très bel ampli casque, et y brancher également l’Utopia…
Ce qui me fait dire qu’il se pourrait bien que 2017, loin d’être horrible, soit celle de l’Auris et des guerres de l’oreille (jeu de mots foireux, j’en conviens!) et de la musique.
Cdlt
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