Je tiens à préciser qu'il n'y a aucune polémique dans mes propos. Ma présence ici vient d'un constat: mes conversations avec les professionnels du cinéma, quels qu'ils soient en France ou à l'étranger, sont fluides et ne relèvent pas de désaccord. En un mot, nous sommes sur la même longueur d'onde.
Aborder les mêmes sujets devient un terrain de divergences insolubles avec une majorité de home-cinéphiles. Pourquoi ?
Le cinéma est une industrie normée. Le home-cinéma aussi. C'est un fait. Il serait tellement plus simple se séparer les discussions de ceux qui ne veulent pas l'admettre et de ceux qui veulent voir et entendre les films comme ils ont été créés.
Le Fresh a écrit:Jean-Pierre Lafont a écrit:Une belle gifle à la face de l'ingénieur
Pas autant que des coupes et remontage de la part du studio agissant directement sur le "produit fini"
Je ne connais pas de studio de production qui s'amuse à ce genre de chose. Il existe effectivement des officines de mastering qui font d'un film une bouillie pour les chats (pauv' bêtes) mais on n'est pas obligé de se jeter dessus. Vous ne trouverez jamais ce genre d'ignominie sur une galette certifiée.
Rien à voir non plus avec l'écrasement de ses sentiments dans un downgrade d'un 7.1 en 5.1 d'un 5.1 en 2.1 Pourtant ca c'est directement fourni dans la galette.
Exact. De même que la compression ou le night mode. Quand j'objecte ce point irritant on me répond que je ne suis pas social. Les BD sont majoritairement visionnés sur la télé posée sur le frigo de madame Machin pendant qu'elle fait la vaisselle et que les enfants jouent à la balle. Dont acte.
Le niveau de bruit résiduel d'une salle dédiée fait partie des nomes HC. Je ne vois pas l'intérêt d'installer un système 2.1 dans une pièce prévue pour recevoir un home cinéma.
Rien à voir non plus avec la négation du travail des acteurs et de leurs directions subtilisés par la nécessité de localisation/doublage.
Avez-vous déjà écouté un de Funès en Japonais ou en Allemand ? J'ai eu l'occasion d'en voir au cours de voyages à l'étranger. C'est inregardable! Préférez toujours la VO à la copie. (même mal sous-titrée à défaut de mieux).
Quel impact sur la quintessence d'un film par rapport au fait de matricer deux surrounds en quatre avec un dsp ?
Je ne connais pas le sens de "matricer" et encore moins ce qui se cache derrière. Il n'y a pas besoin de DSP pour distribuer 2 canaux surrounds sur 4 enceintes avec la correction de niveau appropriée. L'essentiel est de ne pas apporter de séparation de contenu entre les enceintes parce que là, ça devient un autre film.
On pourrait en rajouter beaucoup d'autres par rapport à l'étalonnage des couleurs
L'étalonnage des couleurs est une opération qui demande plusieurs semaines, faite en présence et/ou contrôlée par le réalisateur. Il n'y a pas de modification de couleur sur un BD certifié. Le reste revient aux officines citées précédemment.
la taille de l'écran etc etc.
Que l'écran soit grand ou petit, c'est l'angle de vision qui compte
Par ailleurs question bête, il n'existe pas de dsp qui enverrait le miroir des canaux back aux enceintes surround back et ferait un petit réseau diffus de 2 enceintes ?
Je présume que vous voulez dire side vers back. La question n'est pas bête. C'est comme ça que ça doit fonctionner et il n'a pas besoin de DSP pour le faire.
Le concept est pourtant simple: le son des canaux surround est fait pour être ressenti, et non pas entendu.
C'est la base et ce n'est pas moi qui l'invente.
Une base qui date de quand ?
Une base toujours d'actualité. Il suffit d'assister au mixage d'un film pour le vérifier.
Ces règles semblent édictées pour hotel du Nord
Je ne sais pas, je n'ai pas encore vu Hotel du Nord en Dolby Surround.
Y a-t-il une charte d'engagement des realisateur à œuvrer dans un strict sens de ce que certains ont cru bon d'édicter comme règles ?
Absolument. La liberté du réalisateur a des limites fixées par la nécessité de produire un même résultat sur une grande variétés d'équipements et de lieux. C'est pour cela que les normes sont votées par les professionnels dont les réalisateurs eux-mêmes. Il en existe des milliers couvrant chaque détail de la production cinématographique et télévisuelle, elles sont adoptées dans tous les pays et constituent "le code de la route" du réalisateur.
ça fonctionne comme les médicaments. Pour faire adopter une norme, il faut des années de débats, de tests et d'amendements et un vote à l'unanimité d'une cinquantaine de personnes issues d'horizons divers de la profession. L'évolution technologique donne naissance à de nouvelles normes chaque semaine. Devenez membre de la SMPTE pour vous tenir informé.
À l'heure du cinéma à grand spectacle, dire que les surrounds ne sont que de l'ambiance n'est-il pas nier le cinéma d'effet spéciaux d'aujourd'hui ?
Ces règles semblent édictées pour hotel du Nord mais pas trop pour Transformers, Gravity etc ou, de ma perception, le spectacle audio est aussi voir plus important que d autres piliers du cinéma comme le scénario, les costumes etc... La part des effets paning et autre a considérablement cru et grâce à nos HC on peut en profiter.
Le cinéma est moins à grand spectacle qu'autrefois. Il n'y a plus de salle de 6000 places comme à l'époque où l'on pouvait profiter d'un film en couleurs diffusé en multipistes sur 80 enceintes dès 1939.
Les pannings sur les ambiances diffuses sont très utiles. Je souligne que le passage d'un jet est un son diffus et qu'il n'y a pas besoin d'Atmos pour les spectateurs aient la sensation qu'il passe au dessus de leur tête (dans un HC qui respecte les normes faites pour ça).
Parmi les 8 derniers HC que j'ai installé, 3 clients ont refusé l'Atmos. Ce sont 3 réalisateurs... Sans doute n'ont-ils rien compris.
de nombreux home-cinéphiles veulent entendre les surrounds
Au delà du "veulent" entendre, je pense que c'est basiquement "aiment entendre".
Quand il s'agit d'entendre quelque chose qui n'a pas vocation d'être entendu (du moins dans le studio de création) je préfère dire "veulent entendre".
C'est comme ceux qui tiennent absolument à éclaircir l'image pour voir le micro caché dans l'ombre du pot de fleurs. Le micro n'a pas plus vocation d'être vu que le son surround d'être suramplifié, mais bon... c'est comme ça.
Sur ce forum comme dans la vie, les gens s'équipent d'abord en son homecinema, puis après pour certains, en image home cinéma. Jamais l'inverse.
Très très peu de gens sont équipé pour le son cinéma. Moins de 1% des installations. La plupart n'ont qu'un lecteur, un ampli et des enceintes.
L'émotion est bien plus facilement transmise par le son, un plan de paysage sans son est démuni (sauf silence ponctuel dans une scène).
100% d'accord. Cela dit, les ingénieurs s'accordent à dire que les silences transportent le plus d'émotion et sont les plus difficiles à produire. J'ajouterai les plus difficiles à reproduire dans l'environnement bruyant d'un home cinéma inadapté.
Je suis à la fin de la trentaine donc mon adolescence a été bercée par le cinéma à grand spectacle, et ouî j'aime les effets sonores bien plus que les ambiances sonores diffusent.
Je suis un mauvais client du dogme, ou alors le dogme n'a pas suivi les attentes ou envies des spectateurs ?
Visiblement les moyens techniques sont avec nous
Je sais. Mon fils considère que le scratching est de la haute fidélité. Encore un point de divergence.
L'atmos est sensé ajouter une dimension supplémentaire à certaines scènes. Le fait-il ? Aux dires de tout le monde : oui.
Oui, mais un champ surround suramplifié qui contient moins de1% d'objets sonores est-il un son Atmos ?
Que ce soit en piste native ou en "émulé".
Dolby est l'inventeur de l'Atmos. Le son émulé n'est pas reconnu par Dolby et ne figure pas dans la liste des films Atmos.
On peut aussi émuler Rembrandt ou Picasso en 3D et les discours politiques en Atmos.
Pour moi l'ambiance est un environnement impalpable très second plan, alors que l'effet est un événement directement dans l'histoire.
Exact. A condition de ne pas détourner l'attention du spectateur. C'est toute la différence entre le son diégétique et extra-diégétique tel qu'on l'enseigne aux réalisateurs dans les écoles de cinéma.
Etant en 7.1 avec 1 enceinte par canal, je perçois parfaitement cette distinction ambiance / effet.
Vous êtes très fort car je ne sais pas faire la distinction entre un champ diffus distribué sur toute la surface d'un mur et le son ponctuel d'une abeille, à partir d'une seule et même enceinte. Surtout quand l'abeille doit se promener sur le mur.
j'aime les effets sonores bien plus que les ambiances sonores diffusent.
C'est sans doute pour ça que contrairement à d'autres capitales il n'existe pas de salle dite de référence (THX ou Dolby) ouverte au public à Paris. Les seules existantes sont privées ou réservées aux professionnels. Dommage pour les autres.
En synthèse, je n'ai pas réussi à retenir un argument susceptible de me faire renoncer à ce projet d'atmos pour moi.
Je n'ai pas réussi non plus à détourner mon fils du scratching sur Mozart, mais il est heureux ainsi et c'est tout ce qui compte.