Igor Kirkwood a écrit:Pour les comparaisons des médiums, le choix du dipôle pour le médium électrostatique de l'Elstat induit un naturel de reproduction que l'on retrouve également sur l'Audionec (médium également dipôle), ce n'est pas JACBRU qui me contredira
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Bonjour Igor,
Je ne te contredirais certainement pas. J'ai abordé, il y a une vingtaine d'années, les dipôles électro-dynamiques non pas pour concurrencer les films électro-statiques, mais pour "profiter" du court-circuit acoustique des charges ouvertes. Habituellement considéré comme un défaut, il produit un passe-haut acoustique permettant de simplifier le filtrage.
Subjectivement, j'espérais m'approcher, seulement m'approcher, du rendu dans le médium-aigu des bons électrostatiques.
Mon opinion a évolué maintenant. Après utilisation de divers transducteurs électrodynamiques 7 pouces (4 par baffle) équipé de membranes en polypropylène, chargé ou non, fibre de verre, kevlar ou tresse kevlar-carbone, je dois reconnaître que, subjectivement, les meilleures dans le médium, les plus proches des électro-statiques étaient en fin polypropylène moulé, chargé de mica. Quand je dis proches des électro-statiques, je devrais dire différentes.
J'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'écouter longuement des panneaux Martin Logan CLS2. Ses grandes membranes permettent une bonne prise en charge de l'impédance acoustique représentée par la masse d'air à déplacer. Mais, en comparaison, la surface relativement faible de l'interface membrane/air et le poids plus élevé de mes quatre membranes électrodynamiques sont partiellement compensés par l'amplitude des débattements des équipages mobiles électrodynamiques et une force électro-motrice par unité de surface plus importante. En fait, si l'on perd, un petit peu de ''légèreté'' dans la restitution des harmoniques les plus élevées, on gagne nettement dans le réalisme des impacts dans le haut-médium/aigu.
Par contre, que la force motrice soit électro-statique ou électro-dynamique, l'équilibre de pression des deux côtés des membranes apporte, dans les deux cas dipolaires, un naturel évident par diminution des distorsions et absence de tout problème lié au ''retour'' de l'onde arrière à travers les membranes, caractérisé par ''un son de boîte''. Petite remarque, on sous estime certainement les effets du déséquilibre de pression avant-arrière du aux charges fermées. Ils sont amplifiés à haut niveau d'écoute. Dans ces conditions, la situation est très différente avec les charges ouvertes puisque, quel que soit le niveau d'écoute, les pressions restent égales... En contre-partie, il faut choisir des haut-parleurs capables de maintenir mécaniquement la bobine mobile dans le flux magnétique. Pour ma part, les transducteurs 17cm sont choisis dans des gammes ''car audio'', leurs Qts sont toujours élevés, autour de un. Ils peuvent être utilisés en plage arrière qui fait office de baffle... Les choix technologiques sont très larges dans cette catégorie, les normes stables pour les saladiers, les évolutions des baffles en ont été facilitées.
Il y a pourtant des conditions pour en ''profiter'' pleinement, compenser ou limiter le court-circuit acoustique et gérer le rapport ondes directes / réfléchies, crucial pour une bonne adaptation du dipôle au local, plus que pour de classiques enceintes acoustiques monopolaires. Ces facteurs d'optimisation acoustique sont rarement tous finalisés. Les fronts d'ondes doivent être homogènes en arrivant aux tympan de l'auditeur, en chronologie (''timing''), intensité et phase. Pour les dipôles, l'auditeur ne doit pas être ''submergé'' par les ondes réfléchies. Le local doit être raisonnablement semi réverbérant tout en favorisant les ondes directes en appliquant strictement la norme. Une disposition en triangle équilatéral des émetteurs sonores par rapport à l'auditeur privilégié est nécessaire, inutile de donner trop de recul à l'auditeur (même si je sais que tu aimes les écoutes globale, Igor). C'est la prise de son qui doit déterminer la géométrie acoustique de la restitution. Une distance minimale émetteurs/cloisons du local doit aussi être respectée pour éviter les phénomènes d'ondes stationnaires.
Igor Kirkwood a écrit:Je me souviens avoir entendu l'Audionec il y a 3 ans environ avec Syber, lors d'une écoute privée dans un local traité de 50 m2 + Trinnov et bien la supériorité du médium dipôle Audionec vis à vis du médium Béryllium de du système Yamaha/Ohl était nette (nota: il est vrai que la qualité du système Yamaha/Ohl a été fortement upgradée en 3 ans).
Là aussi, l'équilibre mécanique des pression sur l'ensemble du système Janus 50 apporte certainement une nette amélioration de la réponse impulsionnelle. De plus, les ondes sont créées, comme pour les tweeters Air Motion Transformer du Dr Heil, par rapprochement de membranes et expulsion d'une masse d'air. La masse des membranes a moins d'incidence. Je me suis toujours demandé pourquoi, chez Audionec, le médium Janus n'a pas été associé à un tweeter AMT, démarche assez logique. Il en existe maintenant quelques très beaux modèles, dipolaires, chez Mundorf pour des prix pas extravagants... Par contre, tu le sais, Igor, je préfère accompagner les médiums à dôme de tweeters à ruban en respectant une surface d'émission suffisante.
Avant ma période dipôles, j'ai sérieusement étudié quelques configurations réalisées autour de médiums à dôme. Philips ou Dynaudio Esotar D550, je n'ai jamais hésité à scalper la charge arrière de mes médiums pour équilibrer les pression de chaque côté des dômes... La manœuvre était osée, mais très bénéfique sur la clarté, la précision du message. Je me rappelle t'avoir, plusieurs fois, fait remarquer l'ouverture facile de la charge arrière du Yamaha, quatre boulons à enlever...
Igor Kirkwood a écrit:Le "défaut" de la qualité du médium dipôle restant comme le souligne SB 10 un manque de ponctualisation.
Lors des discussions avec le metteur au pont de l'Audionec celui ci avait déclaré que seul le fonctionnement en dipôle donnait toute sa qualité à l'extraordinaire médium de l'Audionec
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Je ne crois pas qu'un manque de focalisation soit une caractéristique obligée des dipôles, au contraire. La grande majorité de mes visiteurs retiennent pour première qualité, ''l'exceptionnelle restitution 3D''. En réalité, je le répète, les dipôles bien optimisés dans leur lieu d'écoute sont très rares. Très exigeants, ils demandent une grande maîtrise du rapport ondes directes/ondes réfléchies. Leurs baffles plans les rend plus sensibles aux ondes stationnaires entre eux et les cloisons. Le milieu doit être semi-réverbérant. Un minimum de réverbération est indispensable... mais limité par des éléments très amortis. C'est compliqué dans un local de 16m² (le mien, 40m3) par manque de recul, mais encore plus complexe à bien amortir au dessus de 25/30m²... Mais on y arrive avec beaucoup de patience...
Lorsque le bon compromis est là, le résultat peut-être exceptionnel, peut-être impossible à obtenir avec des monopoles... L'espace comprend des objets sonores, émetteurs d'ondes, parfaitement identifiés et indépendants des panneaux, qui paraissent totalement muet, même si l'objet ''source'' semble être à quelques centimètres du centre acoustique d'un des panneaux. Encore une fois, la géométrie acoustique de la restitution ne dépend que de la méthode et de la qualité de prise de son. Ce qui signifie que la restitution de ta capture de ''Filia Sion'', Jaan-Eik Tulve permet de reconstituer tout l'environnement, devant et autour de tes deux Neumann. Les interprètes occupent l'espace devant l'auditeur avec une extrême précision, alors que les réverbérations sont bien présentes latéralement et au dessus de l'auditeur. Je peux aussi prendre pour exemple la voix d'Isabelle Boulay qui reprend des chansons de Serge Reggiani, bouleversante de de densité, de présence charnelle. On peut montrer l'emplacement exacte de sa bouche, émettrice, dans l'espace. Ce genre de perceptions me donne le frisson depuis plus de vingt ans. Je ne l'ai jamais ressentie, à ce point, avec les classiques enceintes acoustiques. Toute la précision, l'envergure du message source, ... des voix présentes, denses, incarnées, réalistes, très émouvant en particulier pour les grands artistes disparus.
holggerson a écrit:Je crois me souvenir que Ginette expliquait que le tweeter a été enlevé par M. Vaissaire parce qu'il était arrivé au même résultat sans. On ne peut effectivement pas parler d'une amélioration de l'enceinte (ce que je n'écris pas d'ailleurs
) mais plutôt d'une simplification.
Pourquoi ajouter un troisième HP, avec tous les problèmes que cela pose en terme de filtrage, de mise en phase etc. quand on peut faire aussi bien avec deux voies ? Voila comment je me représente le raisonnement qui explique la suppression du tweeter. Ginette nous en dira peut-être plus.
Je suis d'accord, moins il y a de ''raccords'' dans la zone de grande sensibilité de notre ouïe, de filtres, mieux c'est pour la restitution du signal et donc du message source. À partir du moment où le film électro-statique est capable de ''monter'' et restituer des ultra-sons, jusqu'à 30 ou 50kHz, pourquoi ajouter un tweeter ?
Igor Kirkwood a écrit:Tu as peut être raison Laurent, mais il ne faut pas oublier qu'un "super tweeter" sur l'ELSTAT coupé bas à 5000 Hz (comme sur l'Elstat autre version) diminuera fortement la directivité de l'aigu .....Quel sera le rapport gain/perte.....that is the question ?
À l'époque des Elstat, ou un peu avant, André Charlin produisait des colonnes dont l'aigu était confié à deux tweeters électrostatiques. Je n'ai jamais entendu l'Elstat, les colonnes, si, présentées par Le Maître. Une très intéressante écoute, y compris dans le médium. Je n'ai pas retenu, si je me souviens bien, de manque d'extrême-aigu...
Ses trois voies limitaient la restitution électrostatique à l'aigu, en émission dipolaire, au dessus de 5000Hz. Ses haut-parleurs de grave et médium, horizontaux, diffusaient leurs ondes, en phase, sur 180°. Par contre, dans le médium, ces colonnes multipolaires conservaient l'inconvénient des charges fermées, une onde arrière audible à travesr la membrane. Pour le grave, la charge quart d'onde permettait sa ''récupération''.
Ceci dit, tu as théoriquement raison, mais en fonctionnement dipolaire, les conséquences d'une grande surface de membrane sont différentes. La directivité est plus déterminée par la forme que par la taille du film électrostatique. Si les tweeters des colonnes Charlin étaient proposées par un fabricant. Mon père en avait un, jamais utilisé à cause d'une mise en œuvre plus complexe qu'un électrodynamique. Je dois encore l'avoir quelque part...
Je ne connais pas l'origine du médium de l'Elstat, est-ce une fabrication Vaissaire ? On aurait pu imaginer, sans changer la surface d'émission, une membrane plus étroite et plus haute, et/ou incurvée. Elle aurait assuré, comme il est souhaitable, une excellente diffusion horizontale et pas mal de directivité verticale pour éviter l'excès de réflexions sur le sol et le plafond, toujours préjudiciable à la précision du message restitué. Dans ces conditions,le centre acoustique du film statique doit être à la hauteur des oreilles de l'auditeur. Martin-Logan ou Final travaillent dans ce sens. Plus simplement, la disposition verticale de mes quatre 17 assure aussi cette gestion de la directivité, indispensable avec de telles surfaces d'émission...
En tous cas, à l'écoute, tu as du ressentir ce sentiment de liberté, de naturel, d'absence d'interface mécanique de restitution en principe commun aux systèmes dipolaires, pas seulement électrostatiques, bien mis en œuvre. Dommage que la membrane médium de l'Elstat n'ait pas été plus grande (en hauteur). On aurait aussi pu prévoir un haut-parleur grave horizontal, au sommet de son caisson, pour une émission des basses fréquences jusqu'au bas médium sur 180°. J'en aurais même mis deux en doublet push-pull, comme sur la G150 pour améliorer la réponse impulsionnelle des membranes Audax bextrène (je crois), bien amorties mais relativement lourdes. La transition avec l'électrostatique en aurait probablement été facilitée.