ohl a écrit:Il me semble qu'on arrive au point où la méthode d'écoute devient un facteur plus limitant que les méthodes de mesure : je n'ai pas vraiment confiance dans la mémoire auditive quand les différences deviennent si ténues.
C'est un très bon sujet de réflexion. Il est possible d'établir une méthodologie d'évaluation subjective pour augmenter la sensibilité des tests. Il faudrait les structurer, pour les standardiser, les sensibiliser et les fiabiliser, à partir d'un programme d'écoute et de méthodes de description, d'évaluation et d'analyse adaptées.
Je peux en parler en tant que professionnel de l'évaluation des perceptions, en particulier sensorielles. Le problème est d'adapter la stratégie utilisée en R&D, pour les études en physiologiques et pharmacologie clinique, aux conditions spécifiques de la restitution sonore dans un cadre professionnel et/ou audiophile. Il faut être concret, réaliste, apporter un peu de convivialité et de bon-sens à la méthodologie pour qu'elle devienne utilisable dans ces contextes. Je ferai part, très prochainement, de quelques réflexions sur le sujet.
En attendant, rappelons que, pour une majorité d'auditeurs, 3dB est la limite qui permet de différencier deux niveaux. Plus on monte en fréquence, plus on est éloigné de la source sonore, moins notre audition est discriminante. Ceci n'empêche pas certains auditeurs d'être plus performants que la moyenne. Généralement, nous sommes plus sensibles à l'homogénéité globale de la courbe de réponse d'un système de restitution qu'à de légères variations de niveau dans le haut du spectre fréquentiel. Les effets de masque font plus de "dégâts" subjectifs qu'une différence de 1dB à 20kHz.
Autre réflexion en matière de "dégâts" : les problèmes soulevés par les sifflantes ne dépendent pas que de la restitution. C'est parfois le cas, mais plus souvent, en particulier sur les meilleures chaînes, leur restitution dépend de la qualité de capture. La technologie et/ou la qualité des micros peuvent être en cause. L'interprète peut être trop près, le capteur peut être mécaniquement et/ou électriquement inadapté, dans les deux cas une saturation et de la distorsion peuvent devenir perceptibles.
Saturation et distorsion peuvent aussi être très mal "vécues" à la restitution par les transducteurs... La prise de son peut être parfaite mais les systèmes de restitution incapables de recréer certains signaux à haute fréquence (4 à 8kHz) et haute intensité électrique. J'ai quelques exemples de tweeters plus "tolérables" en présence de sifflantes après rodage. Ceci me parait particulièrement vrai avec les petites bobines mobiles. Il vaudrait parfois mieux les équiper de pavillons pour en augmenter le rendement et l'adaptation en impédance acoustique, tout en diminuant la puissance nécessaire à un niveau élevé.