Unjeff a écrit:En tant qu'amateur de PT Anderson et des Coen, je dois dire que sa présence était époustouflante.
Un acteur capable de rendre crédible tous les personnages joués et dans tous les genres. Chapeau.
Petite remarque en passant, à l'instar d'autres disciplines artistiques ou sportives, si j'avais encore des réserves pour affirmer que les génies, le sont aussi, ou peut être, à condition d'être addicts à des drogues (légales ou non), je dois dire que ce nouveau cas dont j'ignorais tout, fait encore un peu plus pencher la balance dans mon esprit.
Hoffman était un type qui avait eu des problèmes d'alcool et d'héroïne mais qui avait décroché en 1991, avant que sa carrière ne décolle. Il a joué tous ses rôles majeurs alors qu'il était sobre et il a malheureusement pour lui replongé subitement l'an dernier. Toutes proportions gardées, c'est un peu la même histoire que Cory Monteith de Glee (drogues dans sa jeunesse, désintox, échappatoire dans le travail d'acteur qui permet de s'investir dans une autre personnalité, rechute, overdose).
L'alcool et les psychotropes sont sinon des moyens que certaines personnes, et là je ne parle pas du tout de PSH qui, selon tous les témoignages, était resté un type très abordable et les pieds sur terre, trouvent pour faire face à une célébrité soudaine, à la pression des studios ou des médias, ou bien tout simplement parce que ça fait partie des "possibles" qui s'ouvrent quand on se retrouve en position de force. Prenez un type à la gueule ordinaire qui va en boîte, personne ne fera attention à lui. Prenez le même type, si c'est un réalisateur ou un acteur récompensé aux Oscars, il y aura forcément un début d'émeute, avec des types qui veulent lui proposer une idée géniale ou lui filer de la coke, des filles qui ont aussitôt envie de le sucer aux toilettes ou de lui proposer un plan à trois avec la coloc qui est elle aussi mannequin, etc. Faut pas s'étonner ensuite si des gens comme Justin Bieber passent leur existence envapés et coupés des réalités, avec le pouvoir de pratiquement tout acheter (et corrompre).
Sur le coup, c'est intéressant de lire La Vie des douze Césars de Suétone. Dans la liste, il y avait des gens rigoureux, des dingues qui n'auraient jamais dû se retrouver empereur en toute logique, mais à côté de ça aussi des hommes qui ont commencé de façon relativement normale mais que le pouvoir absolu a lentement corrompu (la vie de Tibère est édifiante sur ce point). Si on vous donnait à vous, du jour au lendemain, le pouvoir de réaliser presque tous vos rêves et vos fantasmes, qui sait si vous ne péteriez pas les plombs façon Shia LaBeouf, Michael Jackson ou DSK ?
Mais revenons-en plutôt à Philip Seymour Hoffman.
Il avait déjà eu un petit rôle dans le premier Paul Thomas Anderson, Double Mise (Hard Eight ou Sidney en V.O.)
Il était déjà inoubliable dans le rôle du preneur de son dans Boogie Nights. C'est le premier film où je l'ai vu. Il avait ce personnage grotesque et pathétique (parodié ensuite par Matt Stone dans Captain Orgazmo) profondément tragique.
Il est le cœur de Magnolia, il porte tout le discours moral du film, forçant à une réévaluation complète au fur et à mesure de ses apparitions.
Il fait une apparition dans Punch Drunk Love après toute une série de scènes où on n'entend que sa voix menaçante.
Dans The Master, il est bien entendu phénoménal, en gourou charismatique qui reste cependant sous la coupe de ses pulsions alcooliques, de sa femme et de ses propres regrets face à la situation dans laquelle le rôle qu'il s'est créé l'enferme.
C'était un de ses acteurs qui pouvait complètement habiter un rôle avec deux trois éléments discrets, un soupir à un moment, un regard en coin, de façon très économe, comme dans Mission : Impossible 3.