JACBRU a écrit:Igor Kirkwood a écrit:Les enceintes dipôles Quad électrostatiques ont été utilisées parfois en monitoring. Par exemple pour les CD de la marque disparue Harmonic Records,en Musique classique l'Ingénieur du Son / directeur était Mr Jouy .
Ton expérience, Stéphane avec des dipôles et des moyens de mesures est intéressant (10 !)
Personnellement j'ai entendu une très bonne chaine Hi Fi
avec des dipôles... celle de JACBRU.
J'ai aussi entendu à Paris une chaine à base de HP dipôles, proche du système de JACBRU. j'ai remarqué la douceur de l'aigu, alors que la pièce non traitée devait être dure à l'écoute.
Je n'ai jamais entendu les fabuleux HP STAX électrostatiques fonctionnant en dipôles également.
Mais hormis l'Audionec Trinnovisé (avec infra-planar
) je n'ai jamais entendu des dipôles pouvant êtres considérés réellement comme des enceintes monitor.
In fine, face à la spatialisation accrue autorisée par les bons systèmes a convolution style Trinnov... "l'avantage" et le charme des dipôles serait il un peu suranné?
Bonjour à tous, merci de l'info Igor.
Excusez moi du décalage de mon interventions sur les tweeters dipolaires, mieux vaut tard que jamais (peut-être pas ?)
J'ai "travaillé" et je "travaille" d'autres sujets mais "j'évalue" concrètement l'intérêt des dipôles depuis une vingtaine d'années. Le chemin parcouru avec eux peut, peut-être, me permettre une opinion sur le sujet.
Igor, malheureusement, tu n'as pas pu entendre mon système en ''bonne forme'' puisque quatre des huit haut-parleurs de médium n'avaient plus de suspension. Sans elles, difficile de maintenir les membranes de transducteurs en l'absence de charge arrière... La cause a été cernée depuis, tout a été réparé et tout va très bien. Tu es attendu. Quelques internautes sont venus et ne m'ont pas semblé déçus.
Le local qui accueille les dipôles a été adapté, beaucoup plus qu'il n'y paraît, à une restitution dipolaire qui nécessite un environnement relativement réverbérant contrôlé (ni trop, ni trop peu). Le plafond est amorti. Le sol, parquet massif, est recouvert d'un tapis, les lourdes cloisons sont absolument inertes. Seule la porte ne pèse pas 120Kg... Sans aller jusqu'au verre, j'ai l'intention de ''faire quelque chose'' pour elles.
Même si tout filtrage a été refusé dans la zone de sensibilité optimale de l'audition humanoïde, entre 40 et 6000Hz, les seuls filtres ''acceptables'' sont deux capacités pour gérer les passe-haut des tweeters (6kHz) et super-tweeters (18kHz), donc limités à 6dB/octave. Aucun autre composant, même une résistance, n'a été admis. Pourtant le concept permet les corrections stratégiques du court-circuit acoustique et de l'interaction système de restitution/local en l'absence de toute égalisation active. Ce n'est pas aussi précis que pour ton studio, Igor, mais suffisamment pour éviter tout défaut majeur à l'écoute. L'absence de correction active n'est pas un dogme chez moi, simplement un parti-pris conjoncturel lié au cahier de charge spécifique que je m'étais imposé pour ces dipôles, dans un but d'évaluation de ce genre de stratégie. Elle a porté ses fruits puisqu'elle démontre qu'une écoute ''moniteur'' est possible avec une restitution dipôlaire sous deux conditions :
Maîtrise de l'onde arrière – Cette configuration se caractérise par un cloisonnement de l'environnement des baffles plans.
Le mobilier, très présent, permet de contenir les réflexions aux endroits stratégiques. En fait, les murs doivent-être réfléchissants avec un dipôle, mais pas trop non plus. Il est stratégique de ''piéger'' l'onde arrière pour maîtriser le rapport onde directe/ondes réfléchies. Dans le cas des dipôles, les réflexions de l'onde arrière sur les murs (surtout celui qui est situé derrière les baffles plans) les transforme en sources secondaires. Il y a d'ailleurs des points communs avec l'émission de chaque couple d'enceintes (triplet avant, couples latéraux droit et gauche, couple arrière) d'une configuration cinq canaux. D'où, peut-être, le ressenti ''Cinérama'' de certaines configurations faisant la part belle aux fronts d'ondes réfléchis par rapport à l'onde directe.
Remarquez que la maîtrise de l'onde arrière et du court-circuit acoustique, est unanimement cité comme un problème incontournable des charges ouvertes. C'est oublier les ''méfaits'' de son retour à travers la membrane des haut-parleurs... cloîtrés ! Difficiles à gérer, rares sont les constructeurs d'enceintes acoustiques ayant apporté une solution satisfaisante. B&W avec les charges Nautilus ?
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Je prétends avoir démontré que, pour les baffles plans bien gérés, on peut transformer les contraintes de l'onde arrière en avantages. Ce n'est pas le sujet ici mais il faut rappeler que l'égalité des pressions des deux côtés des membranes transductrices est gage d'une liberté favorable aux taux de distorsion et à la réponse impulsionnelle.
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Disposition du lieu d'écoute – La perception de l'auditeur, disons privilégié, dépend de son éloignement des systèmes de restitution. La classique disposition en triangle équilatéral reste la meilleure pour moi. Elle donne les meilleurs résultats d'écoute chez moi, quand l'auditeur est placé très précisément à une distance de chacun des deux points d'émission sonores égale à celle des centres acoustiques des deux systèmes de restitution, à quelques centimètres près. Le local de 16m², parfaitement carré peut paraître trop petit et inadapté, ce n'est pas le cas pour une écoute plutôt analytique qui pourrait être un peu plus synthétique avec une possibilité de recul plus importante. Dans mes conditions d'écoute la restitution est très naturelle et d'une grande précision, d'un équilibre général assez proche de ce que j'ai pu entendre chez Igor, y compris récemment (avec, bien sûr quelques différences, faiblesses et supériorités liées aux concepts différents, sinon opposés). La particularité de ces dipôles est leur restitution de l'espace tridimensionnel. L'espace stéréophonique n'apparait pas anormalement élargi, simplement on n'a aucun ressenti d'émission sonore des baffles. Des objets sonores, bien individualisés, sont présents à des emplacements précis de l'espace, mieux qu'avec les systèmes mono-polaires ? Peut-être simplement différemment. En tous cas cette caractéristique me semble aller dans le sens du réalisme de la restitution. Plus que les enceintes classiques, les dipôles sont tributaires de leur environnement. Mais, correctement traité, il n'y a aucune raison pour les proscrire du domaine professionnel.
Notez que l'aire d'émission de la plupart des dipôles commercialisés, électrostatiques (Martin-Logan) ou électrodynamiques (Magnepan), est haute et étroite. Associée à la convexité de la membrane sur les Martin-Logan, cette particularité est intéressante pour gérer la directivité des fronts d'onde. On obtient ainsi une large dispersion horizontale pour une grande directivité verticale. Cette intéressante propriété permet de limiter les réflexions des ondes avant et arrière sur le sol et le plafond.
Cette configuration impose cependant une contrainte. Selon les lois acoustique liées aux sources sonores multiples (et la géométrie vectorielle), pour une écoute optimale, les oreilles doivent être situées dans le plan bissecteur, perpendiculaire au baffle, passant par le centre acoustique du système. Cette caractéristique, perceptible à l'écoute, n'est pas gênante dans un contexte audiophile ou de contrôle professionnel si la configuration en tient compte.
La disposition circulaire des électrodes, particulière aux panneaux électrostatiques Quad ESL, à partir du 63 (donc mis à part l'ESL57 d'origine), permet de simuler une émission sonore ponctuelle et n'impose pas la contrainte des autres panneaux. Par contre, la surface d'émission est inférieure.
Mes dipôles électrodynamiques adoptent une disposition des haut-parleurs en ligne verticale, étroite. Bien gérée, la restitution est exceptionnelle de cohérence en respectant les conditions préconisées d'écoute, et prévues.
L'intérêt de l'émission dipolaire est évident pour la restitution du médium. Plus la fréquence descend et plus la longueur d'onde augmente moins le son est directionnel. La dipolarité de l'émission est donc inutile, ou peu souhaitable, pour les trois premières octaves.
Dans l'aigu, la dipolarité est, par contre, tout à fait utile. Pour la première version de mes baffles, je n'avait pas estimé indispensables les tweeters arrières en opposition de phase. Ajoutés sur une version ultérieure, j'ai pu constater leur importance, en particulier pour le respect de l'impact du haut du spectre sans fatigue auditive, mais aussi pour la mise en place de l'espace sonore.
L'utilisation de tweeters ''classiques'', avant et arrière en opposition de phase, est toujours possible sur un baffle plan. Ils ont un inconvénient commun, leur onde arrière reste enfermée et à l'étroit. C'est aussi le cas des médiums à dôme qui ont les mêmes soucis dans une zone où l'oreille n'est pas trop tolérante. Les solutions sont les mêmes...
L'autre possibilité, utiliser des tweeters à émission dipolaire, est plus intéressante. Les Heil-AMT d'origine sont en première ligne. Tout incite à leur utilisation couplée à un médium dipolaire ! Le faible volume derrière la membrane et le peu d'amortissement réservé à l'onde arrière sur les ''copies'' actuelles, ''unipolaires'', donne à réfléchir.
Ces tweeters ne sont d'ailleurs loin d'être les seuls à permettre une utilisation dipolaire, plus convaincante qu'une configuration mono-polaire. Les rubans aussi, les Bohlender-Graebener Neo3 en particulier. Mais ce pourrait aussi être le cas de tous les vrais rubans (Decca Kelly en particulier). En réalité tous les tweeters ont une onde arrière qui devrait-être pris en compte et pourraient faire l'objet de versions dipolaires.
Pour les configurations ''classiques'', monopolaires, l'onde arrière des tweeters à dôme de qualité est maintenant prise en compte. Par contre ce n'est pas le cas des autres catégories, y compris les cônes (malgré des ouvertures de décompression au niveau de la membrane chez Davis) ou dérivés. Presque tous ne sont finalement que des compromis, pas totalement aboutis, pour une utilisation monopolaire. Reste aux concepteurs de haut-parleurs à avoir un peu d'imagination dans le domaine des hautes et très hautes fréquences. Les tweeters restent et resteront des transducteurs complexes et difficiles à réaliser. Tout ceci ne signifie pas que l'utilisation des AMT, ou d'autres tweeters de qualité soient à proscrire avec des enceintes classiques, qu'elles soient HiFi (Elac) ou professionnelles (Adam). Avec une charge arrière bien conçue et efficace les Heil (déplacent pas mal d'air...) ne seraient pas loin de l'excellence, peut-être du Graal, mais c'est oublier les tweeters ''plasma'' du (bon) Docteur Siegfried Klein.
La restitution de l'aigu est mon sujet de réflexion favori actuellement pour la préparation de mon projet de configuration dipolaire à venir. L'aigu sera restitué par des tweeters dipolaires (pas des Heil pour raisons techniques et budgétaires). L'intérêt de cette conception pour une restitution réaliste, libre et naturelle des hautes fréquences est évident.
Conclusions :Si l'utilisation monopolaire n'est pas rédhibitoire pour les tweeters ''Air Motion Transformer'', les dipôles leurs sied mieux. Il faudrait envisager un traitement adéquat de l'onde postérieure.
Les meilleurs systèmes dipolaires ne sont, de mon point de vue, pas contre-indiqués pour une utilisation de contrôle professionnel, à condition de leur donner un environnement qui convienne à leurs particularités.