Bonjour Igor, bonjour Dominax, bonjour à tous,
La saison IV du studio d'Igor s'ouvre ! Dominax a été plus prompt que moi ! Effectivement nous avons partagé un bout de séance d'écoute ensemble.
De passage à Paris, je n'ai pas manqué de prendre rendez-vous avec Igor pour écouter des derniers ''peaufinages'' de Jean Luc Ohl avec le nouveau ''joujou'' à filtres FIR.
Le filtre actif ElectroVoice DX46, remplaçant du BSS 366T
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Outre le plaisir de la visite, j'avais aussi un but égoïste et une curiosité, savoir comment se comportent le filtrage FIR. Théoriquement proche de la perfection (que l'on atteint jamais, ce qui nous laisse l'espoir de pas mal ''d'explorations'' et de discussions), on sait les filtres FIR assez gourmands en capacité de calcul et en mémoire, surtout lorsqu'il s'agit de traiter un signal de quantification haute définition et à haute fréquence d'échantillonnage. Une fréquence de coupure du filtre basse ne facilite pas non plus le travail des algorithmes.
Certains reprocheraient aussi un son un peu monotone, manquant de vie. L'occasion était belle d'en avoir le cœur net, d'autant que mon futur système de restitution permettra une configuration en multi-amplification avec filtrage actif FIR. Merci Monsieur Igor !
Yamaha NS1000Mx 1ère version
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Bien sûr la nouvelle adaptation mécanique du tweeter Focal Be interpellait aussi ma curiosité. Sur ce point, au moins esthétiquement, c'est une réussite par rapport à l'ancienne configuration à base de pâte bleutée. La visserie se fait remarquer. Un peu disparate, elle a été choisie pour être rectifiée et permettre un parfait affleurement.
Tweeter Focal Be/Yam
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Pour ne rien oublier, les supports, en verre à gauche et ''Velodynique'' à droite, sont inchangés depuis ma dernière visite. J'avais remarqué qu'il n'offraient pas une stabilité absolue à l'enceinte qui risque de vibrer ''en phase'' ou en décalage avec les (très fortes) impulsions du Velodyne DD15. J'ai pu constater que les mouvements, même infimes, répercutés sur les médiums tweeters, peuvent légèrement brouiller leur message. C'est un problème qui est trop souvent sous estimé, en particulier avec les baffles plans. En tous cas c'est ici une faiblesse potentielle. Il faudrait faire des mesures d'accélérométrie pour en avoir le cœur net.
Passons aux choses ''sérieuses'', les écoutes. J'avais apporté quelques Cds mais j'ai préféré laisser, au moins au début, l'initiative à Igor. Pour ne pas être dépaysé par rapport à mes premières écoutes, nous avons ré-écouté nos ''grands classiques'' : Christus Rex, Stravinski (Sacre du Printemps – Salonen), Bartók (Baltic Chamber Orchestra), Chopin (Nocturnes – Pascal Amoyel), Vivaldi (Concerto pour Piccolo – La Follia), Gala concert 100 ans de Saint Saint-Pétersbourg, Hildegarde von Bingen, Chœur des moines de Saint-Benoît sur Loire, Jean Philippe Rameau (Concert des Nations – Jordi Savall – SACD), Joan Baez (Angelina), Georges Brassens (l'Auvergnat), Charles Aznavour (La Bohème) et le disque de Rokia Traoré que j'avais fait connaître à Igor (Bowmboï).
De son côté, Dominax avait apporté quelques Cds, dont les percussions de Jazz Variants.
En transit et connaissant la collection classique d'Igor je n'ai sélectionné que quelques albums en favorisant l'aspect ''démonstratifs'' (dans le bon sens du terme) et ciblés Jazzy.
- L'album ''Autour de Minuit, les plus belles voix du jazz'', édité chez Verve offre une belle variété de voix, plutôt féminines, et survole une bonne cinquantaine d'années du Jazz vocal. Les meilleures prises de son ne sont pas toujours les plus récentes...
- Côté masculin j'ai choisi un album de Harry (pas l'inspecteur) Connick Junior, pas le plus récent, ''France I wish you love'' date de 1993 mais c'est techniquement un des meilleurs du crooner.
- Côté voix féminines, le double album ''Musica Nuda 2'' avec la chanteuse Petra Magoni me semble intéressant. Petra est exceptionnelle quand elle chante ''Come together'', ''Couleur café'' ou ''Over the rainbow''.
- Enfin une référence HD multicanale était indispensable pour l'exactitude des timbres et la mise en place de l'espace tridimensionnel. Quoi de mieux et de plus varié que l'album B&W Collection vol.2, réalisé par Ph Müller dans son studio à Passavant, éditée sur DVD-Audio multi-canal (Direct Sound Recording) en PCM haute résolution 24/96k. Nous avons particulièrement écouté la Toccata et Fugue en ré de JS Bach, le Mini Boogie Expiatoire (Fabrice Eurly), le Magnificat de D.Ortiz, la Boême (Vincent Bidal Trio), Juste un Instant (Cécile Gollimund, Vincent Bidal), le negro spiritual Hush par le choeur d'hommes ''La débandade'' et Scène de la Vie Pastorale (Percussions de Xavier Martin). Sur une excellente chaîne, le réalisme de ce DVD Audio est remarquable. Devinez l'écoute avec une chaine exceptionnelle... mais n'anticipons pas.
L'écoute doit me permettre d'évaluer les progrès sur les points jugés ''améliorables'' lors d'une visite antérieure en se référant aux extraits écoutés à chacun de mes passages et, chez moi, avant et après chaque visite. Les écoutes sont ciblées, analytiques à la recherche de perceptions précises.
Lors de ma toute première écoute le son m'était apparu, globalement, de haute qualité mais moins immédiat, libre que sur ma chaîne. Je ne retrouvais pas ce critère rare mais fondamental, l'impression de sons surgissant de l'espace et d'enceintes muettes. Le tweeter Focal ne m'avait pas convaincu, il projetait trop le son et le rendais dur. Enfin, comme souvent, le 12 pouce carbone Yamaha n'était pas totalement à l'aise pour faire transition avec le dôme dans le bas médium.
Lors de ma précédente visite, les choses avaient bien évoluées dans les deux zones de transition, grave/médium et médium/aigu. Je suis d'accord avec Dominax pour affirmer l'importance de la transition des troisième et quatrième octaves (haut-grave et bas-médium). Par contre, je suis sûr du rôle majeur de la transition des septièmes et huitièmes octaves, dans le haut-médium.
Pour la restitution du médium, il ''suffit'' pratiquement de choisir un haut-parleur spécialisé exceptionnel comme le Yamaha pour obtenir un résultat de haut niveau. Dans le haut-médium et l'aigu les choses ne sont pas forcément aussi simples. Le regretté Michel VISAN expliquait que les tweeters sont les haut-parleurs les plus difficiles à réussir. Les tolérances sont faibles et leur fragilité est ''constitutionnelle''. De plus, la moindre erreur de filtrage s'entend. Certains s'extasient sur tel ou tel tweeter, mais, en réalité, la restitution de ce type de transducteur est surtout dépendante de sa cohérence avec le médium et de l'opportunité du filtre. Les caractéristiques des murs, cloisons, plafond et plancher du local, plus ou moins amortis, ont aussi une grande influence sur la perception des ondes réfléchies dans le haut du spectre.
Le filtrage FIR réglé par JL Ohl m'a absolument convaincu. La ''mouture'' 8 du BSS avait déjà changé mon avis sur les performances du tweeter Focal Be, mais là, la cohérence est totale avec le médium Yamaha. Toute projection, toute dureté ont disparu. Les transducteurs médium et aigu émettent comme un seul haut-parleur dont le centre acoustique serait exactement entre les deux dômes. Rien à redire, les impacts sont bien transmis à la masse d'air du local. Grâce à une pente de coupure très raide à 2000Hz et à la correction de phase, la petite membrane béryllium prend seul en charge pratiquement tout le haut-médium et, bien sûr, l'aigu. La performance est remarquable, jamais je n'ai entendu un tel résultat avec ce tweeter. N'oubliant pas qu'il n'accepte qu'une quinzaine de watts, j'étais un peu inquiet pour lui lorsque Dominax a proposé de la musique ''synthétique'' à très haut niveau. Les tweeters me semblaient à la limite en distorsion mais ils ont tenu. Je pense que je vais en essayer deux...
Passons à la transition haut-grave/bas-médium, zone stratégique pour l'équilibre général du système de restitution, pas seulement du bas de spectre. Les troisième et quatrième octaves correspondant généralement aux fréquences de résonance de nos locaux domestiques, impossible de ne pas en tenir compte pour le réglage des filtres et l'égalisation.
Je reste réticent sur le choix d'un haut-parleur de douze pouces dans le bas médium. L'écoute, lors de ma visite précédente, m'avait pratiquement réconcilié, au prix d'une pente très raide pour ne pas trop faire ''remonter'' le grand cône. Mais une coupure très basse du médium ne le met pas forcément dans des conditions optimales de fonctionnement et peut même le fragiliser. Il faut cependant reconnaître que le bas médium restitué par la dernière configuration de Jean Luc Ohl, avec le filtre ElectroVoice, est tout à fait convaincante. Le son issu du cône se confond parfaitement avec celui du dôme, là aussi on a bien l'impression d'un seul haut-parleur.
Plus surprenant, stratégique, cette zone haut-grave/bas-médium l'est aussi pour la restitution du haut-médium/aigu. Une augmentation de niveau d'environ 1dB est suffisante pour provoquer un effet de masque sur les fréquences plus hautes. Cette zone, que notre oreille perçoit très bien, peut-être considérée comme le véritable ''centre de gravité'' acoustique du système de restitution. Le filtre ElectroVoice, en permettant de passer très rapidement d'une configuration à l'autre, le met bien en valeur. Les deux dernières configurations de JL Ohl, référencées 10 et 01, en font la démonstration. En les commutant sans aucun délai, à l'évidence la plus récente (01) est plus aboutie. Le médium aigu devient plus clair, les micro-informations sont plus perceptibles ce qui, du même coup améliore significativement la perception de l'espace tridimensionnel. Pas besoin de test ABX pour faire le constat de la différence. Je laisse Igor expliquer exactement les modifications des configurations. Elles sont limitée, moins de 1,5 décibels à 340Hz à gauche uniquement (Q 1,5). Dans le même temps, le tweeter est remonté de 1,5dB à 5600Hz. Globalement, rapporté aux deux canaux cela devrait être pas ou à peine audible et pourtant... En stéréophonie bi-canale on a la subtile impression de lever un voile sur l'ensemble de la restitution et de s'approcher un peu plus d'une réalité virtuelle, c'est aussi évident avec le DVD Audio multi-canaux.
J'ai fait allusion à la restitution de l'image sonore en stéréophonie. C'est la première fois que je perçois, avec des charges fermées monopolaires, des objets sonores totalement distinctes des transducteurs qui les émettent. Ceci signifie que la phase est parfaitement gérée, les temps de propagation aussi. La proportion onde directe, fronts d'ondes réfléchis est satisfaisante. Dans la réalité que nous tentons d'imiter, les instruments de musiques, ou même la voix humaine, n'émettent pas les sons avec autant de directivité que des enceintes acoustiques. De ce point de vue, les charges ouvertes ont un avantage. Le compromis obtenu chez Igor est donc exceptionnel pour des enceintes classiques. Les solistes sont ''physiquement'' devant nous, présents sans avoir recours à une voie centrale spécifique. Ils peuvent être localisés sans problème dans l'espace en avant et en arrière du plan des haut-parleurs. En ''principe'' nous n'avons que deux oreilles, je simplifie, mais la stéréophonie deux canaux devrait-être suffisante pour une écoute ''surround''. Elle l'est pratiquement, au moins suffisamment, pour justifier une configuration multi-canale à quatre canaux.
À ce sujet, ouvrons une parenthèse, je réceptionne les programmes télévisions via une Freebox HD ADSL. Le signal sonore numérique est communiqué à un DAC TC Electronics BMC2 via une connexion Toslink optique. La qualité technique de certaines séries télévisées actuelles est en hausse. Nous avons eu droit cet été à quelques rediffusions de nouvelles de Guy de Maupassant sur France 2. Une grande partie de ''Boule de Suif'' se déroule dans une diligence. Malgré la restitution deux canaux, j'étais dans la diligence, faisant face à trois voyageurs qui conversaient. Latéralement, devant et derrière moi, j'entendais de très réalistes bruits de roulement des quatre roues. Cette impression ''d'y être'' n'aurait pas pu être meilleure avec quatre, cinq ou même sept canaux. Le système d'Igor aurait très certainement permis le même genre d'expérience.
L'image sonore stéréophonique a nettement gagné en stabilité depuis ma dernière visite. Elle reste bien centrée, même en changeant de place sur le canapé. Cette liberté de ''placement'' était nettement moindre lors de ma précédente visite. Une remarque cependant, certains recherchent une totale liberté de placement des auditeurs, sans perte de qualité de restitution. Cela n'est possible que dans une certaine mesure. Les systèmes hautement résolvants ne permettent une totale perception de la précision et de l'homogénéité du signal que sur un espace relativement limité. C'est évident chez Igor. En déplaçant la tête de quelques dizaine de centimètres, d'avant en arrière ou latéralement, les timbres et la précision du son changes subtilement mais de manière évidente. Cela semble normal, une bonne optimisation n'autorise la perception d'un son homogène, en phase et en niveau, que pour une position assez précise des oreilles de l'auditeur. Un éventuel appui-tête change nettement la répartition ondes directes et réfléchies, ce n'est pas non plus sans conséquences subjectives.
Je ne reviendrais pas sur la première octave, le Velodyne est toujours bien adapté au local. Il est presque trop efficace, il ''mobilise'' parfaitement le gros œuvre du local... ce qui se ressent très bien et s'entend un peu. La restitution de l'infra-grave potentialise totalement la sensation tridimensionnelle, même en stéréophonie bicanale.
Très bel outil que ce studio, il participe certainement à la qualité de tes productions Igor. Le réalisme de restitution, de très haut niveau, a très sensiblement évolué depuis ma première écoute, pourtant déjà excellente.
Je reste particulièrement impressionné par la qualité des électroniques Pioneer, tant pour le son que pour l'image. L'intégré multicanal LX71, à qui on demande une conversion N/A suivie d'un traitement du signal analogique pour mise à disposition Pre-Out sans aucune dégradation perceptible, est le parfait exemple du fil droit avec du gain de Peter Walker.
Vient ensuite le filtre ElectroVoice DX46 qui doit, comme le BSS antérieurement, proposer une conversion A/N, des algorithmes de filtrage-égalisation, puis une nouvelle conversion N/A et un traitement électronique du signal analogique avant ''livraison'' aux cinq circuits d'amplification. Si le DX46 n'est certainement pas qualitativement inférieur au 366, budgétairement le BSS se prend un peu la honte.
Le filtrage FIR, sagement évité ici pour les grandes longueurs d'onde, en bas du spectre, fait au contraire merveille pour la transition médium/aigu. Le son restitué, dans ces conditions, est vivant, loin d'être terne, dénué de toute trace de dureté artificielle. On peut voir (ou plutôt entendre) qu'un système de restitution adaptable (et adapté) au local d'écoute peut seul permettre une restitution de très haute qualité. Les fabricants d'enceintes acoustiques professionnelles l'ont compris depuis longtemps puisque le filtrage et l'amplification sont généralement intégrés dans l'enceinte (JBL, Focal, Genelec, Dynaudio, Adam, KRK, etc.). La HiFi devrait s'en inspirer, surtout en haut de gamme où l'investissement sur une enceinte passive n'est plus du tout justifié.
Ceci dit, rien n'étant parfait, réalisme n'est pas encore réalité, même virtuelle. Quelles améliorations sont-elles encore envisageables ?
[Igor, ce qui suit est une réflexion purement théorique que tu n'es pas obligé de mettre en œuvre ! Tu peux dormir sur tes deux oreilles avec ton matériel actuel.]
- Je ne sais ce que l'optimisation du filtrage ou l'égalisation peuvent encore apporter. En tous cas, plus on se rapproche des sommets moins il y a à gagner.
- Par contre, le concept Yamaha NS1000Mx a tout de même vieilli. Tout système acoustique de restitution doit résoudre deux difficultés majeures la stabilité de phase (le filtrage numérique est ici une excellente réponse) et la gestion de l'onde arrière. Et là, Yamaha n'a rien prévu au niveau charges et ébénisterie.
L'onde arrière n'est pas seulement une difficulté avec les charges ouvertes. Enfermée dans une ''boîte'' elle est audible, avec décalage, à travers les haut-parleurs, ce qui trouble le signal restitué et met en résonance les coffrets. Ce problème n'est pas traité sur la NS1000 malgré une qualité d'ébénisterie qui ne fait pas de doute. Il existe des solutions efficaces et la différence s'entend.
- Il faut ajouter une saine gestion de la directivité. On a tendance, depuis quelques années, à affleurer les haut-parleurs par rapport aux façades, en évitant tout dépassement de tête de vis. En rendant aussi les façades plus étroites et en arrondissant les angles pour une meilleure réponse polaire horizontale. Sur une façade large, il est conseillé de décaler latéralement l'axe vertical du tweeter / médium pour créer une dissymétrie.
- Le saladier 32cm n'aide pas. Je reste formel, remplacer ce très beau haut-parleur par deux 17cm ou mieux quatre 13cm (ce que j'ai fait avec des Davis à membrane carbone tressé il y a presque trente ans) change la nature de la restitution du haut-grave/bas-médium ; le choix de la charge arrière aussi, même si la restitution actuelle du bas médium par le ''grand'' Yamaha est devenue remarquable.
- Reste la chaîne électronique, analogique ou numérique, tout de même complexe. Aussi exceptionnelle que soient ses performances, il y a peut-être à gagner en la simplifiant, ce qui est possible pour protéger l'intégrité du signal.
La grande leçon est que, maintenant, le filtrage FIR semble incontournable. Va-t-il se généraliser ?
EV DX46