» 03 Aoû 2012 10:20
The Dark Knight Rises.
Et de trois. Nolan termine avec fracas sa trilogie sur le vengeur à tête de chauve souris.
Ambiance fresque épique et fin du monde au programme avec Bane, vilain masqué Dark Vadoré et body buildé qui organise sa petite révolution au sein de Gotham City.
Nolan, convaincu et engagé avec une véritable foi de charbonnier met le paquet: personnages corrompus, ville sans espoir, plan de destruction biblique, course poursuite avec explosions king size...
Essayons d'être honnêtes et mesurés.
The Dark Knight Rises n'est pas un mauvais film. Suivant la ligne déjà tracée par son prédecesseur, il effectue avec le plus grand sérieux un constat de décrépitude de la société et métaphorise autant que faire se peut la perte de repères et de valeurs du monde moderne. Noir c'est noir. Efficace, dense, puissamment emmené, TDKR impressionne. Le souci c'est qu'il peine cependant à convaincre d'un pur point de vue cinématographique.
L'émotion ne pointe jamais son nez, et on assiste plus en spectateurs qu'en acteurs aux nombreux morceaux de bravoure qui parsèment cette oeuvre ultra ambitieuse mais amidonnée comme pas possible. Point d'empathie pour les différents personnages, malgré quelques bonnes trouvailles (Hattaway étonnamment bonne en Catwoman, qui sans faire oublier le numéro endiablé de Pfeiffer, campe une voleuse élégante et attachante). On a un mal de chien à ressentir quoi que ce soit pour Bane ou Wayne, si ce n'est un hochement de tête poli devant leurs défis respectifs et l'ampleur de la tache.
Est ce du à la direction d'acteurs ? Au jeu ultra monolithique de Bale, qu'on a connu plus expressif ? A un parti pris scénaristique ? Tant qu'à aller vers le film de super héros métaphysique, Watchmen nous touchait bien plus par ses personnages brisés.
Cotillard est à son habitude mauvaise, pas de surprise de ce coté là par contre, avec sans doute la palme de la scène finale - la concernant - la plus ridicule qu'il m'aie été donné de voir depuis longtemps.
TDKR est une machinerie extrêmement impressionnante, mais terriblement apesantie par son manque de subtilité et l'impression permanente qu'on a de Nolan nous soulignant sur chaque plan "ici c'est sérieux, on rigole pas !".
On prend un certain plaisir, ne serait ce que pour découvrir l'ampleur du plan de Bane (belle réalisation graphique !) et la critique du capitalisme dans son ensemble, passant d'un fanatisme (Wall Street) à l'autre (l'anarchie quasi totale), mais on rentre difficilement dans cette oeuvre au final assez lourde voire parfois indigeste, faute de finesse et d'intérêt pour les différents protagonistes. TDK avait pour lui la performance hallucinée d'Heath Ledger, TDKR en rajoute dans la démesure, l'interaction avec le spectateur en moins.
Nolan reste empêtré dans ses lourdeurs et son manque de naturel, de fluidité dans la mise en scène et la direction d'acteur, malgré des qualités évidentes. Reproche qu'on pouvait également faire à Inception.
Serait ce abusif de dire que Nolan, malgré son engagement évident et sa volonté forcenée, n'a pas les moyens de ses ambitions ?