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7 Jours à La Havane

Message » 29 Mai 2012 20:49

7 Jours à La Havane

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Titre original : 7 DíAS EN LA HABANA (Espagne)
Un film de Benicio del Toro (Puerto Rico - Traffic, 21 Grams, Che); Pablo Trapero (Argentine- Mundo Grúa, El Bonaerense, Leonera, Carancho); Elia Suleiman (Palestine- Intervention divine, Le Temps qui reste); Julio Medem (Espagne- Los amantes del Círculo Polar, Lucía y el sexo); Gaspar Noé (Argentine/France- Enter the Void, Irreversible); Juan Carlos Tabío (Cuba - Fresa y chocolate, Guantanamera, Plaff, Lista de Espera); et Laurent Cantet (France- Entre les murs).
Acteurs: Daniel Brühl, Elia Suleiman, Emir Kusturica, Josh Hutcherson, Teddy Atkins,...
Genre : Drame
Duree : 2H5 mn
Distributeur : Rezo Films
Sortie en salles le 30 Mai 2012
Année de production : 2012
Présenté en Sélection Officielle, Un Certain Regard au Festival de Cannes le 23 Mai 2012


Feuilletant avec ferveur mon mag préféré, je tombe en arrêt sur cette splendide affiche.
Aussitôt mon petit cerveau chausse ses espadrilles, son Panama et se met à onduler au souvenir des notes ensoleillées du Buena Vista Social Club, délaissant le ciel sombre de ma Belgique natale. A moi les rythmes sensuels et les Cuba Libre!
Bien décidée à m'offrir cette escapade, j'effectue une brève escale côté fiche technique.
Mais quelle est donc cette merveille dont la seule évocation me fait voyager?
Une semaine. 7 jours. 7 réalisateurs. 7 regards différents, avec un fil conducteur : la mythique capitale cubaine, ainsi qu'une trame narrative partiellement commune, tous les segments ayant été confiés au journaliste et écrivain cubain, Leonardo Padura Fuentes, qui a revu et réécrit le tout pour une question de cohérence dramatique et de fluidité du long métrage, certains lieux de tournages ou personnages sont par exemple présents dans différents segments.
Prometteur!
Un dernier coup d'oeil sur la liste des passagers emporte mon adhésion: Gaspar Noé, Laurent Cantet, Elia Suleiman, Emir Kusturica, ... c'est décidé, je réserve ma place!

« Banga ! »


[youtube]TIzFfaMbA1I[/youtube]


Pour les curieux, un détour par chaque segment, avec la note du réalisateur :

Les notes des réalisateurs

El Yuma - Note de Benicio del Toro

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El Yuma offre un portrait de la vie nocturne de la Havane et de ses particularités. le temps d’une nuit, un jeune touriste américain nommé Teddy découvre que le charme de la Havane est de l’ordre de la sensation viscérale et abstraite, une fois passé le choc visuel de ses immeubles délabrés et de son rythme indolent. Cette nuit, notre touriste va comprendre ce que Graham Greene voulait dire lorsqu’il a déclaré que la Havane est une ville où «tout est possible».
Le film montre à quel point il est difficile de définir la véritable essence de la Havane, tout en offrant un éventail de petites réflexions humoristiques sur les imperfections de la ville. Nous assistons à la métamorphose de Teddy, d’abord agacé par la confusion qui règne sur l’île, mais qui finit par succomber au charme enivrant de l’esprit cubain.

Jam Session - Note de Pablo Trapero

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La Havane est une ville mythique qui trouve une résonance particulière dans le coeur des cinéastes latino-américains, et donc dans le mien. Ma première expérience avec cette ville remonte à 1999 où je suis venu présenter mon film, Mundo Grúa, au festival de la Havane. J’y retourne régulièrement depuis.
Jam Session est une parabole de la célébrité. Lorsqu’Emir Kusturica arrive à la Havane, sur cette terre hors du temps, un déclic s’opère. Il découvre un lieu où, pour la première fois depuis longtemps, les standards du paraître et de la célébrité ne fonctionnent pas. Au contact de gens simples et normaux, il redevient lui-même. Il s’affranchit du personnage public qui, avec le temps, a pris le devant et brouillé ses repères. Cette transformation a lieu en grande partie grâce au chauffeur, cet homme vrai et brut dans ses émotions. C’est la naissance d’une belle relation d’amitié, toute aussi naturelle qu’incongrue, qui permet à un homme perdu de se retrouver. La parabole délivre tout son sens à la fin, lorsque le prix reçu par Emir Kusturica un peu plus tôt, signe extérieur de gloire et de respectabilité, termine dans les mains de la fille du chauffeur.

La Tentacion de Cecilia - Note de Julio Medem

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La Tentacion de Cecilia met en scène trois personnages, Cecilia, José et Leonardo. Ces trois personnages s’inspirent d’un roman du 19e siècle, «Cecilia Valdes», très représentatif de la culture cubaine. Ces trois personnages ont une relation triangulaire qui ne dépend pas seulement de l’amour, mais aussi d’aspirations professionnelles. Cecilia est une jeune chanteuse de talent. Leonardo, un homme d’affaires espagnol ; José est un jeune athlète et le petit ami de Cecilia.
Certains des ingrédients, surtout en ce qui concerne la tension dramatique, étaient déjà présents dans le roman. Mais le décor a été modernisé, actualisé, comme l’a été la structure de l’histoire. Je voulais raconter l’histoire à partir du point culminant de leur relation.
Ce triangle amoureux est une métaphore explicite : José représente cuba, son pays. Rester avec lui signifie être loyale, ne pas trahir son pays ni son peuple. Leonardo représente la possibilité de travailler à l’étranger, en Espagne. L’opportunité d’une nouvelle vie.

Diary of a beginner - Note de Elia Suleiman

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Quand les producteurs de 7 Jours À La Havane m’ont demandé de réaliser l’un des courts métrages du film, j’ai bafouillé une réponse qui n’en était pas vraiment une. Je leur ai dit : je ne parle pas espagnol, je ne suis jamais allé à la Havane, et je ne sais quasiment rien de cuba ! Ils m’ont répondu : «Ça peut être intéressant aussi». On m’a offert de passer un petit séjour là-bas avant de donner une réponse définitive. J'y suis resté quatre jours, pour être exact. En faisant la queue à la douane au moment de quitter l’île, j’ai réalisé que j’avais commencé à formuler ma réponse dès mon passage en douane à l’arrivée. J’ai répété ma réponse dans l’avion qui me ramenait chez moi, en essayant différentes inflexions, pour décider sur quel ton j’allais prononcer un «non» ferme et définitif.
Je me suis dit : au plus fort du printemps arabe, pourquoi diable irais-je à l’autre bout du monde me faire le témoin d’une révolution depuis longtemps institutionnalisée ? S’il s’agit d’évoquer le caractère dramatique d’un blocus, eh bien nous avons la bande de Gaza, à un jet de pierre d’ici. En plus, je n’ai pas trouvé la Havane tellement exotique. Je me suis plutôt senti exclu. J’ai rencontré les producteurs pour leur donner ma réponse. Par un lapsus aussi métaphysique que miraculeux, et avec la plus grande détermination, je leur ai adressé un «oui» ferme et définitif. On connaît la suite, une suite courte mais émouvante, dont ce court métrage porte le souvenir.

Ritual - Note de Gaspar Noé

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Le Che, mon compatriote le plus adulé au monde... Fidel, le seul homme qui a réussi à déjouer les plans de la CIA pendant plus de 50 ans... Soy Cuba, le film dont les mouvements de caméra m’ont tant inspiré...
Mais soyons honnêtes, si j’ai fait ce film c’est parce qu’un ami qui avait passé un certain temps à Cuba m’avait dit que c’était là qu’il avait vu le plus grand pourcentage de belles filles et de bonnes danseuses au monde.
Détestant voyager comme touriste, j’ai dû attendre pendant des années un prétexte crédible pour prendre un avion vers l’île mythique. Ayant raté en 2002 la projection d’Irréversible au festival de la Havane, j’ai dû attendre fin 2009 et la sélection d’Enter The Void pour m’y rendre. En même temps, une partie des producteurs du film avaient déjà en tête le projet de 7 Jours à La Havaneauquel ils m’ont proposé alors de participer. Du coup, après trois jours de fête, j’ai donné mon accord. Mais aussi, je me suis rendu compte que la réalité sociale était aujourd’hui plus complexe que l’utopie castriste dont mon père me vantait les mérites, et par ailleurs que l’imaginaire cubain était plus lié à une approche magique africaine que je ne le croyais.
Un an et demi plus tard, je revenais donc à Vuba pour tourner de manière semi-improvisée et en équipe ultra-réduite un court métrage avec une scène de danse et un rituel de «nettoyage».

Dulce Amargo - Note de Juan Carlos Tabio


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Dulce Amargo ("Aigre doux") est un oxymore. Parce que les choses sont elles-mêmes et leur contraire. Ce qui se dit n’est pas toujours ce qui se fait. Il n’y a rien de plus angoissant que de créer notre propre bonheur. Dulce Amargo retrace une journée dans la vie de Mirta et Daniel. Mirta est une psychologue qui se trouve dans l’obligation de faire des pâtisseries et de les vendre (non pas pour que l’argent lui permette de terminer le mois, mais pour le commencer). Daniel est un lieutenant- colonel à la retraite (je ne sais pas s’il est à la retraite parce qu’il était alcoolique ou bien s’il est devenu alcoolique parce qu’il est à la retraite). Dulce Amargo est l’une des 7 histoires possibles qui se passent aujourd’hui dans la réalité de la Havane. Et la réalité, comme nous le savons tous, n’est autre qu’une autre forme de fiction.
Le film peut se voir aussi comme un hommage aux telenovelas latino-américaines, car la vie des cubains est à l’image de ce genre qu’ils affectionnent particulièrement : débordante d’émotions multiples et contradictoires.

La Fuente - Note de Laurent Cantet

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Lors d’un précédent séjour à la Havane, faisant des repérages pour un autre film, nous avons poussé la porte d’un immeuble du Malecon, et avons été accueillis par Nathalia, une femme d’une soixantaine d’années, vive et avenante, qui, en tenue de chantier nous a fait visiter son appartement. Dans la pièce principale, régnait une grande animation : cinq ou six personnes s’affairaient à y construire un étrange bassin qui devait être prêt quelques jours plus tard. La statue d’Oshun (déesse des rivières) qui trônait pour l’instant encore dans une alcôve allait bientôt être installée sur un piédestal, au centre de la petite piscine que les maçons terminaient de carreler. Nathalia, adepte de la Santeria préparait la cérémonie du quinzième anniversaire de son entrée en religion. Et tous les voisins semblaient mobilisés pour l’occasion, travaillant dans une gaieté qui m’a beaucoup amusé et m’a donné immédiatement l’envie de filmer. Il m’a tout de suite semblé évident que cette scène était la parfaite allégorie du fonctionnement de la société cubaine, où rien ne semble jamais possible mais où tout finit par se faire, grâce à l’imagination, l’enthousiasme, la débrouille et les bouts de ficelle. Grâce aussi à l’entraide et à la solidarité.

J’ai rapidement mis en forme le scénario, et la contrainte de temps (une action resserrée en une journée) a aussitôt enrichi la situation, créant une urgence propice à la cocasserie la plus tonique. Pour la première fois, j’abordais un genre qui ne m’est pas coutumier : la comédie. Et j’y ai pris un immense plaisir, poussant les situations jusqu’au burlesque. J’ai très vite eu envie de proposer à Nathalia d’endosser le premier rôle.

Je ne l’avais vue que quelques instants, mais assez tout de même pour être gagné par sa vivacité et son charisme. Lors de notre deuxième rencontre, après avoir hésité trente secondes, elle a accepté ma proposition, puis, de sa voix rocailleuse, comme dans la première scène du film, elle a appelé ses voisins dans la cage d’escalier. En quelques minutes, elle a réuni tous ceux qui étaient présents lors de la construction du bassin : les maçons, les femmes, les enfants... le casting idéal en somme. Et, dans une bonne humeur qui a fini de me convaincre, nous avons réalisé quelques essais où chacun rejouait son propre rôle tout en intégrant avec plaisir les orientations que je suggérais. aucune timidité face à la caméra, une aisance surprenante, et surtout beaucoup de plaisir. J’allais pouvoir tourner comme j’aime le faire, avec des acteurs non professionnels et en laissant une large place à l’improvisation. Un film qui mêle regard documentaire et film «de genre» (la comédie). Un film qui donne à voir des visages que l’on ne voit jamais au cinéma, à entendre des voix que l’on n’entend jamais au cinéma. Et qui surtout donnera la parole à ceux qui l’ont si rarement.


Musique du film

"Kelvis Ochoa et Descemer Bueno sont les deux compositeurs de 7 jours à la Havane, avec la collaboration de Xavier Turull. Le duo cubain affirme que la bande originale du film est un personnage à part entière, dans le sens où elle lie de manière très fluide les différentes histoires. Très motivés par leur participation au "projet cinématographique le plus ambitieux qui a eu lieu à Cuba depuis 40 ans", les deux musiciens présentent leur musique comme une composition aussi sophistiquée que l'est la Havane. (Allociné)

SORTIE EN SALLES LE 30 MAI 2012
Fabi
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Message » 31 Mai 2012 20:46

Up !
opbilbo
 
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Message » 31 Mai 2012 22:18

J'adore les affiches.. :love:

La configuration dans mon profil


J'ai établi une entente de co-existence pacifique avec le temps : il ne me poursuit pas, je ne le fuis pas. Un jour nous nous rencontrerons. (Mario Lago)
papinova
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Message » 01 Juin 2012 11:48

La dernière n'apparait pas chez moi.
opbilbo
 
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Message » 01 Juin 2012 14:07

Chez moi non plus. J'édite et je cherche une autre image. Merci! :wink:
Fabi
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Message » 01 Juin 2012 14:33

papinova a écrit:J'adore les affiches.. :love:


J'aime lire ça, papi :love:

En fait, toutes les affiches des différents segments sont signées par le même artiste : Nelson Ponce Sánchez . C'est un illustrateur cubain. Il a ici choisi un style caractéristique de la Havane pour rendre hommage à sa ville natale.

Il fait des trucs sublimes, genre :

Image

ou

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J'ignore si 7 jours à La Havane comblera mes attentes, mais il m'aura en tous cas permis de découvrir cet artiste extraordinaire!
Fabi
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