Sledge Hammer a écrit:muse92 a écrit:mais de toute façon ce n'est pas contre le titre du thread: que cela soit marqué Director's cut, Final Cut, Version Longue, Extented Version, .... j'espère qu'on aura droit aux 2 versions sur 2 films séparés comme pour Gladiator par exemple. Car même si Scorsese est animé des meilleurs intentions du monde, un peu voyant, un peu médium et bourré de talents il faut dire que ce n'est de toute façon plus le même film .....
C'est un problème qui se présente régulièrement dans un domaine de la critique littéraire (universitaire, pas celle des journaux...), la génétique. Quel texte considérer comme la référence dans une édition critique : la première édition, la dernière publiée du vivant de l'auteur, le manuscrit... Chaque solution a des arguments mais présente aussi des difficultés. La dernière édition, par exemple, est rarement celle à laquelle l'auteur a consacré le plus de soin. Il a parfois relu son texte imprimé, signalé quelques coquilles... mais la nouvelle édition en rajoute de nouvelles. Et parfois, dans le cas de Victor Hugo, par exemple, c'est plus la famille que l'auteur qui s'en est occupé.
Que vous le vouliez ou non, la version "actuelle" du film est la seule que Leone ait intégralement supervisée. Il a bien entendu fait des concessions à ses producteurs, coupé des scènes auxquelles il tenait, mais il a supervisé le montage jusqu'au bout et tout ce qui figure dans ce montage, il l'a travaillé de près.
Reprendre les scènes manquantes à partir de la copie de travail prolonge la perspective sur le film, mais elles n'avaient pas fait l'objet de la même finition par Leone, et même s'il y tenait, il y tenait visiblement moins qu'à d'autres. Si un monteur s'en occupe, il le fera de façon propre et nette, mais pas évidemment avec les nouvelles idées que Leone aurait insufflées à ces scènes, s'il avait eu le temps de les réintégrer au montage (et, quelques années après, il avait fini par estimer qu'elles n'étaient plus si essentielles que ça).
Très franchement, pour parler d'un cinéaste similaire, je trouve la version préliminaire de "Pat Garrett & Billy The Kid" de Sam Peckinpah assez décousue et complaisante, quoique bien entendu plus satisfaisante que la version cinéma de 1973. Mais comme c'est la dernière version que Peckinpah avait supervisée avant qu'on lui retire le montage, on en faisait une oeuvre achevée et définitive, ce qu'elle n'est clairement pas.
Selon moi, comme pour toute version préliminaire ou copie de travail, il restait du boulot à faire en collaboration entre Peckinpah et ses producteurs, et je trouve que la version 2004, plus resserrée et plus dense est assez conforme à ce qu'aurait été le résultat définitif s'il n'y avait pas eu le clash entre les deux camps. Et, heureusement, le DVD comporte les deux montages acceptables, la version préliminaire et le montage terminé en 2004.
Pour Il était une fois..., si la version présentée à Cannes avait été la version approuvée par Leone, avec les 30 ou 40 minutes qu'un infâme producteur avait coupé au rasoir du négatif pour les faire disparaître jusqu'à la semaine dernière, cette version mériterait l'appellation de director's cut, et on devrait oublier tous les anciens montages.
Mais, sans le réalisateur d'origine pour l'approuver, et avec une image dégradée sur les scènes intercalées, elle ne pourra avoir qu'un statut de complément par rapport à la version que l'on connaissait jusqu'à présent, et qui, elle, est la seule où on peut se dire que Leone a vraiment tenu à garder ce plan, cette réplique, à mettre la musique pile à ce moment, etc.