jpHiFi a écrit:Bien sûr, avec des instruments de mesure spécifiques et dans certaines conditions il est peut être possible de récupérer une harmonique à 40 kHz mais avec quel niveau ? N'est-on pas dans le cas de l'information inutile ? Autant en terme de fréquence que de niveau ?
Il y a des harmoniques au dessus de 20 kHz qui participent au timbre ? Leur niveau est supérieur à celui d'un "pet de mouche" ? Eh bien elles ont une chance de participer au message sonore, enregistrons-les. Et si on a loupé malgré tout des fréquences ou des niveaux audibles par quelques rares individus, ont-ils, eux, loupé quelque chose ?
Comme d'habitude, une partie des audiophiles te répondra que cela fait partie des petits riens qui ont à long terme un effet capital, d'autres que cela est strictement inaudible et de loin, et la majorité te dira qu'ils n'en savent fichtrement rien.
Je suis dans la deuxième catégorie. Mon audition ne dépasse pas 14 kHz. J'ai fait des tests comparatifs avec le même extrait musical, coupé à des fréquences allant de 10 kHz à 22 kHz avec de formidables filtres passe-bas (sous Mathlab) qui furent édifiants.
Auparavant, vers l'âge de 18 ans, j'avais eu l'occasion d'enregistrer quotidiennement des vinyles sur DAT avec le choix entre échantillonner à 48 kHz (coupure à 24 kHz) et à 32 kHz (coupure à 16 kHz). A cette époque, j'entendais correctement jusqu'à 16 kHz. Les enregistrements coupés à 16 k étaient confondants de transparence... sur le DAC intégré à la platine. Le Microméga branché en externe, par contre, atténuait de façon gênante les aigus sur le signal 32 kHz. Et la comparaison était assez sévère, car je pouvais basculer instantanément en analogique direct avec le sélecteur d'entrée de l'ampli tandis que la DAT était en AD-DA.
Parmi les fichiers Mathlab, la comparaison la plus intéressante était les fichiers coupés à 12 et 16 kHz en cosine filter, et ceux coupés à 12 et 16 kHz en filtrage Sinc. Une claque au mythe du "ringing" qui affecterait les convertisseurs limités à la résolution CD.
Ce qui était vraiment intéressant, c'est que sur l'extrait coupé en sinc 12 kHz, le ringing est affreux, et parfaitement audible. C'est un sifflement à 12 khz qui suit plus ou moins le signal sonore. On pouvait ensuite monter progressivement et voir ce qu'il devenait quand on monte en fréquence. Après 14 khz, en ce qui me concerne, plus rien. Quant aux extraits filtrés en cosine filter à 12 khz, on entend la perte d'aigus, mais aucun ringing. Or, les DACs intégrés aux lecteurs de CD coupent en cosine filter à 22 kHz ! C'est dire si le ringing est loin, loin, loin.
Gbo nous avait posté ici une jolie explication sur le sujet il y a quelques années. Je dois l'avoir quelque part dans mes favoris.
jpHiFi a écrit:Un petit paradoxe pour la fin : certains prônent l'enregistrement des fréquences élevées, non pas tant parce qu'elles seraient audibles mais par les battements qu'elles pourraient produire dans la bande audible.
Si elles ne sont pas audibles, il suffit d'enregistrer les battements produits. Mais si on enregistre ces fréquences inaudibles, elles vont créer à nouveau les battements quand elles seront reproduites, mais ceux-ci ayant déjà été enregistrés (fréquences audibles), leur niveau (celui déjà enregistré plus celui recrée) sera donc faux !
C'est un peu ce que je disais plus haut au sujet des amplis qui fonctionneraient plus proprement si on ne les pollue pas avec des ultrasons. Car ces battements, si on peut les enregistrer dans la bande audible, c'est de la distorsion d'intermodulation. Le battement pur, hors distorsion, n'appartient à aucune bande de fréquence. Il est totalement virtuel. Il ne devient réel, c'est-à-dire "enrtegistrable dans la bande audible", que s'il y a distorsion d'intermodulation quelque part.
Or, dans un concert acoustique pur, deux éléments peuvent en théorie produire cette distorsion : l'air qui transporte le son (preuve : il existe des haut-parleurs spéciaux qui produisent des sons uniquement en faisant intermoduler l'air), et l'oreille.
Nous avions testé la capacité de l'oreille à rendre audible de tels battement dans une mémorable discussion sur l'ex-forum de George Massembourg. Nika Aldrich et moi avons obtenu le même résultat : les battements produits par les électroniques ou les HP sont beaucoup plus puissants que ceux produits par l'oreille... en fait, nous ne sommes pas parvenus à entendre ces derniers, s'il existent.
Reste l'air. Là, les mesures réalisées sur des instruments de musique et postées plus haut nous donnent un ordre de grandeur : les harmoniques ultrasonores sont très faibles. Or les battements produits par ces harmoniques sont beaucoup plus faibles encore que les signaux qui les produisent.
En fait, c'est même pire que cela : pour provoquer de l'intermodulation, c'est à dire des battements réels, et non virtuels, il faut saturer le milieu de propagation, c'est-à-dire bombarder une bonne grosse centaine de dB d'ultrasons dans l'air, pour arriver à le perturber en température ou en symétrie pression/dépression. A de faibles niveaux sonores, il sera ausi sage qu'un ampli à transistor en pure classe A, et aucun battement d'origine ultrasonore ne sera ramené dans la bande audible.
D'ailleurs, dans nos tests d'écoute, nous utilisions des haut-parleurs, donc l'air était sollicité en même temps que l'oreille. Et rien. Nos amplis/HP intermodulaient très nettement. Le système air + oreille pas du tout... tant que la sollicitation restait partiellement ultrasonore.
maxitonic a écrit:Si on veut 0° de rotation de phase a 20khz,la bande passante depuis l'enregistrement jusqu'à la reproduction doit etre plus large.
En pratique, il est possible en effet que, le matériel étant ce qu'il est, utiliser un haut-parleur de large bande passante soit une solution pour affiner la phase dans les fréquences plus basses. Mais c'est vraiment de la spéculation :
-Dans le cas idéal, il suffit que l'atténuation soit nulle à 20 kHz pour que la phase soit respectée.
-L'audibilité d'un déphasage dans les hautes fréquences est incertaine. Cela a été assez peu étudié, il me semble.
Robert64 a écrit:Pour Pio :
(...)
(cas d'un fil seul de cuivre de 1m de long et de 4mm² de section)
Le graphe du haut représente la variation de la self avec la fréquence, celui du bas la variation de la résistance. variations dues à "l'effet de peau".
Merci Robert, j'avais du mal à lire les courbes du site web consacré à l'effet de peau, avec leur graphe en "wL/R0".
On voit donc que la variation de self est de l'ordre de 1%. Tout-à-fait négligeable sachant que la totalité de la self est à peu près à la limite de l'audible (dans le pire du pire des cas).
maxitonic a écrit:Les graphes de Robert64 montrent que le calcul accuse une influence possible sinon probable sur le son au dela de 10khz mais ils ne montrent ,évidemment, aucune influence du diamètre du conducteur sur le son dans les fréquences "graves",or amha ce fait est avéré,comme je l'ai écrit, j'ai constaté que 8Xconducteurs de 0,25mm de dia., ne donnent pas le meme son dans les graves, en situation réelle,qu'un seul conducteur de 1mm,et il me semble donc que l'observation en question ne trouve pas sa réponse théorique dans la modélisation de l'effet de peau qui conduit a des différences, mais toujours localisées dans des fréquences élevées.
Concernant les graphes, attention à l'interprétation. L'inflexion de la courbe ne montre pas l'effet, mais l'effet supplémentaire qui s'ajoute à l'effet initial.
Si l'effet initial est lui-même négligeable, doubler celui-ci ou le diviser par deux le laissera quasi négligeable.
Pour l'effet sur le grave, les mesures que l'on peut faire couramment montrent que l'effet audible n'est sûrement pas corrélé à la courbe de réponse. On peut avoir deux câbles avec des rendus très différents dans le grave à l'oreille, alors que l'analyseur montre une réponse aussi droite qu'un faisceau laser dans les deux cas. J'ai vécu ça. C'est assez déroutant.