Etant fan de toujours de Tom Waits, j'avais également donné mon avis sur l'artiste, que je copie/colle ici :
Pour résumer, laisse tomber les complils et commence par la triplette "Blue Valentine / Rain Dogs / Swordfishtrombones". Après, tu devrait être contaminer et tu les acheteras tous
Voici donc mon petit cr :
Pour ma part, je distingue trois périodes chez Tom Waits :
Les débuts principalement dans les années 70, avec quasi un album par an entre 1973 et 1977 :
« Closing time ”, “The heart of Saturday Night”, « Nighthawks at the diner”, “Small change”, ”Foreign affairs”.
Ensuite, vient la période qui amha constitue le socle de sa légende. Son personnage est construit et son style se libère totalement. L’album charnière est « Blue Valentine » en 1978. Suivront “Heartattack & Vine”, « Swordfishtrombones », « RainDogs » et « Franks Wild Years » en 1987.
Enfin, et période toujours en cours, la maturité, ou Tom Waits va paufiner le développement de son personnage, dans un style toujours plus particulier, plus abouti, moins accessible, parfois expérimental. Celle-ci débute avec « Bone Machine » (92) et les fameuses percussions tribales, « Mule Variations » (99) , « Alice » et « Blood Money » (2002), « Real Gone » (2004) et “Orphans” en 2007
Concernant la première période, Tom Waits est encore classable : le style est un blues Jazzy, avec un piano très présent. La voie de Tom Waits n’est pas encore la fameuse voix de « tubard », mais le sens de la mélodie et l’atmosphère sont déjà présente : la côte est des état-unis, la nuit, tabac, alcool et mélancolie (blues), avec un peu de perdition, de désespoir, et une galerie de personnages plus ou moins looser.
On retiendra :
- A Sight for Sore Eyes*; sur Foreign Affairs
- Tom Traubert's Blues*; sur Small Changes
- Eegs & Sausage ; sur Nighthawks at the Dinner
Mais je vais ré-ecouter “Big Joe & Phantom 309”, que mentionne AstroRock.
(D’ailleurs, je vais remettre un peu ces albums sur ma platine, car j’avoue ne pas les avoir écouté depuis quelques années)
Attaquons la seconde phase : en 1978, sort « Blue Valentine », et a vrai dire, il tourne sur ma platine au moment ou j’écrit ces lignes. Et je dirais, cette fois, on y est. C’est un album magistral, Tom Waits y affirme son style et sa voix rocailleuse, certes dans la continuité de ce qu’il a fait précedemment d’un point de vue de la structure de l’album et des mélodies, mais de façon plus personnel, plus libéré. C’est en quelque sorte une synthèse de ce qu’il a fait avant, qui annonce les 3 albums suivants. Et un plus de la qualité, il y a la quantité : les titres s’enchainent, tous aussi bon les uns que les autres :
- Red Shoes By The Drugstore ;
- Christmas Card From Hooker In Minneapolis*
-Romeo Is Bleeding
- $29.00
- Wrong Side Of The Road ; un des meilleurs titres, un magnifique blues ou Tom joue extraodinairement de sa voix, multiforme, appuyé par un saxo et une guitare électrique.
- Whistlin'past The Graveyard ; un rock, le seul titre vraiment rapide. Sur ce morceaux encore, la voix de Tom Waits fait merveille. C’est peut être un des premiers morceaux ou il commence à la pousser dans des retranchements pas encore connu. La suite montrera que ce n’est qu’un début.
- Kentucky Avenue* ; très lent, piano rappelant ces albums précédent. La voix de Tom s’exprime plus dans les graves.
A Sweet Little Bullet From A Pretty Blue Gun ; Un peu comme Wrong Side Of The Road, avec pour la 1ère fois une percussion légèrement particulière.
Blue Valentines* ; Très lent, accompagné par une magnifique guitare.
En 1980, Heartattack And Vine, dans la lignée de Blue Valentine, mais avec un pas de plus dans l’évolution du personnage. C’est par cet album que j’ai découvert Tom Waits, mon père l’ayant acheté à sa sortie, un peu par hasard, parque qu’il avait reçu le prix Charles Cross me semble-t-il. Magistral, chez d’œuvre, que dire de plus. Tout est bon, magnifiquement composé, arrangé. L’atmosphère reste la même. Deux ou trois titres préfigurent la suite. Downtown, ou ça commence à dejanter un peu, HeartAttack and Wine, avec une guitare électrique très travaillée et des percussions qui s’affirment, et l’instrumental In Shades.
Et puis, il y a Jersey Girl, un des plus beaux titres du répertoire de Tom Waits.
9 titres, 9 perles :
- Heartattack And Vine;
- In Shades ;
- Saving All My Love For You ; Piano et violons pour une magnifique balade
- Downtown ;
- Jersey Girl* ; Composition extraordinaire, interprétation magistrale, Emotion garantie.
- 'Til The Money Runs Out
- On The Nickel*
- Mr. Siegal
- Ruby's Arms*
Et puis vint Swordfishtrombones. Avec Rain Dogs, qui sortira 2 ans plus tard, on entre véritablement dans le mythe Tom Waits. Des le premier titre (Underground), le ton est donné, cette fois plus de concession, Tom Waits fait désormais du Tom Waits. Les rythmes, les instruments, la voix : tout devient particulier et surprenant. Les sonorités de chaque instruments sont adaptés, les percussions tribales si caratéristiques sont maintenant systématiques. On retrouve l’atmosphère « underground cote est » justement, mais l’album fait un tout. Chaque piste est une partie d’un voyage, et tous les albums de Tom Waits seront maintenant fabriqués sur ce modèle.
Le nombre de morceaux est plus important, ils sont aussi plus courts, beaucoup sont assez rapides. Tom Waits exploite maintenant complètement sa voix, rocailleuse ou éraillée à souhait. Ce qui fait de l’album un chef-d’oeuvre, ce sont la qualité des compositions et le talent de mélodiste de Tom Waits. Il se dégage de l’ensemble un très émotionnel mélange de folie et de mélancolie.
Difficile de faire une sélection parmi les 15 plages tant tout est bon. Je me suis arrêté à 11 :
- Underground
- Johnsburg, Illinois
- 16 Shells From A Thirty-Ought-Six : assez rapide, un rythme extra, toujours très bien servi par la voix.
- Town With No Cheer
- In The Neighborhood
- Just Another Sucker On The Vine* : magnifique instrumental, très mélancolique, sonorité très travaillé
- Swordfishtrombone
- Down, Down, Down : Ca degage ! magnifique.
- Soldier's Things* : avec Jersey Girl, une des plus belles chanson de Tom Waits
- Gin Soaked Boy
- Rainbirds* : un instrumental très mélodieux, piano acoustique et (contre) basse
Broken Bicycle*; One From The Heart
Et donc, 2 ans plus tard, « Rain dogs ». Album jumeau de Swordfishtrombone”, on peut imaginer qu’une partie des morceaux de Rain Dogs ait été composé en même temps que l’opus précédent. Tous ce que j’ai écrit pour Swordfishtombone est valable pour Rain Dogs, avec une fois de plus, un cran plus loin. Ce qui est véritablement inimaginable, c’est comment, après avoir accouché de Blue Valentine, Heartattack… et Sword…, Tom Waits ait pu, une fois encore, sortir un tel monument ! Mettez le disque dans la platine, sautez directement à la dernière plage ‘Anywhere I Lay My Head’ : bienvenu dans le bestiaire musical de Tom Waits.
Cette fois le nombre de plage monte à 19. Ma sélection :
- Singapore
- Clap Hands
- Cemetery Polka
- Jockey Full Of Bourbon
-Tango 'Til They're Sore : Bravo !
- Big Black Mariah
- Diamonds & Gold
- Hang Down Your Head
- Rain Dogs
- Gun Street Girl
- Union Square
- Blind Love
- Walking Spanish
- Downtown Train
- Anywhere I Lay My Head
Après le monument bicéphale “Sword…Raindogs”, Tom Waits achève cette seconde partie de carrière avec ‘Franks Wild Years’ en 1987. Tom Waits est maintenant bien installé dans son personnage de poète multiforme, explorant chaque facette de son style, a tel point que sa voix est adapté à chaque plage, comme autant d’instruments différents. On reste dans la même veine que les albums précédents.
Une fois encore, une avalanche de petit morceaux de génie dont :
- Hang On St. Christopher
- Blow Wind Blow
-I'll Be Gone
- Yesterday Is Here
- More Than Rain
- Way Down In The Hole
- Telephone Call From Istanbul : ma préférée sur ce disque. La fin de ce titre est un véritable feu d’artifice.
- Cold Cold Ground
- Train Song
Ouf ! quel palmarès. On sort different de l’écoute de ces albums.
Je ne serais pas aussi bavard sur la suite. En 1992, vient “Bone Machine”. Le style est différent, il ouvre une série d’albums inspirés, que j’oserais qualifier de plus ‘personnel’ si les opus précédents ne l’étaient pas déjà. Disons qu’ils sont plus intimistes, plus intériorisés.
De « Bone Machine », mes préférées :
- Goin' Out West
- Black Wings
De “Mule Variations” :
- Pony
- Take It With Me*
- Hold on*
De « Blood Money »
- All The World Is Green* : Qu’en 2002, Tom Waits ait composé ce titre tient tout simplement du mystique. C’est peut être sa plus belle chanson, après trente ans de carrière. Je me rappelle très bien lorsque j’ai mis le disque pour la 1ère fois, sachant que le vieux maître ne pouvait plus surprendre un vieux fan comme moi. Lorsque le rythme lancinant de la chanson, tel le tic-tac d’une horloge, a commencé à envahir la pièce, j’ai ressenti comme une extraordinaire nostalgie. Toutes les émotions de toutes les musiques du monde en un seul titre.
- The Part You Throw Away*, Magnifique également. Mais cohabiter avec le titre précèdent, c’est dur !
Et de “Real Gone” :
- Green Grass.
Je ne connais pas encore bien le dernier opus, Orphans. Mais je reviendrai…
Moi, j'aime bien Tom Waits