CR Du Site HCFRKlinger Favre Audio a écrit: Klinger Favre Audio par Jean-Jacques Bacquet :
La salle Hi-Fi nous a permis de rencontrer un grand nom de la Haute Fidélité, hélas peu connu du grand public : Monsieur Jean-Jacques Bacquet, fondateur de l’entreprise Klinger Favre Audio.
Créée en 1975, cette entreprise artisanale de Saint Dié des Vosges, s’implique dans tous les maillons de la restitution audiophile pour les professionnels, mais aussi pour les particuliers.
Ainsi, au niveau professionnel, notre hôte s’enorgueillit d’avoir travaillé avec les plus grands.
Il s’est occupé de la sonorisation de plusieurs studios, dont un à New York et celui de l’Orion à Dunkerque.
Il a aussi sonorisé des salles de spectacle et des théâtres : La cité de la musique, le Théâtre Chaillot, le Théâtre des Champs-Elysées, la Comédie Française…
Sacré carte de visite !
Jean-Jacques Bacquet en pleine démonstration :
Intarissable sur sa passion et fort sympathique, Jean-Jacques Bacquet n’a pas hésité à nous confier bon nombre d’anecdotes concernant ses expériences techniques ou ses rencontres avec des grands noms de la musique.
Jean-Jacques Bacquet a commencé sa carrière, embauché par Denis Haussher au sein de la société Prodisc à Strasbourg… Denis Haussher est connu aujourd’hui pour avoir fondé la société Icos. On sait moins qu’il fut à l’origine de la création du caisson de basse actif en 1969!
Klinger Favre Audio ne dispose pas de circuit de distribution développé pour le particulier. Il ne compte que sur sa réputation, quelques salons et quelques passages dans les magazines, pour que le client vienne demander ses services.
Vu les faibles capacités de production de cette petite entreprise artisanale (une paire par semaine, entièrement fabriquée en France), on comprend qu’il n’est commercialement pas nécessaire de faire appel à l’artillerie publicitaire lourde pour remplir les carnets de commandes.
Klinger Favre s’occupe d’une grande partie de la production de ses enceintes en interne : câblage, électronique, ébénisterie, peinture… Seuls sont sous-traités la fabrication des pieds et les boîtiers des appareils électroniques.
Les écoutes :
Durant cette journée, Jean-Jacques Bacquet nous a proposé plusieurs écoutes de ses enceintes.
Les sœurs présentes ce jour-là, par couleur :
- La petite D26, finition bois naturel
- La bibliothèque D46, en rouge
- La Studio 15, en blanc.
Les électroniques utilisées :
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- L'enregistreur numérique Nagra VI
- Le lecteur CD Emmlab CDSA-SE CD/SACD Player
- L'ampli Klinger Favre Precision Studio
- Le convertisseur Klinger Favre (tout en bas).
Nous avons d’abord écouté les bibliothèques D46, D pour enceintes domestiques.
Description de l’enceinte D46 :
La D46 prend la forme d’une bibliothèque 2 voies de taille classique, en charge bass reflex (via un évent arrière): 42cm de haut, pour 35 de profondeur et 26 de large.
Elle est équipée d’un transducteur grave/médium en carbone de 17cm, en provenance du constructeur français Davis.
Le tweeter est réalisé en interne par Klinger Favre et propose un dôme en soie 28mm et une bobine mobile.
La caisse, d’une grande rigidité, est disponible en finition bois satiné ou en bois lamellé collé.
Elle est posée sur un pied optionnel et dispose d’un étonnant système de découplage.
En effet, Jean-Jacques Bacquet n’utilise pas les traditionnelles pointes de découplage. En lieu et place, on trouve une création originelle de Klinger Favre Audio: une bille coincée entre deux coupelles recourbées.
Ce principe n’est pas sans rappeler, pour les forumeurs qui s’en souviennent, les fameuses billes de JLD.
Questionné à ce sujet, Jean-Jacques Bacquet m’a expliqué que l’intérêt du découplage est d’écouler les vibrations de la mécanique de l’enceinte vers le sol. Pour ce faire, il faut donc un élément très rigide. Ce rôle peut très bien être assuré par une pointe et une contre-pointe.
Cependant, à haut volume, les vibrations peuvent revenir du sol vers l’enceinte. Pour limiter ce phénomène, il faudrait un matériaux absorbant (donc relativement mou). Les pointes avouent donc leur limite là où les billes permettent de rendre le pied « mobile » par rapport à l’enceinte et vice-versa, à la manière de l’amortisseur d’un véhicule.
Le modèle présenté ici était actif. Chaque enceinte était en effet équipée de deux amplificateurs intégrés (un pour chaque haut parleur).
Il suffit alors d’y brancher un préamplificateur via une connectique RCA ou XLR pour en profiter.
On peut même y brancher directement une source, puisqu’elles bénéficient d’un atténuateur infini. Mais il sera alors contraignant de régler le volume indépendamment sur chaque enceinte.
A l’écoute, grâce à l’enregistreur Nagra qui a joué le rôle de source numérique (via carte mémoire), convertisseur et préamplificateur, la simplicité de conception de cette enceinte est un bonheur à écouter.
L’image stéréo se forme de manière précise et naturelle et la très faible directivité du tweeter permet de ne pas se soucier de la place d’écoute. On s’est tous surpris à se balader dans la vaste pièce d’écoute sans ressentir de baisse de niveau dans l’aigu. De même, la scène sonore se décale alors de manière naturelle et reste donc rigoureusement formée.
La rapidité des attaques et la précision du tweeter permettent à cette enceinte d’être très vivante et facile à écouter. Même s’il est évident que la faible dimension du haut-parleur de grave et la taille raisonnable de la caisse empêchent toute prétention de haut vol dans la partie basse du spectre, l’auditeur n’en est pas moins frustré pour autant.
La bande passante descend suffisamment bas et avec propreté pour restituer correctement une contrebasse ou une grosse caisse. Cette enceinte ne cherchera jamais à trop en faire. Elle s’arrêtera là où elle l’estime sans boursoufler les basses et les rendre alors brouillonnes.
La partie médium et aigu est de haute volée. Les voix sont très naturelles. Les aigus se montrent précis et doux sans tomber dans un surplus de chaleur.
Il en ressort une écoute dynamique, aérée et très neutre.
Après discussion avec Jean-Jacques Bacquet, on comprend que sa philosophie sonore est de proposer cette fabuleuse neutralité. Cela se ressent dans tous les maillons de sa chaîne.
La neutralité de ces enceintes permettra, à ceux qui en estiment le besoin, de les associer à des électroniques ayant plus de caractère ou plus de couleur sonore.
La D46 est donc une enceinte très bien finie, dont l’homogénéité et la facilité de mise en œuvre en sont le point fort.
SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES D46
L 26 x H 42 x P 35 cm
Puissance admissible 40W
Impédance 8 Ohms
Bornier pour bi-câblage
Bass reflex évent arrière
Ébénisterie lourde et rigide
HP grave de 17cm carbone
Grille de protection
Tweeter à dôme de 28mm
Filtre passif
Finition laque satinée ou hêtre lamellé collé vernis incolore.
Prix : 4000€ la paire (comprenant un socle et l’original système de découplage). Pieds en option à 1000€ la paire, hauteur sur mesure.
Description de l’enceinte Studio 15 :
La Studio 15 prend la forme d’une enceinte de type LCR de fort beau volume en configuration d’Appolito.
Petite anecdote, cette configuration est bien entendue l’œuvre de M. Apolito. Et pourtant, 3 hommes seraient à l’origine de ce type de placement des HP, dont Jean-Jacques Bacquet lui-même.
Cette enceinte est avant tout destinée à équiper des studios, dont l’exigence en matière de restitution est totale.
Cependant, il n’est pas exclu de l’utiliser également chez soi, le pied (hauteur sur mesure) étant compris dans le prix.
D’une dimension de 60cm de haut, 46 de profondeur et 26 de large, elle n’est pas aussi simple à placer dans un intérieur cossue, que sa petite sœur D46. Elle est livrée avec son pied et le même original système de découpage mobile.
Détail sur la connectique de l'enceinte
N’ayant pas la possibilité d’avoir une amplification active, nous avons écouté cette enceinte grâce à l’amplificateur Klinger Favre Precision Studio.
De part son volume plus important et ses deux haut-parleurs de medium-grave, identiques à celui de sa petite sœur, des 15cm d'origine Scanspeak, cette enceinte explore le grave de manière profonde. Précision et impact sont au rendez-vous permettant de jouer sans crainte de violents morceaux de percussions, comme le fameux O-Zone Percussion Group. La grosse caisse, sans toute fois descendre aussi bas qu’avec un caisson de basse, cogne fort, sans compresser les montées de dynamique.
Le tweeter est le même que celui de la D46 et propose des qualités de haute volée.
Ayant un medium-aigu issu de la D46, la Studio 15 dispose de très belles qualités objectives, et propose d’ailleurs une image stéréo de même facture, avec une aération et une précision supérieure.
Cependant, orientée sur la capacité à décortiquer le message musical, on est face à une écoute assez analytique. Cela la distingue donc quelque peu de sa petite sœur et on peut ressentir, en comparaison directe, un léger manque de vie musicale dans la Studio 15.
C’est une caractéristique à prendre en compte dans le choix d’une enceinte, en fonction de ses goûts personnels.
Une autre caractéristique à prendre en compte est le prix.
Proposée à 10.000€, la concurrence est rude sur ce créneau, et on peut notamment trouver des enceintes colonnes, qui si elles sont bien alimentées, pourront rivaliser voire dépasser les Studio 15 sur le registre grave.
SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES STUDIO 15:
Enceinte 2 voies à 3HP en disposition d'Appolito
2 boomers de 15cm membrane papier segmenté, bobine de 37mm
Spider décompressé bobine longue aimant de 110mm
Tweeter à dôme de soie, aimant néodyne, amorce de pavillon
Filtre passif du 4ème ordre
Charge bass reflex à évents arrière
Dimensions L 26 x H 60 x P46 cm
Parois épaisses et inertes de 30mm
Découplage des enceintes par système "Floating boards"
Finition en laque satinée ou bois de hêtre lamellé collé vernis incolore
Piètement lourd et inerte recommandé, hauteur standard 50cm, 75cm et 100cm, autres hauteurs sur demande. Prix : 10.000€ la paire comprenant le pied (hauteur sur mesure) et l’original système de découplage.
Description de l’enceinte D26 :
La D26, entrée de gamme de la marque, prend la forme d’une bibliothèque traditionnelle de taille compacte.
Ses faibles dimensions (35cm de haut, 25 de profondeur et 20 de large) en font une enceinte de proximité facile à placer et à intégrer chez soi.
Cependant, il ne faut surtout pas se fier à sa taille réduite car une fois alimentée, elles sont capables de beaucoup.
De même que pour les Studio 15, nous avons écouté cette enceinte avec l’amplificateur Klinger Favre Precision Studio.
Mise en place de la petite D26 dans des conditions improbables d'utilisation :
On retrouve dans cette petite « mimi » les mêmes sensations qu’avec sa grande sœur D46. Même si elle n’utilise pas le même équipement mobile, ni la même technologie de découplage, la directivité est toujours aussi peu sensible et la scène sonore se forme très correctement.
La même sensation de vie musicale anime la pièce d’écoute, même si évidemment, le message est quelque peu simplifié.
Les basses sont très bien filtrées et lui permettent de descendre avec du volume sans pour autant saturer au premier coup de grosse caisse. Évidemment, on ne pourra lui demander de sonoriser une salle de trop grandes dimensions. Mais en écoute de proximité, on ne se sent absolument pas frustré.
La partie medium/aigu est très bien articulée et laisse apercevoir une belle aération et un grand respect de la dynamique. Les attaques sont vives et rapides.
Proposée au tarif de 1500€, cette petite a des arguments que bien des grandes lui envierait.
On l’a notamment comparé à des colonnes B&W 704. S’il est évident que ces petites colonnes avaient plus de facilité pour restituer les basses, le message sonore global fut bien supérieur sur les D26, où la musique vivait pleinement.
Vu que l’électroniques employées étaient disproportionnées avec le prix des D26, on les a essayées sur une électronique d’entrée de gamme : un vieil ensemble Cambridge (CD et ampli), datant d’une dizaine d’années, d’une valeur de 600€ à l’époque.
Mise en place de l'électronique Cambridge :
Il est bien évident que la qualité sonore a chuté. Nous avons alors perdu en précision et en aération. Cependant, le résultat est resté honorable et la musique s’est formée de manière très satisfaisante.
Cela prouve que la D26 est à la fois capable de beaucoup, mais sait également se contenter de peu.
SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES D26 :
L 20 x H 35 x P 25 cm
HP grave 13cm à membrane en papier traité
Puissance admissible 30W
Impédance 4 Ohms
Bornier pour bi-câblage
Bass Reflex évent arrière
Ébénisterie lourde et rigide
Grille de protection
Tweeter à bobine mobile de 28mm
Finition en laque satinée ou hêtre lamellé collé vernis incolore.
Prix : 1500€ la paire.
Un mot sur l’amplificateur Precision Studio :
En plus de développer des enceintes, Jean-Jacques Bacquet développe également l’électronique pour se créer une chaîne hi-fi complète (hors drive CD).
Cela lui a permis de concevoir enceintes et électroniques de manière à obtenir un mariage parfait (même si chacun des éléments peut s’introduire au sein d’une chaîne hi-fi disposant d’éléments d’autres marques).
Cet ampli, pourtant peu puissant sur le papier (2x40w) s’est montré d’une redoutable efficacité, quelque soit l’enceinte qu’il a eu à driver (les Klinger Favre ainsi que les colonnes B&W).
D’une grande neutralité, il propose une écoute dynamique, précise, aérée.
Il est bien entendu pour responsable en grande partie du formidable rendu des enceintes que nous avons écoutées.
La revue « Diapason » ne s’est d’ailleurs pas trompée et lui a décerné le titre de « Diapason d’or » 2005 dans la catégorie des amplificateurs de prestige.
De même que les enceintes, les électroniques Klinger Favre sont fabriquées dans l’atelier de Saint Dié. Seuls les capots sont sous-traités.
A noter qu’elles disposent du même système de découplage que les enceintes D46 et Studio 15.
SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES PRECISION STUDIO
Puissance 2x40 W sous 4 ou 8 ohms
Huit transistors Sanken bipolaires fort courant
Filtrage en pi par inductance double, forte charge capacitive. Sensibilité d'entrée : 0,775 V RMS
Alimentation stabilisée pour le courant et la tension pour chaque canal.
Fonctionnement assuré entre 180 et 250 volts
Condensateur de découplage plastique rapide sur chaque transistor.
Double pont de diodes à faible résidu harmonique et faible chute de tension directe par canal
Bande passante naturelle du continu à 200kHz, volontairement limitée à 5 Hz et 50 kHz
Deux entrées lignes, permettant de se passer de pré-ampli dans la plupart des cas
Câblage interne en conducteurs de précision
Transfos toroïdaux à faible rayonnement
Condensateurs longue vie, haute température
Sorties directes sans relais, en bi-câblage
Polarisation en classe B , sans chaleur
Facteur d'amortissement constant jusqu'au continu, donnant un contrôle total de l'infra-grave
Modules enfichables pour une maintenance éclair et pour l'évolution future
Contrôle de volume
Circuits imprimés des modules amplis en 120µ dorés
Dimensions H 20 x P 40 x L 45 . Poids 25 kg
Amplificateur monté sur système flottant minimisant l'influence des vibrations extérieures.
Prix : 6300€
Comparatif de DAC :
Nous l’avons vu, Jean-Jacques Bacquet produit également un DAC.
En fin de soirée, il nous a proposé une écoute comparative entre ce dernier et le DAC intégrée à la platine Emmlab, en utilisant son amplificateur et les Studio 15.
Dans les deux cas, nous avons donc utilisé le drive de la platine Emmlab.
Nous avons commencé les écoutes en compagnie du DAC Klinger Favre. L’écoute est bien sûr conforme à ce que nous avions constaté l’après-midi. Nous passons ensuite sur le DAC Emmlab.
Malgré les grandes qualités de cette platine intégrée, nous avons noté immédiatement quelques nuances en faveur du DAC Klinger Favre.
L’écoute du DAC Emmlab est plus légère, donnant un coté aérien à la musique.
L’écoute du DAC Klinger Favre est plus charpentée. La voix a plus de présence, la bande passante semble être plus étendue, la dynamique légèrement supérieure….
Proposé au prix de 6300€, ce DAC dispose de qualités que même une platine CD intégrée, vendue 12.000€, ne parvient pas à dépasser.
Cela traduit, si besoin était, la formidable passion musicale que Jean-Jacques Bacquet insuffle à son matériel.
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Nous avons tous été ravi de découvrir ce constructeur français, dont l'éminent représentant nous fait partager sa passion avec sincère engouement et grande sympathie.
Nous ne pouvons que regretter que Jean-Jacques Bacquet se soit orienté davantage vers le domaine professionnel. Mais heureusement, les connaisseurs peuvent cependant compter sur une petite production pour assouvir leur envie.
SOURCE