j'ai d'ailleurs failli faire une grosse erreur en cumulant 2 couches croisées de 20mm de matériau resilient DOMISOL. En fait 2x20mm de ce matériau ne se comportent pas du tout de la même manière à la compression par rapport à 40mm du même matériau en monocouche. En fait, l'indice de fluage total (supperposition des couches) ne doit pas dépasser une valeur totale de 4 afin d'assurer un maintien de la couche résiliente et une résistance optimale de la chape. Comme le DOMISOL en 40mm dispose d' un indice de 4 et celui en 20mm dispose d'in indice de 3, j'ai donc été obligé de supprimer la seconde couche que j' avais déjà posée. C'est mon chapiste qui m'a sensibilisé sur ce point (juste à temps). Cela m'aura fait perdre du temps mais m'aura permis d'éviter de commettre une belle erreur.
Le chapiste est acousticien ?
Sait-il comparer la raideur dynamique entre une plusieurs sous-couches?
Il connaît l'affaiblissement en dessous de 125Hz et le mouvement vertical nécessaire pour isoler à ces fréquences ?
Il ne faut pas confondre l'isolation acoustique avec les directives du DTU concernant les chapes traditionnelles. A moins qu'il s'agisse d'une chape rapportée (précaire aux fréquences basses) ou d'une isolation exclusivement thermique.
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Pour rendre service à ceux qui ne savent pas, je rappelle quelques notions relatives au fluage des sous-couches résilientes.
Définition: Le fluage est un phénomène de déformation irréversible qui augmente avec dans la durée sous l'effet d'une charge constante.
La norme EN 1606 définit les conditions de mesure du fluage. La mise en oeuvre des sous-couches isolantes sous chape ou dalle flottante et décrite par la norme NF P61-203 associée au Document Technique Unifié 26.2.
L’Association pour la Certification des Matériaux Isolants (ACERMI) propose une procédure permettant de caractériser les produits à travers une série de mesures effectuées par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et le Laboratoire National d’Essais (LNE).
Le Certificat ACERMI autorise le fabricant à apposer sur l'emballage une étiquette informative destinée à guider l’utilisateur vers le produit adapté à l'emploi. Il vise notamment les produits isolants fabriqués en usine sous forme de plaques, de panneaux ou de rouleaux.
Le fluage à la compression est un des paramètres retenus pour la certification ACERMI.
La méthode consiste à évaluer la déformation permanente sous charge constante pour une période de 10 ans.
Pour cela, on réunit 3 échantillons du matériau sous la forme d’éprouvettes de 200 x 200mm. Les 3 échantillons ont pour objet d’établir une moyenne à travers 3 mesures. Chaque échantillon est couvert avec un film d’étanchéité puis reçoit une couche de plâtre d’environ 5mm et pesant 200g. Le plâtre encore liquide est coiffé par un poids mort (plaque de charge) rigide de 3,8kg. Dans le cas d’un plancher chauffant (Ch), on intercale un film chauffant (50°) entre le plâtre et la masse.
Après séchage complet de 24 heures, on mesure l’épaisseur initiale dL, puis on applique la contrainte de charge par paliers successifs. La charge exerce une pression de 5kPa soit une force de 20daN sur l’éprouvette (b) ou 10kPa soit 40daN (a).
La contrainte est maintenue pendant 122 jours. Ensuite, après le retrait de la charge (mais pas du poids mort de 4kg) et un temps de relaxation de 72 heures, on mesure la déformation permanente (dB).
La résistance au fluage s’exprime sous la forme : CC(i1/i2/y) rc
r étant la lettre grecque ro.
CC indique qu’il s’agit d’une charge continue.
i1 est la réduction de l’épaisseur en millimètres, extrapolée pour la durée « y » correspondant à 30x122 jours, soit 10 années.
i2 est la valeur du fluage (déformation relative en millimètres après la période de mise en charge).
rc indique la pression en pascal ou la charge par unité de surface (m²).
On lira par exemple, CC(1,7/1,6/10)10, ce qui signifie que sous une charge continue on aura une réduction d’épaisseur de 1,6mm et une estimation du fluage de 1,7mm sur 10ans avec une pression de 10kPa (ou 1000daN/m²). Cet exemple correspond au fluage d'un panneau Domisol LR de 40mm.
L’étiquette ACERMI se présente sous la forme : SC2 a4 Ch
Dans cet exemple, SC2 signifie que le fluage à 10 ans sera inférieur à 2mm.
SC1 indiquerait un fluage dépendant de l’épaisseur de la sous couche, variable entre 1,5mm et 0,35+dB/200mm (voir norme EN 12431 pour plus de détails).
La lettre « a » précise que la charge exerce une pression de 10kPa. Avec une charge de 5kPa, on aura la lettre « b ».
Ensuite on trouve un indice de 1 à 4. Cet indice n’est utile que dans le cas ou on superpose plusieurs sous-couches. Dans ce cas, les valeurs de fluage s’ajoutent, risquant de dépasser la valeur limite du DTU soit 2mm pour SC2.
Voici les valeurs des indices correspondant aux fluages à 10ans:
1 : < 0,5mm
2 : 0,5 à 1mm
3 : 1 à 1,5mm
4 : 1,5 à 2mm
Selon le DTU 26.2 ou 52.1, la somme des indices ne doit pas dépasser 4.
L’indice maximal est fixé à 4 pour que la déformation de la sous-couche ne crée pas une contrainte trop importante pour une chape mince (40mm), qui pourrait entrainer un affaissement ou une déformation (fissures dans le carrelage, par exemple).
Enfin, le suffixe optionnel Ch qui termine l’étiquette indique que le fluage a été mesuré en température et que le produit convient pour un plancher chauffant.
Note importante concernant l’indice du fluage.
Cet indice ne s’applique pas aux constructions acoustiques autoportantes.
D’abord, il est impossible d’obtenir un affaiblissement compatible pour une pièce d’écoute (hifi ou HC) si on limite l’isolation à une simple chape flottante. L’isolation doit inclure une coque désolidarisée et étanche, reposant sur la chape flottante, faute de quoi, le son contourne l'obstacle et se propage à travers la structure porteuse.
Ceci soulève plusieurs problèmes :
1- Les sous-couches de type Domisol LR ou Rocksol ne sont pas prévues pour soutenir la charge des parois verticales et du plafond, lui-même reposant sur les parois.
2- La raideur dynamique d’une sous-couche simple ne suffit pas pour obtenir la souplesse nécessaire à l’isolement requis. Plusieurs sous-couches donneront un meilleur résultat.
3- La norme prévoit et accepte une élévation de la raideur dynamique jusqu’à +60% après fluage, qui s’accompagne d’une dégradation considérable des performances d’isolement aux basses fréquences (1).
(1) La raideur dynamique est mesurée selon la norme NF EN 29052-1 sous une charge de 4kg avant et après le test de fluage de 122 jours.
Heureusement, ce type de construction accepte des compressions et des fluages élevés, bien supérieurs aux préconisations du DTU 26.2 et 52.1.
Une chape flottante à vocation acoustique peut (et doit) être montée sur des supports viscoélastiques capables de supporter la charge et d’amortir les vibrations de la chape et/ou du support. Le rôle de la laine se limitant à absorber les résonances de la lame d’air.
A titre de comparaison, la compression d’un système sur ressorts supportant une chape en béton de 10cm évolue dans une fourchette comprise entre 10 et 50mm. Le mouvement dynamique vertical à 10Hz peut atteindre 7,5mm.
Autre exemple, un plot en élastomère s’écrasera de 7,6mm. A cela il faut ajouter le fluage dû au vieillissement (2,4mm), ce qui fait un écrasement total de 10mm.
Nous sommes loin des figures rencontrées en construction traditionnelle où la compression d'un Domisol LR40 ne dépasse pas 1,7mm avec une charge de 10kPa, soit 1000kg/m² ! Le mouvement dynamique reste insignifiant même aux très basses fréquences.
En superposant 2 sous couches Domisol LR40 sous une charge de 1000kg/m² le fluage sur 10 ans serait de 3,4mm.
Le calcul de la compression fait partie de l’étude d’isolement. On aligne la hauteur du plancher de la coque isophonique sur celle du plancher fixe en ajoutant le fluage à venir. La déviation dynamique est absorbée par la liaison souple entre le local protégé et la structure du bâtiment.
C’est pourquoi, dans le cadre d’une isolation acoustique, toutes précautions prises pour le soutènement de la structure portée, on peut empiler plusieurs sous-couches de laine sans se soucier du fluage, à condition bien sûr, d’en tenir compte dès le départ. Cette méthode éprouvée est très répandue.