haskil a écrit:
Au sujet des salons : les grandes marques, les vraies grandes marques, ne ratent jamais un salon .
Pour avoir participé à un nombre considérable de salons, je peux dire qu'il peut nous arriver de nous ramasser en beauté (en horreur conviendrait davantage), sans pouvoir rien faire pour améliorer les choses et pour des tas de raisons.
La première est liée aux proportions de la salle et à la constitution des murs des chambres ou salons d'hôtels. Les bonnes surprises y sont plus rares que les mauvaises. Quand c'est vilain, c'est vilain. La présence du public améliore les choses ou les rend parfois plus supportables en absorbant un aigu épris de phasing. En quelques heures, on ne peut pas s'occuper de la déco, des plantes vertes, de l'éclairage et optimiser le son vers 3 heures du matin après avoir roulé 500 kilomètres et vidé un camion de son contenu.
Evidemment, l'inévitable audiophile consciencieux (et un peu mauvais coucheur) est présent dès la première séance, celle qui est la plus exécrable sur le plan sonore et de loin, muni de son petit sac à dos porte-docs. Ce qu'il entend est souvent mauvais mais comment faire autrement? Le démonstrateur n'a dormi que deux ou trois heures et a les oreilles plombées. Le mieux serait de venir le dernier jour quand le démonstrateur est un peu plus reposé et s'est habitué aux lieux, sauf s'il a passé ses nuits dans les bars avec des clients car on lui demande aussi de faire de la relation publique avec les fabricants ou certains bons clients. Je précise qu'il est impossible de prendre possession des salles assez longtemps à l'avance. Parfois, vous attendez que le précédent congrès soit terminé avant de pouvoir entrer. Et le soir du dernier jour, vous avez jusqu'à minuit pour rendre la salle.
L'autre crainte, c'est de faire plaisir à un visiteur qui a décidé de passer son disque le plus merveilleux, lequel se révèle parfois effroyable d'agressivité et de compression. La meilleure installation ne sauvera jamais ce qui ne peut être masqué qu'au travers d'une installation fortement colorée. Le risque c'est que celui qui arrive quand passe une telle horreur fait immédiatement demi-tour avec une opinion définitive sur la piètre qualité du matériel entendu. Voilà pourquoi nous n'aimons pas passer des disques que nous ne connaissons pas; certains sont bons, d'autres sont criminels.