JACBRU a écrit:BARTOK a écrit:Igor parle de disques que je connais mais, comment voulez-vous que je connaisse un disque? Chaque fois que j'écoute mes disques ailleurs, le son change. Ce qui est bon chez moi ne l'est pas toujours ailleurs tandis que des disques appréciés ailleurs sont parfois décevants chez moi. Vous me demandez donc de faire des choix arbitraires basés sur des critères personnels qui sont ceux d'un amateur. C'est léger! Mon but n'est pas de conforter mes choix mais de m'élever. Une référence doit être validée sinon ce n'est qu'un choix personnel qui peut changer d'un jour à l'autre.
Je ne peux, bien sûr, te répondre sur les questions destinées à TMS. Pour les disques utilisés en référence, si.
Je peux au moins te donner une opinion sur l'intervention de TMS.
Bien sûr, je n'ai pas assisté au concept et à l'intégration du Studio d'Igor, mais j'ai pu constater le résultat. S'il est exceptionnel, ce n'est pas grâce à une baguette magique. Les composants électroniques de la chaîne de restitution sont soit "haut de gamme HiFi/HC" soit professionnels, en aucun cas "audiophiles". Les marques ont été choisies pour leur rigueur au niveau son et image, leur rapport qualité/musicalité/prix. Ces conditions sont nécessaires, mais pas suffisantes pour les sommets atteints. L'optimisation est indispensable.
Les enceintes acoustiques Yamaha 1000x ont été choisies par Igor. Je connais un peu les raisons de son choix. Il me contredira si je me trompe :
- Igor, comme beaucoup, comme moi, a été impressionné par le médium des systèmes électrostatiques, sa précision et sa réponse transitoire. Il le voulait. Mais ces systèmes sont difficiles à mettre en œuvre dans le cadre d'un studio de montage et de monitoring. Les mesures sur les dipôles, on le sait depuis très longtemps, sont difficiles à évaluer à cause de la proportion d'ondes réfléchies qui brouillent les mesures.
- On a intérêt, pour le respect des normes d'écoute de contrôle, de privilégier les fronts directs.
- Le rendement, important pour le respect de la dynamique, doit être suffisant. Les haut-parleurs électro-dynamique sont donc préférables.
- La directivité de panneaux électro-statiques, tels les Quad ESL, est difficilement maîtrisable, verticalement et horizontalement.
Igor a donc décidé de se tourner vers les enceintes comportant les meilleurs haut-parleurs électrodynamiques spécialisés médium, donc équipés de grands dômes. Dans ce groupe, les enceintes de la gamme professionnelle Yamaha NS 1000, 2000, 10000 ... restent les meilleures à cause du béryllium et de leur qualité de fabrication mécanique. La 1000x a été la championne en qualité/prix.
Mais le dôme de 2 1/2 pouces est un haut-parleur de médium, pas de grave/bas médium. Il ne peut être utilisé que dans je contexte d'un système au minimum trois voies. Pour ce type d'enceinte le filtre passif parfait (ou presque) est impossible à réaliser. L'écoute d'une NS1000x "passive" le confirme, elle a "vieilli", le résultat est intéressant mais on peut faire beaucoup mieux, c'est sûr, vu la qualité des haut-parleurs. La multiamplification active s'est donc imposée avec un filtrage et une égalisation numérique. Le contexte professionnel imposait l'intervention d'une société spécialisée comme TMS :
- Pour gérer les haut-parleurs, les égaliser, assurer un minimum de distorsion dans le respect de la phase.
- Pour intégrer l'excellentissime Velodyne DD15. Malgré sa taille et sa puissance on doit le ressentir sans le rendre omniprésent dans un local de dimensions moyennes.
- Pour guider et contrôler le traitement acoustique passif du local d'écoute.
- Pour optimiser l'emplacement des systèmes acoustiques dans le local et adapter les performances de l'ensemble.
- Pour linéariser la réponse globale enceintes-local et de déterminer exactement la zone d'écoute optimale.
- Attention, une réponse totalement linéaire sous tous les angles n'est pas forcément souhaitable. Par exemple, le niveau à 10kHz, provenant de la plupart des tweeters, peut être égalisé par rapport à 1kHz dans l'axe à un mètre, mais plus du tout à trois ou quatre mètres. Mais faut-il qu'il le soit ? L'amortissement des aigus est naturel, oui mais pas trop. L'impact médium aigu au point d'écoute est-il suffisant. L'aspect physiologique existe, comment le cerveau traite-il ses informations, quelles sont les caractéristique de l'écoute du ou des utilisateurs. Il est sûr que si l'on égalise totalement la courbe au point d'écoute le résultat est généralement considéré comme froid ou même agressif. Si on égalise à 5cm dans l'axe du tweeter le résultat objectif risque d'être flou, assourdi. Il faut donc une stratégie de mesure dans tout l'espace, une stratégie d'écoute, un contrôle objectif et subjectif en essayant que le tout soit corrélé. Pas facile...
Sans juger du fond de la méthode appliquée par TMS, issue de travaux reconnus et publiés, je constate qu'ils ont les moyens de la mettre en œuvre. Le résultat est là. Pour moi, il est probant puisque l'on obtient une écoute analytique et dynamique qui met bien en place les artistes et instruments de musique dans un espace sonore crédible. Sur une bonne prise de son les timbres sont réalistes, y compris les harmoniques. On peut percevoir d'éventuels événements à très faible niveau, les caractéristiques des micros utilisés ou des "manipulations électroniques maladroites". Encore une fois les défauts d'un document sonore peuvent être utiles pour évaluer une chaîne de restitution. Et puis, le donneur d'ordre, celui qui peut comparer réel et restitution, Igor, est content ...
La configuration d'une chaîne multiamplifiée à filtrage actif de très haut niveau n'est pas chose facile, l'adaptation du local d'écoute non plus. L'appel à des professionnels est conseillé, obligatoire pour un usage professionnel. Par rapport au budget global de la chaîne, c'est loin d'être inaccessible, surtout lorsque l'on connait le prix payé par certains pour des câbles "audiophiles". Ce qui ne veut pas dire que leur qualité n'a pas son importance, mais là aussi le budget peut être raisonnable.
On peut, sans les moyens qu'Igor, en tant que professionnel, peut mettre dans son studio, obtenir d'excellents résultats, mais il faut un minimum de connaissance des fondamentaux de l'acoustique. Il faut passer (vraiment) beaucoup de temps pour des réglages à l'écoute et avoir un minimum de possibilités de contrôle lorsque le résultat semble satisfaisant. Pour l'écoute, j'essaie d'obtenir une reproduction véridique des notes de piano, avec tout l'impact voulu, de la gauche à la droite du clavier. Viennent ensuite les voix. Pour le contrôle, je conseille toujours l'achat d'un Behringer UltraCurve Pro 24/96 et d'un micro de mesure (l'Apex 220 a un bon rapport qualité/prix). Il permet de vérifier les courbes en divers points de l'espace. Mais attention, il n'est pas facile d'interpréter les mesures ! Il peut aussi compléter l'égalisation acoustique du local.
Si l'on a ni les moyens ni l'expérience suffisants. Mieux vaut rester en filtrage passif avec de bonnes enceintes deux voies, un bon caisson actif d'infra-grave. Là aussi il faut passer du temps pour placer les enceintes et traiter l'acoustique du local par des meubles, tapis, tentures judicieusement disposés.
NB : sur les possibilités de l'ouïe humaine. J'ai changé, il y a deux ans, tous les haut-parleurs Haut-grave/médium, soit quatre par panneau. Le câblage fait, je branche tout pour une première écoute de contrôle. En moins de dix seconde, je me suis aperçu qu'il y avait un problème à droite, probablement une inversion de phase sur un haut-parleur. Effectivement un haut-parleur était branché à l'envers. Ce qui montre à quel point une oreille exercée peut être discriminante, un haut-parleur sur huit !