Les lecteurs pourraient comprendre qu'en multicanal, on approche du son absolu y compris la retranscription de l'ambiance de la salle. C'est vrai seulement pour l'ambiance, car çà ne résout pas tout.
1/ Ambiance/crédibilité:
Il est impératif de faire très, très attention au réglage des enceintes arrière qu'on ne doit surtout pas entendre. Or, mes essais en auditorium font qu'on perçoit souvent un son "émis". Et là, si tel est le cas, çà devient absolument horrible car çà ne correspond plus à la réalité. Tous les sons d'un orchestre symphonique sont émis de l'avant et les oreilles les perçoivent très directement
en même temps que ceux réverbérés
infimes mais de
partout -
avant et arrière- sans qu'il soit possible de localiser leur provenance.
On donne souvent la règle des 30 % direct et 70 % réfléchis. C'est énorme, 70 %, et pourtant si peu. Car les 30 % sont émis d'un point unique, et 70% grosso modo, c'est 35 % encore de l'avant et 35 % de l'arrière et du dessus et du dessous et de côté, soit en provenance d'un point unique quelque chose comme 0,00001 %, donc de provenance non "détectable" en fait...
Surement, pour cette raison, certains optent, en HIFI, pour un multicanal "avant" qui gère les "70 + 15" % avant, aucune des 5 enceintes n'étant sur l'arrière. De toutes façons, les 15 % arrière viendront aussi de la pièce d'écoute, comme de toutes façons, en multicanal, on aura la réflexion de la pièce d'écoute également. Dans le cas du 5.0 frontal, il faut, bien sûr, la prise de son qui aille avec...
Cà démontre aussi qu'il n'y a pas consensus en la matière. Prudence, donc.
Pour le cinéma, les enceintes arrière ont vraiment un intérêt, çà fait donc pencher la balance vers ce système, mais c'est tout.
Bon, la gêne sonore arrière, que j'ai rencontré lors des écoutes, est évitée par une bonne prise de son et un placement correct dans la pièce. Eventuellement, un réglage des volumes arrière. Ce n'est pas le problème N° 1.
Cà, c'est pour la retranscription de l'ambiance sonore.
2/ Timbres:Mais pour les timbres... le multicanal ne résoud pas grand-chose:
- aucune enceinte ne peut prétendre au son absolu. Toutes ont un "son" qui n'est pas conforme à l'original. Il n'y a qu'à voir les nombre de fabricants et les écoutes. C'est dément. Les associations ampli-enceintes multiplient les problèmes. 5 enceintes identiques reviennent alors à "figer" encore plus le son dans cette "couleur" sonore. Ce n'est pas la pièce uniquement qui est responsable des timbres, mais la conception elle-même des enceintes.
On pourrait alors mettre dans le circuit un égaliseur (voir ACCUPHASE DG-48 par exemple) qui aura alors une influence certainement très bénéfique (même énorme) sur le résultat et la crédibilité sonore. Un égaliseur sur chaque canal ?
- aucune enceinte ne sort le 20-40 Hz sans distortion, ces fréquences sont aussi importantes pour la crédibilité, l'ajout de caissons (1 ou 2) fait faire un bond qualitatif très, très important à un système stéréo.
C'est pour cela que je mettrai en garde tout acquéreur de multicanal qui voudrait le son parfait. L'un n'est pas synonyme de l'autre. C'est bien plus complexe. Et les fabricants et revendeurs vont passer cela allégrement sous silence évidemment.
Qu'est-ce que chacun veut ?
Lors de mes écoutes avec collègues audiophiles, j'ai rencontré deux types vraiment distincts, ceux qui sont très "à cheval" sur la spatialisation et la cohérence sonore et ceux qui le sont sur les timbres (c'est mon cas). J'ai donc appris beaucoup des premiers (monde "inconnu" pour moi) tout en gardant mes convictions sur les timbres. Car l'un n'empêche pas l'autre.
La stéréo obtenue à partir d'enceintes à cohérence spatiale permet un bond significatif dans la restitution de l'ambiance, il n'y a pas que le multicanal: les concentriques genre SCS de chez Cabasse ou bien les bons montages en Appolito, P.E. Leon ou ProAc par exemple ou bien les enceintes "courbes" pour faire arriver les fréquences graves et aigues en cohérence à l'oreille, vous amènent une amélioration sonore assez remarquable.
De même les très bons casques peuvent amener une formidable crédibilité sonore. Avec les inconvénients, là aussi, inhérents à ce choix.
Dans le cas d'enceintes stéréo à cohérence spatiale, il restera
aussi le problème des timbres à ajuster, éventuellement par un égaliseur jouant sur la réponse de la pièce et compensant les irrégularités de la courbe de réponse des enceintes, et un caisson pour compléter. Cà ira chercher loin de toutes façons.
Pour conclure, il faut donc bien réfléchir avant de s'engager dans ces voies qui sont bien différentes. Ce que je souhaite surtout, c'est ne faut pas laisser comprendre aux lecteurs de passage qu'un système fait tout. Un jour ou l'autre, on le sait, on s'en rend compte, çà n'est qu'une question de temps.
Pour un vrai audiophile, d'aller au concert, comme le fait Domimag, de le faire sur une année par exemple,
et puis de choisir sa solution sonore sera probablement le mieux qu'on puisse recommander.
Quant aux personnes qui se savent très exigeantes sur la qualité sonore, l'écoute en concert et un bon petit système peut suffire. Ce dernier aura ses limites et au moins, on saura pourquoi.
Certains recommandent aussi un petit système stéréo avec enceintes à 1 m, çà "raccourcit" les problèmes de propagation du son, et permet parfois une belle cohérence sonore (je l'ai expérimenté, c'est aussi très bon).
Il y a beaucoup de solutions finalement, le tout est de savoir que chacune a son défaut et de savoir s'en accommoder.
Or c'est ce que la plupart des audiophiles ne savent faire
parce que personne ne leur dit par avance qu'ils vont, un jour ou l'autre, rencontrer leurs limites, car l'oreille, contrairement à ce qu'on croit, avec le temps et même avec l'âge, s'éduque au fur et à mesure des écoutes et impose en permanence de
nouvelles exigences.
Constat d'un vécu.